Montés sur leurs chevaux, Will et le Mahõ sont depuis plus d’une heure sur une route large, en pierre, d’où l’on voit des champs et des maisons isolées, à perte de vue. La capitale se trouve au cœur d’un cercle de grands monts, cachée. La pente du relief est telle que sans outils, personne ne pourrait atteindre le sommet. Il faut contourner ces semi-montagnes pour accéder à la ville, un défilé permettant de faciliter le trajet. Le passage est gardé par deux pics, bien moins grands que les autres escarpements, mais de taille suffisante pour impressionner, leur sommet abrupt se lançant dans les airs. Beaucoup comparent ces roches entourant la ville à un rempart.
“On pourrait croire”, pense Will, “que ces grandes arêtes de pierre forment un chemin de ronde et que les deux pics rocheux sont les tours de garde”.
De nombreux voyageurs vont et viennent. Ce qui n’est pas surprenant car la capitale est reliée par cette route à toutes les autres villes de l’empire, et la ville s'approvisionne dans les champs alentour. Le Mahõ et Will arrivent justement à l’embouchure, et ce dernier ne peut s’empêcher de pousser un cri de surprise. Nul mot ne suffirait à décrire la splendeur de la ville fortifiée. Ses murs font soixante mètres de haut, et en les observant de près on se rend compte qu’ils ne sont pas construits. Ils sont taillés dans la roche.
En réalité à la place où figure aujourd'hui la capitale se trouvait autrefois un pic comme tous ceux que l’on voit aux alentours. Les remparts sont en fait l’espace qui n’a pas été creusé. On raconte que c’est la puissance combinée de trois cents magiciens de haut rang qu’il fallut pour creuser la roche et la dessiner. En observant tout autour, on réalise que chaque roche est sculptée, que les parois se trouvant à une cinquantaine de mètres et tout autour de la ville sont en fait un monument.
L’espace réalisé est énorme, car il y a une centaine de mètres séparant les remparts des pics rocheux. Les dessins sont symétriques par rapport à l’embouchure et se rejoignent derrière la ville. Ils sont de diverses tailles, si bien qu’en se rapprochant d’un motif, on découvre qu’il est constitué d’une multitude d’autres. Les deux pics observés depuis le cœur de la formation rocheuse sont en réalité deux statues d’une centaine de mètres de haut, représentant deux gardes, tenant leur lances et leur bouclier. Les détails sont extrêmement précis, si bien que l’on distingue chaque partie de l’armure, du visage, des motifs de cheveux (d’ailleurs les deux gardes ont une petite tresse sur chaque côté du crâne), d’un coup d’oeil rapide, on pourrait croire que deux géants gardent la ville. (Will se demande, une fois le choc passé, combien de personnes peuvent rentrer dans les oreilles en pierre taillée des colosses de pierre)
On dit que le chantier dura quarante ans, et une quinzaine simplement pour réaliser les motifs des sculptures de l’extérieur de la ville. Afin de préserver ces œuvres d’art, de la magie empêcherait la roche de se fissurer, gelant ainsi hors du temps un patrimoine vieux de plus de mille ans. Du haut des remparts coule par endroits, un flot continu d’eau qui s’écoule dans les douves de ce gigantesque château. Il ne s'agit pas de douves dont l’eau est verte, où l’air est putride, où les algues s’agitent à la surface remontant le long des remparts, où les odeurs d’urine empestent lors du passage sur le pont levis, Non. Il s’agit des douves de Kabesekai ( c’est le nom de la capitale). Cela implique une eau pure et claire, étincelante, dont les odeurs n’incommodent nullement les passants, dont les rives sont parées de fleurs d’une multitude de couleurs.
Le Mahõ explique à Will: “ Cela fait plus de cinq siècles que les habitants ont accès à l’eau potable depuis les fontaines magiques de la ville créant de l’eau en permanence, c’est cette même eau qui est acheminée au pied des remparts, elle est montée grâce à un curieux mécanisme, certaines personnes disent que c’est encore de la sorcellerie, puis les coulées d'eau tombent dans les douves. En hiver il se produit un phénomène curieux : l’eau gèle mais continue d’avancer… Ce qui donne de magnifiques cascades de glace mouvante. Ce spectacle demeure mon préféré parmi tant d’autres. Malheureusement le savoir de faire ce genre de monuments a été perdu il y a longtemps. On ne peut que se contenter d’admirer les vestiges d’une civilisation depuis longtemps éteinte.”
Ils atteignent bientôt les ponts levis, et Will se sent minuscule face à l’immensité des remparts. Ces derniers relient des tours surmontant de cinq mètres le chemin de ronde. Il en comporte une douzaine, en plus de celles positionnées à côté du pont levis.
Will et le Mahõ passent les portes, et un nouveau spectacle apparaît sous les yeux de Will, celui de la vie en ville: L’agitation permanente, les flots de personnes circulant dans l’allée principale, les commerçants, hélant les passants, les enfants courant de rue en rue, les chevaux piétinant fièrement les pavés de la capitale, les carrioles, les ânes, le bruit ambiant… le Mahõ presse Will dans l’avenue, marchant d’un pas rapide. Will est étonné par cette agitation. Là, il observe un chariot rempli de victuailles, dont les roues s'entrechoquent sur les pavés, ici un homme tirant de ses bras une charrette de tonneaux de vin, et surtout une foule allant et venant, chacun ne prêtant aucune attention à l’autre. Des dizaines, des centaines de gens marchent, s'évitent, se pressent dans les rues, nul ne pourrait savoir quel est l’objectif de chacun.
La grande rue est directement reliée à la deuxième partie de la ville, où se trouve une nouvelle place forte, où en son sein, vit la haute société, et où se trouve l’école de guerriers. Deux gardes les hèlent lorsqu'ils arrivent près de la porte, le Mahõ présente un laisser-passer, et la porte s’ouvre. “Voilà pour vous Monsieur, dit le garde, Je sais que ces contrôles peuvent fatiguer, mais on ne peut pas se permettre que le bas-peuple aille là où il ne devrait pas…” .
