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La Volonté du Neuvième T1 - Retour aux sources
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tome 1, Chapitre 8 « Espoir d'avenir radieux » tome 1, Chapitre 8

En devenant mère, Inko ne pensait pas que l’inquiétude et l’anxiété seraient ses émotions par défaut. Ou du moins, les principales. Elle avait toujours énormément d’amour et de tendresse pour son petit garçon, mais elle se rendait bien compte que la situation d’Izuku lui faisait ressentir bien plus d’inquiétude et d’anxiété que ce que ressentaient les autres mères.

Elle s’inquiétait que son fils ne puisse pas avoir une vie normale, et elle était anxieuse qu’il se blesse et finisse à l’hôpital. Et Inko savait, elle savait, que si Izuku avait eu un alter, elle ne penserait pas à tout ça. Donc en plus de l’inquiétude et de l’anxiété, elle culpabilisait.

Inko culpabilisait pour l’état d’Izuku (elle l’avait porté c’était donc de sa faute, n’est-ce pas ?), de s’inquiéter pour lui au-delà du normal, de lui mentir sur ses chances inexistantes d’être un héros car aucune école ne voudra l’accepter. Même les écoles générales ne voulaient pas d’étudiants Sans-Alter dans leurs murs, sauf rares exceptions, alors une école héroïque…

Honnêtement, même si Izuku avait eu un alter, Inko n’aurait pas été très enthousiaste à l’idée que son bébé adoré devienne un héros. L’héroïsme était un domaine dangereux rempli de violence, et elle trouvait son petit garçon bien trop gentil et tendre pour une telle carrière. Elle comprenait qu’il veuille aider les gens, il avait le cœur sur la main et elle en était fière, mais elle préférait qu’il aide les autres sans avoir à risquer sa vie.

Donc quand il lui avait parlé de ce qu’il faisait sur l’ordinateur, elle avait été heureuse. Izuku avait trouvé un moyen d’aider les gens sans se mettre en danger. Bon, elle s’était un peu inquiétée au début car parler avec des inconnus même par écrans interposés pouvait être dangereux, mais Izuku lui avait promis qu’il ne donnait absolument aucune information personnelle, ce qui l’avait rassurée.

Puis, un jour, il était rentré complètement excité, lui racontant joyeusement qu’il avait un alter. Il le lui avait même montré, et quand elle avait vu les éclairs verts parcourir le corps de son fils, ses jambes avaient flanché et elle s’était retrouvée par terre, inquiétant immédiatement Izuku. Après l’avoir rassuré qu’elle allait bien, que c’était juste l’émotion et qu’elle était très heureuse pour lui, Izuku s’était mis à raconter comment l’alter s’était activé, et Inko était contente d’être déjà par terre.

‒ J’étais en train de me promener en faisant mon footing quand je suis tombé sur la plage de Takoba, tu sais celle qui ressemble à une décharge à ciel ouvert ? Et j’ai été choqué que les gens laissent l’endroit dans cet état sans rien faire. Alors j’ai décidé que je la nettoierais. C’est une bonne chose à faire et en plus ça fait de l’entraînement supplémentaire, avait-il dit avec un grand sourire. Puis, au bout d’un moment, j’ai voulu porter quelque chose de trop lourd pour moi, mais je ne voulais pas laisser ce truc, ni y revenir un autre jour, tu vois ? Donc j’ai insisté et… Bam, mon alter est apparu maman ! Je me suis retrouvé allongé par terre sur le dos en ayant mal partout, mais je ne m’en suis pas aperçu tout de suite tellement que j’étais content d’avoir enfin un alter !

Fort heureusement pour son cœur de mère inquiète, une vieille héroïne avec un alter curatif se promenait dans le coin et avait entendu le bruit. Après l’avoir soigné et avoir demandé comment il s’était vraisemblablement fêlé presque tous les os du corps tout seul (Inko a failli s’évanouir en entendant cela), elle l’avait emmené avec elle pour l’ausculter après qu’Izuku lui ait avoué qu’il était Sans-Alter, mais qu’il était sûr que son alter venait de se manifester. Après examen, l’héroïne a prouvé qu’il avait bien un alter, et que le médecin qui l’avait diagnostiqué à l’époque s’était trompé.

Le docteur Tsubasa s’était trompé.

