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Chapitre 11

Léopold

C’est bientôt Noël. Barbara est revenue en coup de vent, sans prévenir, comme d’habitude. Avec les amis d’Elo, on était allé boire une bière dans un bar près du lycée pour fêter la fin des cours et le début des vacances. Enfin des leurs, parce que mes partiels sont en janvier, donc ce sont des semaines studieuses qui m’attendent. C’est génial de la voir avec eux. Ils font tous arts appliqués, mais chacun a un style et une spécialité différente. Au milieu d’eux, elle a l’air d’une adolescente heureuse et vive. Je suis fier d’être son copain et de l’avoir à mon bras.

Soudain, son téléphone, l’ancien, a sonné. Elle m’a regardé : c’est ma mère. Quelqu’un a demandé : mais c’est pas ton téléphone celui-là, si ? Elle en avait un dans la poche, un dans la main, effectivement ça faisait suspect. Elle lui a fait signe de se taire et j’ai posé ma main sur sa cuisse pour lui rappeler que j’étais là, alors qu’elle décrochait.

- Tu es où là ?

- Bonjour.

- Tu es où là ??

- Dans un bar avec des copains. On fête les vacances.

- Je suis à la maison, je voudrais que tu rentres.

- Pas ce soir, je vais chez Julie. Mais demain je serai là.

- Tu ne m’as pas vue depuis deux mois et tu ne rentres même pas ??

- Tu n’es pas rentrée depuis deux mois, tu ne me préviens pas et je dois tout lâcher pour venir ? Non, je t’ai dit, je serai là demain. La prochaine fois, tu m’envoies un message pour que je m’organise un peu à l’avance.

Quand elle raccroche, elle est furieuse. C’est toujours compliqué les discussions avec sa mère. Ça a jeté un froid à la table, mais son pote ne lâche pas l’affaire. Bon alors pourquoi deux téléphones ?

Elle sourit. Parce que j’ai une double vie. Je suis un agent secret infiltré.

Elle blague, mais effectivement elle a une double vie. Elle en a toujours eu une. Celle du lycée, libre et plutôt joyeuse, et celle de l’appartement, sinistre et obscure. Je suis content de ne plus appartenir à la part sombre de sa vie. Mais je sais que c’est difficile pour elle. Qu’elle se sent un peu écartelée entre les deux, même si elle ne le dit pas. Je le sais parce que pour la première fois de ma vie depuis quatre ans, je me sens entier. Je fais des études qui me plaisent, je gagne à peu près ma vie, je suis amoureux d’une fille extraordinaire et je suis libre. J’ai commencé à écrire un roman aussi. Je crains un peu que ce bonheur ne soit de courte durée mais, en même temps, je le savoure. J’ai l’impression de l’avoir mérité.

Le soir, dans mon lit, je sens qu’Elo est troublée. Elle me pose des questions décousues, comme si elle faisait un puzzle.

- Tu m’as dit une fois que quand Guy te battait tu pensais à ce qui était positif dans ta vie. Tu pensais à quoi à ces moments-là ? qu’est-ce qui était assez heureux pour contrer les coups ?

- Toi.

Elle me regarde.

- Je pensais à toi. A nos moments ensemble où j’avais l’impression d’être dans une sorte de bulle, comme protégé. J’arrivais presque à être heureux durant les soirées qu’on passait tous les deux. Même si tu devais jouer les infirmières. Tu m’as sauvé, en fait.

Elle a l’air d’être émue de mes paroles et m’enlace plus fortement.

- Mais comment tu as fait pour ne jamais rien dire ? En dehors de l’appartement tu parles tout le temps et là-bas, tu ne disais presque rien aux autres. Je n’arrive pas à faire ça. Si je pense à toi, j’ai envie de le crier sur les toits. Si je suis en colère, j’ai envie de hurler ce que je ressens. Généralement, je déballe tout et après je m’aperçois que j’aurais peut-être dû me taire.

- Tu as peur de tout dire à ta mère en t’énervant, c’est ça ?

- Oui. Avec elle, je n’arrive pas à me contrôler. C’est comme si elle faisait ressortir le pire en moi, le plus agressif.

- Je ne suis pas sûr qu’elle soit mauvaise, ton agressivité. Je ne t’ai jamais vue agressive pour faire du mal ; tu l’es plutôt parce qu’il y a une injustice ou un problème que tu veux réparer. Tu as un côté… guerrière protectrice. Maman ourse un peu.

Je ris tout seul à cette idée mais maman ourse est peu réceptive ce soir.

Je réalise soudain que comme sa mère est là, et que c’est Noël, on va passer pas mal de temps sans se voir et surtout sans dormir ensemble. Je n’aime pas quand elle n’est pas là. Les pièces sont vides, le lit est froid. Je glisse mes doigts sous son tee-shirt, parcourant sa peau. La longueur de ses jambes, la cambrure de son dos, la rondeur de son ventre, jusqu’à ses seins. On y va lentement. Je crois que ce n’est pas évident de passer de corps souffrant à corps désirant. Et elle est tellement importante pour moi que je ne veux pas aller trop vite, louper une étape, tout gâcher. Au contraire, aller lentement, c’est étirer le temps. Profiter de chaque moment au maximum. De chaque caresse, de chaque étreinte. Qui à chaque fois s’approfondissent. Je trace les lettres de mon prénom sur sa poitrine et elle plaque son pubis contre le mien, entrelaçant nos jambes nues.

- Tu as déjà couché avec une fille ?

- Oui, il y a longtemps… en début de seconde. Ma mère était à l’hôpital, j’avais envie de penser à autre chose. Et il y avait une fille qui me tournait autour. On s’est vu une fois ou deux. C’était pas ouf.

- Et c’est tout ? ça aurait été un bon moyen pour penser à autre chose qu’à ce qui se passait dans l’appartement, non ?

- Oui, sans doute. Mais je n’en avais pas envie. Déjà, parce que je ne voulais pas montrer mon corps et devoir tout expliquer. Ça fait trois ans que je ne suis pas allé à la piscine. Et puis… je ne sais pas. Les filles du lycée ne m’intéressaient pas. Il n’y avait pas grand monde qui m’intéressait, remarque. Clément. Toi. Après un temps de pause, je reprends : et toi, tu l’as déjà fait ?

Elle reste silencieuse.

- Non. Je suis amoureuse de toi depuis la troisième.

Boom.

Ça me fait l’effet d’une détonation.

Je passe mes mains dans son dos et la fait basculer sur mon torse. Je lui enlève mon tee-shirt et l’embrasse. Elle est assise sur moi, seins nus, désirable. Frôlant son sexe, je sens qu’elle est aussi désirante. Lorsqu’on se retrouve entièrement nus tous les deux, que je suis entre ses jambes et que je la caresse, j’attends qu’elle me donne son accord. C’est sa première fois, c’est elle qui commande. Elle m’embrasse, me regarde droit dans les yeux et murmure : vas-y. Je sens sa main se glisser entre nous et diriger mon sexe protégé vers le sien. Le plus doucement possible, j’entre en elle, attentif à ce qu’elle n’ait pas mal.

- Ça va ?

Elle acquiesce. Continue. C’est un peu inconfortable mais ça ne fait pas mal.

Alors, je commence à bouger mes hanches, lentement, doucement. C’est une merveilleuse agonie. Je sens son sexe chaud contracté autour du mien. Peu à peu elle paraît se détendre et prendre du plaisir. Je l’entends gémir, je la sens frémir autour de moi. J’ai l’impression que pour moi aussi c’était la première fois.


Texte publié par Queen_E, 25 juillet 2022 à 11h51
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