Rien apparemment ne forge ou ne renforce des liens davantage que combattre côte à côte le même ennemi et livrer le même combat. C’est sans doute pour cela que l’on parle de frères d’armes. Le « coup d’état » aurait pu, assurément, être très lourd de conséquence. Il n’en avait rien été et l’atmosphère s’allégea considérablement au cours des trois mois qui suivirent. A tel point qu’un jour, après avoir disputé un farouche combat à l’épée sur le terrain d’entraînement (Tauriel suivait à la lettre les conseils de Dis en la matière et avait remarqué qu’en effet cela avait amélioré les choses), Thorin lui proposa, spontanément :
- J’envoie une patrouille d’éclaireurs effectuer une reconnaissance de deux à trois jours à une cinquantaine de lieues d’ici, dit-il. Apparemment, il y aurait quelques troubles dans la région. J’ai pensé que vous aimeriez peut-être les accompagner.
Tauriel se mordit les lèvres. En effet, elle aurait adoré participer à l’expédition, elle avait tant rêvé de retrouver une existence active ! Mais là… ça ne pouvait pas venir plus mal à propos ! Comment décliner sans le vexer ? se demanda-t-elle, consternée. Elle ne voulait surtout pas heurter Thorin, alors qu’il se donnait du mal pour l’aider à s’intégrer, mais ne trouvait aucune excuse plausible. Elle était encore en train de chercher lorsqu’il remarqua, d’un ton neutre :
- Cette perspective ne semble pas vous plaire.
- C’est-à-dire, trois jours de chevauchée par monts et par vaux, Monseigneur… c’est un peu... rude…
Le roi nain ne chercha pas à dissimuler sa surprise : outre que Tauriel ne lui était jamais apparue comme une petite chose fragile rechignant à l’effort, il connaissait aussi bien qu’un autre la force et la résistance des elfes.
- Vraiment ?! fit-il.
Elle allait devoir lui dire, songea la jeune femme, catastrophée. Ce n’était certes pas ainsi qu’elle avait espéré qu’il l’apprendrait et d’ailleurs, elle estimait que ce n’était pas à elle de le lui dire, mais elle n’avait plus d’échappatoire.
- J’attends un enfant, Monseigneur, émit-elle en posant, instinctivement, une main sur son ventre.
Puis elle se crispa, attendant l’explosion. Elle était à peu près persuadé que Thorin Ecu-de-Chêne aurait tout de suite en haine l’idée que le sang royal de sa lignée allait se mêler à celui d’une elfe pour donner le jour à ce qu’il devait considérer comme une aberration de la nature. Elle en était même tellement sûre qu’elle avait commencé à faire des cauchemars, dans lesquels Thranduil, plus froid que jamais, affirmait, comme une certitude, que les nains n’accepteraient jamais un hybride des deux races parmi eux et que, d’une manière ou d’une autre, ils s’arrangeraient pour le faire mourir à sa naissance. A moins qu'ils ne s'arrangent pour qu'il ne vienne tout simplement pas au monde.
Rien ne vint cependant : Thorin la regardait fixement, comme changé en statue.
- Je comprends, dit-il seulement, au bout de ce qui parut à la jeune femme, très mal à l’aise, être une éternité.
Il paraissait être dans un état second et parlait d’une voix absente. Tauriel, qui commençait à s’inquiéter, se demanda si, finalement, l’éclat de fureur qu’elle redoutait n’aurait pas mieux valu que cet état de choc. Elle aurait bien voulu ne pas avoir à lui annoncer cela ! D’ordinaire, pas plus que les naines d’ailleurs, les femmes elfes ne faisaient de chichis durant leur grossesse. Les unes comme les autres sont robustes et leurs enfants résistants. Mais c’était là un cas unique et Tauriel craignait que son petit sang-mêlé soit plus fragile que les autres. Elle préférait ne pas prendre de risque.
Dès qu’elle fut certaine de pouvoir se retirer sans égratigner le sens des convenances de son interlocuteur, elle battit en retraite. Plus tard, elle dit la chose en deux mots à Kili, qui lui demanda comment son oncle avait pris la nouvelle.
- Je ne sais pas, répondit-elle. Il n’a rien dit. Il paraissait… choqué.
- Choqué ?
- Je veux dire : ça lui a fait un choc. Mais je ne peux t’en dire plus.
