Ils partent à l’aube, tous deux montent des chevaux, ce qui est une nouveauté appréciée par Will, qui n’en n'avait jusqu'alors jamais monté. Dans le ciel, des couleurs vives apparaissent, tandis que l’ombre de la vallée fuit les rayons de lumière. Les nuages rougeoient, comme si un dragon déversait son feu depuis les hauteurs du ciel. Les chevaux marchent d’un pas lent, pendant qu'une plaine immense remplace les collines auxquelles Will était habitué. Une rivière coule paisiblement, se jetant dans l’inconnu, trouvant sa source dans les montagnes que Will laisse derrière lui.
Will et le Mahõ portent leurs regards sur la route de pierres visible non loin des sentiers terreux, déjà battus de nombreuses fois par Will, que ce dernier s'apprête à quitter. L’envie subite d’explorer des terres inconnues s’empare de notre compagnon, tandis qu’il découvre des paysages nouveaux à ses yeux, des arbres, des forêts, une plaine où la rosée matinale s’est déposée sur des fleurs, d’une si grande variété et en si grand nombre que l’expression tapis colorés est un euphémisme ; dans le ciel, des oiseaux volent en grands groupes, formant un ballet aérien, se dirigeant vers le sud, qui est aussi la direction que nos voyageurs prennent. Ils longent à présent un fleuve, auparavant rejoint par la rivière provenant des montagnes que Will avait déjà maintes fois explorées.
La matinée arrive maintenant à terme. Les deux compagnons s'arrêtent. “ Attends-toi à des courbatures violentes, et même si tu possèdes une endurance à couper le souffle, une demi-journée à cheval a dû te fatiguer.” dit le Mahõ tandis qu’il aide Will à descendre de sa monture. “J’en suis bien conscient, mais j’ai une question de la plus grande importance: quand est-ce qu’on mange ?” lui rétorque Will s’étirant les membres. “ Dès qu’un feu que tu auras allumé, nous permettra de préparer notre repas !” répondit le Mahõ, finissant de faire quelques étirements et n’ayant pas l’air plus fatigué qu’au début du voyage.
Will s’attelle donc à l’ouvrage, et finit par allumer un feu, après quelques tentatives peu fructueuses. Il enfonce ensuite dans le sol quatre bâtons, que lui tend le Mahõ, dont la partie émergente du sol mesure la taille d’une jambe humaine. Ceci formant un rectangle autour du feu. Ensuite le Mahõ installe une toile sur les quatre bâtons, qui se creuse en se relâchant, permettant de faire cuire les aliments à l’intérieur. La toile n’est évidemment pas conçue dans un matériau ordinaire, au village le Mahõ prétendait l’avoir conçue lui-même, avec l’estomac d’un monstre qu’il aurait abattu. Elle est brune sur la partie où les aliments cuisent, et noire sur la partie étendue au-dessus du feu, car les cendres projetées par le feu noircissent la toile. Cependant elle ne semble pas s'abîmer, quand bien même elle a servi de nombreuses fois. Après avoir fait chauffer le plat, composé d’un ragoût de viande et d’un assortiment de légumes, ils mangent adossés à des troncs d’arbres, entourés par l’herbe, la mousse, et les feuilles, tandis que les bruits des insectes et autres animaux de la forêt parviennent à leur oreilles. Le plat avait été préparé la veille par le Mahõ, mais celui-ci avait usé de magie pour empêcher la nourriture de se dégrader.
Leur repas terminé, apparemment fameux d’après l’expression de contentement sur le visage de Will, et après avoir nettoyé la toile, rangé le campement, ils se remettent en route.
Plusieurs heures de trajet défilent, tandis que le chemin longe un bois peu étendu, d’une vingtaine d’arbres tout au plus, situé sur une colline de petite taille. “ Bon on n’avancera pas plus loin, au vu de ton état; de plus cet endroit convient parfaitement pour la nuit. ” dit le Mahõ, faisant signe à Will de descendre de son cheval. En effet le pauvre Will peine à marcher, et s’effondre dans l’herbe, en poussant un gémissement plaintif.
