L’adrénaline initiale commençait à quitter son corps : Luce le sentait aux légers tremblements qui parcouraient ses jambes, et surtout au réveil de son cerveau qui la bombardait de questions et de remarques inutiles. Heureusement que son compagnon de route n’avait pas entamé de conversation : elle aurait été incapable de la suivre au vu de la surcharge cérébrale qu’elle subissait.
Son esprit bouillonnait de curiosité et d’angoisse, et son regard se trouvait un peu trop souvent attiré par le profil de Félix, dont le visage semblait de marbre et les yeux ambrés vissés devant lui. Les regards en coin de Luce cessèrent peu à peu, remplacés par des flashs de ces dernières heures. Un frisson étrange lui parcourut la colonne vertébrale, mélange d’excitation à l’idée d’avoir enfin des réponses et de terreur.
Cela faisait déjà un sacré bout de temps qu’elle examinait toutes les possibilités pour expliquer ce qui lui était arrivé, et chaque jour amenait son lot de nouveaux scénarii qui lui faisaient tourner la tête.
Et repenser à tout cela ne faisait que favoriser la naissance d’une migraine qui lui fit plisser les yeux d’inconfort alors que son regard croisait une affiche de publicité placardée sur un arrêt de bus pour le dernier numéro d’un magazine. Le titre lui arracha un léger sourire : « Demain, tous les pions des intelligences artificielles ? »
Tiens, elle n’avait pas pensé à cette possibilité ! Elle était peut-être la Sara Connor d’un Terminator contrôlé par une IA devenue folle…
Un ricanement étranglé lui échappa, lui faisant donner un léger coup de coude à Félix.
« - Oups, désolée ! », murmura-t-elle avec un sourire gêné.
Le picotement de la migraine lui fit monter les larmes aux yeux… A moins que ce ne soit l’épuisement de son cerveau embrouillé qui ne savait plus à quoi se fier.
Le dhampire faisait tout son possible pour se concentrer sur leurs alentours : arriver au point de rendez-vous, arriver au point de rendez-vous….
Peut-être qu’en se le répétant sans cesse, cela arrivera plus vite ? Ça l’aidait en tout cas à ignorer les fréquents passages d’un regard émeraude sur son visage ou la chaleur spécifique du bras enroulé autour du sien.
Elle devait être au bord de la rupture, se dit-il en sentant les micro-tremblements des muscles de sa main. Ses sens aiguisés étaient censés se concentrer sur une éventuelle menace qui pouvait flotter au dessus d’eux, mais ils revenaient sans cesse sur ces signes qui ne pouvaient pas le tromper : elle était en train de lâcher, aussi bien physiquement que mentalement, à en croire l’intensité avec laquelle ses yeux bougeaient.
Alors quand il sentit son coude effleurer ses côtes, il tourna le visage vers elle pour la première fois depuis qu’ils s’étaient mis en route, de manière si automatique qu’il aurait pu croire qu’il attendait inconsciemment un geste d’elle.
Il n’entendit même pas les sons qui sortaient de sa bouche, trop occupé à enregistrer les tics qui confirmaient ce que son instinct lui soufflait.
Et que pouvait-il bien faire, pour l’apaiser ? Il s’apprêtait à la plonger dans une réalité qui avait d’énormes chances de déboucher sur sa mort… Outre le fait qu’il était nul en termes relations sociales, le contexte n’aidait clairement pas !
Il sentit son bras se détacher du sien, et il fut le premier surpris quand il l’attrapa pour le maintenir à sa place, sa main restant sur la sienne comme pour l’empêcher de fuir.
« - Je ne me suis pas encore présenté, il me semble... », commença-t-il à voix basse, en se baissant vers son oreille sur le ton de la confidence.
Autant se lancer… Et puis, c’est sûrement plus rassurant de savoir le nom de la personne qui vous accompagne vers l’inconnu, non ?