- Il faudra bien qu’il l’accepte, murmura le jeune prince, les sourcils froncés.
Or, il apparut bientôt qu’une fois « le choc » passé, Thorin ne prenait peut-être pas l’annonce de cette future naissance si mal que ça…
Cela commença le soir même. En dehors des soirées "officielles", la famille royale avait l’habitude de prendre ses repas en commun. Thorin ne fut pas plus prolixe qu’à son ordinaire, mais il jetait fréquemment des coups d’œil en coin à Kili, qui faillit lui demander s’il lui était poussé un troisième œil ou s’il avait les cheveux verts ! A la fin du repas, son oncle le retint :
- Kili, j’aimerais te parler un moment.
Kili le suivit en silence, se disant à part lui que si Thorin lui faisait une scène, il trouverait à qui parler. Tous deux étaient encore en froid. Certes, les choses s’étaient beaucoup améliorées et le jeune prince voyait que le roi s’efforçait d’aider Tauriel à se sentir à l’aise, mais leurs précédents affrontements lui restaient un peu sur le cœur.
Thorin bourra tranquillement sa pipe et en tira une bouffée tandis que son neveu s’impatientait.
- Eh bien ? finit-il par demander. Que voulais-tu me dire ?
A nouveau, Thorin le regarda en coin, un drôle de demi-sourire dans sa barbe.
- Il me semble que c’est toi, qui a quelque chose à me dire.
- Moi ?
- Est-ce que j’ai l’air de parler au mur ? Bien sûr, toi !
Perplexe, Kili le considéra sans rien dire, se demandant où il voulait en venir. Le sourire de Thorin s’élargit.
- Si tu fais allusion à la conversation que tu as eue avec Tauriel… commença Kili.
- Tauriel ? répéta le roi avec une expression de surprise parfaitement feinte.
- Oh, arrête ça ! Elle va avoir un enfant…
Il eut l’impression que son oncle retenait un rire.
- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?
Thorin lui allongea une bourrade amicale :
- Rien du tout… sauf peut-être la tête que tu fais… tu pensais m’en informer quand, bougre d’idiot ? A la majorité de l’enfant ?
Pour le coup, Kili se sentit un peu ridicule.
- C’est tout récent, tu sais, s’excusa-t-il. En fait, tu es même le seul à le savoir, pour le moment.
Il se rembrunit :
- Tauriel n’est pas certaine que le bébé soit viable… que nos deux races puissent fusionner. C’est pourquoi elle préfère ne pas en parler pour le moment. Mais comme tu voulais l’envoyer en patrouille…
- Je ne voulais pas, Kili, ne déforme pas mes paroles ! Je le lui ai proposé, c’est différent.
- Et puis, dit le jeune nain, qui éprouvait le besoin de se soulager en vidant son sac une bonne fois pour toutes, tu te mets toujours dans de telles colères…
- Et toi, répondit Thorin du tac au tac, tu te mets toujours dans de telles situations !
Message reçu de part et d’autre : l'un avait très bien compris à quoi son neveu faisait allusion : un jour, ses paroles avaient très largement dépassé sa pensée… Kili de son côté comprit que son oncle ne pouvait se résoudre à s’excuser mais qu’il lui tendait la main, lui faisait une offre de paix. Thorin ne changerait plus, n’est-ce pas ? Le jeune prince sentit son ressentiment s’envoler et sourit.
- Mais tu es toujours là pour tout arranger, non ? répliqua-t-il d’un ton suave.
C’était sa manière de serrer tacitement la main tendue. C’était bon de se retrouver, songea-t-il lorsque Thorin lui ouvrit les bras et que tous deux s’étreignirent avec force. Ils avaient toujours été proches –pas autant et surtout pas de la même façon qu’il était proche de Fili, bien sûr, mais tout de même- et cette complicité lui avait manqué. Beaucoup, réalisa-t-il.
- Quand même ! ronchonna Thorin, enterrant ainsi définitivement les derniers germes de leur querelle. Il n’y avait vraiment que toi pour oser me faire un coup pareil !
Le sourire de Kili s’élargit mais il ne répondit pas, bien que sa langue l’eût démangé un instant ; il connaissait trop bien son oncle et ne voulait surtout pas rallumer les flammes de la discorde alors que tous deux venaient à peine d’éteindre les dernières braises !
