Quelque part le long de l’océan, aux abords du port de New York, à proximité des zones résidentielles
On devinait les dernières lumières de New York et de son port brillant au loin, signes d’une intense activité. Même si à une telle heure matinale de ce mois de mai, on pouvait deviner l’énergie bouillonnante d’une ville qui ne dort jamais. Dans un nombre immense de livres, cette ville est un symbole de passion pour le monde entier et il a inspiré nombreuses histoires.
La « Grosse Pomme » était le surnom que les gens lui avaient donné. Rien qu’en entendant ce nom, le commun des mortels imaginait dans son esprit des gratte-ciels immenses allant jusqu’à toucher les nuages. Les noms tels que Times Square, l’Empire State Building et Central Park étaient des signes d’émerveillement pour les masses de touristes affluant chaque année. Un commerce qui nourrissait l’âme et faisait battre le cœur d’une ville en constante évolution.
Cependant, il y avait un symbole que surpassait tous les autres. Trônant sur Liberty Island, il était le premier visage d’une vie nouvelle pour tout immigrant foulant le sol du Nouveau Monde pour la première fois. « Il est vrai qu’elle a toujours une certaine allure malgré son âge respectable. » se dit l’homme contemplant de loin le monument emblématique. Cependant on disait toujours qu’il était impoli qu’un homme s’intéresse de trop à l’âge d’une dame. De toute manière, il n’était pas dans ses habitudes de manquer de respect envers qui que ce soit et bien que les temps aient changé, le respect était ce pourquoi il se trouvait si tôt en cet endroit isolé, à imaginer le soleil levant qui allait commencer à traverser les derniers bancs de brouillards côtiers d’ici plusieurs heures. Le vent soufflait légèrement et les prévisions météorologiques annonçaient un temps resplendissant pour le reste de la semaine. « Parfait », disait le sourire dans ses yeux. Si tout se déroulait comme prévu, il savait qu’il n’aurait pas beaucoup l’occasion de profiter des bienfaits de l’astre rayonnant qu’il attendait depuis son arrivée en ces lieux oubliés. L’obscurité environnante était pour lui un environnement rassurant.
Si un quelconque promeneur était passé le long du quai de chargement vétuste, il n’aurait rien remarqué d’anormal. Bien que cela soit peu probable au vu de l’heure matinale.
« Tout est si calme si paisible que je penserais que je suis seul », dit-il à voix basse pour lui-même. Le son de sa voix le fit sourire intérieurement. Après tout, il savait très bien qu’elle n’avait plus aucune similitude avec une voix humaine de quelque sorte que ce soit. Un certain temps d’adaptation avait été nécessaire afin qu’il ne soit plus déstabilisé pas ce son distordu électroniquement. Malgré cela, lui et son entourage savaient que cet aspect de sa personnalité était primordial pour les jours à venir.
« La solitude sera votre grande compagne », lui avait répété son instructeur. « Lorsque vous ferez fonctionner votre esprit, vous serez seul pour prendre les décisions qui s’imposent et vous adapter à la situation », disait-il inlassablement. « Votre rôle vous isolera vous et votre esprit, et personne d’autre ne pourra y pénétrer pour y découvrir vos pensées. Si cela se produisait, ce serait l’échec complet pour vous et vos hommes. N’oubliez jamais quel est l’élément primordial. »
Mes hommes. En effet, il était loin d’être seul en ces lieux obscurs. Bien qu’il ne le vît pas, il savait que derrière son dos une activité fébrile, mais professionnelle se déroulait. Oui, il était satisfait des préparatifs et du comportement du reste du groupe. Dans l’obscurité de l’entrepôt désaffecté, repéré plusieurs mois auparavant, des caisses et des sacs était chargés à l’arrière de véhicules. Les précieux chargements étaient de tailles et de types différents et bien que l’on ne vît pas à plus de quelques mètres, des ombres indistinctes se mouvaient avec l’agilité féline si caractéristique de l’entraînement intensif qu’elles avaient suivies au cours de nombreuses années. Aucun sac, ni aucune caisse n’avait de marques distinctes mais ce détail ne posait pas un problème à l’équipe de chargement. Chaque ombre savait exactement leurs contenus et les précautions qu’elle devait prendre lors du chargement. Toute cette agitation ne produisait que très peu de bruit tant les gestes exécutés avaient été répété dans des conditions proches de l’instant présent.