“Eh bien ! Il faut encore qu’on installe le campement ! Et ce n’est pas encore l’heure de dormir, tu vas avoir le droit de te fatiguer plus que cela !”. Will lui répond par un grognement de contestation, ce qui fait sourire le Mahõ. Will réussit à se lever, et en une demie heure, les deux tentes sont montées, et des fagots de bois sont installés, au centre du campement, prêts à être brûlés. Will pose la dernière branche sur le feu, quand le Mahõ lui fait signe de le rejoindre. Il se trouve derrière le campement et tient deux grands sacs de toile.
Will se lève, enlève la poussière de ses jambes en les tapant vigoureusement avec ses paumes de main, s’étire, et marche à pas rapides vers le Mahõ. Celui-ci lui l’appelle : “ Maintenant que cette tâche est finie, que nous sommes prêts pour dormir, et que nous avons deux heures devant nous, je vais pouvoir te donner tes premiers cours de combattant: … “. Le Mahõ défait la toile, et tandis que celle-ci s’affaisse sur le sol, une épée apparaît dans ses mains, mais il laisse le deuxième sac de toile reposer sur son épaule. Will stupéfait s’exclame: “ Elle est … Pour moi ?”. L’épée est de taille moyenne, d’une envergure de la taille d’un bras. Elle comporte deux parties affûtées. La poignée est une simple lanière de cuir enroulée fermement, et la garde de l'épée un morceau de bois peint en noir.
Le Mahõ lui répond: “ Oui, en effet, ce sera ton épée pour toutes tes aventures, mais avant cela pour tes années à l’académie, et tout de suite pour ton premier cours d’escrime !”. Connaissant la force et la pédagogie .... disons musclée du Mahõ, Will s’attend au pire. Dans le même temps, il est extrêmement enthousiaste à l’idée de posséder sa propre épée. Il tressaute d'impatience, rien qu’en s’imaginant manier cette lame.
Le Mahõ commence les explications : “ Ceci est une épée à double tranchant, mais elle peut se salir, donc…” Will termine la phrase du Mahõ, comme celui-ci l’attendait de manière flagrante: “Je la nettoierai tous les jours ! ”. Le Mahõ hoche la tête. “ C’est déjà bien que tu aies compris ça !”. Le Mahõ sort deux bâtons en forme d’épée qu’il tient dans chaque main. “ Bon! On passe à l’entraînement ! On commence avec l’épée ! ”.
Il continue: “ Bien ! Mets-toi en position ! … Comment veux-tu te battre dans une posture pareille !? Recule-moi ce pied ou alors je pourrais te faire tomber, rien qu’en te poussant… comme ceci ! ” et Will rencontra pour la première fois de son entraînement le sol dur et froid. Il se redresse et ajuste sa position : “Voilà c’est déjà mieux … pose cette épée et prends ce bâton .”. Will demande intrigué: “ Pourquoi utiliser un bâton, je croyais qu’on s’entraînait à l’épée ? ”. Le Mahõ fronce les sourcils et reprend la parole: “Parce que, triple idiot, tu ne réussirais pas à tenir cette épée en l’air pendant plus de six minutes sans entraînement, et ce serait une perte de temps car, vois tu, je ne pourrais t’apprendre les techniques, d’où le bâton en forme d’épée.”. Il poursuit : “Lorsqu’on est en combat, ce qui prime c’est ... ” et soudainement le mahõ abat son bâton sur le crâne de Will, qui ne lève le sien que trop tard, il s’écroule, et refait connaissance avec le plancher des vaches. “ C’est... eh bien, ce qui t’a fait défaut ! L’expérience et les réflexes sont les meilleurs atouts d’un combattant. Maintenant relève-toi, on n’a pas toute la journée ! … On dormira après, là c’est pas le moment ! ”.
