Emmitouflée dans ses moelleuses couvertures, Mandarine se prélassait dans son lit, heureuse que ce soit son jour de congé. Cela faisait une bonne demi-heure que la jeune femme était réveillée, mais elle refusait de bouger, profitant avec plaisir de ne pas être obligée de se lever pour aller travailler.
Il avait été difficile de négocier ce jour de congé. Comme Mandarine était une sorcière capable de parler aux nuages, elle avait obtenu un poste très important dans le secteur agricole : régisseur météo. Ouais, le nom ne payait pas de mine, mais il était très bien payé et apprécié par les autres corps de métier liés au secteur. Du moins, quand les gens étaient satisfaits de votre travail.
Le poste de régisseur météo était rarement occupé, les sorciers et sorcières possédant un pouvoir lié à la météo étant assez rares, faisant que les gens avaient l’habitude de râler contre le temps dès qu’il n’était pas comme ils voudraient qu’il soit. Un coup il faisait trop chaud, un autre il ne pleuvait pas assez, ou encore c’était les deux à la fois, quand ce n’était pas leur absence combinée qui dérangeait les gens. Et depuis que Mandarine occupait le poste, les gens trouvaient toujours quelque chose à critiquer dans son travail, alors que même son patron qui était très strict était content d’elle !
Bref. Elle était en congé, et n’avait absolument pas l’intention de bouger de son lit de la journée.
‒ Mandarine !
La porte s’ouvrit avec brusquerie, faisant sursauter la sorcière hors de son lit, qui se retrouva emmêlée dans ses draps, la tête contre le plancher.
‒ Je suis en congé ! Je ne suis pas là !
‒ Je m’en fiche de ton congé, rétorqua l’intrus avec colère. Lève-toi et récupère le truc qui te sert de familier !
‒ Entonnoir est dans sa cage. Je ne l’ai pas sorti depuis une semaine, précisa Mandarine en essayant de retourner dans son lit sans sortir de ses couvertures.
‒ Il en est sorti. Encore.
Mandarine regarda en direction de la cage en métal triple épaisseurs se trouvant près de la porte, et effectivement, elle était vide. Avec un gros trou aux bords rongés. Encore. Elle allait devoir le faire reboucher. Encore.
La sorcière ne savait pas pourquoi elle avait décidé de prendre un rat écailleux orange comme familier, mais elle l’avait fait. En fait, oubliez, elle savait pourquoi elle l’avait fait. Mandarine avait trouvé la bestiole très originale et avait refusé d’écouter ses parents, ou ses professeurs ou quiconque sur le bon sens d’avoir ce rat comme familier. Elle se retrouvait maintenant avec un rongeur qui mangeait n’importe quoi, faisait ses dents sur le métal, et s’éclatait à grignoter la réserve de bois - son péché mignon de grand gourmand - de son colocataire qui était sculpteur.
Si Ananas avait su qu’il devrait faire face à une calamité ambulante mangeant son travail, Mandarine était sûre que jamais il ne l’aurait accepté comme colocataire. Mais elle avait signé un contrat, elle était donc tranquille pendant encore deux ans, même si maintenant que la sorcière y pensait, il faudrait peut-être qu’elle commence à chercher un logement qui soit Entonnoir-proof.
‒ Mandarine !
‒ Oui, oui. C’est bon. Je vais le chercher.
Ou du moins elle tenta d’aller le chercher, mais elle était vraiment coincée dans ses draps, et plus elle bougeait plus sa prison de tissu se resserrait. Mandarine fut délivrée par Ananas qui eut pitié d’elle. Et était très pressé qu’elle aille sauver son gagne-pain, si la façon dont il la poussait hors de sa chambre était une indication.
Après plusieurs minutes de recherches, Entonnoir fut découvert dans le coffre - en métal sextuple épaisseurs - où Ananas entreposait son bois de la meilleure qualité… et dont une partie avait été vraisemblablement mangée avec appétit. Le sculpteur partit dans une colère noire qui fut dirigée vers le rat écailleux qui ne dut la vie qu’à sa maîtresse.
‒ Enlève cette fichue barrière ! Ce truc n’en réchappera pas cette fois ! Il en a mangé pour une fortune !
‒ Squik, fit Entonnoir en essayant de se cacher sous les vêtements d’une Mandarine irritée.
‒ C’est ta faute aussi, pourquoi t’es pas resté dans ta cage ?
Elle posa son familier sur la table, après lui avoir donné une tape sur le museau.
‒ Squik. Squik, squik-ik !
‒ Faux, il te restait encore à manger quand je me suis couchée hier soir ! Ne mens pas ! s’énerva Mandarine.
