Mök ???
Un dernier coup. La lame se faufila entre les écailles et pénétra la chair dissimulée. Le sang jaillit, éclaboussant ses joues et ses bras. À terre, la bête gisait, agonisante.
D'une torsion du poignet – suppléée d'une pression de son pied sur le flanc de la créature ensanglantée – il extirpa son sabre du cou de son ennemi.
Il observait l'ichor doré s'écouler lentement mais inexorablement de la plaie béante – plaie dont il était responsable –, le dernier souffle du dragon s'éteindre doucement, disparaître dans les airs. Autour de lui, la cendre et la poussière tourbillonnaient, se collaient à sa peau, aux écailles rendues poisseuses par le sang du cadavre à ses pieds.
Une large main calleuse s'abattit sur son épaule.
Pas un seul mouvement ne vint le faire tressaillir, mais il se maudit allègrement à l'intérieur d'avoir été trop accaparé par son combat précédent pour ne pas avoir su repérer l'homme derrière lui.
Jorgh.
— On dirait que notre jeunot a encore fait des siennes ! s'amusa l'autre.
Lui ne répondit rien, se contentant de hausser les épaules.
— Alors, ça donne quoi ?
— Un dragon argenté. Malade, mais encore agile. J'ai mis du temps à le tuer, annonça-t-il en essuyant la pellicule de sueur qui recouvrait son front avec l'extrémité de son foulard, avant dans faire de même avec le tranchant de son arme, tachant le tis-su écarlate de brun mordoré.
— Mis du temps... Ça a dû te prendre quoi, une dizaine de poignée de sables ? rigola son aîné.
— Une révolution de sablier, l’informa-t-il sans la moindre once d'ironie dans ses paroles.
Jorgh rota un rire grave et tonitruant. Une fois calmé, il lança d'une voix moqueuse :
— Ce que j'aime chez toi, Junior, c'est que tu arrives à faire passer « l'excellent » à « passablement moyen ». Un talent inné.
— De quelle « excellence » parles-tu, Jorgh ? Ce drake était affaibli, inexpérimenté. Que je puisse mettre autant de temps à le tuer... c'est aberrant.
— Il est mort, non ?
— Et s’en est fallu de peu pour que je ne sois pas à sa place.
— Seul le résultat m’importe, Junior, je me contrefous des moyens.
Que Jorgh ne comprenne pas l'agaçait.
— Et quand je finirais égorgé par un de ces monstres à cause d’une erreur d’inattention, il se passera quoi ?
— La vie continuera et je devrais trouver un autre génie pour te remplacer. Mais comme ça m’étonnerait qu’un truc pareil arrive de sitôt, je profite et je te laisse te charger du reste.
— Tu ne me prends pas au sérieux.
— T'énerve pas, Junior, t'énerve pas ! À toi tout seul, tu es capable d'en faire autant qu'un commando de dix de mes hommes, et la chose pour une durée bien moindre ! Être exigeant, c'est une chose. T'autoflageller comme tu le fais, c'en est une autre. Te ronge pas les sangs pour ça, Junior : ta présence parmi nous nous a fait avancer d'un bond de géant.
Il hocha la tête distraitement, le regard perdu dans le vague. Quelque part dans les confins de son esprit, le souvenir vague d’une femme lui murmurant de paisibles berceuses dans un langage aérien grattait les parois de sa prison pour se faire entendre, lui susurrant sa réprobation d’une désagréable voix enfantine, vestige d’une autre époque.
Disparais, lui intima-t-il en remettant son foulard en place.
Il emboîta le pas à son chef.
Le choix lui avait été retiré une éternité de cela. Désormais, il suivrait sa route, peu importe les obstacles qui se placeraient en travers de son chemin.
Au fond de lui, une petite voix se tut.
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