Sans un mot, Will se redresse subitement et se fend en direction du Mahõ, qui esquive d’un petit mouvement de jambe, avant de pousser avec sa main gauche le dos de Will a découvert, lui faisant redécouvrir l’odeur âcre de la terre qui décidément, allait lui tenir compagnie pendant le voyage.
Le Mahõ hausse les épaules : “ Je ne t’ai pas dit de m’attaquer tout de suite ! Relève-toi! ”
Will se relève, cette fois-ci avec concentration dans le regard.
Le Mahõ dresse sa garde : “ Maintenant tu peux .”.
Coup vers le haut, vers la droite, Will se fend, il feinte, mais le Mahõ contre tous ses coups, puis il commence à contre-attaquer, Will pare trois … quatre coups, il se redresse pour faire face à l’assaut du Mahõ… celui-ci avait feinté et il réussit à se rapprocher de Will qui avait anticipé et roulé sur le côté ! Les deux adversaires se font face, ils effectuent des cercles, ils se jaugent… “ Je dois avouer que tu progresses vite ” dit le Mahõ.
“ C’est pour te rendre la pareille ! ” lance Will. Le Mahõ lève un sourcil. Il attaque et … Will a le soleil dans les yeux ! Il baisse sa garde, le Mahõ en profite pour l’attaquer et Will finit par retomber par terre.
…
Quelques heures plus tard, Will tombe une énième fois sur le sol, tandis que le Mahõ est indemne de tout coup. “ Fin de l’entraînement, à table ! Nous allons manger par terre, mais je constate que tu as déjà pris ton aise ! ” dit le Mahõ. “ D’ailleurs, je voulais te poser une question: en rangeant le repas j’ai constaté qu’il n’y a pas assez de nourriture pour tenir une semaine, et le voyage en dure trois ! ” dit Will, se relevant. “ C’est bien pour ça qu’il va falloir chasser “ répond le Mahõ, levant un sourcil. Pendant le repas, le Mahõ lève ses yeux vers le ciel, et dit “ Si je me rappelle bien, cette nuit est la nuit des étoiles filantes, mais comme on est en voyage, il nous faudra attendre une année pour contempler ce spectacle.” Will le regarde, se demandant ce que le Mahõ voulait dire par là.
À son réveil Will constate qu’il fait nuit noire, il s’est réveillé au milieu de la nuit. Le Mahõ n’est probablement pas debout, il doit encore dormir. Will n’a aucune envie de retourner se coucher, quelque chose l’obsède. Il a soudainement peur de se lancer dans l’inconnu, de tous les changements qu’il va vivre. Une boule persiste au niveau de son ventre, il reste mal à l’aise. Il est inquiet de ce qu’il trouvera au bout du chemin. Il a besoin de se calmer, et décide de prendre l’air. Il attend que son regard se soit adapté à l’obscurité, et lorsqu'il distingue les contours de toile de sa tente, il se lève, sort, et constate que la tente de son mentor est effectivement fermée, le Mahõ étant donc encore endormi. Il se saisit de son bâton et trottine autour du campement, en essayant de s’occuper l’esprit pour retourner dormir. Il effectue les mouvements qu’il a appris la veille : parade, esquive, contre-attaque…
En voulant bondir sur un ennemi imaginaire, Will se prend les pieds dans une racine, il trébuche, et s’étale de toute sa longueur dans l’herbe. Il se dit à lui-même “ S’il apprend que je n’ai pas besoin de lui pour me retrouver au sol ça va être ma fête !”.