Elle vérifiait matin et soir qu’Entonnoir avait suffisamment à manger pour qu’il ne soit pas tenter de faire de fugue et grignoter tout ce qu’il trouvait autour de lui. Et puis… bon, s’il lui arrivait de louper la vérification du soir à cause de son immense fatigue, ça n’aurait pas dû aboutir à de telles scènes régulières. Avec un rat normal en tout cas.
‒ Squik ! Squik squik-ik squik !
‒ Comment oses-tu me traiter de maîtresse indigne ?! Petit ingrat ! Tu veux que je te transforme en string ?!
‒ Il n’est pas assez gros pour ça. J’y ai déjà pensé, intervint aimablement Ananas, toujours enfermé derrière la barrière magique.
‒ Hm. Mais si je l’engraisse, il grossira, réfléchit sérieusement Mandarine. Et je suis sûre qu’un string en écailles orange doit valoir cher.
Entonnoir se mit à plaider pour sa vie, tout en s’excusant en pleurant qu’il ne recommencerait plus. (Jusqu’à ce que la colère d’Ananas se soit calmée et qu’il ne se sente plus en danger, évidemment. Ça devrait prendre une bonne semaine, voire deux maximum.)
Après ce début de journée devenu suffisamment régulier pour être normal, Mandarine se rendit chez le forgeron, la cage sous le bras, et Entonnoir sur la tête. Si cette vision avait surpris les habitants de Profiterols quand Mandarine y avait emménagé, c’était dorénavant quelque chose d’habituel pour eux. Quand elle entra dans la forge, le maître des lieux lui fit un grand sourire, et normal, puisqu’elle était sa meilleure cliente régulière. Heureusement que la sorcière avait un bon salaire.
‒ Sorcière Mandarine, l’interpella un garde en pleine rue sur le chemin du retour. Votre présence est requise pour une urgence au palais.
‒ Je suis en congé.
Mandarine avait bataillé trop dur pour avoir cet unique jour de congé. Un an. Ça faisait une année entière qu’elle bossait tous les jours parce que maintenant qu’un régisseur météo était là, les paysans ne pouvaient plus se passer d’elle pour leurs cultures. C’était à se demander comment ils faisaient avant.
‒ Tous les congés sont annulés, annonça le garde.
La sorcière se figea.
‒ Comment ça… annulés ? Vous savez depuis combien de temps j’attends cette seule et unique journée de repos ?!
‒ Je suis désolé, madame. Mais c’est une urgence… urgente.
Ok, calme. Il faut rester calme, elle devrait pouvoir se faire rembourser son congé. Au pire elle ferait grève. Oui, c’était une bonne idée.
‒ Très bien, je serais là aussi vite que possible, soupira-t-elle.
Le garde hocha la tête et s’en alla, sans doute pour détruire la journée d’autres personnes. Pourquoi avait-il fallu que cette urgence mystérieuse tombe aujourd’hui ? Pourquoi ?! Mandarine était à deux doigts de pleurer. Mais comme elle avait plus de dignité que ça, elle ravala ses larmes, et rentra chez elle pour déposer la cage réparée d’Entonnoir et prendre son balais.
Ananas se moquait d’elle à chaque fois qu’il la voyait avec, mais elle l’aimait beaucoup son balais à pédales. C’était son premier balai. Enfin, c’était surtout le seul qu’elle avait pû se permettre d’acheter. Pédaler pour pouvoir voler était franchement fatiguant, mais hé, grâce à ça Mandarine avait des jambes du tonnerre !
Une fois arrivée au palais, la sorcière fut directement conduite dans la Salle du Conseil. Intimidée, elle salua les personnes présentes et fut soulagée de constater qu’elle n’était pas la dernière arrivée. Mandarine se demandait pourquoi elle avait été convoquée, malgré son pouvoir assez rare, elle n’y connaissait rien en… beaucoup de choses. Elle était calée en magie, sorcière oblige, mais elle n’était pas experte dans un domaine particulier et était trop jeune pour être une archimage.
Quand tout le monde fut présent, la réunion débuta, et dès les premiers mots, Mandarine su qu’elle pouvait dire adieu à son remboursement de congé : l’Armée du Sel était de retour, annonçant une nouvelle guerre.
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Tous les enfants connaissaient cette histoire depuis leur plus jeune âge, racontée chaque année à la même date, celle qui célébrait la victoire contre le Sel.
Depuis aussi loin qu’on pouvait s’en souvenir, le Roi du Sel et son Armée avaient toujours tenté d’envahir le Royaume du Sucre sans que personne ne sache pourquoi. Si cette information avait un jour été connue, cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’était plus. La seule chose que l’on avait retenue, était que si le Sel gagnait, les terres deviendraient stériles et cela engendrerait la fin de l’humanité.