Elle haussa les épaules d’un air qui se voulait détaché, mais la soudaine proximité était en train de chasser de son esprit tout le reste.
« - Moi non plus, mais en même temps, ça ne sera rien de nouveau pour vous. »
Touché. Elle avait un point. Mais cela n’empêchait pas d’essayer de faire les choses bien maintenant. Et au moins, ça avait l’avantage de la distraire, à en croire la tension moins marquée dans ses épaules.
« - Pas faux. Mais c’est toujours mieux de l’entendre de la personne concernée, non ? »
Elle lui jeta un regard en coin, et le coin de ses lèvres remonta légèrement avec une teinte espiègle.
« - On se rattrape aux branches, hein ? »
« - J’essaie, en tout cas », répondit-il avec un air embarrassé. Il allait devoir s’y faire, rien n’échappait à cette demoiselle. Il se redressa légèrement et inclina la tête de manière à bien voir son visage
« - Enchanté, je suis Vincent,. Et je vous promets que vous en saurez bientôt plus.»
Elle se mordit la lèvre et se retint de rire : on était loin de Félix, mais ça lui allait mieux. Ça allait bien avec le côté silencieux et mystérieux de son… protecteur ?
Elle reçut ses mots d’un hochement de tête, et sentit une vague de timidité effacer sa bravade, comme si énoncer son prénom à voix haute allait avoir des répercussions énormes sur l’univers.
Elle s’humecta les lèvres nerveusement, et leva les yeux vers le visage de F…. Vincent, Vincent.
« - Enchantée, je m’appelle Luce. Et pas Lucie, hein. Luce. »
« -Message reçu. Luce, ça vous va mieux de toute façon. »
Elle dévia le regard un instant avant de rajouter à la hâte :
« - Ah, et si ça vous gène pas, on peut laisser tomber le vous ? Je suis pas assez vieille pour ça. »
« - Pas de souci, si ça peut vous….te faire plaisir. »
Luce ne pu retenir le petit rire qui échappa de ses lèvres, les yeux plissés de frustration de Vincent et sa moue agacée offrant une vue qui dissonait avec tout ce qu’elle avait pu observer du jeune homme. Elle tapota la main qui était restée posée sur la sienne de manière rassurante.
« - Voyons, pas de quoi se flageller… Ça viendra avec de l’entraînement, tu verras ! »
Vincent réprima un sourire à la gentille boutade, et se rendit compte à ce moment là de leur proximité. Il déglutit discrètement et lui offrit un haussement d’épaule résigné comme réponse.
Il remercia une fois de plus Lou pour être aussi têtu : boire avant le travail n’est en général pas bien vu, mais dans son cas, c’était essentiel, vital même. Il n’aurait pas pu avoir cette conversation et être aussi calme si il n’avait pas prévu le coup. Et même comme ça, il ressentait une sorte de magnétisme qu’il ne s’expliquait pas lui-même : qu’est-ce que cela aurait été avec la soif en plus…
En tout cas, l’atmosphère autour de Luce était plus détendue, et il aperçut la ruelle menant au lieu de rendez-vous, à quelques encablures de la gare.
Le calme avant la tempête, hein…
«- On est bientôt arrivés au lieu de rendez-vous.»
Elle cala sa tête contre son bras à nouveau, un acquiescement silencieux. Presque un signe de confiance. A moins qu’elle ne reste dans le rôle du couple qui flânait dans les rues.
Peu importe la raison, ce petit geste lui tordit le ventre, une fois de plus sans qu’il ne comprenne pourquoi.
La ruelle était somme toute charmante, un de ses chemins de traverse qui font oublier la taille gigantesque de la capitale. Les hôtels particuliers surplombaient de petites oasis arborées du haut de leur quatre étages, laissant passer le soleil. Luce remarqua de nombreuses cours cachées derrière des portes cochères, et se fit une note mentale de traîner plus souvent dans ce coin à la recherche d’un petit lieu de verdure où se poser pour lire. Vincent les fit s’engouffrer sous une de ses portes, découvrant ainsi une petite place où trônait une fontaine, et le rez-de-chaussé des bâtiments qui formaient cette cour était consacré respectivement à une brocante, un atelier d’art, et le fameux café dont ils s’approchaient.