Will ne comprend pas encore le concept d’inégalité, car dans son village si un voisin avait un soucis, les habitants du village se bousculaient pour aider, il n’est pas encore familier avec l’idée de n’être qu’un parmi des milliers d’autres, et où chacun lutte pour soi- même, seul, hormis avec sa famille. En ville on vous ignore et vous ignorez les autres. De plus, Will ne connaît pas encore l’importance du rang social et l’importance de l’argent. Si on lui avait expliqué, il aurait répondu que l’argent ou le rang social ne sont que des outils, et il ne comprendrait toujours pas pourquoi on laisse souffrir sans rien faire des personnes de l’autre côté du mur, ni sans rien dire. Il ne s'intéresse pas à l’importance, à la puissance, ces choses n’ont qu’une importance mineure dans son esprit, et c’est pourquoi il ne comprit pas qu’en franchissant la deuxième muraille de la ville, il venait de franchir une limite sociale. ( bien sûr, il viendra à le réaliser par la suite, mais il ne changera pas d’avis)
C’est donc en dépit du sentiment que l'immensité de la ville l’écrasait que, le regard rêveur, émerveillé, Will suit son maître. Ils poursuivent leur route quelques instants.
Puis le Mahõ s'arrêta devant une auberge “ Les Délices d’Alaric”.
“On va rester ici en attendant l’ouverture de l’académie, c'est-à-dire deux jours” dit le Mahõ, descendant de sa monture. Un palefrenier accourt, le Mahõ lui tend la bride de son cheval, et invite Will à faire de même d’un mouvement de tête. Une fois les chevaux installés dans les écuries, Will suit son maître dans l’auberge. Le Mahõ commande deux chambres et deux repas pour le soir. Ils montent à l’étage où se trouvent les chambres, et le Mahõ s’adresse à Will: “ On se retrouve le soir à 20h en bas, en attendant profite de ta chambre pour prendre un bain, tu en as besoin”. Il lui répond par un sourire et entre dans sa chambre, de taille plus que respectable.
Il installe ses affaires, puis se débarbouille la figure en se servant du seau d’eau posé à côté d’un miroir. Will reste d'ailleurs quelques instants devant l’objet, car n’ayant jamais vu de miroir auparavant, il saisit l’occasion de contempler son reflet… d’abord sous divers angles, ensuite en faisant des grimaces, observant avec curiosité les déformations de son visage. Puis il se déshabille, rentre dans la cuve en pierre où de l’eau l’attend déjà. Il se savonne, profite de l’eau chaude quelques instants, puis quand celle-ci vient à refroidir, il sort de l’eau, se sèche, puis s’affale sur son lit, aussi tranquille qu’un poisson dans l’eau. L’odeur, la sensation de bien être, comme l'enveloppant d’une aura chaude, est quelque chose qu’il découvre avec beaucoup de plaisir.
Il se repose un moment là, puis sort de sa chambre pour regarder l’heure sur l’horloge de l’auberge; il y en a deux, une là où se trouvent les tables, au rez de chaussée, et une au niveau de l'étage, devant les escaliers. Bien que ces mécanismes datent de plus de deux siècles, elles restent rares et coûtent cher, c’est déjà un privilège que d’avoir deux horloges chez soi. Will observe le mécanisme un instant, car il n’a jamais eu l’occasion de contempler pareil objet. Cette horloge comporte deux parties; une avec les mécanismes en fer, et l’autre le support en bois sculpté.
On ne voit pratiquement pas les mécanismes cachés par les ornements de bois. Mais Will observe avec curiosité les aiguilles tourner. “ Ne vont-t-elles donc jamais s'arrêter de tourner, tel le temps qui file ?” se demande Will.
Dans la haute ville les gens sont tellement habitués à certains objets rares qu’ils ne réalisent pas à quel point ils sont beaux, pratiques, ou encore complexes.
Il est actuellement dix-neuf heures, et les premiers convives sont déjà attablés en bas, attendant leur repas, en discutant gaiement. Will retourne dans sa chambre, il doit encore patienter une heure. Il ouvre les rideaux de sa chambre et contemple la ville. Il repère l’académie, cette vision lui met une boule au ventre, il recommence à stresser, à se demander s'il est à la hauteur, si tout se passera comme prévu, il souffle, inspire, expire pour se calmer. Il reprend son observation et trouve ainsi le palais ( qui n’était pas dur à trouver, comme il surplombe la ville) les bains publics, quelques résidences de nobles, des camps militaires, il regarde la rue, dont l’agitation commence tout juste à décliner.
La nuit commence à se montrer dans le ciel, et les lampes sont allumées. Il s’agit de lanternes, suspendues un peu partout dans les rues. Il observe longuement les murailles et croit voir du mouvement près d’un pan du mur séparant les deux parties de la ville, il regarde avec attention et constate qu’une ombre a profité de la nuit pour pénétrer dans l’enceinte de la citadelle, par-dessus le mur. Cette ombre court sur les toits avec une grande discrétion. Après une trentaine de secondes, Will perd du regard cet étrange personnage, qui apparemment, ne désirait pas se faire voir.
C’est l’heure du repas, et Will se précipite dans les escaliers, rejoint le Mahõ, et ensemble ils mangent un repas bien mérité, après ce dur voyage. Ensuite ils retournent chacun dans leurs chambres respectives, et se reposent dans un lit, ce qu’ils n'avaient pas fait depuis de longues semaines. Il faut également préciser que le matelas est particulièrement confortable. La journée du lendemain passa remarquablement vite, la seule action notable, est que le Mahõ fit visiter à Will différents recoins de la capitale, à part une partie du quartier nord-est, dont on disait qu’il n’était pas prudent de se promener là bas.
Le Mahõ réussit à vendre ses prises du voyage à un prix qui ne le laissait pas mécontent. Le lendemain, Will se lève tôt pour sa rentrée à l’académie.
Après un maigre petit-déjeuner ( car Will appréhende trop sa journée pour manger) Will et le Mahõ partent de l’auberge après avoir payé leur dû. Ils marchent, car leurs chevaux ne leur seraient d’aucune utilité. Nous sommes alors une heure avant l’examen.
Celui-ci détermine qui sera accepté au sein de l’école, n’importe qui ne peut pas y entrer, après tout c’est la plus réputée du royaume, donc Will doit passer le test même s' il a été recommandé. Le Mahõ est confiant mais Will est terrorisé à l’idée de faire une bourde, ou bien qu’un accident se produise, il envisage les pires scénarios, son imagination travaillant à grande vitesse. Et s'il devait rentrer chez lui ? Si c’était le cas, il ferait demi-tour bredouille, accablé, il aurait fait tout le voyage pour rien !
Son esprit est tellement pris par la pression qu’il ne réalise qu’une fois les murs de l’académie passé que le trajet a pris fin.