Après des années de batailles, un sorcier capable de commander aux nuages avait réussi à détruire l’Armée de Sel grâce à son pouvoir, sa stratégie, et beaucoup de chance. L’Armée du Sel dans une énième tentative de conquête, s’était retrouvée à longer la côte, et le sorcier apprenant cela, s’était élancé sur son balai contre l’ennemi et avait fait pleuvoir des trombes d’eau, réduisant les guerriers salés en bouillie immonde. Les soldats sucrés ragaillardis par cet exploit, avaient tous sorti pelles et raclettes, et poussé ce qui restait de l’Armée du Sel dans l’océan, loin des terres fertiles de Sucre.
Mais il semblerait que le Roi du Sel ait échappé à son funeste destin, attendant patiemment pour envahir à nouveau le Royaume du Sucre. Sans doute dans l’espoir qu’il n’existe plus un sorcier capable de les faire fondre, lui et son Armée.
Heureusement pour Sucre, il existait une telle personne.
Malheureusement pour Mandarine, elle était cette personne.
Elle qui avait été si fière de la rareté de son pouvoir, regrettait maintenant de l’avoir. Oui, elle pouvait parler aux nuages et leur demander de faire pleuvoir, mais ça ne voulait pas dire qu’ils allaient l’écouter et obéir. C’est qu’ils avaient tous leur petit caractère, en plus !
Les petits cumulus étaient joueurs, et généralement faciles à faire écouter et obéir. Les cirrus, cirrocumulus et altocumulus se prenaient pour des artistes, en plus d’être obtus. Les stratus, altostratus, nimbostratus, cirrostratus et stratocumulus étaient obéissants, mais compensaient en tant de vrais paresseux. Mais les pires, et ceux ayant la plus grande possibilité de faire pleuvoir, étaient les cumulonimbus qui étaient arrogants et n’acceptaient d’écouter que si Mandarine répondait correctement à leurs énigmes !
Elle avait bien tenté quand elle était petite de les forcer à faire pleuvoir en leur balançant une potion, et ça avait réussi, sauf que tout ce que la pluie avait touché était devenu rose fluo, et personne ne voulait risquer des secondaires en mangeant quoique ce soit. Et elle s’était faite sacrément disputée par ses parents et professeurs. Et les nuages avaient refusé de lui parler pendant près de six mois.
Bref. Malgré son pouvoir inné, Mandarine n’était pas franchement la personne qu’il fallait pour cette situation. Mais elle avait quand même essayé :
‒ Sdnarg subminolumuc, ed sdnarg sregnad erton emuayor tnecanem. Is ej suov el ednamed, eriaf rebmot al eiulp suov-zetpecca ? [Grands cumulonimbus, de grands dangers menacent notre royaume. Si je vous le demande, acceptez-vous de faire tomber la pluie ?]
‒ Is tnemeuqinu à erton emginé ut sdnopér, etitep esuelrap. [Uniquement si tu réponds à notre énigme, petite parleuse.]
Ça, Mandarine l’avait compris, mais ce n’était pas ce qu’elle demandait.
‒ Is ej sdnopér tnemetcerroc, rus erton imenne eriaf rebmot al eiulp suov-zetpecca dnauq ej suov el siarednamed ? [Si je réponds correctement, acceptez-vous de faire tomber la pluie sur notre ennemi quand je vous le demanderais ?]
‒ Is etcerroc tse at esnopér te tnesérp not imenne, tiordne’l ùo al eiulp rebmot tiod euqidni. [Si ta réponse est correcte et ton ennemi est présent, indique l’endroit où la pluie doit tomber.]
‒ Tnesérp imenne’l tse’n sap erocne, précisa la sorcière. Erdnopér iuh’druojua ej-siup te dnauq li ares àl eriaf rebmot al eiulp suov rednamed ? [L’ennemi n’est pas encore présent. Puis-je répondre aujourd’hui et vous demander de faire tomber la pluie quand il sera là ?]
‒ Non. Euq ruop al eénruoj euqahc emginé tse’n elbalav, etitep esuelrap. Sias el ut. [Non. Chaque énigme n’est valable que pour la journée, petite parleuse. Tu le sais.]
‒ Siam ne erreug suon semmos ! s’exclama Mandarine. [Mais nous sommes en guerre !]
‒ Sed segaun suon semmos, sed seriaffa sed sletrom suon en suon snopucco sap. [Nous sommes des nuages, nous ne nous occupons pas des affaires des mortels.]