Se retournant sur le dos d’un mouvement rapide, il constate avec étonnement que dans la nuit noire, les nuages se dissipent, et des étoiles apparaissent, dessinant des constellations par centaines. Il se redresse, la tête perdue dans le vide, tournant autour de lui même, observant les milliers d’étoiles brillantes, luisantes telles des lanternes lointaines dans l’obscurité. Soudain, des dizaines d’étoiles filantes apparaissent et se déplacent, leurs traînées comme traçant des rayons de feu et de lumière qui brille dans la noirceur du ciel. Toutes ces choses apparaissent sous les yeux ébahis de Will qui n’a pas le temps de regarder toutes les parties de ce spectacle nocturne, tellement elles sont nombreuses. Il se laisse tomber sur le dos et reste allongé, pensif, contemplant simplement la beauté d’un monde inconnu. La lumière dans les yeux, il laisse libre cours à ses pensées. Il reste ainsi une heure à regarder, jusqu'à ce que les premières lueurs de l’aube apparaissent, effaçant la splendeur de la nuit étoilée, mais découvrant les merveilles du soleil qui se lève. Will observe alors dans le ciel les nuages rougir, dessinant dans un halo de lumière. C’est sur cette vision que Will retourne se coucher, en étant finalement apaisé. Il se lève quatre heures plus tard, un peu fatigué, mais complètement revigoré.
Cette nouvelle journée se déroule de la même façon que la précédente, mais alors qu’ils se reposent en fin d’après-midi, le Mahõ repère un lac entouré de bois, qui sera parfait pour la nuit. “ Ce qui me fait penser… personne ne t’a appris à nager ?” demande le Mahõ se tournant vers Will. “ Non, mais je suppose que si tu me poses la question, c’est que tu as une idée derrière la tête…” lui répond celui-ci.
C’est ainsi que dix minutes plus tard, Will se retrouve au bord de l’eau, observant le Mahõ nageant dans l’eau froide du lac. Il tente d’avancer sur un espace en pente tandis qu’une dizaine de mètres plus loin, il n’aurait pas pied, comme à tous les autres points. Il avance pied après pied, la température froide de l’eau le forçant à reculer à l’instant où il se trempe. Il réussit à avancer par un effort suprême de volonté jusqu'à ce que le niveau de l’eau se trouve sur son ventre. Il tente de rentrer dans l’eau jusqu'au buste, et réussit, avec de nombreux essais. Cependant il ne veut pas tenter d’immerger sa tête car une peur incontrôlable le prend dès qu’il s’y essaie. Il tente d’aller jusqu'à ce qu’il ne puisse plus se reposer sur le sol, mais dès qu’il ne sent plus la roche froide sous ses pieds, sa panique reprend le dessus et il ne réussit pas à rester plus de cinq secondes à la surface en se servant de tous ses membres d’une façon désespérée. Il s’y prend à plusieurs fois mais échoue, la dernière tentative s’étant soldée la tête sous l’eau, et le cœur battant la chamade.
Il sort du lac dépité et se place à côté d’un arbre, le Mahõ étant sorti entre-temps en s’aidant des racines pour remonter sur terre, et rejoint Will. Ce dernier le salue:“ En t’observant on pourrait croire que tu as passé ta vie dans l’eau, tu es si agile ! Je n’ai pas cette chance, la peur s’empare de moi dès que je n’ai plus pied.”. “ Tu t’es bien mouillé tout le corps ?” lui demande le Mahõ. “ Oui en effet mais pourquoi cette … AAAARGH!” hurle Wil tandis que le Mahõ le pousse dans l’eau. Will se débat autant qu’il peut pour rester à la surface, mais finit par couler. Le Mahõ plonge et tente de l’aider à se positionner. Will se débat, une peur incontrôlable s’empare de lui, l’incompréhension de la flottaison, la peur de se noyer, cela le pousse à revenir au bord. Ses mouvements chaotiques, l'handicapent plus que ne l’aident, mais il réussit à atteindre le bord, non sans mal. “ Je ne rentre PLUS JAMAIS là dedans !” hurle Will, une fois sorti. Le Mahõ lui rétorque “ Oh que si, et pas plus tard que tout de suite !”.