Il tira la porte du café et lui fit signe de rentrer, ses yeux fixés sur les alentours telle une chouette.
Luce le remercia d’un hochement de tête, l’anticipation lui nouant la gorge : elle plaqua un sourire sur ses lèvres et se força à observer l’intérieur du lieu, espérant distraire ses pensées du maëlstrom de questions qui avait pris place dans son cerveau.
La salle était petite mais bien agencée, avec une alternance de tables rectangulaires placées en face de banquettes confortables et de tables-guéridons plus petites. Il n’y avait pas un chat, ce qui lui laissa le loisir de prendre son temps pour jauger son environnement.
La lumière naturelle qui filtrait par la fenêtre haute donnait au café une ambiance chaleureuse et fraîche
La pièce débordait de plantes vertes, le mur opposé à l’entrée recouvert d’un treillis où courraient lierre et diaplenia. Quelques pots d’herbes aromatiques y étaient également accrochés du côté du bar, où une petite vitrine de pâtisseries invitait à la gourmandise. Les yeux de Luce traînaient sur les cannelés et les macarons saveur nougat avec envie, avant que son attention ne soit attirée par le grand miroir qui se trouvaient sur le mur d’en face, tout en longueur et en élégance avec ses bords façons moulures. Elle remarqua que les contours semblaient gravés d’arabesques et de motifs floraux, et elle s’approcha pour observer avec plus d’attention les petits détails.
Son esprit agité sembla retrouver un peu de calme en observant cette œuvre d’artisanat, et elle se surprit même à déchiffrer d’un ton amusé
« ednamed al a nosiam sarg eiof ! Revih’l ed sruecoud sel rednammoc à zesneP ... »
Elle pouffa de rire en voyant l’air confus de Vincent, qui cherchait visiblement à comprendre, si elle en croyait ses sourcils froncés. Elle répéta la phrase, sa langue fourchant à certains moments, un air espiègle toujours dansant sur son visage au fur et à mesure que l’expression de Vincent se faisait un peu plus agacée.
Luce l’avait décidé au moment où ils s’étaient retrouvés sur le boulevard, à jouer la comédie : elle ferait tout pour tirer toutes les expressions possibles du roi de l’impassibilité.
Elle se doutait bien qu’il n’était pas sans sentiment, mais il avait quand même un sacré bâton dans le cul.
Cette situation l’amusait donc particulièrement, le miroir lui permettant d’être à l’affût d’un petit plissement de lèvres boudeur, ou d’un léger rougissement d’embarras.
Tout impassible qu’il était, il n’était pas idiot : il se retourna vite pour constater la présence d’un panneau décoré aux couleurs festives indiquant le message qu’elle lisait à l’envers.
Elle crut apercevoir une remontée de lèvres, vite remplacée par un haussement d’épaules exaspéré.
« - Luce... »
« - J’admirais ce miroir. Il est vraiment magnifique ! Au fait, je peux goûter un de ces macarons au nougat ? J’en ai jamais vu avec ce parfum !»
Elle s’avança joyeusement vers le comptoir, les yeux pétillants.
Vincent poussa un inaudible soupir.
Il n’était pas exaspéré. Au contraire.
La voir moins stressée le rassurait un peu pour la suite des événements. Il se sentait juste…. Bizarre. Lou était le seul à être aussi franc et frontal avec lui, à chercher la petite bête, et à chercher sa compagnie, tout simplement. Visiblement, il pouvait rajouter Luce sur la liste, même si il ne savait pas encore à quel point son comportement était un réel signe d'ouverture. Mais il était persuadé que les deux s'entendraient sûrement comme larrons en foire : il allait devoir stocker de la patience en grande quantité... si elle ne fuyait pas à toute jambe après leur entrevue.
