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Kalia, ville de NewCrest, Montana, Dimensions des mortels, 10 septembre 2018

Cheveyo s'arrête devant ma maison. C'était une ancienne ferme que j'avais rénovée de bas en haut. J'étais d'ailleurs fière du résultat. Les briques rouges et les planches blanches maculées rendaient bien dans cette campagne. Elle contrastait d'ailleurs avec le cabinet vétérinaire moderne installé à une centaine de mètres de la. J'étais ravie de constater que malgré mon absence quelqu'un avait pensé à arroser les rosiers qui montaient sur les murs.

Cheveyo me lança un regard lourd alors que je me préparais à sortir. Agacée je me tournais vers lui pour croiser son regard ou :

- Quoi ?

- Ta blessure nécessite des points de sutures.

- J'ai pris de l'ambroisie. Demain elle aura totalement disparu.

Je ne mentais pas. L'ambroisie, dans les légendes, était considérée comme la nourriture des dieux. Où j'avais grandi elle permettait d'accélérer nos facultés de régénération. Par exemple, une fracture pouvait se résorber en quelques si le corps était en bonne forme. Malheureusement, ce nutriment magique avait un gros revers. Seuls ceux qui possédaient du sang divin pouvaient en ingérer et en quantité limitée. Si on surdosait ou qu'un simple mortel en ingérait, le corps se consumait de l'intérieur. J'avais assisté une seule fois à ce phénomène et ça m'avait en quelque sorte traumatisé pendant plusieurs années.

Cheveyo grimaça et regarda ma maison. C'était sympa d'être isolé, la forêt était à peine à cinq cents mètres derrière. La maison la plus proche était à trois kilomètres d'ici. La ville était à six kilomètres. Être loin de tout, c'était une tranquillité presque constante mais aussi de l'aide à plusieurs kilomètres si jamais j'avais besoin. Mais je n'étais pas une mortelle normale.

- Je t'envoie des gardes pour quelques jours.

- Non, on en a déjà parlé. Les alentours de la maison sont piégés. J'ai installé des caméras de surveillance dans les bois. Je sais me défendre et j'ai Gabriel à la maison.

Cheveyo gronda tels un lion et reprit :

- Tu sais bien ce que je pense de lui.

Mon regard l'empêcha de continuer son discours. Cette conversation nous l'avions eu des centaines de fois. Cheveyo n'appréciait pas Gabriel parce qu'il était un métamorphe solitaire. Ils étaient mal vus dans la communauté des métamorphes qui vivaient en grand groupe. Mais c'était sûrement ses liens avec Hadès qui le mettait le plus en rogne. Il considérait que mon ami était un danger ambulant pour nous. S'il savait vraiment tout, il comprendrait que s'était moi le danger pour ma famille. Je suis sorti de la voiture et repris :

- On se voit la semaine prochaine. Merci pour ton aide.

Je remontais l'allée de gravier blanc et sortait la clé de mon sac à dos pour ouvrir la porte. J'entendis Cheveyo démarrer la voiture et s'éloigner.

Alors que je refermais la porte je me sentais enfin chez moi. La maison était silencieuse, mais une bonne odeur de café flottait dans l'air. Je me dirigeais dans la cuisine et souriais. Sur l'îlot central était posé un thermos de café avec une tasse et un post-it rose vif ou cas où je le louperait dans les couleurs bois et noir de la pièce. Après avoir versé mon café, je lu le bout de papier.

Maman

Je rentrerais tard ce soir, c'est la semaine de l'édition pour le journal du collège. J'ai déjà prévenu Gabriel, il viendra me chercher. Hier on a changer les chevaux de prairie donc tu n'as pas besoin d'aller t'en occuper, profites en pour dormir

A tout à l'heure

Saito.

Mon fils pensait vraiment à tout. J'étais contente. Je posais tout dans l'évier avant de monter à l'étage prendre une bonne douche mériter et faire le point sur mes blessures. Comme attendu j'avais des cernes de dix mètres de long sous mes yeux verts. Quelques mèches de mes cheveux blonds avaient été coupés étrangement mais dans la masse et la longueur ils ne se verraient pas au quotidien. Mon visage avait été épargné. Mes épaules étaient couvertes d'égratignures dus au branches d'arbres. Sur mon flanc droit un hématome de la taille de mon poing commençait à prendre une couleur verdâtre. Mes anciennes cicatrices au niveau de mon abdomen semblaient intactes.