Will s’avance, en rechignant, et pied après pied, il réussit à s’immerger, tout ayant les pieds en solution de secours. Le Mahõ lui apprend quelques mouvements de base, et Will se retrouve à faire la planche pour s’habituer à l’environnement inconnu. Après une vingtaine de tentatives sans perdre courage, il réussit à se laisser flotter sans peur de la noyade. Le Mahõ lui donne des consignes et après une cinquantaine de minutes, Will nage une brasse assez bien réussie, pour quelqu’un qui apprend sur le tas, mais toujours en restant au bord, il refuse catégoriquement d’aller vers le centre du lac. Sa façon de nager est même surprenante, car plus le temps passe et plus Will se rapproche du niveau d’une personne nageant quotidiennement.
“ Tu es sûr que tu n’as pas nagé par le passé ?” lui demande le Mahõ. “ Je m’en rappellerais si c’était le cas !” lui rétorque Will, et le Mahõ sourit en réponse. Will réalise des ondulations, plongeant sous l’eau, ouvrant ses yeux, il se laisse couler quelque instants remonte à la surface et se dit à lui même “ Eh bien ce n’était pas si dur… Par contre... je … Je commence à avoir froid…”. Will sort de l’eau grelottant, jusqu'à sa serviette en tissu épais, il se sèche vigoureusement , puis la suspend au-dessus du feu. ( Will a attrapé un beau rhume et aura le nez coulant durant une bonne partie du trajet) La nuit venue, dans sa tente Will se dit qu’il a passé une belle journée. Le Mahõ est sa seule famille, et c’est avec lui qu’il partage ses moments de joie. Le soir venu, ils mangent leurs dernières rations. La chasse est donc pour le lendemain.
Cette nouvelle journée, après cinq heures de trajet, observant la nature pour ne pas s’ennuyer, le vol des oiseaux dans le ciel, et les forêts se rapprochant pour être ensuite dépassées, se mouchant et s’essuyant le nez avec son mouchoir, Will se prépare à tuer pour survivre. Le camp a été dressé non loin d’une forêt, et une rivière assure l’approvisionnement en eau douce pour ce soir. Mais cette proximité servira surtout à remplir les réserves d’eau. Ils ont d’ailleurs eu le temps de ramasser des baies et des légumes, (Will savait déjà lesquels étaient comestibles donc il n’a pas eu besoin d’un cours du Mahõ). Maintenant, le Mahõ se saisit d’un objet de nouveau enveloppé dans de la toile. Mais il ne s'agit pas d’une épée.
Le Mahõ présente à Will un arc, qu’il utilisera pour chasser, mais néanmoins il le met en garde: “ Tu ne t’es jamais servi d’un arc jusqu'à présent, donc il ne vaut mieux pas l’utiliser pour le moment, tu raterais à coup sûr, et les flèches tirées seraient perdues. Tu attendras l'entraînement intensif que je te réserve. Utilise donc plutôt ceci. ”. Il lui tend un poignard. Will lui rétorque: “ J’ai une épée, pourquoi ne pas m’en servir ?”.
Le Mahõ répond “ Face à des cibles petites, ce serait facile de rater et d'abîmer ton épée contre le sol, de plus elle manque de précision dans ce genre de situation. Ce ne serait que face à des animaux plus gros qu’elle pourrait être utile, cependant il sont trop rapides pour toi, et le seul cas où tu aurais à t’en servir, serait quand tu seras la proie, comme il n’y a aucun prédateur dans les environs, tu ne risques rien. Je te donne l’arc, en cas de nécessité tu tireras une flèche, dont la pointe est rouge, en hauteur. Elles sont de ma conception et émettent un bruit très fort sur tout leur trajet de vol. Maintenant écoute: les premières fois tu m’observes, et je te demanderai peut être de prendre à revers la proie, mais les autres tu devras partir en solo, car chacun chassera de son côté, et à distance raisonnable.”