Après tout, songea-t-il en se moquant de lui-même, ce sont les plus jeunes qui doivent ménager leurs aînés, pas vrai ? Et Thorin avait raison sur un point : en s’éprenant d’une elfe, il ne l’avait vraiment, mais alors vraiment pas ménagé !
Six pas dans un sens, six pas dans l’autre. Mains croisées derrière le dos, Thorin arpentait le couloir, allant et revenant sans trêve derrière cette maudite porte fermée dont il ne voulait pas s’éloigner, son long manteau royal claquant au ras du sol à chaque demi-tour.
Etait-il normal que ce soit aussi long ? N’aurait-il pas fallu faire venir un magicien ou même, peut-être, un de ces diables d’elfes expert en sortilèges ? Il était trop tard, à présent, de toute façon.
La porte s’ouvrit, enfin ! S’entrouvrit, plutôt, et une naine à l’air très affairée jaillit de la pièce. Elle n’eut pas un regard pour le roi qui s’était immobilisé au bruit et tourné vers la porte. Sans doute ne le vit-elle même pas car elle s’éloigna en trottinant à toute vitesse.
- Dis ! appela Thorin, exaspéré.
- Pas maintenant ! lui lança-t-elle de loin, sans se retourner.
Thorin étouffa un juron et reprit son va et vient, se jurant bien d’intercepter sa sœur à son retour. « Pas maintenant », « pas maintenant » ! Elle n’avait rien de mieux à lui dire ?! Tout juste si elle ne l’envoyait pas promener !
Il entendit son pas pressé au fond de la galerie un moment avant de la voir et se planta résolument devant la porte : si elle voulait entrer, elle serait bien forcée de lui parler !
- Je t’en prie, Thorin, ce n’est pas le moment ! lui lança-t-elle sèchement lorsqu’elle parvint à sa hauteur.
Elle rapportait un panier empli d’il ne savait quoi, il s’en fichait d’ailleurs complètement, mais il la regarda d’un air sévère et posa ses poings sur ses hanches :
- Que se passe-t-il, là-dedans ? demanda-t-il d’un ton rogue.
Dis le regarda comme si elle le soupçonnait d’être un simple d’esprit et s’efforça impatiemment de le pousser de côté pour libérer le passage :
- Que crois-tu qu’il se passe, gros malin ? rétorqua-t-elle, agacée. Une femme est en train d’accoucher et tu me gênes ! Enlève-toi, on m’attend !
- Mais tout se passe bien ? risqua Thorin, vaincu, en esquissant un pas de côté.
- Je suppose, mais jamais Oïn ni moi n’avons accouché une elfe, alors…
Elle s’engouffra dans la chambre et claqua la porte derrière elle sans même finir sa phrase. Thorin regarda le battant de bois clos avec fureur, comme s’il l’avait personnellement offensé puis, condamné à ronger son frein, il reprit son va et vient. Il se souvenait du temps où c’était Dis qui accouchait. Il était déjà à tourner en rond derrière la porte de sa chambre en attendant des nouvelles ! La vie est un éternel recommencement.
Oh bien sûr, ce n’était pas comparable. Dis et ses enfants le touchaient de près, tandis que l’elfe… eh bien, l’elfe… Mais peu importait, après tout. Les naissances n’étaient pas si nombreuses chez les nains, aussi chacune d’elle était-elle perçue comme un événement d’extrême importance et les enfants étaient particulièrement précieux. En outre… en outre, bien que Thorin se refuse à l’admettre, il se sentait tout chose en pensant que c’était l’enfant de Kili qui allait venir au monde. Comme le temps passe, tout de même !
- Thorin ?
Fili venait d’apparaître.
- Des nouvelles ?
- Non, grogna Thorin.
- Kili n’est pas avec toi ? demanda Fili, surpris.
- Il est à l’intérieur, répondit le roi avec mauvaise humeur. Auprès d’elle. C’est sa place.
Fili eut un petit sourire.
- Bien sûr. C’était une question stupide.
Il considéra la porte close durant quelques instants et eut un nouveau sourire :
- Tu te rends compte que je vais moi aussi avoir un neveu ? Ou une nièce ? Je vais devenir « oncle Fili » !
- Félicitations ! marmonna Thorin, acide, entre ses dents.