Ce fut mon mollet qui m'inquièta le plus. Cheveyo n'avait peut-être pas tort. La blessure n'était pas profonde mais épaisse. Deux ou trois points de sutures n'auraient pas été du luxe. Je désinfectais le tout et mis une bande pour protéger la blessure avant de me diriger vers mon lit. Il ne m'a pas fallu longtemps pour plonger dans les bras de Morphée.

Comme toujours, mes rêves étaient générés par les souvenirs de mon ancienne vie. Et une fois n'était pas coutume, je me revoyais en mission.

Kalia, souterrains, île d'Aphrodite, dimension Olympienne, 2006

Je fuyais dans les gigantesques souterrains. Les grognements de monstre se répercutaient en écho dans les tunnels. Mes sens d'observations étaient drastiquement diminués sous terre. Avec cette course poursuite j'en avais perdu mon sens de l'orientation. Je m'étais perdue. On m'attrapa alors par la cheville. Je tombais au sol violemment et roulait pour faire face à mon agresseur. Je tombais nez à nez avec l'un des hommes les plus beaux qu'il m'avait donné de rencontrer. Il aurait écrasé ses adversaires dans un concours de beauté de mortels. Mais n'est-ce pas le but de ce monstre ? Les Dhampirs étaient des êtres manipulateurs, attirant leurs proies par leurs beaux costumes et attendant le bon moment pour cueillir les fruits de leur victoire. J'assénais un puissant coup de poignard, tailladant son visage en deux. Le monstre hurla de douleur en reculant, libérant ma cheville.

Je me relevai aussi vite que je pus et repris ma course. Mais après quelques mètres je me retrouvais dans un cul de sac. Je saisis mon collier en l'arrachant et pointais mon arc vers la seule et unique entrée. Il était là avec un sourire mauvais sur le visage. Il était couvert de sang frais mais la blessure que je lui avais faite n'était déjà plus qu'une fine cicatrice qui disparaissait sous mes yeux. Un signe qu'il était plus que rassasié. Il fit craquer son cou et j'aperçus au moins une dizaine de chiens des enfers derrière lui, qui grognaient et claquaient des crocs.

- Je ne peux pas te laisser partir fille d'Artémis. Tu m'appartiens maintenant !

Je tirai une flèche qu'il attrapa en plein vol. Il la brisa en deux avec un sourire victorieux. J'entendais mon cœur battre à tout rompre dans mes oreilles. J'étais coincé, je ne pouvais pas m'en sortir.

- Tu es à moi !

Il se précipita vers moi et je lachais mon arc pour reprendre mon poignard. Je ne me rendrais pas ! Jamais !

Un jet d'eau à haute pression jaillit alors juste sous ses pieds. Le dhampir tapa violemment le plafond et je sentis un bras saisir ma taille. Je hurlais et m'apprêtais à enfoncer mon poignard dans les bras quand j'entendis la voix chaude de mon petit ami.

- Suis moi !

Je me laissais traîner sur quelques mètres en arrière avant de me retourner. Le cul de sac s'était transformé en tunnel plus petit, forcément créé par Damon. Il courait devant moi alors que l'eau derrière montait. Il était grand, un mètre quatre-vingt dix mais se déplaçait dans ses tunnels avec une facilité déconcertante. Ses cheveux noirs étaient militairement coupés, laissant voir une cicatrice fine au niveau de son cuir chevelu qui se prolongeait jusqu'à l'orbite de son œil droit. On atterrit alors dans une des chambres principales des souterrains. C'était une immense caverne ou un fleuve souterrain s'écoulait violemment.

- On t'avait dit de nous attendre ! cria-t-il en me lançant un regard.

- Il m'a senti de loin ! C'est vous qui avez disparu d'un coup ! répliquais-je

Ses yeux noirs encre me fixèrent, un mélange de peur et de colère. Il émit un grognement désapprobateur et me fit passer devant lui.

- Il faut qu'on sorte d'ici. Bastien et toi vous n'êtes vraiment pas fait pour les souterrains.

J'aperçu en effet Bastien debout d'une blancheur maladive dans la caverne. Il me fit un signe de tête et se releva. Lui aussi était grand, plus petit que Damon mais d'une taille convenable. En réalité, Bastien était une statue antique vivante. Des cheveux blonds, des yeux d'un gris parsemé de fils bleus électriques.