Will hoche la tête. Ils courent dans la forêt jusqu'à rejoindre un point d’eau, à une cinquantaine de mètres, ils ralentissent et marchent à pas lent, jusqu'à rejoindre un point d’eau où de nombreux animaux s’abreuvent. Ils se cachent derrière des arbres à une vingtaine de mètres de leur objectif. Le Mahõ observe un cerf, qui se situe derrière la dizaine d’animaux tout près d’eux. Sans faire de bruit, lentement, le Mahõ se saisit d’une flèche, bande son arc, fait un pas de côté. L’animal n’est toujours pas alerté, s’abreuvant tranquillement dans la rivière. Will observe avec appréhension le Mahõ viser, il est sur le point de décocher son trait. Soudain le Mahõ baisse l’arc. Des jeunes faons apparaissent, et boivent près du cerf adulte.
“ Même si je suis un grand chasseur, j’ai comme principe de ne pas tuer les animaux ayant des petits.” explique le Mahõ à Will. Ce dernier sourit, l’air compréhensif. Il partent donc en chasse d’une autre proie. Celle-ci est rapidement repérée par le Mahõ : “En cette saison, ces animaux ne sont pas encore accouplés, et lorsqu'ils ont des petits, ceux-ci les suivent partout, or cet animal est seul. Ce sera une bonne proie. “
Cette bête est … malheureusement il n’existe pas de mot dans notre langue pour décrire cet animal. Je vais donc les nommer dans leur langue d’origine, il s’agit des Koto (manteau), ils sont appelés ainsi car leur fourrure est une excellente protection contre l’hiver. Ce sont des animaux ressemblant à des ours, mais herbivores, avec une mâchoire moins avancée et dont les crocs sont plus aplatis, car ils broient des végétaux et non de la chair. Leur pattes ressemblent à celle d’un cheval ; à la différence près qu’ils ont deux sabots par pattes, il s’agit donc de mammifères de la famille des artiodactyles. Cette fois le Mahõ agit rapidement, tire sa flèche et qui atteint le cœur de l’animal en une fraction de seconde, qui meurt sans souffrir. Les autres animaux alertés par l'affaissement de leur congénère, réalisent la présence des deux humains et s’enfuient en courant. Le Mahõ marche vers l’animal mort, se recueille devant le corps une trentaine de secondes, puis il explique à Will, qui l’a suivi ; “ On ne pense pas assez aux animaux que l’on tue, et que l’on mange ensuite. Il faut faire preuve de respect envers cet animal, car sa chair devient la nôtre une fois consommée. De plus, on a pris une vie pour se nourrir. Ce n’est pas un acte anodin. “
Will acquiesce. Ils rentrent à leur campement, le Mahõ traînant la dépouille, il montre ensuite à Will comment retirer la viande, puis il lui laisse le soin de la cuisiner pendant qu’il tanne la peau, comme il l’explique à Will “ Je pourrais la vendre à la capitale, cela vaut assez cher, et ce serait un manque de respect envers cet animal que de laisser dépérir sa peau. De plus, contrairement aux parures faites avec les os, cette fourrure est uniquement utilisée dans un but pratique.” Il ajoute en grognant “ Jamais compris les gens que ça amuse de porter des bijoux qui n’ont aucune valeur personnelle… ”. Il porte un collier d’os, dont le motif est un œil au verso, et au recto un cercle avec des rayons courbes convergent vers le centre, comme un vortex, avec le même œil au centre. Cet œil est particulier; il est en forme d’ovale, mais la pupille et la rétine sont écrasées, comme formant un trait, mais en plus épais au centre. Cet ornement lui a été offert par une personne importante, qui est chère à son cœur, mais il ne porte aucun autre bijou. Il passe une bonne partie de l'après-midi à tanner la peau; et il reprendra son travail le lendemain.
Pendant qu’ils mangent, Will pense à la suite du trajet. D’ailleurs il demande: “ Quel va être le programme des prochains jours ?”. Le Mahõ lui répond:” Matin: cheval, midi: pause déjeuner avec les restes de la veille, après midi: cheval, milieu d’après-midi, faire un camp, ensuite on part chasser, je récupère ce qu’il y a d'intéressant pour le vendre une fois en ville puis entraînement, puis coucher. Et si on est à côté d’un lac, tu auras droit à une trempette.”