Izuku avait juste passé une radio pour établir le diagnostic, donc… y avait-il eu un échange accidentel ? Était-ce la faute du médecin ou de son personnel ? En y repensant, le docteur Tsubasa avait pris sa retraite quelques mois - peut-être deux ans - après avoir ausculté Izuku, et Inko ne put s’empêcher de penser que la vieillesse avait déjà dû commencer à faire des ravages chez l’homme. Elle ne put s’empêcher également de s’en vouloir et de ne pas avoir emmené par précaution son fils chez un autre médecin pour avoir un second avis, au cas où. Elle regrettait de ne pas y avoir pensé.

Le lendemain même, ils allèrent tous deux à la mairie pour mettre à jour le registre alter d’Izuku. L’héroïne avait même fait un certificat pour prouver qu’il ne mentait pas. Non pas que ça ait servi à quelque chose, le personnel jetant à peine un coup d’œil dessus. Mais c’était le geste qui comptait, et l’appréciant Inko lui avait envoyé un petit panier-cadeau pour la remercier de sa gentillesse (et de son absence de préjugés).

La vie semblait avoir enfin décidé d’être plus douce avec son fils adoré. Maintenant qu’il avait un alter, bien qu’il soit différent du sien ou de celui de Hisashi ou d’une possible combinaison des deux (ce qui était un peu étrange), Izuku allait pouvoir vivre la même enfance que ses camarades et se faire des amis. Inko se sentait légère depuis l’annonce, et était heureuse pour Izuku. Son inquiétude était toujours là cependant, car il voulait encore plus que jamais devenir un héros. Avec un alter, il n’y avait aucune raison que les écoles héroïques ne le refusent s’ils réussissait les examens d’entrée, et elle savait que son fils était tout à fait capable de les réussir. Izuku n’était pas du genre à abandonner. Ça ne lui plaisait pas qu’il veuille être un héros, mais ça avait toujours été son rêve, et elle ne voulait pas être une mauvaise ou méchante mère en lui interdisant de faire ce qu’il voulait devenir. Inko avait décidé de le soutenir il y a des années, ce n’était pas pour retourner sa veste maintenant.

La vie adulte de son bébé serait remplie de violence et de dangers, et Inko essayait difficilement de se convaincre que tout irait bien, quand Izuku est venu vers elle tout nerveux et penaud en lui disant que quelqu’un qu’il avait rencontré sur internet voulait la rencontrer pour parler avec elle de son avenir.

Inko s’était naturellement mise à paniquer.

Il avait fallu une très longue explication et plusieurs assurances que non Izuku n’avait pas d’ennui, et que oui la personne était digne de confiance. Il lui avait dit que cette personne était un héros du nom de Nezu, et Inko ne pouvait que le croire sur parole, car elle ne connaissait que les noms des héros les plus populaires, et encore. C’était son fils qui était un très grand fan, Inko, elle, ne s’intéressait pratiquement pas au sujet. Ce qui n’avait pas empêché la mère qu’elle était de faire un véritable ménage de printemps dans tout l’appartement pour accueillir le héros comme il se doit. Les chances qu’il aille autre part que dans le salon étaient très minces, mais ça avait permis à Inko d’extérioriser son stress.

Par contre, ça n’avait rien fait contre sa panique au moment où l’on toqua à la porte le jour de la rencontre. Étrangement, Izuku était bien plus calme qu’elle ne l’aurait cru. Mais peut-être était-ce parce que lui et le héros se parlaient sur internet depuis un moment et qu’il avait développé une sorte d’habitude, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré en vrai ?

‒ Bonjour, Nezu-san, lança joyeusement Izuku après avoir ouvert la porte. Je suis content de vous rencontrer !

‒ Bonjour Midoriya-kun ! Moi aussi je suis heureux d’avoir enfin la chance de te parler de vive voix.

Inko savait que cette personne était un héros, mais elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit… eh bien, un animal. Dans son excitation, il semblerait qu’Izuku avait oublié de lui dire certaines choses. Il lui avait néanmoins dit qu’il avait un alter d’intelligence supérieure, donc ça devait être pour cela que malgré le fait qu’il soit un animal, il pouvait être un héros et diriger une école héroïque.

‒ Bonjour Midoriya-san, fit Nezu en s’inclinant, tandis que la porte se fermait derrière lui. Je suis ravi de vous rencontrer, et je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer.

‒ Enchanté Nezu-san, lui retourna-t-elle poliment.