Il avait envie de hurler. Il se demanda s’il pourrait trouver quelqu’un ou quelque chose sur qui ou quoi passer ses nerfs mais, comme il ne voulait pas s’éloigner de cette fichue porte, ça allait être difficile. A moins de choisir Fili comme exutoire, ce que, tout bien considéré, il préférait éviter. Fili qui quant à lui s’adossait tranquillement au mur, face à la porte, pour attendre avec lui.
Le temps leur parut encore très long avant qu’enfin la porte s’ouvre à nouveau. Cette fois, ce fut Oïn qui parut. Il paraissait fatigué mais plutôt content de lui et un grand sourire fendait sa barbe grise.
Avisant l’oncle et le neveu qui le fixaient ardemment, il sourit plus largement encore :
- C’est une fille, dit-il. Une petite princesse.
Il avait intentionnellement prononcé le dernier mot, guettant la réaction de Thorin. Allait-il éclater en imprécations et interdire à quiconque de donner un titre royal à l’hybride née d’une union à ses yeux contre-nature ?
Non, Thorin ne prononça pas un mot, on eut dit qu’il reprenait son souffle.
- La mère se porte bien, de même que l’enfant, ajouta Oïn.
- Peut-on les voir ? risqua Fili.
- Dans un petit moment. Dis vous fera signe.
Kili éclatait de fierté. Il accueillit son oncle et son frère en tenant l'enfant dans ses bras. Son visage rayonnait, son sourire et son regard témoignaient d'autant de bonheur que d'émotion et de légitime orgueil.
- Félicitations, petit frère, chuchota Fili, la voix subitement enrouée.
Galamment, il s'approcha ensuite du lit et baisa la main de Tauriel.
- La première-née de la nouvelle génération des enfants de Durin... dit-il.
La jeune mère lui sourit. Elle paraissait aussi fraîche qu'une rose, sa longue chevelure rousse aussi soigneusement nattée qu'à l'ordinaire, adossée souriante à ses oreillers et ses couvertures chastement tirées jusqu'à la taille.
Lorsque Fili se redressa, il se trouva à nouveau nez à nez avec Kili :
- Tu veux la tenir ? demanda se dernier en lui présentant l'enfant.
Fili tendit aussitôt les bras, un sourire aussi large que la lune sous ses moustaches blondes :
- Viens voir Tonton Fili, mignonne ! dit-il.
Kili explosa de rire.
- Tonton Fili, hoqueta t-il, plié en deux.
- Eh bien quoi ? rétorqua son frère, faussement vexé.
- Rien... c'est juste que je n'avais pas encore pensé à... ça !
- Cesse donc de rire comme une andouille ! Tu es père de famille, maintenant, abruti ! Un peu de sérieux !
- Comment s'appelle-t-elle ? demanda-t-il au bout d'un petit moment.
- Kiriel.
- Pardon ?
- Kiriel. Comme Kili et Tauriel. Nous ne voulions pas lui donner un nom elfique, ni un nom de naine, alors...
Fili émit une affreuse grimace en regardant l'enfant, qu'il tenait toujours dans ses bras :
- Pauvre pitchoune ! gloussa-t-il en la berçant doucement. Tu n'as pas de chance, tu sais, ton père est complètement....
- Dis-donc ! lui lança Kili en lui assénant une bourrade. Fais attention à ce que tu dis, hein ?
- Ca suffit ! intervint sévèrement Dis en reprenant le nouveau-né d'autorité. On n'a pas idée de chahuter avec un enfant dans les bras. Allez vous disputer dehors !
Aucun des deux frères n'eut garde de bouger. Un drôle de petit sourire aux lèvres, Dis se tourna alors vers le fond de la pièce, vers le seul personnage qui n'avait encore pas dit un mot ni fait un mouvement :
- Tu veux voir ta petite-nièce ? demanda t-elle.
Thorin, qui était demeuré en retrait depuis le début, observant simplement les siens en hochant parfois la tête d'un air affligé devant les pitreries de ses neveux, ne put cacher son sourire : en fait, il mourait d'envie de tenir le bébé un moment mais ne voulait pas le laisser paraître... fierté mal placée, sans doute !