Quoiqu’il arrive, il n’y avait aucune crainte à penser que le groupe puisse être découvert. Ses renseignements lui avaient confirmé qu’aucune patrouille de police ne se trouvait dans un rayon de plus d‘un kilomètre à la ronde. La même chose équivalait pour les gardes côtes, bien qu’ils représentassent un risque moindre une fois que la cargaison eut atteint la terre ferme.
L’ensemble de la manœuvre avait été exécutée avec une précision chirurgicale quelques heures auparavant et on lui avait assuré que tout le matériel demandé était intact et opérationnel. Son équipe avait récupéré les caisses hermétiquement fermées à bord d’un navire croisant au large. Cette étape marquait la fin d’une procédure fastidieuse, mais vitale pour les événements à venir. Bien qu’une reconnaissance aérienne et terrestre ait confirmé l’infime fréquentation des parages en cette heure matinale, il ne pouvait se permettre aucune erreur. Un plan pouvait toujours jouer de malchance. « Comme si on pouvait considérer, qu’une chose telle que la chance puisse exister ! », se réprimanda-t-il. C’était encore un autre point qu’il avait appris à la dure au centre de formation et qu’il encaissé encore plus durement sur le terrain, par la suite. Sous peu, il allait mettre en action ses longues années d’expérience, afin d’atteindre un objectif qui marquerait le monde à jamais.
Un léger bruissement le sortit de sa méditation. Il tourna la tête sans se presser, sachant d’avance l’origine de ce bruit. Ses yeux, adaptés à l’obscurité ambiante, se dirigèrent vers le nouveau venu. À moins d’un mètre de lui se tenait une silhouette qu’il devinait toute de noir vêtu. L’ensemble du visage était noirci par une cagoule et les yeux semblaient avoir une proportion disproportionnée par rapport au reste de la tête.
Cette pensée le fit sourire tout en détaillant l’homme à ses côtés. Ce dernier était plus grand et plus costaud. En termes de taille, cette créature de l’ombre affublée de lunettes de visions nocturnes mesurait à peu près une tête de plus, mais cela ne l’avait jamais intimidé. Enfin peut-être que si, au tout début de leur rencontre voilà déjà plus de cinq ans. Cette apparition était le signal qu’il attendait plus que le lever du soleil. Le nouveau venu fit son rapport d’une voie grave empreinte de respect et d’une certaine sobriété.
- Le chargement est terminé, Monsieur.
- Très bien. Sommes-nous dans les temps ?
La remarque fit sourire le géant.
- Bien sûr. Les équipes sont prêtes à se mettre en route. L’ensemble du matériel atteindra l’objectif dans les délais impartis, comme prévu.
L’échange d’information s’était déroulé dans un chuchotement presque comique si ce n’était que le nouveau venu était armé jusqu’aux dents et qu’il pouvait se transformer en un prédateur redoutable en l’espace d’un battement de cils.
- Parfait… contactez l’équipe de diversion au port, il semblerait qu’ils n’auront pas à mettre à exécution leurs ordres.
- Ce sera fait. Souhaitez-vous inspecter une dernière fois les préparatifs ?
Cette question n’en était pas une pour le géant et il le savait d’ailleurs très bien. C’était une remarque de pure forme, car l’homme se trouvant à ses côtés ne laissait jamais rien au hasard. Son interlocuteur n’avait peut-être pas un corps de guerrier comme lui et ses hommes, mais il ne fallait pas pour autant le sous-estimer. Un regard bleu impénétrable, aussi insondable que l’océan leur faisant face, était le peu pouvant être discernable derrière un masque rigide couvrant le plus de la moitié du visage.
Le reste de l’apparence pouvait être considérée comme insignifiante. Mais l’homme de métier qu’il était avait vite compris que ce n’était qu’un camouflage habile dissimulant un esprit d’une précision effrayante et sans pitié.