Ces murs sont construits par des blocs de pierre taillée, ils ne datent pas de la même époque que les fresques et les statues gigantesques, mais semblent quand même dater plus que les habitations de la capitale. Un homme leur indique le chemin, après que le Mahõ lui ait présenté un document. Will aperçoit la centaine de participants, et remarque que tout le monde n’a pas le même âge que lui. Le Mahõ lui fait signe de s’insérer dans la file, et lui dit: “ Je m’occupe de la paperasse, ne te préoccupe pas de cela ! Va plutôt rejoindre les autres participants.”.
Aussi Will s’assoit sur un banc à l’écart. Il reste seul, sa pression toujours plus grande à chaque seconde.
Quand soudain un autre groupe de personnes débarque en courant à toute allure de la porte derrière laquelle le Mahõ avait disparu. Le premier de file crie “ C’est bon on est inscrit! Et ça n’a pas encore commencé ! À nous l’exam !” Et la petite troupe se précipite dans la file juste derrière Will. Ils semblent avoir son âge.
“Tu n’étais pas là, toi, il y a à peine cinq minutes. Alors, motivé par cet examen ?” lance un membre du groupe.
Will se tourne vers lui, indécis, il ne sait pas quoi répondre et si c’est effectivement à lui que l’on parle. “ Ben oui c’est à toi que je parle! Tu n’es pas du coin?” lui demande le jeune homme se rapprochant encore de Will “ Tout va bien ! Ne stresse pas ! Je ne vais pas te manger !” Will balbutie: “ Heu… Ben moi je m’appelle Will, et non, je ne viens pas d'ici, j’ai dû beaucoup voyager pour arriver à la capitale.”. Will ne savait pas vraiment quoi répondre d’autre, il est embarrassé, dans sa tête défilent des dizaines de scénario catastrophe, (parmi lesquels ces inconnus s'énervent contre lui) mais tandis que Will est fortement désorienté, l’autre lève les sourcils : “ Ça alors ! “, il se tourne vers sa bande “ Les gars ! Il vient d’ailleurs que cette ville ! “, il se retourne vers Will: “C’est incroyable, je suis très curieux parce que je n’ai jamais pu en sortir. Mais d’où exactement viens-tu ? “.
Will répond, nerveux : “ Oh je m’y connais pas en géographie, mais j’ai voyagé Sud-Ouest pendant trois semaines à cheval. Je viens pas d’une ville, mais plutôt de la campagne… Enfin pas tout à fait, je sais quand même lire et écrire, mais c’est un trou bien perdu.”
“ Tu as pas voyagé seul, quand même ? D’ailleurs comment tu t’appelles?”.
“ Will et non j’ai voyagé avec un Mahõ qui…” mais Will n’a pas le temps de finir sa phrase car déjà l’autre s'exclame “ Un Mahõ ! Mais c’est pas tous les jours que ça arrive ça! Mais je ne suis pas poli ! J’ai oublié de me présenter, je m'appelle Yukan ! Et là bas c’est Kōkatsu, derrière c’est Chuui, et à côté Taku.”.
Ils le saluent de la main en souriant. Will leur répond d’un air gêné, d’un mouvement de main si rapide, qu’il se demanda un instant s' ils avaient eu le temps de le percevoir. “ En attendant tu peux compter sur nous pour t’aider ! Tiens, que se passe-t-il? Ha ! L'examen commence ! ( En effet les lourdes portes commencent à s’ouvrir) Il faut y aller ! Viens avec nous ! “.
Et c’est ainsi que Will rencontra ses meilleurs amis. D’ailleurs il avait une sorte d’intuition en les voyant. En observant aux alentours, il trouve le Mahõ qui d’un geste de main, lui fait comprendre qu’il peut rejoindre les autres, et lui sourit. “Bonne chance et bon courage!” semble t-il dire.
L’examen commence ! Les examinateurs s’avancent , un groupe de cinq personnes, dont deux vétérans de guerre d’un certain âge, dont le poids des années se fait sentir sur leur physique, dont les nobles rides sont empreintes de sagesse, dont les mouvements sont synonymes de grande expérience, légèrement courbés, tel le roseau lorsque le vent passe... Bref ils sont vieux. Un des deux vétérans, donc, prend la parole : “ Bonjour à tous, c’est encore une fois un honneur de recevoir de nouvelles têtes qui viendront grossir nos rangs de valeureux guerriers ! ” il ajoute: “ Pour ceci il vous faudra d’abord nous montrer vos aptitudes, mais si vous échouez rien ne vous empêche de recommencer l’année prochaine ! Ce sera de nouveau avec grand plaisir que nous vous accueillerons... ”.
L’examen est gratuit tant qu’on habite dans la citadelle, cependant il reste à payer les frais d’enseignement, pour l’utilisation du matériel scolaire (armes blanches et autres…) , le logement et la nourriture. Cependant pour Will, c’est le Mahõ qui paie, ce qui lui simplifie grandement la vie.
Le deuxième vétéran, reprend la parole après un silence de l’assemblée: “ Le test va commencer ! Vous êtes priés de vous ranger en file devant chaque examinateur ! Nous allons observer vos compétences physiques, puis nous déciderons de votre passage. “
Les participants se rangent en cinq files, Will et ses nouvelles connaissances sont en milieu de la deuxième file, Will en tête. Les premiers échos de la sélection parviennent à leurs oreilles : “ Tu es trop lent ! Et tu es grossier dans tes mouvements ! Cependant tu as du potentiel, tu es en liste d’attente, au suivant !”
À un autre endroit: “ Pas mal ! Pas mal du tout ! Mais votre jeu de jambe laisse sérieusement à désirer. “
Yukan fait discrètement signe à Will, lui montrant l’examinateur supervisant la file adjacente à la leur. “ Heureusement ce n’est pas lui qu’on a !” lui dit-il dans un murmure. Ce vieil examinateur aigri est extrêmement strict et ne tarit pas d'encouragements sarcastiques pour ceux qu’il recale, c'est-à-dire presque tous ceux qu’il supervise.
“ Pour un Ver aussi mous que toi, c’est surprenant d’avoir réussi à soulever cette épée. Alors reviens quand tu auras du muscle ! “
S'adressant au suivant qui rate son tir à l’arc: “ Tu vise tellement bas que c’est un miracle que la flèche ne finisse pas dans ton entrejambe ! “
À un candidat légèrement maladroit : “Tu pourrais éborgner quelqu’un par accident ! Quand on est aussi pitoyable on reste chez soi !”