Will acquiesce, baisse la tête, souffle un grand coup et dit: “ Donc je déduis, par rapport à l'avancement de la journée, que c’est l’heure de l'entraînement ?”. Le Mahõ acquiesce en souriant, et se lève, lui fait signe de la main. Ils s’échauffent durant une dizaine de minutes, ensuite ils s'entraînent à l’épée, Will est toujours le seul à compter ses bleus.
Vient l’heure du tir à l’arc. “ Quand tu vises, fais attention à ne pas baisser ton arc au moment où tu décoches ta flèche, sinon elle dévie.” Lui explique le Mahõ, “ ensuite quand tu veux tirer plus loin tu mets plus de force sur la corde, mais fais attention, la trajectoire dépend de l’arc et des flèches, donc tu ne t'entraines pas avec un seul type de flèches. Ensuite la plupart des mouvements doivent être un réflexe et pour ça…"
“Je m’entraine, j’ai saisi…” répond Will. Il vise une cible que Mahõ a positionné à une vingtaine de mètres. Il tire, et non seulement il rate, mais en revenant la corde lui blesse la main. Le Mahõ ricane, et Will lui rétorque, tout en le fusillant du regard: “ Tu savais que ça allait arriver !”.
Le Mahõ lui tend des gants et l’invite à recommencer, cette fois la flèche atterrit plus près de la cible, sans toutefois l’atteindre, mais Will ne se blesse pas. Il a le temps de réitérer une cinquantaine de fois l’exercice, et huit flèches touchent la cible, mais aucune au centre. La nuit venue, le campement endormi, Will se réveille en sursaut et se met à hurler. Le Mahõ accourt avec précipitation. “ Que se passe-t-il ?”.
Will met du temps à se ressaisir, et dit: ” J’ai fait un cauchemar, Il y avait… Une sorte de monstre… et des gens que je ne connais pas, on était dans… une sorte de pièce en mouvement… ça tremblait de plus en plus fort… et puis un flash, je me rappelle juste que… ça va me revenir…”. “ Ne t’en fais pas, c'est terminé maintenant…” Le Mahõ lui tapote l’épaule. “ C’était … Mais oui ! Il s’appelait Yūki!”
Le visage du Mahõ devient soudainement grave, il ne dit plus un mot pendant un certain temps. “ Essaie de te rendormir, veux-tu?” dit-il d’une voix qu’il veut rassurante.
“ Tu peux rester à côté de moi, le temps que je m’endorme?” lui demande Will. “ Bien sûr … Repose toi. “ lui chuchote le Mahõ.
Will ne se rappela plus de ce rêve étrange pendant tout le trajet.
Le voyage se déroula comme l’avait prévu le Mahõ, le seul événement notable, est lorsque Will vit d’autres voyageurs, certains faisaient un bout de chemin avec eux, d’autres allaient dans l’autre sens, certains avait des chevaux, d’autres non, certains voyageaient seul, d’autres en groupe. Toujours est-il que Will put converser avec ces voyageurs mais que, ne connaissant pas la géographie du pays, les nouvelles de raids orc sur un lointain village, et celles de lieux mystérieux ne firent que susciter sa curiosité, il ne retint aucune information réellement importante, mais il s’entendait bien avec la plupart des voyageurs. Certains l'aidèrent durant son entraînement, d’autres partageaient leur repas…
Le Mahõ semblait avoir déjà rencontré certains voyageurs, ce qui surprenait Will, car il l’avait toujours vu le Mahõ au village. Il rencontrèrent même deux caravanes. La fin du voyage se déroula calmement, sans pour autant être reposante pour Will, car ses entraînements n’étaient pas dénués de “piquant”. Toutefois Will constata de nombreux progrès, et au niveau de sa force, son habileté avec l’épée et l’arc.
Nous retrouvons le Mahõ et Will à la fin de leur voyage, à un jour de route de la capitale.
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