La discussion s’arrêta là, obligeant Mandarine à transmettre la décision des nuages aux chefs de guerre de Sucre. Et ils n’ont pas été très contents, ordonnant à la jeune sorcière d’apprendre le plus d’énigmes possible pour ne pas perdre de temps à trouver la réponse quand l’Armée du Sel se trouvera aux frontières.
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Entourée et envahie des livres et parchemins traitant tous du même sujet depuis des jours, Mandarine se demandait s’il était possible de changer de pouvoir. Elle ne voulait plus être capable de parler aux nuages si ça signifiait qu’elle n’aurait plus jamais à voir ou entendre la moindre énigme de sa vie. C’était une horreur ! Qui avait eu cette idée, qu’elle le fasse trépaner avec un piment moisi ! Elle allait devenir folle à ce rythme. Folle avant de se faire tuer par les guerriers salés.
Mandarine était sérieusement en train de réfléchir à un moyen de quitter le royaume incognito pour échapper aux douloureuses devinettes - et accessoirement à la guerre - quand la porte du bureau où elle avait été installée de force fut ouverte avec la douceur d'une lance atteignant sa cible.
‒ Tiens, j’ai eu pitié de toi et je t’ai apporté des vêtements de rechange, fit Ananas en balançant un sac à travers la pièce. Ah, et ton truc a été attrapé.
Entonnoir, avec la cage où il était enfermé, fut jeté sur le bureau de Mandarine, faisant couiner la bestiole d’indignation face à un tel traitement.
‒ Il a carrément réussi à manger du marbre. Du marbre, Mandarine. Tu te rends compte ?
‒ C’est pas de ma faute s’il est capable de manger tout et n’importe quoi ! Et depuis le temps, je ne vois pas pourquoi tu t’en étonnes.
‒ Je ne suis pas étonné. Ou du moins, je ne le suis plus depuis que je l’ai vu de mes yeux manger des braises incandescentes et être toujours vivant. Ton truc est soit miraculeux, soit démoniaque.
La sorcière regarda son familier d’un air circonspect. Des braises, sérieusement ?
‒ S’il pouvait manger l’Armée du Sel, ça serait bien, soupira-t-elle en s’affalant sur le bureau, les yeux toujours sur Entonnoir.
Ananas éclata de rire.
‒ Si tu peux l’appâter, je suis sûr qu’il le peut.
‒ Ouais, on pourrait saupoudrer l’Armée du Sel avec des copeaux de bois, puis on lâcherait Entonnoir sur eux, rajouta Mandarine en se joignant au rire.
Ils rigolèrent ainsi pendant quelques minutes, avant de soudainement s’arrêter avec sérieux. Mandarine le regarda. Ananas la regarda. Ils regardèrent tous deux Entonnoir.
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Le jour que tout le monde au Royaume du Sucre redoutait arriva : l’Armée du Sel était là. La population avait été éloignée autant que possible du lieu d’affrontement, et les soldats sucrés étaient positionnés non-loin de la frontière où apparaîtrait l’ennemi. Ils attendaient de pieds fermes, prêts à protéger Sucre de leur vie si le Plan échouait. Aussi fou soit-il, ce Plan était la seule chose qui empêcherait les guerriers de Sel de mourir sur leurs terres et de les rendre infertiles à toutes cultures. Que les divinités puissent leur accorder leur bénédiction.
Mandarine se trouvait au milieu d’autres sorciers et sorcières, surveillant le ciel. Il était rempli de cumulonimbus, et ça n’avait pas été une partie de plaisir d’en rassembler autant. Les autres étaient occupés à vérifier leurs cargaisons, qui pesaient lourd sur leurs balais. Pour qu’elle ne soit pas en retard par rapport aux autres, Mandarine avait même reçu un balai tout neuf, sans pédales. Entonnoir se trouvait sur sa tête, dans une bulle-barrière l’empêchant de fuir pour aller grignoter tout ce qui pourrait lui tomber sous les dents.
Soudain, un feu d’artifice éclaira le ciel, signalant la mise en marche du Plan et le début des hostilités. Les mines sombres des sorciers devinrent encore plus sombres, et Mandarine inspira fortement.
‒ Décollage !
En un battement de cils, les airs furent remplis de sorciers et sorcières volant en direction de l’Armée du Sel, déterminés et prêts à gagner cette guerre. L’ennemi était pile là où devait être, dans la Plaine Clafoutis, sortant du passage des Montagnes de Croûtes. Dès que le dernier guerrier salé fut sorti, un groupe de sorciers s’élança en direction du passage afin de boucher magiquement toute retraite. Cette fois, le Roi mourait avec son Armée. Une solide barrière apparue, surprenant l’ennemi qui commença à attaquer la défense magique.