Elle guida leur invité dans le salon, et une fois installés, servit le thé. Izuku l’avait aidé à le choisir et lui avait même indiqué de le mettre à infuser quand Nezu toquerait à la porte. Ce qu’elle avait fait. Izuku semblait bien connaître les goûts de… du héros, alors autant suivre ses directives.

‒ C’est un excellent thé, Midoriya-san, la remercia-t-il après une gorgée. Est-ce que Mido- pardon, Izuku-kun vous a-t-il expliqué la raison de ma venue ?

‒ Eh bien, il a dit que cela concernait son avenir, mais je crains qu’il ne soit pas rentré dans les détails. Comme il était assez excité de vous rencontrer, il a dû oublier.

Izuku rougit légèrement, se cachant derrière sa propre tasse.

‒ Aucun problème, fit joyeusement Nezu. Mais avant de vous expliquer, connaissez-vous les activités de votre fils sur internet ?

‒ Vous voulez dire ses analyses ? Oui, je sais qu’il aide les gens qui ont des problèmes avec leur alter. Ce n’est pas un problème, n’est-ce pas ? s’inquiéta Inko.

‒ Pas du tout, au contraire ! Le travail d’Izuku-kun m’a interpellé, et découvrir qu’il avait un tel niveau en analyse des alters à un si jeune âge, et sans formation qui plus est, m’a beaucoup intéressé. Et je ne suis pas le seul ! Avez-vous déjà entendu parler de la Community of Quirk Analysts, Midoriya-san ?

‒ Je crains que non monsieur, répondit Inko avec franchise.

‒ C’est un forum mondial où des analystes professionnels d’alters se réunissent pour parler et débattre de tout ce qui se passe dans le domaine des alters. J’en fais partie, et avec d’autres membres de la CQA nous voudrions qu’Izuku-kun nous rejoigne. Mais comme il n’est pas un professionnel et qu’il est encore jeune, la proposition a fait débat, raconta Nezu en buvant tranquillement sa tasse de thé. Personnellement, je trouve qu’il serait criminel de ne pas permettre à votre fils de développer son talent inné pour l’analyse, et j’ai réussi à obtenir un compromis.

‒ Lequel ?

Inko était un peu perdue. Fière que quelqu’un - un héros qui plus est - reconnaisse les mérites et le talent d’Izuku, mais tout de même un peu perdue. Elle ne pensait vraiment pas qu’analyser les alters des gens pouvait être un métier, que c’était juste une option possible allant avec le diplôme d’enseignant. Et pour être honnête, elle n’avait jamais compris grand-chose aux analyses de son fils, à part qu’il adorait ça presque autant que les héros. Il lui avait déjà posé de nombreuses questions sur son alter auxquelles elle répondait patiemment, et Izuku faisait des hypothèses sur ce qu’elle pouvait faire. Certaines d’entre elles étaient intéressantes, mais d’autres étaient effrayantes, comme celle où elle pourrait potentiellement attirer les molécules d’une personne.

‒ La CQA dans son ensemble accepte qu’Izuku-kun nous rejoigne à la condition qu’il valide entièrement la première année de licence d’analyse alter. Mais comme il est mineur, et surtout n’a pas encore son diplôme de lycée en poche, je me propose de le parrainer afin qu’il puisse suivre la formation. Si vous acceptez de donner votre autorisation, Izuku-kun pourra commencer dès cette année.

Inko resta silencieuse quelques secondes, le temps que l’information soit complètement traitée par son cerveau. Un héros voulait aider son fils à développer son analyse. Des professionnels du sujet acceptaient qu’un adolescent les rejoigne dans leur communauté sélective. Oh oui, elle était très fière de son petit garçon, et heureuse qu’il puisse faire quelque chose qu’il aimait ! Mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait accepter sans tout connaître de la situation.

‒ Je suis sincèrement touchée que vous vouliez aider Izuku, mais je me permets d’émettre quelques réserves, dit-elle avec son assurance de mère. Izuku doit faire sa rentrée au collège dans moins deux semaines, il est donc hors de question qu’il quitte l’école sans le moindre diplôme. Et aussi intelligent qu’il soit, je ne pense pas qu’il puisse suivre un cursus universitaire en plus des cours standards.

‒ C’est une contrainte déjà réglée, Midoriya-san. La licence peut se faire en ligne à distance, et avec ma recommandation, l’université accepte de donner à Izuku-kun un large délai pour qu’il puisse valider la première année, tout en poursuivant ses cours du collège sans problème. Il ne sera donc pas contraint par le rythme universitaire.