Il fit signe à son collègue qui emballait avec soin deux macarons et deux cannelés, et se rapprocha de la jeune femme alors qu'elle remercia ce qu'elle pensait être un simple employé avec un grand sourire.
Elle tourna la tête par-dessus son épaule et compris que les choses sérieuses allaient commencer à l'air grave de Vincent, qui lui retendit le bras en vrai gentleman.
Elle secoua la tête, et força un sourire.
« - Il est l'heure, non ? »
« - Il y a une arrière-salle où nous attend la personne qui vous donnera vos réponses. »
« - Je pourrais quand même prendre mon en-cas, hein ? J'ai abandonné ma splendide tarte Tatin et mon chat pour vous, vous allez bien me laisser au moins ça, non ? »
Son ton était espiègle, mais une lueur d'inquiétude passa dans ses yeux à la mention de l’animal, qui ne passa absolument pas inaperçue.
« -Connaissant la personne qui va vous recevoir, je suis sûr qu'il a prévu de quoi accompagner tout ça. »
Et Vincent en était persuadé : c'était l'heure de l'apéro, et Lou ne louperait ça pour rien au monde. Pas sûr par contre que les cannelés et les macarons aillent bien avec la bière...
« - Au moins, c'est quelqu'un qui sait recevoir ! » fit-elle en prenant les devants en marchant d'un pas qui se voulait assuré vers la porte qu'il indiquait.
Un demi-sourire se forma sur les lèvres de Vincent. Peut-être que ça n'allait pas si mal se passer que ça, au final....
Luce n'en menait pas large, et concentrait son attention sur le fait de ne pas écraser ses trésors sucrés en se servant de la jolie boîte en carton qui leur servait d'écrin comme balle anti-stress.
Cette manie de toujours faire la fière alors qu'elle s'effondrait à l'intérieur... Elle n'était même pas sûre de faire illusion, à en croire la réaction de Vincent lorsqu'ils étaient en route pour le café.
Heureux les ignorants, comme disait le diction anglais. Pour le coup, elle se sentait entre le marteau et l'enclume, parce qu'elle aimerait bien savoir mais était terrifiée de découvrir ce qu'il se tramait. Le couloir desservait quatre pièces : sur la droite se trouvaient deux portes sur lesquelles se trouvaient un panneau indiquant « Cuisine » et « Réserve », les écriteaux étant décorés de motifs floraux. Les toilettes tout au fond du couloir étaient protégées par une porte peinte en nuances de vert, avec de grosses fleurs colorées. Luce lutta contre l’envie de courir se réfugier derrière autant de joie et de couleurs… mais dirigea malgré tout ses pas vers l’unique porte qui se trouvait à gauche, Vincent sur ses talons.
Elle toqua en déglutissant discrètement, et le raffut qu’elle entendit lui donna envie de réétudier son projet de courir se réfugier dans les toilettes…
La porte s’ouvrit soudainement, et elle eu à peine le temps de distinguer une silhouette qui lui parut dégingandée avant d’être emprisonnée dans une étreinte certes chaleureuse mais un poil écrasante.
« - Lou ! Tu vas l’étouffer ! »
Alors sa clé vers les informations qu’elle cherchait s’appelait Lou et était un serial câlineur, se dit-elle en ne sachant pas quoi faire de ses bras. Rendre l’embrassade ? Se dégager ? Pour le moment, si elle arrivait à respirer c’était déjà pas mal.
Sa vue cessa d’être obstruée alors que Lou la relâchait, en s’excusant à plates coutures.
« -Désolé, désolé, ça fait tellement longtemps que j’ai envie de te… euh de vous rencontrer que j’ai un peu perdu mes moyens, et que…. »
« -Lou, respire. », soupira Vincent en jetant un œil à Luce en lui effleurant le bras.