Profitant de la distraction, trois autres groupes de sorciers encerclèrent l’Armée du Sel, et firent jaillir du sol d’immenses murs de terre. Ils étaient encore plus hauts que les plus hautes murailles du château de Sucre, mais les guerriers de Sel avaient la possibilité de fusionner entre eux pour devenir encore plus grands et destructeurs, il fallait donc les empêcher de passer par-dessus les remparts de terre.
‒ Vous croyez que cette pathétique tentative va nous empêcher de vous détruire ?! hurla le Roi du Sel. Pitoyable !
Mandarine abaissa le manche de son balais pour perdre de l’altitude, et se retrouva dans la ligne de mire du chef de leur ennemi.
‒ Non, ça c’est le piège à rats ! rétorqua-t-elle en souriant. Sdnarg subminolumuc, ec nitam udnopér à ertov emginé ia’j. Eriaf rebmot al eiulp à suov ! Siam li’s suov tîalp sap port trof. [Grands cumulonimbus, j’ai répondu à votre énigme ce matin. À vous de faire tomber la pluie ! Mais pas trop fort s’il vous plaît.]
Et la pluie tomba. Ce n’était pas un déluge, mais c’était suffisamment fort pour ramollir les guerriers salés. Après environ dix minutes de trempage, la pluie cessa.
‒ Équipe Cargaison, à vous !
D’autres sorciers et sorcières entrèrent dans la formation, déchargeant leur charge sur l’Armée du Sel. Après une pluie d’eau, ce fut une pluie de copeaux de bois qui s’abattit sur l’ennemi. Les soldats salés s’enlisèrent dedans, comme le ferait les roues d’un chariot dans la boue.
‒ Ce contre-temps ne vous sauvera pas ! pesta le Roi du Sel, en colère.
‒ C’est exact. Mais lui en revanche…
Mandarine sortit de ses cheveux Entonnoir, et le plaça dans sa main, bien en vue de tout le monde. L’armée du Sel s’immobilisa.
‒ Qu’est-ce que ce… Non… C’est un… Racailleux ?!
L’armée du Sel, frissonna et tenta plus activement à sortir du sable de bois. La jeune sorcière cligna des yeux en regardant son familier. C’était une espèce connue ? Première nouvelle. Mais plus important…
‒ Vous en avez peur ?
‒ … Non ?
Mandarine fit son plus joli sourire, sortit une fiole de potion de sa besace et la fit boire à Entonnoir, qui la bu goulûment. Après un rot des plus sonores, il fut balancé au milieu du piège où les guerriers salés poussèrent des cris de petites filles effarouchées. Entonnoir atterri sans mal sur le sol, la potion lui donnant une taille aussi imposante qu’un gros carrosse.
‒ À table ! T’as le droit de manger tout ce qui se trouve à l’intérieur des murs, Entonnoir ! Fais-toi plaisir !
Le rat écailleux - ou Racailleux - ne se le fit pas dire deux fois. Affamé comme il l’était après avoir été forcé de jeûner tout le jour précédent, il se jeta voracement sur l’Armée du Sel.
Ce fut un massacre unilatéral.
Entonnoir mangea jusqu’au dernier soldat salé, lécha jusqu’au dernier grain de l’ennemi avec une joie gourmande rarement égalée. En deux petites heures, l’Armée du Sel fut annihilée par un rongeur.
L’humanité était sauvée.
La fête de victoire fut grandiose. Toute la population explosait de joie devant cette guerre qui n’avait même pas eu le temps d’exister. Ils étaient toujours en paix. Les jours heureux pouvaient continuer sans anicroche.
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Mandarine profitait avec joie de son congé tant mérité, et surtout très attendu.
C’était une héroïne. Celle qui avait eu l’idée du Plan (avec Ananas), celle qui était la maîtresse de l’animal qui les avait tous sauvés. Ce n’était donc pas un jour de congé que la sorcière avait obtenu, mais une semaine complète.
Une semaine sans avoir à travailler !
Le paradis existait, son lit en était la preuve. Rien ne pourrait gâcher ce plaisir. Elle était libre de faire la grasse matinée jusqu’au soir. Elle-
La porte de sa chambre s’ouvrit avec fracas, suivi d’un Ananas paniqué la secouant de toutes ses forces.
‒ Mandarine ! Ton truc a fait des petits !
‒ Impossible, c’est un mâle !
Pourquoi, pourquoi fallait-il toujours que ces rares jours de congé soient gâchés ?...
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