Bien, c’était une bonne nouvelle. Inko ne pouvait rien faire pour empêcher Izuku de devenir un héros, mais ça ne voulait pas dire qu’elle allait fermer les yeux sur l’absence des diplômes de base. Surtout que pour entrer dans n’importe quel lycée, il fallait obligatoirement être diplômé du collège.

‒ C’est une inquiétude en moins, reconnut-elle en hochant la tête. Et j’imagine que cela vaut aussi pour les autres années de la licence ?

‒ Tout à fait ! Je tiens à parrainer Izuku-kun jusqu’au bout, et même pour les cursus se trouvant au-delà de la licence s’il le désire.

Inko eut les larmes aux yeux. C’était la première fois qu’elle entendait quelqu’un dire qu’il soutiendrait son petit garçon. Certes, Nezu ne devait pas savoir qu’il était considéré comme Sans-Alter jusqu’à récemment, n’ayant sans doute parler que de son analyse des alters. Mais elle prendrait ce qu’elle pouvait avoir. En plus, Nezu donnait à Izuku une voie de sortie s’il ne souhaitait plus devenir un héros. Et ça, Inko ne pouvait pas le laisser passer. Elle savait très bien qu’il y avait peu de chance que son garçon adoré renonce à être un héros, à moins de se retrouver dans l’impossibilité physique et mentale de continuer dans cette voie. Et savoir qu’il y avait de grandes chances que ça arrive à Izuku, voire pire, la terrifiait au-delà de toute raison. Mais Inko voulait que son fils soit heureux, alors elle avait accepté de vivre avec sa peur.

‒ Je ne sais pas si Izuku vous l’a dit, mais il veut être un héros. Comme vous êtes à la tête d’une école héroïque, pensez-vous sincèrement que le programme du cursus héroïque permet de suivre une licence universitaire en parallèle, même aménagée ?

‒ Non, répondit le héros, à la surprise visible d’Izuku. Je suis au courant des projets de votre fils, et j’ai hâte de le voir rejoindre Yûei, mais effectivement, le programme héroïque est très chargé et tenter de suivre les deux cursus en même temps va nuire à son apprentissage.

‒ Je suis donc obligé de choisir ? demanda son fils d’une toute petite voix. Je ne peux pas faire les deux ?

Le cœur d’Inko se serra devant sa mine défaite. Elle s’était bien doutée qu’Izuku voudrait faire la licence dans son ensemble. Il adorait les alters.

‒ Tu le peux, Izuku-kun, mais pas en même temps. Je pense que tu validera au moins la première année de licence avant la fin collège, ainsi nous pourrons la mettre en pause le temps que tu termines Yûei, pour la reprendre ensuite.

‒ C’est vraiment possible ?

‒ Je suis le Principal ! Je peux donc tout à fait m’arranger pour que ça le devienne.

Izuku sourit, ses yeux plein d’espoir tournés vers elle.

Inko réfléchissait. Elle était à deux doigts d’accepter cette proposition, parce que le bonheur et l’avenir de son fils lui tenait à cœur, mais elle ne savait pas s’ils auraient assez d’argent pour payer ne serait-ce que la première année de la licence. Surtout qu’Izuku ira à Yûei quoiqu’il arrive, elle le savait. Inko avait réussi à mettre un peu d’argent de côté grâce à son petit boulot justement pour payer le lycée de son fils, et si elle acceptait cette formation, elle devra sans doute basculer sur un temps plein. Ça l’embêtait beaucoup car elle voulait être présente quand Izuku rentrait de l’école. Mais… n’était-ce pas un petit sacrifice pour permettre à son petit garçon adoré un avenir assuré quoi qu’il arrive ?

‒ J’accepte, dit-elle une fois sa décision prise. Je veux ce qu’il y a de mieux pour Izuku.

Inko se dit dans un coin de sa tête qu’elle aurait dû demander un délai de réflexion pour qu’elle puisse en parler avec Hisashi, mais avec le décalage horaire ils se parlaient très peu, ne communiquant principalement que par mail. Et puis, son mari lui avait dit qu’il lui faisait confiance quant aux décisions concernant Izuku, qu’il se fiait à elle et donc qu’elle n’avait pas besoin de lui demander son avis à chaque fois. Ça la blessait qu’il ne s’occupe pas plus que ça de son fils, mais au moins il pourvoyait à ses besoins matériels et alimentaires sans hésitation. Pour le reste, Inko s’en chargeait aussi bien qu’elle le pouvait.