Elle prit une inspiration et tourna la tête vers Vincent pour lui signifier d’un hochement de tête qu’elle allait bien.
Ses yeux se posèrent enfin sur ce fameux Lou, et une vague de sympathie lui vint. Certes, elle n’était pas très tactile, mais la franchise qui transpirait de ses expressions la rendait prête à lui pardonner son débordement d’affection. Tout en longueur, la crinière flamboyante et aussi rebelle que la sienne, il devait être à peu près du même âge qu’elle, mais son regard azur avait une espèce de dureté qui trahissait le fait qu’il avait a priori des responsabilités importantes dans cette histoire.
Ça, et les énormes cernes sous ses yeux.
« - On ne pourra pas dire que ce n’était pas un accueil chaleureux, en tout cas ! »
Luce avança sa main vers Lou, qui avait continué son monologue malgré les interruptions de Vincent.
« - Je suis Luce, ravie de vous rencontrer. »
Lou se tût immédiatement et un énorme sourire se dessina sur ses traits alors qu’il se saisit de la main de la jeune femme.
« - C’est moi qui suis ravi, vraiment !! Et du coup, je m’appelle Lou, et je suis le chef des Sentinelles. Enfin, chef... »
« - Commence pas, Lou. Tu es le chef, point barre. Et tu sais très bien le faire savoir, d’habitude. »
« - Mais euhhh ! Je suis pas dans mon état normal, ok ? Et puis, un chef tout seul, ça ne fait rien, hein ! Regarde, si tu n’avais pas été là, qui sait ce qui aurait pu arriver à Luce ! Au fait, ça va, vous n’êtes pas blessée ? »
Luce eut envie d’éclater de rire, mais se retint. Elle secoua la tête pour toute réponse, et lui sourit.
« - Ouf !! Euh… Asseyez-vous, asseyez-vous ! »
Il la tira par la main pour la faire asseoir à côté de la chaise qu’il s’était choisi, et le regard un peu surpris qu’elle lança à Vincent fut accueilli par un énième haussement d’épaule.
Elle ne le connaissait pas encore assez pour remarquer l’amusement dans ses prunelles d’ambre, alors qu’il prenait lui aussi place autour de la table.
« - Je vous sers quelque chose à boire ? Et toi, Vince, tu as besoin de quelque chose ? Vous m’excuserez, hein, j’ai un peu entamé les chips... »
Luce écarquilla les yeux devant l’abondance de paquets de biscuits apéritif amoncelés au milieu de la table. A droite de la montagne de chips, bretzels et autres se tenaient plusieurs bouteilles de bière de marque différente, avec une brique de jus de fruits esseulée à côté d’une cannette de soda.
« -J’avais bien dit qu’il aurait prévu de quoi faire... », résonna la voix de Vincent, la taquinerie pointant légèrement dans le ton qu’il employait.
« - C’est vrai… J’avais jamais testé le mélange bière-dessert », répondit-elle en posant le paquet de la boutique sur la table.
« - Oh ! Vous avez acheté des macarons ? Ils sont dé-li-cieux ! Mais du coup, vous préférez peut-être un thé, ou un café avec ? J’avais pas pensé à ça... »
Lou tournait et virait sur sa chaise, poussant un verre vers Vincent avec un paquet de ses biscuits à la cacahuète préférés, et se torturant visiblement l’esprit face à cet imprévu.
Aussi sympathique qu’il était, Luce commençait à avoir le tournis à le voir aller à cent à l’heure constamment. Elle avança sa main pour le poser sur son avant-bras d’un geste doux, et s’efforça de parler avec douceur mais fermeté.
« - Le jus de fruit ira très bien, et merci pour avoir préparé tout ça. Je préférerais qu’on puisse se poser pour parler tranquillement : la fin de journée a été un peu… rude, on va dire ça. »
Les yeux de Lou se posèrent sur son visage, et un éclair de compréhension passa sur son visage.
Son expression se referma légèrement, alors que Vincent avançait un verre rempli de ce qui semblait être un jus d’orange vers elle.