Encore à un candidat qui cette fois, s’en sort plutôt bien partout: “ C’est plutôt acceptable … pour une bataille de poupée ! Reviens ici quand tu seras un vrai Homme !”
Beaucoup de participants se situant sur cette file cherchent discrètement à s'éclipser afin de changer d’examinateur.
Dans la masse, Will distingue une personne qui à l’air d’avoir son âge. Il semble, car c’est un jeune homme encapuchonné, dont on ne distingue que les yeux, le reste de son visage étant caché par une écharpe en tissu. Il semble sûr de lui, et ne cherche pas à changer de file, il va bientôt se présenter devant l’examinateur.
Il ne reste qu’une personne passant avant lui. Will lui fait un signe d’encouragement, et celui-ci lui répond par le même signe, un léger sourire aux lèvres. Vient son tour.
“ Recalé !” hurle l’examinateur, avant même de le tester. Le jeune homme ne bouge pas. “Tu es sourd en plus d’avoir une sale gueule ?” lui lance l’examinateur. “Vous ne m’avez pas encore testé” répond le jeune-homme d’une voix calme et posée.
“Ha ! Monsieur veut être testé ! Très bien ! Prends ce bâton et essaie un peu de survivre !”.
L’examinateur lui lance violemment un bâton en forme d’épée dans les bras, tandis qu’il se saisit d’une lame de bois semblable. Le silence se fait autour d’eux, chacun observant, même les autres examinateurs. Les deux adversaires se font face, effectuant des cercles.
Le premier à agir est l’examinateur, ce vieil homme, n’est pas aussi affaibli par l’âge qu’il ne le fait paraître, et se jette à une vitesse surprenante sur son adversaire, sa lame de bois sifflant dans le vent. Le coup est paré avec un grand calme de la part du jeune homme à capuche. Cela surprend l’examinateur, qui s’attendait à finir le combat d’un coup.
Il enchaîne un nombre de coups impressionnants au regard, mais son adversaire ne flanche pas. Il résiste. Il tient bon quelques minutes, qui paraissent une éternité sous les yeux de l’attroupement, puis finit par fatiguer. Lorsque l’examinateur se rend compte de l’affaiblissement de son adversaire, il lui tourne le dos, repose son bâton où il l’avait pris, et se tournant à nouveau vers le jeune homme, dit d’une voix forte “ Admis ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu quelqu’un comme vous ! Nous aurons à nouveau l’occasion de nous confronter pendant les cours.”
La foule applaudit, tandis que le nouvel élève se rend dans la cour voisine, où se déroule la suite des événements. Une fois celui-ci sorti le vieil examinateur se tourne vers l’assemblée, en leur hurlant dessus: “Je peux savoir pourquoi vous rester plantés là ? Remuez vous le derrière ! Prenez exemple sur votre camarade !” Puis il part sans prêter attention aux autres candidats qu’il devait encore examiner, qui se répartissent dans les quatres autres files. Will réalise soudain que son tour est imminent, car il ne reste plus que deux personnes devant lui. Le stress qui avait disparu pendant le “spectacle” commence de nouveau à s’insinuer en lui. Le doute s’empare de lui, et s' il s'humilie devant l’examinateur ? S’il ne réussissait pas cette épreuve, que dirait le Mahõ ?
“ Recalé ! À l’année prochaine !” Le cœur de Will se fissure, il va passer juste après un recalé.
C’est son tour, Will s’avance, inquiet vers un examinateur souriant.
Celui-ci lui demande d'exécuter quelques mouvements: des séries de pompes, un petit combat avec un bâton de bois, moins intensif que celui auquel l’autre candidat avait pris part, puis des exercices d’équilibres, où il tombe car la pression qu’il éprouvait faisait trembler ses jambes. À la fin, le verdict tombe: “ Admis !” Will souffle un grand coup, la pression retombant dans tout son corps. Il décide d’attendre ses camarades.
Ceux-ci ne tardent pas à venir le rejoindre, dans le faible nombre des admis.
Ils rejoignent la cour suivante, en passant sous un petit pont reliant deux murs de l’école, les murs extérieurs, qui protègent d’une intrusion, et le mur d’enceinte du bâtiment des premières années. Se fondant dans le groupe des nouvelles recrues, dont ils font partie, le groupe d’amis observe un autre maître-enseignant prêt à réaliser son discours. Celui-ci commence d’ailleurs maintenant: “Chers amis, chers étudiants ! C’est un privilège que de passer un an avec vous, nous allons vous transmettre notre humble savoir, tandis que vous ferez votre possible pour nous accorder votre attention. Celle-ci fuit bien trop souvent, lors de bavardages et autres commérages ! C’est pourquoi nous vous demandons avec beaucoup de respect, que lorsque vous êtes tenté de vouloir partager avec vos camarades quelques pitreries dont vous avez le secret, il faut vous rappeler que les cours ne sont ni le lieu, ni le moment pour les réaliser. Il y aura certainement des moments de joie durant cette année, je l’espère de toute mon âme, mais il y aura également des moments de concentration.
C’est avec toute notre force que nous cherchons à enseigner, et c’est extrêmement décevant et consternant que de voir une assemblée sourde devant laquelle nous parlons avec tant de fougue dans le cœur. C’est pourquoi je vous en prie, veuillez bien accepter le respect que nous vous offrons, et non le piétiner avec tant de lassitude et d’indifférence. La distraction coûte cher pour ce qu’elle permet !
De plus vos camarades des précédentes années vous le diront, ils n’ont eu aucun mal à accorder leur entière concentration pendant les cours, car des moments pour évacuer la lassitude étudiante, nous en avons prévu ! C’est avec une grande joie que je termine mon discours sur ces paroles; elles furent énoncées il y a bien longtemps par quelqu’un de très sage, j’espère qu'elles resteront dans votre cœur quelque temps. Les voici donc : << la connaissance est le deuxième plus grand trésor de l’humanité, c’est malheureusement un trésor caché sous le cadenas de l’effort, dont hélas, le crochetage intéresse peu de gens, mais quand ceux-ci s’y attellent, non pas en étant contraint de le faire, par quelques pressions parentales ou scolaires, mais avec une volonté personnelle, le coffre révèle sa splendeur cachée. >> Sur ce, mes collègues vous montreront vos chambres, celles-ci ne sont pas individuelles, nous allons donc vous demander de former des groupes de cinq à huit personnes. Bonne nuit, reposez-vous bien ! “. Will constate à voix basse: “Le deuxième ? Mais alors quel est le premier ?”.