Julien surgit du fleuve d'un seul coup essoufflé. Julien était différent des deux soldats. Il avait des cheveux assez longs pour qu'ils bouclent. Il faisait ma taille, environ un mètre soixante-dix, peut-être un peu plus grand. Contrairement aux autres, il n'avait pas une silhouette très athlétique mais des épaules larges de nageurs. il ramassa son sac au sol et reprit :

- Il faut qu'on sorte d'ici maintenant ! Les Dhampir respirent sous l'eau.

C'était lui qui avait fait exploser le jet. Je n'avais pas eu de doute sur le dessus mais plonger dans ce fleuve déchaîné s'était très risqué même pour un fils de Poséidon.

On allait repartir vers la surface quand une douleur vive me transperça de part en part. Mes jambes cédèrent sous mon poids alors que je perdis mon souffle. Je vis alors la pointe d'une épée dépassée de mon abdomen.

J'entends mon nom répété en écho. Damon s'éloigna de moi, s'occupant de l'agresseur dans mon dos. J'entends les voix de mes amis. Je me sentais de plus en plus faible. Julien attrapa mon épaule en me regardant. Il criait des mots dont je ne comprenais pas le sens. J'étais comme hors du temps. J'avais l'impression que petit à petit je me dissociais de mon corps. Je le vis alors dans un coin de la caverne. Un homme de grande taille, caché dans une cape noire tenant un parchemin devant lui. Son visage à la peau blanche était magnifique. Des yeux d'un vert vif, surnaturel. A chaque battement de paupière il s'approchait.

- Kalia, fille d'Artémis, je suis Thanatos, dieu des morts violentes, récupérateur d'âme.

- Je ne veux pas mourir...

Il s'est approché petit à petit. Mes amis ne semblaient pas se rendre compte de sa présence. Il tendit une main pâle manucurée. Sa peau paraissait si douce.

- Personne ne souhaite mourir mon enfant.

Les larmes roulaient sur mes yeux mais avant qu'il ne me touche un trou se forma sur sa liste.

Kalia,Cabinet Vétérinaire, NewCrest, Montana, Dimensions des mortels, 10 septembre 2018

Je me réveillais en sursaut le corps couvert d'une fine couche de sueur. ça faisait des années que je n'avais pas rêvé de ce moment. Celui ou la mort avait failli venir me prendre. Je n'avais jamais été aussi proche de toute ma vie de perdre la vie. J'avais passé plusieurs jours à l'infirmerie après m'être demandé quelle divinité m'avait sauvé.

Je me levais. Il était à peine dix heures. Je n'avais dormis que deux heures. La maison était encore silencieuse et je comprenais petit à petit pourquoi je m'étais réveillée. C'était cette ambiance. La même que lorsque je l'avais vu. Je descendis les escaliers en courant. Tout me semblait ralentir autour de moi. Ma maison était vide. Il ne restait plus qu'une solution. Je suis sorti me dirigeant vers le cabinet vétérinaire. Plus j'avançais, plus mon cœur s' accélérait. Habituellement, je passais par l'avant du cabinet. Là, je fis le tour par l'écurie. Je ne le faisais jamais mais mon instinct me hurlait de prendre ce chemin. Le petit enclos des chevaux était ouvert, les grandes portes de la grange aussi. Je fis quelques pas en avant le cœur lourd. Dans l'allée principale je le vis. La grande silhouette encapuchonnée. Ses yeux verts se posent sur moi et il sourit :

- Tiens, la seule âme qui m'a échappé de toute ma carrière.

Je ne répondis pas j'avançais vers lui. Il me tourna le dos et s'accroupit au-dessus d'un cadavre.

- Non ! criais-je.

Il se redressa et me regarda :

- Fille d'Artémis tu sais que je n'ai pas le choix.

Je reconnu alors le visage de Marc. C'était un de mes employés. Il était vétérinaire depuis quelques mois seulement. Il avait passé toutes ses études avec nous. Il avait grandi ici à NewCrest. Je ne comprenais pas ce qu'il se produisait. Une marre de sang grandissait sous l'homme que j'avais vu grandir. Ses vêtements étaient en lambeaux.

- Tu ne peux pas faire ça !

Thanatos se redressa. Il sortit sa liste et barra le nom devant mes yeux.

- Je suis désolé mais c'est déjà fait.

Il me salua d'un signe de tête et disparut dans une brume blanchâtre me laissant seule avec le corps sans vie d'un homme qui fut mon ami.


Texte publié par lolaxx08, 31 mai 2022 à 14h21
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