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Le hibou volait en direction de la vaste forêt à quelques kilomètres du village. Améthyste le suivait en bicyclette le long des sentiers sinueux en s’efforçant de ne pas le perdre. Telle une tâche orangée, le volatile au plumage couleur abricot avait du mal à maintenir sa trajectoire : ses mouvements désordonnés et erratiques prouvaient bien qu’il était victime d’un accès de folie.

Heureusement il perdait de l’altitude, ce qui augmenta l’espoir de la jeune enchanteresse de le rattraper pour lui administrer le remède qui était rangé au fond de sa sacoche. Elle serra les dents et donna une impulsion magique à son vélo d’une caresse sur le guidon. Il bondit en avant et sa passagère tressauta au gré des trous du chemin ; Xylia, blottie dans la sacoche, en sortit alors sa tête et parut enchantée de profiter de l’air qui la giflait.

Une colline se profilait devant eux : à son sommet se trouvait un charmant verger de grands cerisiers, aux branches chargés de feuilles et de fleurs, qui vacillaient sous le vent. Le hibou couleur abricot plongeait maintenant vers eux et disparut dans la frondaison de l’un des arbres, qui sembla frissonner sous le choc.

Inquiète, Améthyste atteignit rapidement la colline, déposa sa bicyclette sur le sol et grimpa la butte le plus rapidement possible. Au moment où elle atteignit le sommet en haletant, elle aperçut la petite silhouette de l’oiseau qui tressautait sur le sol : il était retombé sur un tapis de fleurs roses et essayait frénétiquement de se redresser en poussant des petits couinements hystériques.

La guérisseuse s’approcha doucement, s’accroupit près de lui : ses yeux fous se posèrent sur elle mais il ne sembla pas la reconnaitre. Xylia bondit de son abri et s’approcha de l’animal. Elle ronronnait et le regardait avec de grands yeux compatissants En murmurant des paroles rassurantes, Améthyste prit son petit corps tremblant dans ses mains et le serra contre elle. Elle le sentait frissonner.

Le maintenant d’un bras, elle glissa sa main libre dans sa sacoche et prit le flacon doré. Elle le déboucha avec ses dents et versa le liquide abricot dans le bec de la petite créature, veillant à ne pas en faire tomber à côté. Puis elle lui caressa la tête : les yeux exorbités du familier tournaient dans tous les sens, puis ils finirent par s’apaiser et se posèrent sur sa sauveuse. Il claqua deux ou trois fois du bec. Améthyste le posa sur le sol et il frémit des pattes jusqu’à la tête, secouant ses plumes d’un couleur oscillant entre le jaune orangé et l’abricot.

Xylia s’approcha de lui et le renifla, avant de lui donner un coup de langue. Améthyste posa un regard tendre sur les deux animaux.

- Maintenant, petit hibou, tu ne mangeras plus de baies de Mangepensées !

Le volatile la regarda en penchant la tête sur le côté et lui répondit par un petit hululement. Elle éclata de rire.

- Rentrons, fit-elle.

Le hibou s’envola à quelques mètres et suivit le chat-fée en direction du pied de la colline et de la bicyclette.

Elle les regarda en souriant, soulagée d’avoir pu récupérer le familier sain et sauf, puis se pencha pour récupérer la fiole qu’elle avait laissée tomber sur le sol. En se relevant, elle aperçut un scintillement sur sa droite, au milieu d’un tas de pétales de cerisier. Curieuse, elle s’approcha et aperçut un petit objet, à moitié recouvert. Elle le prit et poussa un sifflement de surprise : dans ses mains se trouvait une très jolie boule à neige. A travers le verre transparent, elle aperçut une réplique miniature du bosquet de cerisiers, et au milieu d’eux, une frêle silhouette accroupie dans un amas de fleurs roses, son visage aux yeux fermés levé vers le ciel, un sourire apaisé sur le visage. Elle était vêtue d’un gracieux tutu de danseuse de couleur mauve.

Améthyste écarquilla les yeux devant la beauté et le mystère de l’objet. Elle le glissa avec délicatesse dans sa sacoche, avec la fiole vide et rejoignit ses deux compagnons.

Sur le trajet du retour, qu’elle fit à une allure beaucoup plus calme, le hibou blotti dans le panier sur le guidon et Xylia confortablement installée sur son épaule, elle ne put s’empêcher de penser à cet étrange boule à neige. Elle se promit de la montrer à Dame Sylphe, une fois arrivée au refuge pour ramener son petit protégé.


Texte publié par Feydra, 15 août 2022 à 20h27
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