Will et ses amis sont parmi les premiers à se diriger vers un enseignant, car leur nombre correspond déjà à celui voulu. Cependant afin de conserver une liaison entre les âges, deux autres personnes rejoignent leur chambrée, dont le jeune homme à la capuche, qui avait déjà impressionné lors de l’examen. Son nom est Erilis, l’autre se nomme Kerâshin ( On l’appelle Kerâ) et Will se sent déjà familier avec ce dernier, sans trop savoir pourquoi.
La chambre contient la place suffisante à chacun, bien qu’ils auraient aimé avoir plus d’espace. La soirée se déroule bien pour Will, il discute, rigole avec ses amis, tandis que Erilis reste seul sur son lit, pensif, bien que la proposition de rejoindre la joyeuse assemblée lui ait déjà été offerte à plusieurs reprises. Ils se couchent tard, ce qu'ils regrettent par la suite. Le réveil du lendemain matin est de bonne heure. C’est ainsi qu’aux aurores:
Boum! Boum! Boum! On tape à la porte.
“ Debout ! » hurle un des professeurs « Vous avez rendez-vous en terrain de course pour une promenade matinale ! Dans 10 minutes ! ”
Péniblement Will, Yukan, Kōkatsu, Chuui, Taku et Kerâ se lèvent de leurs lits et entreprennent avec plus ou moins de réussite de se réveiller en s’aspergeant le visage avec l’eau du tonneau posté à l’entrée de chaque dortoir… pour constater que Erilis les attendait déjà prêt, devant la porte, lavé, et bien réveillé, un sourire moqueur sur les lèvres “ Quels soldats d’élite ! Ils se font terrasser par un réveil matinal ! Ha Ha Ha! Vous feriez mieux de vous dépêcher! “ Ceci dit, il se dirige vers le lieu de rendez-vous. Faisant de leur mieux pour ne pas arriver en retard, nos compères s’habillent avec leurs vêtements de la veille, donc sale, et se précipitent vers le terrain de course, constatant qu’ils ne sont pas les derniers, mais de justesse.
Un des enseignants qui les attendait, prend la parole: “ Eh bien ! On peut dire que vous n'êtes pas réveillés ! Que diriez-vous d’une petite course pour vous remettre en état ? Faites cinq tours ! … Attendez ! Cinq tours c’est trop facile, cela ne fait que sept kilomètres… Vous allez le faire avec votre sac de matériel rempli au quart, afin de vous rajouter une légère difficulté supplémentaire ! Nous allons trottiner derrière vous ! Tous ceux que l’on va rattraper, auront en cadeau un exercice des plus sympathiques.”
Toutes les recrues s’emparent de leur sac, et commencent à courir.
“Ça … c’est léger ? Je n’ose même pas imaginer quand il est plein... ” soupire Taku
“ Ne t’en fais pas, tout le monde à l’air d’être dans le même état que nous, la difficulté semble toujours impressionnante au début, mais une fois l’année avancée, on s’y fait ” souffle Will.
“J’ignorais que tu avais déjà été dans cette école.” dit Kerâ
“ Crois-moi, l’enseignement du Mahõ est en tout point comparable à ceci !” lui répond Will “ mais je pense qu’il vaut mieux économiser notre respiration pour le moment”.
En une vingtaine de minutes, le groupe des recrues parcourt la moitié de la distance demandée, et déjà, nombreux sont les essoufflés, certains commencent à ralentir. Quelques minutes plus tard, un coureur essoufflé se fait dépasser par les maîtres, il s'arrête donc, et rejoint l’endroit qu’ils lui indiquent. Will constate que ses jambes le font de plus en plus souffrir, et comme tous les autres, il commence à ralentir. Le groupe des première année est maintenant très étendu, certains courant juste devant les maîtres impassibles, luttant pour ne pas se faire dépasser, d’autres sont loin devant. La distance reflète la différence de niveau, comme on pourrait le penser. Cependant au réconfort de chacun, et au malheur de tous, personne ne réussit à triompher de l’épreuve, les guerriers-enseignants ayant rattrapé chaque personne du groupe. Ils ne montrent d'ailleurs aucun signe de fatigue. Will regarde la foule de recrues, découragées, et son regard finit par tomber sur Erilis, qui n’est aux yeux de Will, même pas essoufflé.
“ Bizarre, pourquoi a-t-il abandonné s’il pouvait aller jusqu’au bout ? Je dois me tromper ” La cogitation de Will est interrompue par l’annonce de la punition collective.
“ Comme vous semblez ne pas vous contenter d’un course par semaine, vous ne voyez donc aucun inconvénient à ce que nous fassions ceci tous les matins jusqu'à ce que vous y arriviez avec un sac plein, pour vous renforcer un peu !”
Les gémissements commencent déjà à résonner, et ce ne sera pas la dernière fois.
Le prochain cours est celui de géographie. Le professeur n’est pas encore arrivé et à la grande surprise de Will, des filles les rejoignent durant ce cours. Assis au quatrième rang dans cette grande salle aux hauts murs, il voit celles-ci entrer dans la salle par la deuxième porte, se dirigeant vers les nombreuses places vides.
“ L’académie est aussi à la disposition des filles, elles ne suivent pas les même cours sportif que nous, mais nous rejoignent dans les cours sans efforts physiques. Elles ont leur propre bâtiment." explique Yukan à Will, tandis que Kotatsu se dresse de toute sa hauteur pour mieux les voir, comme beaucoup de garçons de la classe, tandis que Chuui se ratatine.
“ Pourquoi sont-elles séparées de nous ? Serait-ce parce qu'elles ont plus de mal avec le sport ?” demande Will.
“ Loin de là, en fait c’est une question d’éthique et de travail, car les enseignants savent que les filles et les garçons ensemble est disons … synonyme de perte de concentration, lorsqu'on leur demande de faire des activités à charge d’adrénaline élevée.” lui répond Taku “ En fait, la majorité des filles se débrouillent un peu moins bien que nous, mais comme elles mettent plus de vigueur dans le travail, elles compensent rapidement leurs lacunes. En plus elles commencent à 16 ans ce qui fait qu’elles ont un an d’expérience de plus que nous. Et ne t’avise pas de critiquer un fille sur sa manière de combattre, ce sera la dernière chose que tu feras de ta vie.”
“ C’est assez frustrant de se voir dépassé par des fillettes” dit Yukan, en un grognement.
