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Horus regarda discrètement en direction de Seth qui, comme à chacune des fêtes organisées par les Dieux, était entouré par une multitude d’hommes et de femmes qui cherchaient à obtenir ses faveurs. Car, d’après la rumeur, le Dieu à tête de chacal était un amant extraordinaire, et Horus la suspectait d’être vraie en apercevant, parmi les soupirants de son oncle, des Dieux ou des Déesses qui avaient déjà partagé sa couche. Ces derniers faisaient même partie de ses admirateurs les plus empressés.

Mais Horus, malgré son envie dévorante de séduire son oncle auprès duquel il soupirait secrètement, ne pouvait néanmoins pas céder à ses désirs secrets et inavouables. Car Seth n’était pas juste son oncle. Il était également l’homme, le Dieu, qui avait assassiné son père, et surtout son rival pour l’occupation du trône laissé vacant par la mort prématurée de ce dernier.

Le jeune dieu se sentait donc coupable d’éprouver de tels désirs doublement, non même, triplement proscrits à l’égard de ce dieu-là en particulier. Fort heureusement, personne ne soupçonnait pour le moment l’inclination que son traître de cœur éprouvait. Même le principal intéressé, Seth, ignorait tout des réels sentiments qui animaient son jeune neveu, pensant n’avoir droit qu’à la haine de ce dernier qui se félicitait d’au moins réussir à sauver la face en public.

La culpabilité qu’il éprouvait déjà à cause de ses sentiments prohibés était suffisamment grande sans, en plus, que sa traîtrise ne soit connue de tous. Cependant, en dépit de sa raison qui lui indiquait qu'il se devait d'étouffer de tels sentiments, son cœur, en dépit de toute logique, ne parvenait pas à s’empêcher d’éprouver une passion de plus en plus dévorante pour son oncle.

Par crainte d’être surpris à épier le dieu qu’il était supposé haïr de toute son âme immortelle, Horus détourna pudiquement le regard afin d’observer plutôt le déroulement de la fête. Mais il ne put empêcher un soupir de franchir la barrière de ses lèvres. Il se raidit, espérant que personne ne ferait le lien entre l’objet de sa précédente contemplation et le soupir douloureux qu’il venait de laisser échapper. Il ne désirait en aucun cas se trahir, car il avait peur que, si quelqu’un, n’importe qui, avait connaissance de ses plus noirs désirs, sa mère finisse par en être informée. Or, cela ne devait jamais se produire. Car il craignait plus que tout de la décevoir ou, pire, qu’elle le haïsse d’aimer ainsi celui qui avait causé la mort de son époux.

Las de surveiller ses moindres faits et gestes, Horus décida de quitter discrètement la fête afin de regagner la quiétude de ses appartements, seul, où il pourrait enfin laisser libre cours à sa détresse. Où il n’aurait plus à faire semblant.

Cependant, ce départ fut remarqué.

Intriguée par l’initiative de son fils, et comme elle avait bien vu qu’il ne semblait pas dans son assiette, Isis lui emboîta le pas. Ce serait là l’occasion de discuter avec lui des tourments qui paraissaient le ronger depuis bien trop longtemps.

La Déesse suivit son fils jusqu'à ses quartiers, où elle le vit disparaître. Elle frappa délicatement à la porte et entra quand son fils l’y autorisa.

- Que puis-je pour vous, Mère ? demanda le jeune dieu une fois qu’elle fut rentrée.

Elle s’installa près de lui et le considéra avec un mélange de tendresse et d’inquiétude. Devant le regard interrogateur d’Horus, elle finit par parler :

- Depuis quelque temps, j’ai remarqué que tu n’allais pas bien, mon fils. Je souhaitais donc en connaître la cause, au cas où je pourrais t’aider d’une quelconque façon à soulager ta peine.

Horus se tendit, avant de détourner le regard. Isis fut surprise par le malaise qui transpirait de son fils mais ne dit d’abord rien, dans l’attente de sa réponse. Après quelques secondes, il soupira et lâcha :

- Vous ne pouvez rien faire, Mère, mais j’apprécie votre sollicitude.

Isis prit tendrement la main de son fils.

- Laisse-moi être seule juge de ce que je peux ou ne peux pas faire pour soulager ton fardeau. Laisse-moi faire mon rôle de mère, fils, laisse-moi prendre soin de toi.

Horus hésita un moment, tant qu’Isis finit par penser qu’il ne dirait rien. Cependant, Horus ne supportait plus cette peine et cette culpabilité qu'il traînait depuis trop longtemps, comme des boulets enchaînés à ses chevilles. Il ne supportait plus cette solitude dans laquelle elles l’engluaient, ce sentiment de trahison qui lui nouait la gorge chaque fois que sa mère le fixait avec amour ou espoir, cette sensation de ne rien mériter de tout cela. En lui, les digues qu’il avait érigées, déjà fendillées, plus fragiles qu’il ne l’avait escompté, se rompirent sans qu’il pût rien faire. Alors, dans un sanglot étranglé, il finit par tout avouer à sa mère : les sentiments qu’il éprouvait à l’égard de son oncle et qui ne cessaient de grandir à chaque seconde, chaque heure qui passait, sa culpabilité vis-à-vis d’elle et de son père, sa peur de son rejet.

Il se vida de tous ces secrets inavouables qui lui enserraient la gorge et qui l’empêchaient peu à peu de respirer, qui l’étouffaient à petit feu.

Isis ressentit cette avalanche d’aveux comme un coup de fouet. Cependant, elle se força à écouter son fils sans l’interrompre et, surtout, à ne pas réagir de manière négative, comme Horus pensait qu’elle le ferait. Elle avait bien conscience que, à cet instant, s’il sentait la moindre trace de rejet, Horus était susceptible de se briser. Et la Déesse, en tant que mère, éprouva de la honte. Comment avait-elle pu ignorer à ce point ô combien son enfant souffrait, comment avait-elle pu ne pas voir qu’il était au bord de la rupture ? Et elle eut peur. Car elle se rendit compte qu’elle aurait pu finir par perdre son fils. Son mal être était si grand, que si la situation avait perduré, il aurait pu envisager de mettre fin à ses jours dans le but d’abréger ses souffrances. Le désespoir qui imprégnait sa voix obligeait Isis à ne pas exclure cette possibilité, même si elle l’effrayait et aurait préféré la croire invraisemblable.

D’autres s’étaient déjà abandonnés à cette solution pour moins que cela.

Alors elle prit sa décision. Même si elle n’était pas ravie de la perspective d’un couple entre son enfant unique, qu’elle chérissait plus que tout, et son frère qu’elle adorait et haïssait tout à la fois, elle ferait tout pour soulager son fils. Son amour pour Horus primait sur son désir de revanche à l’égard de Seth.

Isis se promit alors de faire tout ce qui était en son pouvoir afin d’aider son enfant à accéder au bonheur auquel il aspirait. La déesse s’avança vers son fils et le prit fermement dans ses bras, ce qui le surprit. Il arrêta de parler. Elle lui caressa tendrement la tête tout en lui susurrant des mots d’apaisement pour le consoler. Elle affirma ensuite que, quoi qu’il fasse, peu importe l’identité de la personne qu’il aimait, elle serait toujours de son côté. Horus ferma les yeux et commença à se détendre. Elle ne lui en voulait pas… elle ne lui en voulait pas !

Enfin, elle l’assura que, même si tous finissaient par lui tourner le dos, elle ne l’abandonnerait jamais et qu’elle le soutiendrait toujours.


Texte publié par Miss Lune, 10 mars 2022 à 22h20
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