‒ Fantastique ! applaudit Nezu. Oh et rassurez-vous, en tant que parrain d’Izuku-kun, j’aiderais à payer ses études universitaires dans le domaine des alters.

‒ Q-quoi ?! glapit Inko sous la surprise d’une telle offre. Non, c’est beaucoup trop généreux, nous pouvons nous débrouiller !

‒ Cela fait partie de mes obligations en tant que parrain, et je le fais de bon cœur. De plus, l’étude des alters n’est pas aussi prisée qu’on pourrait le croire, et la société commence doucement mais sûrement à manquer d’experts dans le domaine. Je m’en voudrais de ne pas aider quelqu’un qui a la possibilité d’améliorer la situation.

Les gènes de la famille s’activèrent, et les larmes inondèrent le salon. Larmes de joie, de fierté, de soulagement. La vie semblait vraiment vouloir récompenser Izuku de n’avoir jamais abandonné depuis la jour où il a été - par erreur - diagnostiqué Sans-Alter. Il avait enfin la possibilité d’avoir une vie normale, une vie qu’il souhaitait de tout son cœur.

Et Inko, en tant que mère, ne pouvait qu’être heureuse pour lui.

oOo Plus Ultra oOo

Le ciel clair et les pétales des fleurs de cerisiers virevoltant dans les airs donnaient une touche de beauté au bâtiment scolaire devant Izuku. Orudera ressemblait à tous les bâtiments scolaires classiques du pays, et son aspect terne et monotone reprendrait le dessus une fois l’éclosion du printemps terminée.

Les grilles passées, Izuku ne put s’empêcher de s’arrêter au milieu de la cour d’entrée, les souvenirs de son premier vécu en ces lieux bombardant son esprit. L’ancien Izuku avait espéré que le passage au collège allait changer les choses pour lui, qu’il pourrait se faire au moins un ami, ou au moins que ses camarades oublieraient son existence, Katsuki le premier. Ce qui n’était jamais arrivé. L’actuel Izuku savait que les choses allaient changer pour de vrai cette fois-ci, tout simplement parce que dans cette vie, il avait un alter.

Ça faisait un peu plus de trois semaines qu’il avait de nouveau One For All, et ça avait été étrange de recommencer à s’entraîner avec l’alter, après s’être réhabitué pendant tant d’années à être Sans-Alter. Non pas que ça avait été difficile. Bien qu’il n’avait eu l’alter qu’une petite année scolaire, il y a près de huit ans, Izuku se souvenait de comment l’activer et l’utiliser sans se briser quoique ce soit. Il avait eu un peu peur de ne pas réussir au début, se souvenant de la difficulté dans son premier vécu à maîtriser l’alter, mais il semblerait qu’utiliser un alter c’était comme le vélo : ça ne s’oubliait pas.

Ainsi, il avait pu reproduire le Full Cowl, et à douze ans, Midoriya Izuku pouvait réellement gérer One For All à 1% de puissance.

Ce constat avait été un soulagement pour lui. La preuve que, depuis son voyage, tous ses efforts n’avaient été pas vains. Il avait essayé de monter le niveau de puissance, mais à 2% il sentait ses muscles tirés méchamment, et à 3% ses os s’étaient fêlés. Recovery Girl n’avait pas trop rouspété quand elle l’avait soigné, sans doute parce qu’elle devait s’attendre à beaucoup plus de dégâts. Ce qui se serait passé si Izuku avait utilisé l’alter à fond comme la première fois.

Alors, oui, 1% ce n’était pas beaucoup, mais Izuku était en première année de collège, il avait donc le temps de s’entraîner et d’augmenter son taux d’utilisation d’One For All. Mais surtout, il avait le temps à ce que son corps s’habitue à la présence de l’alter. Donc même si dans un an il n’arrivait toujours pas à dépasser les 5%, ce n’était pas si grave car son corps aurait appris passivement à gérer un alter, ce qu’il n’avait pas pu faire la première fois avec toutes les attaques de vilains et autres évènements scolaires.

‒ Dégage du chemin, Deku !