“ Tu ne l’as pas écouté ? Ne dis pas ça, elles vont te… Ho, certaines viennent par ici, cachez-moi, je ne veux pas qu’elles me voient !” dit Chuui, en rougissant.
“ De la distraction, c’est bien ce que tu disais… “ dit Will.
Plusieurs filles s’installent dans le rang sur leur gauche et de nombreux garçons de la classe tentent de se rapprocher pour observer les nouvelles-venues.
“ Elles ne sont pas un spectacle ambulant que je sache.” dit Taku à Will.
Celui-ci hoche la tête.
Soudain, l'agitation monte, un garçon est en train de provoquer une fille. Le ton monte et ils se défient dans un combat singulier. Will se lève, voulant mettre un terme au conflit, avant que l’apprentie guerrière ne se fasse blesser, quand il entend deux des recrues féminines s’esclaffer: “ Le pauvre, la défier elle, il n’a aucune chance face à Adélaïde !”
Will observe confus, l’homme foncer tel un taureau sur la frêle jeune fille. Soudain celle-ci esquive avec grâce, et d’un mouvement de jambe rapide décoché sur la cheville de son adversaire, en ajoutant une pression de la main sur le dos découvert de sa cible, fait tomber la brute sur le sol. Celui-ci n’est pas blessé mais, comme le dit Adélaïde: “ J'aurais pu te faire tomber les dents en avant, alors que le combat cesse maintenant ou bien je n’aurai pas la même pitié.”
Le garçon se relève chancelant et retourne vexé s'asseoir au fond de la salle. Les autres sont désormais beaucoup moins enthousiastes à l’idée de se rapprocher des filles, et s’éloignent d’elles.
Will entend la voix déçue des deux filles, à côté de lui: “ Je croyais qu’elle allait viser son entrejambe, dommage.” Will est saisi d’une pensée: "Heureusement qu’on n’est pas ensemble plus souvent, les filles sont des monstres! “ (Bien entendu cette pensée n’est pas à prendre au sérieux.)
Soudain le professeur rentre dans la salle, et après un brouhaha d’une minute, le cours commence. “ Nous allons débuter le cours. Mon nom est Nisei mais vous êtes prié de me nommer maître. Cela étant clair, nous pouvons commencer: Je vais commencer par vous présenter les limites géographiques de notre territoire, puis je vais vous parler de l’organisation en termes de production et les spécialités de chaque région. Si vous avez des questions en cours de route, n’hésitez pas, il s’agit du premier cours, donc il nous est permis de diverger un peu.
Comme vous le savez, l'empire s'étend en horizontale de la mer de Umi aux plaines Heiya et en verticale des montagnes boisées de Yamamori jusqu'au désert de Sabaku . Nous nous trouvons dans la capitale qui se trouve près de la mer d’Umi. L’empire compte une vingtaine de grandes villes et le reste de la population se répartit dans les territoires fertiles, où ils cultivent les aliments primaires que nous utilisons tous. Des questions ? ”
C’est le silence absolu, et Will trouve cela un peu gênant. Il hésite à lever la main, puis se ravise, puisque aucune question ne lui vient en tête. L’enseignant reprend son cours.
… Quelques banalités plus tard… L’enseignant a énuméré quelques centaines de chiffres concernant les différentes céréales produites, où et qui sont les principaux producteurs. Il a également divergé sur la question de l’évolution des prix de ces céréales au fil des années, et pendant tout ce temps, Will peine à se retenir de dormir.
Quelqu’un demande: “ Pourquoi l’empire ne s’étend pas ? ”. Will se redresse soudainement, captivé.
“ Ha ! Enfin une question intéressante, eh bien, il n’y a rien derrière la mer, et pour le reste, nous partageons trois frontières: Une au niveau des vastes plaines, une autre dans le désert et la dernière au niveau des montagnes boisées, là se trouvent les territoires des monstres, et d’autres royaumes voisins, c’est la raison pour laquelle vous apprendrez à combattre, car il est fréquent que les monstres, aussi bien que les Hommes lancent des raids sur notre nation. Notre bon empereur a prévu de lancer une grande offensive sur les royaumes voisins, d’ici quelques années. Cependant, l’installation dans les plaines est impossible. ”
“ Mais nous disposons d’une grande armée, pourquoi ne pouvons-nous pas simplement chasser les monstres hors de leurs territoires ? ”
“ Bonne remarque, cependant il y a deux raisons qui rendent impossible notre installation dans les grandes plaines : il existe des monstres pacifiques d’une taille énorme et de différentes catégories qui vivent en troupeau, pour une raison que l’on ignore, il n’attaquent les hommes que si ceux-ci tentent de s’établir là bas. Sans compter les monstres normaux, que vous connaissez forcément de par les histoires qui vous ont été racontées maintes et maintes fois et que vous reverrez dans la classe d’étude de monstres, qui bloquent l'expansion ailleurs que sur d’autres royaume. Car même si notre armée est puissante, si un royaume voisin nous attaque par surprise pendant une guerre contre les monstres, nous perdrons très vraisemblablement.”
« Et la deuxième raison ? »
« L’armée révolutionnaire, dont vous avez probablement entendu parler, a établit un camp dans une vallée habitable au sud du territoire des bêtes géantes. On dit qu’il se trouve dans un désert au sud des grandes plaines, dont nul ne connaît la localisation exacte, et que c’est depuis là qu’ils lancent leur raids, attaquant l’empire. Mais ils possèdent d'autres bases secrètes au cœur de notre territoire, dont notre bon empereur peine à se débarrasser. ». Will se fait une remarque: “ Ce n’est pas vraiment logique, que l’on se batte contre des humains plutôt que contre des monstres, il y a quelque chose de bizarre là dessous…”. ( En réalité, Will a mis le doigt sur un problème qui le dépasse, car il ne le sait pas, mais la plupart des batailles que livre l’empire, sont contre des hommes, et la raison n’est généralement que la cupidité)
… Quelques banalités plus tard…
“ Comment est né notre empire, monsieur ? ”
“ Eh bien, il remonte à plus de 10 000 ans, ce qui fait que malgré quelques recherches archéologique nous ne savons pas grand chose, on sait que l’empire était au début petit, mais que suite à des guerres, des alliances, des fusions, il a atteint la taille que nous connaissons ”
… Quelques banalités plus tard… (Mon Dieu, ce cours de deux heures semble interminable)
“Monsieur, je ne me sens pas bien, puis-je aller à l’infirmerie ?” demande Erilis
“ Bien sûr ! Mais il faut vous y accompagner ! Tiens, vous jeune homme là-bas, (il pointe Will du doigt) allez accompagner votre camarade à l’infirmerie.”