Une fois la fillette bien calée contre sa poitrine, il l’observa avidement. Il était impossible, pour le moment, de dire si elle ressemblait à tel ou telle, de même qu’il était impossible de déterminer si elle serait grande ou petite. Sa petite tête ronde était couverte d’un fin duvet couleur d’acajou et ses yeux étaient bleus, voilà tout ce que l’on pouvait dire. Non pas du bleu clair des prunelles de Fili mais du bleu sombre et intense des iris de son grand-oncle. Qui ne s’en aperçut même pas : consterné, il regardait les oreilles du bébé. Elle n’avait hérité ni des oreilles des nains ni de celles des elfes, mais d’une bizarrerie due à son sang mêlé : ses oreilles évoquaient une jeune feuille de printemps, roulée sur elle-même en attendant son plein épanouissement, à peine effilées à leur extrémité.
- Jamais vu ça... est-ce qu’elle entendra normalement ? se demanda Thorin, atterré.
Du bout du doigt, il effleura légèrement l’une des oreilles de la petite fille, qui émit un son flûté, comme s’il la chatouillait. Levant ses petites menottes, elle s’accrocha instinctivement à l’une des tresses du roi nain, qui gronda :
- Pas de ça ! On ne prend pas ce genre d’habitude, petite chipie !
Puis il se souvint que Kili faisait exactement la même chose lorsqu’il était petit. Il avait gardé cette mauvaise habitude très longtemps, d'ailleurs. Allons bon ! L’hérédité, sans doute. Thorin était si absorbé qu’il fallut que Kili lui pose sa main sur l’épaule pour qu’enfin il daigne lever le nez et reprendre contact avec ce qui l’entourait.
- Elle te plaît ? demanda le jeune père, tout sourire.
- Hmm ? Oui, oui… reprends-là, se hâta de dire Thorin en lui tendant le bébé.
Mais à peine Kili avait-il pris l’enfant que son oncle lui lança :
- Fais donc attention ! Tu vas la faire tomber ! On ne tient pas un enfant de cette manière !
Fili émit soudain un bruit curieux, semblable à celui d’une bouilloire sur le point de déborder : en fait, il luttait désespérément contre le fou rire mais, comme il serrait les dents et maintenait ses lèvres étroitement fermées, son rire lui sortit bien malgré lui par le nez, dans un bruit impressionnant. Tandis qu’il se détournait pour échapper au regard indigné de Thorin, secoué de hoquets qu’il tentait vainement de contenir, Dis parut s'étouffer de son côté. Tauriel, qui était la plus proche et avait l'ouïe acérée des elfes, crut l'entendre émettre un borborygme du genre :
- Complètement gaga !
Soucieuse cependant de préserver la bonne humeur générale et la dignité si sensible de Thorin, l’elfe le regarda et émit d'une voix inhabituellement timide :
- Monseigneur, j'aurais voulu vous demander ...
Thorin tourna les yeux vers elle et coupa :
- Ca suffit !
Kili fronça les sourcils, Fili cessa soudain de rire et Dis parut faire un pas vers sa belle-fille, comme si elle voulait la protéger.
- Assez, avec vos "monseigneur" ! lança le roi d'un ton tranchant. Appelez-moi donc par mon nom... n'êtes-vous pas ma nièce par alliance ?
Le sourire de Tauriel s'épanouit lentement, lentement, mais interminablement, jusqu'à le disputer en éclat à la plus brillante étoile du ciel : elle le savait de manière certaine, à présent : elle avait gagné son combat. Oh bien entendu, certains ne l’accepteraient jamais, elle resterait toujours pour eux l'étrangère, la malvenue. Thorin ne serait pas toujours aussi bien disposé qu'il l'était en ce jour. Il y aurait encore des frictions, des difficultés... forcément. Mais tout cela, ça fait partie de la vie n’est-ce pas ? Tauriel savait désormais qu'elle pourrait néanmoins trouver le bonheur à Erebor.
Drapé dans sa royale dignité, Thorin salua ses proches d'un signe de tête et quitta la pièce, sous le regard étincelant de bonheur de Kili, attendri de Fili, approbateur de Dis, et bien sûr le sourire de sa "nièce par alliance".
Kiriel ne dit rien. Non seulement elle était trop petite pour comprendre ce qui venait de se passer mais en outre elle venait, à sa manière, de suivre l'exemple de son grand-oncle et de se retirer : détendue et paisible, elle dormait, sa petite bouche rose entrouverte, entre les bras de son père.
FIN
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