Izuku sursauta à la voix de Katsuki, et se décala par automatisme. Les vieilles habitudes ayant la vie dure. Le blond, son expression énervée par défaut collé son sur visage, traversait la foule qui s’écarta du chemin bien que les autres élèves n’étaient pas la cible de la remarque. Comme d’habitude, les gens semblaient instinctivement décider que Katsuki était au-dessus d’eux et en réaction soit évitaient de devenir sa cible soit essayaient de se faire bien voir. Et Izuku, dans chacune de ses deux vies, n’a jamais fait ni l’un ni l’autre. Si jusqu’à présent il avait évité Katsuki, ne voulant pas que les choses se retournent contre lui, maintenant, tout ça était fini.

‒ Ce n’est pas mon nom.

Katsuki s’arrêta et le foudroya du regard, la colère bien visible sur son visage. Mais Izuku ne s’en préoccupa pas. Il en avait marre d’être appelé par ce surnom dégradant qui n’était qu’une insulte depuis des années. Il avait été touché que Uraraka considère ça comme quelque chose d’affectueux et proche de dekiru*1 (et aussi parce que c’était la première fille qui lui parlait et voulait être amie avec lui), et avait donc essayé d’en faire une force, quelque chose de positif dans son premier vécu. Mais depuis son voyage, seuls Katsuki et certains de ses suiveurs l’appelaient de cette façon, et Izuku en avait vraiment marre d’être considéré uniquement par son - désormais ancienne - absence d’alter.

‒ Qu’est-ce que tu viens de dire, Deku ?!

L’ancien Izuku se serait recroquevillé sur lui-même face à cette réaction et se serait excusé, apeuré de recevoir des coups ; mais l’actuel Izuku ne bougea pas et ne détourna pas non plus le regard. Il savait depuis le début de l’école primaire qu’il pouvait se mesurer au garçon blond, même sans alter. En fait, il pouvait même le battre s’il s’y prenait correctement. Mais Izuku, connaissant le mauvais caractère de Katsuki, ne voulait pas subir le retour de flamme, et avait toujours cherché l’évitement et la fuite, plutôt que l’affrontement. Mais maintenant c’était fini. Ils étaient au collège, Yûei à portée de bras.

Izuku considérait que Katsuki pouvait toujours être un héros. Qu’il serait un héros. Et Izuku considérait aussi que pour cela, son attitude devait changer, être différente de ce qu’elle a été dans son premier vécu à la même époque, la pire de sa vie avec la chasse d’All For One. Un héros était quelqu’un qui sauvait les gens, et non quelqu’un qui transformait les gens en punching ball parce qu’il les considérait comme faibles, inutiles et sans valeur.

‒ Ce n’est pas mon nom, Katsuki, répéta Izuku avec assurance nouvelle.

Les yeux de Katsuki se plissèrent, un nouveau niveau de colère atteignant son visage. Il amorça un mouvement dans sa direction, avant de se stopper et de jeter un coup d’œil aux adultes présents près des barrières. Il se détourna soudainement avec un claquement de langue agacé et reprit sa route, au grand étonnement d’Izuku.

Ça, c’était nouveau. Nouveau et inattendu. Depuis quand Katsuki se souciait des adultes, surtout qu’ils n’avaient jamais été du côté d’Izuku ? À moins qu’il attendait de voir la réaction des enseignants quand ils sauraient qu’Izuku était Sans-Alter ? Sauf qu’il ne l’était plus. Il avait One For All désormais. Izuku aurait voulu prouver à Katsuki que même sans alter il n’était pas faible et inutile, mais maintenant qu’il avait un alter c’était impossible. On ne peut pas toujours avoir tout ce qu’on veut dans la vie.

En parlant de l’alter, Izuku avait dû évidemment lui trouver un nom différent lors de l’enregistrement, pour éviter qu’All For One ne découvre trop tôt que l’alter avait été transmis. Trouver un autre nom que Super-Puissance n’avait pas été facile (il n’a jamais été doué pour les noms), mais il s’était finalement décidé pour Énergie. C’était simple, peut-être trop simple, mais c’était un nom qui couvrait la majorité des alters des Prédécesseurs, et qui expliquait facilement la super force et la super vitesse qui étaient les utilisations de base d’One For All.

Le garçon se secoua de ses pensées et reprit sa marche en direction du tableau d’affichage qui indiquait dans quelle classe il avait été placé. Il savait déjà par avance à cause d’un karma improbable que Katsuki serait avec lui, mais il ne pensait pas qu’ils seraient dans la même classe que dans son premier vécu. Une fois l’information trouvée, Izuku se dirigea vers le gymnase, avec les autres premières années, où se déroulerait la cérémonie de bienvenue.