Après avoir parcouru une centaine de mètre dans un couloir, dont l’air est froid, Erilis s’adresse à Will:
“ Je me doute de la réponse mais je te le demande quand même, tu sais ce que veut dire ἆθλον, n’est ce pas ?”
“ Heu… Ce terme m’est inconnu. ” répond Will
Erilis s'arrête brusquement : “ Tu ne … Pourtant tu … (il semble réaliser quelque chose d’important) D’où viens tu déjà ?”
Will s'arrête aussi et répond : “ Mon village s’appelle Mura, mais je ne sais pas où le situer exactement.”
Erilis le fixe : “ De quel pays, sans mentir ?”
“De l’empire voyons! Ce n’est pas comme s’il y avait d’autres choix.” rétorque Will sans comprendre la question.
Erilis semble stupéfait de la réponse de Will.
“Mais alors si tu ne le sais pas… tu… par hasard à quel âge remonte ton dernier souvenir ?”
“ Douze ans si je me rappelle bien, pourquoi cette question ?” demande Will, légèrement déconcerté.
“ Je ne fais que me renseigner sur quelqu’un avec qui je vais passer un bout de temps” répond Erilis. Il reprend sa marche. Will tente de reprendre la conversation mais Erilis reste muet, jusqu’à ce qu’il soit arrivé à l’infirmerie. Il lui dit “ Merci de m’avoir accompagné jusqu’ici… Bonne journée !” et ferme la porte.
La matinée se termine rapidement.
À midi, Will et ses amis mangent un repas disons … qui n’est pas un festin. Will leur raconte l’étrange conversation qu’il avait eue avec Erilis, ce dernier mangeant à l’écart . Tous réagissent à l'étrange mot. Chose surprenante, quelqu’un est passé à côté d’eux alors que nos amis s'entraînent à prononcer le mot, et cette personne s'arrête brusquement, le regard vide. Will lui demande alors: “ Ça va ? Tu vas bien ?” Mais la personne ne répond pas et continue son chemin comme s’ils ne s’étaient jamais adressés la parole. Will déconcerté retourne s'asseoir.
Taku dit “ Pour un mystère, c’est un sacré mystère. Il faudra demander à Erilis ce que tout cela signifie.” Will reprend la parole: “ D’ailleurs il m’avait demandé à quel âge remontait mon dernier souvenir, et je lui ai répondu douze ans.”
“ Ça alors ! C’est le cas de nous tous ! ” dit Yukan.
“ D’habitude c’est un sujet de plaisanterie, mais si Erilis t’en a parlé, c’est que c’est important.” poursuit Taku.
Si l’un d’eux avait observé Erilis à ce moment-là, il aurait vu que celui-ci n’avait pas raté un mot de la conversation, et qu’il avait à présent le visage tendu.
Cependant quelque chose chasse pour l’instant ces messes basses: le Mahõ surgi de la porte de la cantine et se dirige vers Will.
“ Bonjour Will ! Que s’est t-il donc passé depuis hier ? Raconte-moi ! ” demande le Mahõ à Will, “Oh je vois que tu t’es déjà fait de nouveaux amis !”.
Will, content de revoir le Mahõ, lui répond avec le sourire: “ C’était fatiguant, stressant mais je suis plus excité qu’autre chose. Voilà Yukan, Kōkatsu, Chuui, Taku et … Ke… J’ai oublié ton nom désolé.” (en effet, ne faisant que se tutoyer depuis leur présentation, Will a grand mal pour se souvenir des prénoms) “Kerâ” dit celui-ci, souriant. Ils se lèvent tous et saluent le Mahõ. Will lui demande : “ Qu’as tu fait, toi ?”.
Le Mahõ lui répond : “ Je suis allé en ville faire un rapport, ensuite j’ai salué de vieux amis, puis je suis retourné à l’auberge. Ce matin je suis allé à l’académie pour revoir mes anciens enseignants, puis me voilà !”.
Brusquement Erilis se lève, marche vers le Mahõ et lui chuchote quelque chose à l’oreille, celui-ci prend un air grave, et lorsque Erilis quitte la pièce, le Mahõ dit à Will: “ C’est un léger contre-temps, je dois partir, on se retrouve ce soir !”.
Et il fait volte face, laissant Will et ses amis déconcertés.
Taku dit alors: “ Suivons les, nous découvrirons peut-être quelque chose d'intéressant.
Ils se mettent d’accord, et entreprennent une filature.
Ils entrent dans un autre bâtiment ce qui alarme Taku: “ On n’a pas le droit d’être ici.” mais les autres, par des gestes de tête, insistent et il finit par céder, non sans chuchoter: “Si jamais cela venait à mal se finir, je vous aurais prévenu!”. Ils continuent dans un couloir peu éclairé, jusqu'à arriver devant un escalier dont le bruit des pas sur les dalles résonne dans le vide. “Si on passe par là, on va se faire repérer à coup sûr.” dit Kerâ. Ils décident rapidement d’envoyer Will, celui-ci étant le plus léger, et le plus petit, il serait plus discret, une fois l’écoute terminée, ils se retrouveraient à la table de repas, car si le groupe restait en haut de ces escaliers, ils se feraient prendre.
Will entreprend donc de descendre silencieusement les escaliers, et une fois arrivé en bas de ceux-ci, il entend la voix d’Erilis:
“ Ainsi le projet Athena 3 est déjà en phase deux, vous auriez dû prévenir l’académie avant de venir, n’importe lequel des παίκτης aurait pu leur révéler des informations par mégarde. Et par ma faute ils connaissent déjà le mot ἆθλον.”
“ Je sais, dit le Mahõ, d’une voix grave, il était prévu de les informer ce soir, mais on n’y peut rien, par chance aucun des sept ne connaît la signification véritable du mot”
“ Cependant ils ne sont que six, où est le septième ?” demande Erilis.
“ Ma mission est d’aller le chercher demain. Pendant ce temps je te les confie, il faut qu’ils ne se doutent de rien.” poursuit le Mahõ.
“ Tu peux compter sur moi.” dit Erilis “ Mais il se fait tard, le prochain cours commence bientôt, et je n’ai pas fini de manger, je dois partir.”
Will commence à reculer, calmement, il a déjà suffisamment d’informations susceptibles de réjouir ses amis. Quand soudain il entend des pas dans le grand escalier. Il est coincé !