« - Oui, pardon. A force de vouloir trop en faire, on oublie l’essentiel. »
« - Pas de souci, vraiment, et merci encore pour cet accueil chaleureux ! Au passage, si on peut arrêter avec le vous, j’aimerai autant. »
Un soupir de soulagement échappa des lèvres du chef des Sentinelles.
« - Sérieux ? Oh purée, ça me demandait une énergie folle de penser à dire vous... »
Luce pouffa de rire en sortant son propre apéritif.
« - On était deux alors ! »
« - Moi, j’ai trouvé ça très drôle... »
Les deux paires d’yeux se tournèrent simultanément vers le dhampire qui mâchait avec décontraction sa poignée de biscuits apéritifs, son verre de bière à moitié vide. Il haussa les sourcils à leur air surpris, et engloutit le reste de son verre.
« -Si vous avez le temps de m’observer avec vos yeux de merlan frit, vous avez sûrement le temps de discuter de ce qui est vraiment important, non ? »
« - Il joue toujours les sages bouddhistes comme ça ? » demanda Luce en se retournant vers Lou, la moitié de son premier macaron dans une main.
Ce dernier s’esclaffa et jeta un regard moqueur à son ami.
« - Il essaie en tout cas, mais il est loin d’être aussi sage qu’il en a l’air...», répondit-il avec un clin d’œil.
Luce se sentit enfin se détendre alors qu’elle savourait son petit plaisir sucré. Après une gorgée de jus de fruits, elle prit une inspiration et lança le pavé dans la mare.
« - Alors… Qu’est-ce qui m’attaque comme ça au juste ? »
Vincent lui répondit sans laisser le moindre silence s’installer.
« - Des vampires. »
L’expression neutre de Luce fit tiquer Lou.
« - T’as pas l’air surprise... »
Elle soupira et reprit une gorgée.
« - Ben, disons que quand on lit un peu de fantasy ou de fantastique, on connaît les bestioles… J’avais un peu fait le rapprochement, mais je me disais que c’était un peu gros comme truc. »
« - Fan de Dracula ? » taquina Lou en saisissant une poignée de bretzels.
« - Plutôt Lestat ou Louis de Pointe du Lac. »
Un rire franc s’échappa de la gorge de Lou, lui faisant recracher une partie de sa bouchée sous le regard désabusé de Vincent. Il savait exactement ce qu’il se passait dans la tête de son ami, et il n’allait pas finir d’en entendre parler…
« - J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? »
« - Non, non… Il rigole toujours pour un rien », répondit Vincent en ouvrant une nouvelle bière pour le pauvre mage hilare.
« - Ok… bref… Et, ils sont nombreux à me… comment dire… »
« - Chasser ? »
Luce hocha la tête, un frisson lui parcourant le dos à la métaphore. Décidément, ça ne lui plaisait pas du tout.
Ce fut Lou qui lui répondit, alors qu’il ramassait les dégâts de sa blague intérieure avec un essuie-tout.
« - Tous. Ils vont tous chercher à t’attraper. Après tout, leur chef a besoin de toi pour dominer le monde. »
La bouche de Luce s’entrouvrit toute seule à mesure que Lou lui répondait, le ton détaché employé tranchant avec le choc qu’elle recevait.
Vincent prit le relais, sentant la détresse sinuer sur son visage.
« - Tu.. Tu as un sang spécial, convoité par les vampires. C’est pour ça qu’ils t’ont attaqué… et qu’on a essayé de te protéger. »
Luce se saisit de la deuxième moitié de son macaron, et le mâcha en silence.
Vincent et Lou l’observait, conscient de son état : il n’y avait pas de bonne manière d’annoncer ça, de toute façon, se disait Lou alors qu’il se saisissait de son verre.
La main tremblante de Luce lui toucha le bras alors qu’elle lui murmurait qu’elle boirait bien une bière, pour en finir.
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