Kalia, Académie Kamigamie, île Kamie, Dimension Olympienne , 7 juin 2004
Qui aurait pu penser qu’une grossesse changerait à ce point ma vie. Mon cœur était lourd alors que je regardais pour la dernière fois ce lieu où j'avais grandi. La lune éclairait comme pour que j'enregistre cette image au plus profond de moi. Le silence de la nuit était palpable malgré la pénombre de la forêt étendue dans mon dos, aucun bruit ne filtrait. Tous ces bungalows et bâtiments si familiers, me semblaient aujourd'hui étrangers. J'avais donné ma vie pour ces murs, j'avais donné mon âme pour ces personnes et je n'avais jamais rien eu, aucune reconnaissance, aucune aide. On m'avait juste traitée en paria. J'aimais pourtant ce monde, cette adrénaline qui dictait ma vie, cette magie qui gorgeait chaque parcelle de terre et d'air. Ces liens que j'avais créés avec les habitants. J'avais aimé cet endroit plus que moi.
Mais aujourd'hui s'était fini. La seule barrière qui me retenait venait d'éclater en morceau. Je posais une main sur mon ventre légèrement rebondi maintenant. Il y avait deux petits êtres qui avaient besoin de moi. Si je partais c'était pour eux. Pour qu'ils aient un avenir meilleur. Je secouais la tête, chassant les quelques larmes qui avaient fini par couler et enterrait la tristesse qui m'animait au plus profond de moi. Après une inspiration, je m'enfonçais dans le bois. Ce lieu qui imprégnait ma peau, qui portait mon odeur et qui partageait mon âme. Mon territoire que j'allais laisser. Chacun de mes pas me semblait sans fin et douloureux. Pourtant, je ne reviendrais pas en arrière ! J'avais mûrement réfléchi et c'était la meilleure décision à prendre.
J'arrivais enfin au milieu du bois. Ce dernier était découvert et laissait place à une petite clairière à l'herbe plutôt courte. Une grande arche en pierre blanche surplombait tout depuis le centre. Les mots gravés sur la roche, en grec ancien, attirèrent à nouveau mon attention. « Seul le sang des dieux traverse l'espace-temps ». Le sang des dieux ; j'en étais gorgée bien plus que la majorité de mes semblables. Je faisais partie des plus puissantes du siècle ! Il fallait trois demi-dieux pour ouvrir ce portail. Je savais le faire seule.
Alors que je pénétrais à découvert, m'avançant à grands pas vers l'arche, je sentis un regard sur moi. Je m'arrêtais net, tournant toujours le dos à cette présence qui suivait le moindre de mes gestes. Je savais qui il était et je savais aussi qu'il y avait très peu de chance qu'il m'arrête. Mais ce serait être lâche de l'ignorer. Hors si je voulais tirer un trait sur tout ça, je devais partir sans regrets !
- Tu vas me retenir ? Demandais-je assez fort pour que ma voix fasse écho. Une voix masculine se fit entendre presque aussitôt.
- Non, je m'assure juste que ton voyage se passe bien.
Je savais qu'il était toujours dans l'ombre des arbres, peut-être juste à la lisière attendant d'agir.
- Je pensais que tu n'arriverais pas à temps.
- Tu peux ouvrir ce portail seule !
J'entendais les bruissements de la végétation autour de moi accentuer chacun de ses pas. Il finit par reprendre :
- Tu pars comme une voleuse ?
- J'ai déjà donné mes indications. Je me fous de ce que les autres penseront de moi. C'était vrai et je venais juste de m'en rendre compte. J'avais tellement pris à cœur toutes les remarques, les rumeurs et les ragots, tout au long de ma vie, aujourd'hui tout cela ne comptait plus. Je voulais juste la paix.
- Pas moi je trouverais une explication !
Son ton était sans appel, ferme, direct, ça lui correspondait parfaitement.
- Ne le fait pas. Je ne veux pas te causer de problèmes. J'en ai déjà assez fait.
Il ne répondit pas. Je regardais devant moi et je sentis bientôt une larme couler le long de ma joue. Je me rendais compte de ce que j'allais perdre. Ma voix se fis entendre à nouveau, légèrement tremblante et lourde de sentiments :
- J'aimerais te dire au revoir...
- Mais c'est un adieu. Répondit-il d'une voix légèrement suraiguë. Cette fois si je ne me contrôlais plus du tout et les larmes envahirent ma vision. Cependant, je repris ma marche, tendant une main tremblante vers l'arche. Il ne restait que quelques centimètres et encore une fois je fus prise d'un énorme doute. Je ne pouvais pas partir, sans aucune certitude.
- S'il te plaît... dit moi que je fais le bon choix.
- Je ne peux pas te le dire.
Je savais qu'il ne répondrait pas. C'était dans sa nature. Jamais il ne ferait des suppositions qui pourraient s'avérer fausses. Pourtant, j'avais comme besoin de son avis, pour franchir cette porte me menant à une autre dimension.
- Je sais...
- J'aurais choisi ce chemin aussi. Finit-il par dire. Mon corps se détendit et je sentis sa chaleur contre mon dos. Ses bras passèrent autour de moi et son souffle vint chatouiller la peau de mon cou.
- Tu vas me manquer... qui va me rendre mon humanité ?
Je lâchais mon sac qui tomba au sol dans un bruit sourd et je me tournais vers lui saisissant son visage rond à la peau si douce entre mes doigts. Sa main finit par venir caresser mes longs cheveux blonds et je plongeais mon regard dans ses yeux d'un bleu intense. J'y lus de la peur, du doute et tellement d'autres sentiments, qui s'y mélangeaient dans une violente tempête émotionnelle.
- Tu es le plus humain d'entre nous Julien. Soit le plus fort possible et n'oublie pas que tu dois protéger les autres. Tu es le seul qui puisse garder l'académie debout, qui arrivera à tenir le cap, même en pleine tempête.
- Je pourrais partir avec toi ! Cet endroit n’a aucune importance pour moi ! Tu as toujours été là pour moi contrairement aux autres, c'est toi qui compte le plus, Kalia !
J'eus un léger sourire crispé et je posais ma main sur son épaule doucement.
- Sois sérieux, tu ne pourras jamais te passer de ce qu'ils t'offrent ! C'est dans ta peau, dans ton sang. C'est ce qui te permet de te lever tous les matins !
- Pour toi aussi et pourtant, tu pars.
Il prit mes mains dans les siennes caressant leurs dos en léger petits cercles. Sa nervosité se sentait, mais en même temps je savais qu'il avait accepté mes décisions.
- j'ai toujours été la plus calme de nous quatre.Prend soin d'eux, ils ont besoin d'une personne comme toi.
Il embrassa le bout de mes doigts et plongea son regard marin dans le mien. Les émotions que j'y lisais appuyait ses paroles :
- Soit heureuse, prends soin de toi. Tu es la seule capable de faire ça. Même si tu t'en vas, il restera toujours une part de toi ici.
Il lâcha doucement mes mains et regarda autour de lui. Je fis de même examinant le bois avec attention. Le doute avait totalement disparu. Je savais que j'avais fait le bon choix. Je ramassais mon sac tournant à nouveau et pour de bon, le dos à cette vie. Ma main effleura la pierre et le vortex translucide se forma instantanément.
- Adieu
Ce fut mes derniers mots avant que je ne traverse le portail. Je laissais ma vie de guerrière derrière moi pour recommencer dans le monde des mortels.
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