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 Oui, je suis arrivé un peu en retard, je sais, pardon. Ne te fâche pas, j'ignorais que mon départ allait prendre plus de temps que prévu à préparer. Mais c'est pas grave, parce que toi, tu es là, à m'attendre comme tous les jours. Je suis venu ici pour te dire au revoir. Je risque de ne jamais revenir à cet endroit, je pars assez loin. Je pars même vraiment loin. Mais en même temps, je serai plus proche. En tout cas venir à nos petits rendez-vous ici va devenir compliqué. Ne sois pas triste, rien ne pourra jamais nous séparer. En tout cas, c'est ce que j'aime croire. De toute façon, j'ai réfléchi à quelque chose, mais je vais t'en parler avant de partir, ce sera mieux.

 Sinon, t'as remarqué le bracelet à mon poignet ? Oui, c'est celui que tu m'as acheté le lendemain de notre rencontre. Tu t'en rappelles ? Tu te trémoussais sur la piste, on aurait plutôt dit des arts martiaux que des pas de danse, vu comment tu cognais tes voisins. Je te regardais, j'ignorais pourquoi, je ne pouvais pas détourner les yeux. Tu m'envoûtais, comme un charmeur le ferait avec un serpent. Pourtant, tu avais l'air ridicule à gigoter dans tous les sens. Pardon, mais c'est vrai. Je comprenais pas pourquoi à ce moment, pourquoi tu me faisais me faire sentir tout bizarre comme ça. Mon cœur battait à mille à l'heure, mon corps se mettant à trembler et cette impression d'avoir soudainement plus chaud. Puis, nos regards se sont croisés. Ça fait cliché, le coup de foudre au premier regard, mais c'est ce qui s'est passé. Tu me fixais, immobile, et je t'imitais. Le monde tout autour disparaissait pour ne laisser plus que nous... Je me sentais si bien, plongé dans tes pupilles, je me sentais en sécurité. Tu es venu me voir par la suite, on a discuté, tu me paraissais tellement gentil et tu avais l'air si heureux. Tu croquais la vie à pleines dents, grâce à ça, tu en avais vécu des choses. Et les histoires de tes mésaventures, elles m'apaisaient. Ou alors c'était ta voix. Ou ta présence. Je ne sais pas. Mais tu avais parlé des heures et, pour moi, ça n'avait duré que quelques secondes. Le lendemain, tu m'as acheté ce bracelet et tu m'as demandé si je voulais sortir avec toi. J'ai accepté sans réfléchir, pas besoin, mon cœur choisissait à ma place. On a vécu des mois ensemble, les moments les plus beaux de ma vie. Tu me faisais sentir si épanoui et tu prenais soin de moi. Tu t'inquiétais souvent pour moi et tu me bombardais de messages pour savoir si j'allais bien. J'adorais lire chacun d'entre eux, encore aujourd'hui d'ailleurs, ils me font du bien, tu ne peux pas imaginer.

 Mais un jour, les messages ont cessé.

 Puis, je l'ai sentie. Cette chose arrivée, cette souffrance qui te dévorait de l'intérieur. Ce mal-être qui t'étouffait, et chaque jour, tu tombais un peu plus dans le silence... Rien, c'est ce que tu me répondais quand je te demandais ce qui n'allait pas. Je te voyais mourir, et je n'y pouvais rien. Je voulais te prendre dans mes bras, mais tu t'éloignais. Je voulais te ressentir, mais tu disparaissais. Peu à peu, tu devenais inaccessible. Ce qui nous a menés ici, d'une certaine manière. Je voulais te revoir. Tu me manquais et chaque jour sans toi est pour moi d'une douleur sans nom. Comme si une part de moi m'avait été arrachée. Quand je ne peux pas te parler, je me sens étouffé, me faire grignoter de l'intérieur et à mon tour, je deviens silencieux. Je ne veux pas partir et te laisser ici, sans moi, alors j'ai réfléchi.

 Mais avant, je... je voulais aussi te parler de cette nuit. Le soir où tu as décidé de me quitter. J'ignore ce que j'ai fait de mal pour mériter cette rupture, mais... je veux juste savoir pourquoi ? Pourquoi ne pas m'avoir parlé plus tôt de cette chose qui te faisait tant souffrir ? J'aurais pu être là, pour t'aider, pour te consoler ou, je sais pas moi, te soulager. Tu aurais pu m'appeler, je serais venu, j'aurais essayé... J'aurais voulu t'aider. J'ai essayé. J'ai voulu t'aimer. Mais c'était trop tard, j'étais présent mais invisible à tes yeux. Je ne pouvais plus te retenir et tu es parti…

 Mon téléphone a sonné, le lendemain. Un appel, le genre que je redoutais depuis des semaines. C'est étrange, avant même de décrocher, je savais. Je ressentais déjà ce manque, cette horrible sensation de solitude, cette pression sur l'estomac. Je t'ai envoyé bon nombre de textos ce matin, j'espérais que tu répondes. Mais au fond, je savais, que je ne pourrais plus lire aucun de tes messages, que je ne pourrais plus ressentir ta présence, entendre ta voix me bercer à travers tes histoires. Mais je m'y refusais, je ne voulais pas que tu me quittes. Mais il y a eu cet appel. Celui de la fin des faux espoirs.

 Quand je nous revois, à cette fête, immobiles, le monde disparaissant tout autour de nous, je me sens de nouveau en sécurité. Ce vide dans mon âme qui se comble, cette pression qui disparaît. Quand je me rappelle ta voix, je peux de nouveau respirer, je me sens comblé et je ne peux pas m'empêcher de rire bêtement. Puis je m'imagine descendre les escaliers, t'approcher, te prendre dans mes bras. J'aimerais revenir à ce jour, où tout semblait plus simple, où mon coeur pouvait entendre le tien battre et où nous dansions sans se soucier de quoi que ce soit…

 Et nous y voilà, j'ai une nouvelle à t'annoncer... J'y ai réfléchi, j'ai pris une décision, d'où la raison de mon départ. Bientôt, moi aussi, je m'élèverai pour chuter dans tes bras. Et enfin, nous pourrons nous revoir.

 Je suis venu ici, pour te dire au revoir, une dernière fois. Pour dire ce que tu n'as jamais pu me dire ce soir-là : je t'aime, adieu.


Texte publié par Matthew_O'well, 18 août 2022 à 22h15
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