La pluie. Toujours la pluie. Depuis des semaines, les rues de la ville étaient détrempées. Je marchai dans la petite ruelle pour rentrer rapidement chez moi. Il était 16 heures, mais le ciel noir et bas cachait le soleil et plongeait la ville dans l’obscurité. Une pluie fine tombait sans discontinuer depuis le matin. C’était un léger progrès, comparé aux trombes d’eau qui inondaient la cité la veille.
En frissonnant, je resserrais davantage les pans de mon manteau. Je jetai un coup d’œil sur les façades aveugles des immeubles autour de moi. Cet endroit était un raccourci, mais il était sordide dans cette ambiance de fin du monde. Je m’attendais presque à voir surgir des zombies des ombres entre les bennes à ordure pleines à craquer. Assaillie par les odeurs nauséabondes, je fronçai le nez.
Une fois encore je me demandai pourquoi j’avais quitté ma petite ville. Une bouffée de nostalgie m’envahit. Les murs suintants furent remplacés par les façades joyeuses des petites maisons, entourés de jardins remplis de fleurs fuchsias, bleues ou rouges. Au loin, une immense forêt, aux ombres fraiches, apparut à la place des immeubles vitrés de la grande avenue sur laquelle j’arrivais. Je pouvais sentir les odeurs de fleurs, d’herbes médicinales et de la sève des arbres. Je souris en pensant aux vacances que j’allais passer chez mes parents dans quelques jours.
Un léger bruit me fit brutalement revenir à la réalité. Dans une benne à ordures à quelques mètres de mois, j’entendis un bruit de plastique froissé et une grattement. Serrant mon parapluie contre moi, je m’approchai doucement. Les zombies étaient encore bien présents dans mon esprit, mais je pris mon courage à deux mains et m’approchai, curieuse.
Je tendais la main pour soulever le couvercle, lorsqu’un petit gémissement jaillit de la benne. Je sursautai. Le gémissement devint un petit miaulement. Rapidement, j’ouvris la poubelle. De nombreux sacs noirs, dont certains étaient éventrés, étaient empilés dedans. Dans le coin droit, je vis l’un des sacs bouger un peu et le miaulement s’amplifia. Lâchant mon parapluie, je plongeais mes mains fébriles dans l’amas et je poussais les sacs jusqu’à ce que j’aperçoive deux petits yeux affolés à travers une déchirure de l’un d’eux. Le sac se mit alors à tressauter et à s’agiter, alors que l’animal enfermé dedans s’efforçait de sortir de sa prison.
- Du calme, petit. Je vais t’aider.
Je continuai à murmurer des paroles réconfortantes tout en déchirant davantage le plastique, indifférente au danger des coups de griffes. La petite créature finit par se hisser en tremblant. Prudemment, je la pris doucement dans mes bras. Elle tremblait, de froid ou de terreur, mais elle était si faible qu’elle se laissa faire.
La pluie tombait à grosses gouttes et j’étais trempée, mais je ne m’en préoccupais pas : j’admirai le chat que je venais de sortir de la poubelle. Il avait de grands yeux violet, un assez long pelage sale et détrempé, dont on pouvait deviner la couleur fuchsia, avec des stries noirs.
- Comme tu es beau ! murmurai-je.
Il ne bougeait pas d’un millimètre, tout petit dans mes mains. Ses yeux étaient plantés dans les miens.
- Allez. Rentrons se mettre au chaud. Un bon bain et une petite assiette de pâtée. Je suis sûre qu’Onyx, Flocon et Xen te feront un bel accueil.
Il me répondit par un petit miaulement. Je le serrai contre moi, ramassai mon parapluie pour nous mettre un peu à l’abri et repartis d’un pas rapide.
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