Ce fut assez long et ennuyeux, car Izuku se rappelait un peu de la première, mais ça ne l’empêcha pas d’écouter sagement. Quand ce fut enfin fini, il suivit le professeur principal de leur classe les dirigeant vers leur nouvelle salle de classe, sans faire attention à ses camarades de classe. Ils n’avaient pas été amicaux quand il était Sans-Alter, donc le fait qu’ils le soient parce qu’il ne l’était plus, ne donnait pas envie à Izuku de devenir amis avec eux. Ça lui faisait mal, mais il avait déjà survécu dix ans sans amis (dix-huit en comptant son second vécu), il pouvait tenir encore trois ans.

Katsuki lui jeta un regard noir quand il s’installa à sa place indiquée sur la tableau, non loin de lui. Il attendit sagement que tout le monde soit assis et que le professeur commence les fameuses présentations de début d’année. Quand il était encore Sans-Alter, ces présentations avaient été une source de stress et d’angoisse pour Izuku, car il savait que ses maigres espoirs seraient détruits après avoir fait sa présentation. Mais Izuku n’était plus Sans-Alter. Alors quand ce fut son tour, il se leva avec assurance, rejetant le sourire narquois d’anticipation de Katsuki qu’il voyait du coin de l’œil.

‒ Je suis Midoriya Izuku, et mon alter s’appelle Énergie. J’adore les alters, ainsi que les études sur le sujet. Mon rêve est de devenir un héros.

Il salua et se rassit.

Une seconde. Deux secondes. Trois secondes.

Des rires provenant de ses camarades avec qui il avait été à l’école primaire résonnèrent dans la classe, sous les yeux confus des autres, et servaient de fond sonore à la réaction de Katsuki.

‒ Stupide Deku ! Tu sais très bien que ça ne sert à rien de mentir ! T’es un perdant Sans-Alter inutile et sans valeur, alors arrête d’espérer le contraire ! Tu ne seras jamais un héros !

Le professeur qui jusque là essayait de faire revenir le calme sans succès, regarda sévèrement Izuku et éleva la voix pour se faire entendre :

‒ Midoriya, tu es prié de ne pas mentir ou tu auras une retenue.

‒ Je n’ai pas menti, sensei. Vous pouvez vérifier dans mon dossier, lui répondit calmement Izuku.

Le professeur n’eut pas le temps de répondre que Katsuki revint à la charge.

‒ T’es désespéré au point de falsifier ton dossier Deku ?!

‒ Je n’ai pas falsifié mon dossier, Katsuki. Et je t’ai déjà dit que ce n’était pas mon nom, grogna-t-il.

Les élèves qui avaient été avec eux à l’école primaire, s’arrêtèrent de rire. Ils savaient bien qu’Izuku répondait souvent à Katsuki, mais ce n’était jamais de façon aussi directe, ni aussi assurée.

‒ Tu mens, foutu perdant ! Je sais depuis la maternelle que t’as pas d’alter !

‒ C’était une erreur de diagnostic. Mon alter avait besoin d’une condition d’activation, et jusqu’à récemment je n’avais pas pu la remplir.

‒ Ah ouais ? Et c’est quoi ta fausse foutu condition d’activation de merde, hein ?!

Izuku serra les dents avant de répondre, car cette vérité faisait toujours mal.

‒ Tu n’es pas mon ami Bakugô, je ne suis donc pas obligé de te le dire.

Les yeux de Katsuki s’écarquillèrent légèrement en entendant son nom de famille, mais ça n’empêcha pas le blond de s’énerver, d’ignorer le professeur, et de frapper son poing contre son bureau, son alter crépitant dans l’autre.

‒ Je t’ai dit d’arrêter de mentir Deku ! Un perdant Sans-Alter faible et inutile ne peut pas avoir d’alter après autant de temps !

Izuku regarda Katsuki avec toute la confiance qu’il possédait, et dit :

‒ Je me fiche de ce que tu crois Katsuki. J’ai un alter et je serais un héros.