Le danger ne lui faisait pas peur du haut de son mètre quatre-vingt-dix et on pouvait même considérer que c’était devenu une partie intégrante de sa vie. Cependant, lorsqu’il voyait l’homme s’appuyant sur une canne à ses côtés entrer en action, il s’estimait heureux de ne pas être son ennemi.
Devinant les pensées du géant, l’homme fit un signe de la main. Au signal, son second tourna les talons et se dirigea d’un pas tranquille vers la grande porte laissé ouverte par ses hommes. L’homme fit de même une vingtaine de minutes plus tard, s’arrêtant juste à un moment pour savourer une dernière fois la brise maritime. Une fois ce dernier plaisir savouré, il chaussa à son tour ses lunettes de vision nocturnes. Après que ses yeux se soient habitués à l’environnement verdâtre des lunettes, il se dirigea vers la zone de chargement.
Lorsqu’il eut rejoint l’entrepôt, il constata avec satisfaction que ses consignes avaient été suivies à la lettre. Toute trace de l’activité de ces dernières heures avait disparu. Si un promeneur ou des enfants en mal d’aventure passaient plus tard dans la journée, ils ne devineraient jamais que ce lieu avait été une base d’opération temporaire.
Après avoir inspecté soigneusement les zones où ses hommes étaient passé, l’homme à la canne quitta le bâtiment et rejoignit le reste du groupe supervisé par son second. Sur le parking, plusieurs voitures et un camion attendaient moteurs au ralenti et tous feux éteints. Devant eux, étaient alignés une partie de ses troupes. Huit hommes, vêtus de manière anodine comme son second, attendaient le signal du départ. Si leur attitude avait pu paraître nonchalante, ces hommes étaient en réalité sur le qui-vive et prêts à passer à l’action. Ils avaient également changé leurs tenues sombres pour des vêtement civils, afin de se fondre plus aisément dans le paysage citadin.
Le géant s’avança vers celui qui avait orchestré les évènements menant à cet instant.
- Équipe au complet et paré pour le départ. Poste « Condor » nous confirme que les itinéraires de sortie sont dégagés. Aucun problème à signaler.
Pour toute réponse l’homme hocha de la tête. Immédiatement, la ligne des hommes se brisa et ils se dirigèrent vers les véhicules qui leur étaient assignés. Là encore tout était en place, les papiers et véhicules étaient en ordre et l’itinéraire de chaque binôme mémorisé. Précaution supplémentaire, les véhicule quitteraient la ville via un itinéraire et un horaire différent. L’homme partit en boitant légèrement vers le SUV le plus proche et s’installa à l’arrière après qu’un des hommes lui eut ouvert la porte. Ce geste n’était pas de la pitié en raison de son infirmité, mais plutôt une marque de respect envers un homme qu’ils considéraient comme l’un des leurs. Tous étaient volontaire et ils connaissaient les risques encourus dans ce projet. Néanmoins, chacun d’eux était près à donner sa vie pour atteindre l’objectif fixé par leur chef. Même si pour ce faire, ils devaient aller à l’encontre de tous ce qu’on leur avait appris.
Une fois installé, son second le rejoignit et s’assit à la place du passager avant. Un autre membre de l’équipe vint s’asseoir à l’arrière et cala la canne au niveau de l’accoudoir. Afin d’éviter la suspicion inopportune d’un policier de la route, les vitres du véhicule étaient légèrement teintées, mais pas excessivement, de manière qu’une personne externe puisse quand même voir le nombre de passager à l’intérieur de véhicule.
Si par malheur ils devaient subir un contrôle de police, les seules informations découvertes seraient qu’ils étaient la suite d’un important homme d’affaires spécialisé dans l’import-export en déplacement dans le pays. Le nom, comme l’apparence de ses hommes en costumes cravates n’étaient qu’un déguisement éphémère qui disparaîtrait bien vite dans la journée.
Pour l’heure, l’homme masqué se répétait en lui-même la légende de Thomas Wilson et en quoi consistait son activité professionnelle. Qu’importe de croire en une identité, il n’avait de toute façon pas de nom.
Sur son ordre, le premier véhicule du commando s’élançât dans l’obscurité vers un objectif que lui seul connaissait.
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