Son cœur commence à battre fort, il cherche une issue. Il repère une salle ouverte, et se précipite dedans. Il se cache sous une table. Le Mahõ et Erilis partent, tandis que les bruits de pas traversent le couloir. Will, attend quelques instants, sort calmement de sa cachette, remonte le grand escalier, et se précipite vers la cantine.
Quelque chose en lui était brisé. Le Mahõ était quelqu’un en qui il avait toute confiance, et il lui cachait des secrets le concernant, et d’après ce qu’il avait entendu, concernant ses amis ? C’est une pensée qui le ronge. Il retrouve ses amis, accompagné d’Erilis. Will marche calmement dans leur direction.
“ Tu es déjà revenu des toilettes ?” dit Erilis, souriant.
Will répond : “ Oui, une envie pressante…”
Will meurt d’envie de tout raconter à ses camarades, mais la présence d’Erilis l’en dissuade.
Il se remet à table et continue de discuter gaiement pendant une dizaine de minutes, ses pensées tournées vers un tout autre sujet.
Ils se rendent ensuite au cours suivant, qui est un cours d’escrime.
Une dizaine d’enseignants sont présents pour ce cours. Ils se répartissent dans les différents groupes qu’ils appellent. Will est avec cinq autres personnes dont Erilis.
« Vous allez devoir enchaîner ces exécutions avec ces bâtons de bois, les apprendre par cœur, puis nous ferons d’ici à la fin de la journée un petit championnat de bretteurs, toujours avec les bâtons. » dit l’enseignant Ichisei.
Will connaît déjà la plupart des exécutions, mais il ajoute un certain nombre de coups à sa collection.
“ Bien nous allons maintenant voir lequel d’entre vous aura le droit de m’affronter ! Troy tu affronteras Morgane ! Will tu affronteras Erilis! Muy ce sera Rorã ! ... ”
Will se prépare, se met en position. “ Dommage que ce soit lui contre lequel je dois me battre, je ne vais pas gagner facilement ”
“ Prêt … Partez ! ”. Le bruit des bâtons s'entrechoquant résonnent dans les airs, tandis que Will se précipite sur Erilis qui pare le coup.
Will tente une attaque en diagonale, la lame de bois siffle tandis que Erilis esquive d’un pas souple sur le côté, il contre-attaque en se fendant, Will esquive, mais en réalité, il s’agissait d’une feinte, Erilis lui fauche la jambe avec son pied, Will roule sur le sol dur et se relève instantanément.
“ Bon s’il le prend comme ça, je vais y aller à fond ” se dit-il, il feinte puis attaque par le bas. Il a le temps de voir une lueur dans les yeux de son adversaire, qui tente de contrer le coup avec son bouclier.
La lame de Will change de trajectoire au dernier moment, par un mouvement de rotation du poignet et s’abat sur le bras tenant le bâton de son adversaire.
Celui-ci pris par surprise, lâche sa lame et emporté par son élan, se déséquilibre. Will attendait ce moment et sa jambe tendue vient faucher les deux jambes d’Erilis qui s’écroule sur le sol, et se relève dans la seconde. L’affrontement reprend, mais Will sent son adversaire faiblir, il prend le dessus, et finit par gagner.
Tous les affrontements s'étaient terminés avant, et une petite troupe s’était rassemblée autour des deux duellistes, et ils applaudissaient une fois le match terminé.
“ Tu te débrouilles bien ” dit Will à Erilis.
“ Je peux en dire de même pour toi ” répond celui-ci, qui ne lui en veut pas le moins du monde.
“ Bravo, Will ! Tu nous en as mis plein la vue ! ” s’exclame Yukan “ Tu es le meilleur ! ”
Erilis est parti boire, et comme il s’était éloigné, Will répond à Yukan,
“ J’ai eu l’impression, comment dire… qu’il m’a laissé gagner sur la fin... ”
Will est interrompu par Ichisei: “ Bon passons aux matchs suivants : gagnants contre gagnants, perdants contre perdants ! ”
Les matchs reprennent, mais comme Will gagne rapidement, il peut observer les autres.
Il devient rapidement une évidence qu’une poignée de personnes se distingue de la masse: Will, Erilis, et trois personnes qu’il n’a pas encore eu l’occasion d’approcher: Kawa, Kage, et Hai.
À la fin du cours Will fut choisi pour affronter l’enseignant, et bien entendu, il perdit en beauté.
Une fois le cours fini, ils rentrent dans leur dortoir. Certains élèves, dont Erilis, sont appelés pour une annonce importante. Will saisit l’occasion de raconter tout ce qu’il avait entendu à ses amis. Ceux-ci réagissent avec surprise. Seul Taku reste pensif, réfléchissant à la signification de ce mystère.
Ils conviennent de ne plus en parler et de se focaliser sur leur année, afin de ne pas laisser paraître quelconque indice permettant de croire qu’ils avaient découvert quelque chose. Le soir venu, le Mahõ passe donner le bonsoir à Will et l’informe qu’il doit partir en mission, dès le lendemain. Il souhaite ensuite de tout coeur de la réussite au petit groupe, et s’en va. La vie continue, et des marques sont prises.
Voici quelques spécificités de l’académie: Les repas sont mangés dans un même bâtiment pour toutes les années, et chaque classe sort de cours avec cinq minutes d’intervalle à l’heure du midi, c’est à dire que certaines classes ont d’une semaine sur l’autre une quinzaine de minutes de plus ou de moins de cours, pour faciliter la distribution des repas. (Parce que ce serait stupide que toutes les classes sortent en même temps, cela forcerait les élèves à faire la queue le ventre vide pendant une demi-heure).
Les professeurs partagent les repas de leur classe. Will a déjà eu à sa table quasiment tous les enseignants de son année. Après la fin de leur cours à 15 heures, les élèves choisissent de participer ou non à des activités, ou des cours plus poussés comme en escrime où Will allait pratiquement à chaque fois. Les élèves ont des corvées organisées par dortoirs. Cuisine, ménage, linge, etc… Dans le but de les rendre plus autonomes.
Des jeux sont organisés comme des tournois d’arc ou des duels, ou des choses plus amusantes comme par exemple des épreuves de cache–cache dans des zones délimitées, et même si certains considèrent qu’à leur âge ce n’est plus quelque chose de convenable, au final ils s’amusent quand même. Will apprend que des jeux avec de la magie sont organisés avec les élèves des années supérieures, mais il n’a pas eu l’occasion d’y assister.
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