La réaction de son camarade de classe ne se fit pas attendre, et il bondit en hurlant, le visage rempli de colère, vers Izuku, son alter activé dans ses deux mains. Personne, y compris le professeur, n’eut le temps de réagir à l’assaut. Heureusement qu’Izuku s’y attendait. Il connaissait Katsuki par cœur et que ce soit dans son premier ou second vécu, le blond était toujours le même. Izuku activa One For All à 1% et bloqua le poing de Katsuki dans sa main sans se lever de sa chaise. Il eut un peu mal au bras parce que Katsuki ne s’était pas retenu, mais rien ne semblait suggérer qu’il s’était cassé ou fêlé quelque chose. Bien.

La salle de classe fut soudainement silencieuse. Sur les visages de ses camarades s’affichaient divers niveaux de surprise, d’étonnement et de choc. Mais ce n’était rien face à l’expression totale de choc de Katsuki, qui fixait les éclairs verts qui parcouraient le corps d’Izuku. Preuve indéniable de l’activation d’One For All chez lui.

Le professeur fut le premier à se remettre de ses émotions.

‒ Bakugô, retourne t’asseoir. Tu auras une retenue pour avoir tenté d’agresser un camarade.

Katsuki se tourna vers l’adulte complètement surpris de recevoir une punition, et ouvrit la bouche pour protester, mais l’enseignant fut encore une fois plus rapide.

‒ Retourne à ta place tout de suite Bakugô. Je ne dirais rien sur l’utilisation alter en classe, vu les circonstances, mais à la seule condition que cela ne se reproduise pas.

Katsuki ne put qu’obéir, sous le choc de la réprimande. Et il n’était pas le seul. Tous ceux ayant côtoyé le blond à l’école savaient que les enseignants avaient tendance à laisser les enfants activer leur alter, pensant qu’ils avaient encore du mal à les contrôler, bien que dans le cas de Katsuki c’était plus pour montrer sa soi-disante supériorité.

Izuku aussi était sous le choc. Sous le choc et en colère. Il avait fallu attendre qu’il obtienne un alter pour qu’un professeur prenne sa défense ?! Il savait que le monde était injuste, mais là… avoir une telle preuve sous les yeux, ça faisait vraiment mal.

Pourquoi les alters étaient-ils si importants ? Il ne comprenait pas.

Et pour la première et dernière fois de sa vie, Izuku se dit que les alters auraient mieux fait de ne jamais apparaître.

oOo Plus Ultra oOo

Les trois années de collège de Midoriya furent à la fois les plus tranquilles et les plus stressantes de ses deux vies.

Il n’était plus la cible d’intimidation de la part de ses camarades, y compris de Bakugô. Si le blond n’avait jamais tenté une nouvelle fois de s’en prendre à lui physiquement, il s’était fait plaisir verbalement, continuant de traiter Midoriya de Deku et de toutes sortes d’autres noms et surnoms dégradants. Du moins jusqu’à ce qu’il soit convoqué dans le bureau du principal après une énième insulte.

Si dans le premier vécu de Midoriya, le corps enseignant n’avait jamais rien fait contre le comportement du blond, dans ce vécu, ce n’était pas le cas. Bakugô était vu comme un fauteur de trouble, récoltant de nombreux avertissements et des commentaires négatifs sur son comportement. Seules ses très bonnes notes lui évitaient d’avoir des problèmes, et lui permettaient une certaine tolérance de la part des professeurs, car il était considéré comme l’un des deux seuls élèves à pouvoir être admis à Yûei.

L’autre étant Midoriya Izuku.

Dans ce second vécu, Midoriya était assez apprécié de ses camarades et professeurs. Il était calme, attentif, poli, prêt à aider les autres et toujours souriant. Et avait bien évidemment d’aussi bonnes notes que Bakugô. Il était souvent dans son coin, ses écouteurs dans les oreilles dès qu’il n’y avait plus cours, et mangeait seul avec un air concentré sur le visage devant son téléphone. Beaucoup l’avaient invité à rejoindre un club, mais Midoriya avait toujours refusé à cause d’emploi du temps chargé.

Et chargé, son emploi du temps l’était bel et bien.

Dès que la sonnerie annonçait la fin des cours, Midoriya était le premier à partir rejoindre la bibliothèque pour s’occuper de ses devoirs en un temps record. Ce n’était que lorsqu’il quittait l’enceinte du collège, que le gros de son emploi du temps commençait : ses cours de licence. Il n’avait pris que le nombre minimal obligatoire de matières, toutes entièrement orienté sur les alters, mais cela représentait malgré tout une importante charge de travail.

Comme il n’avait ni club, ni cours du soir, Midoriya avait le temps de consacrer quelque heures par jour aux cours universitaires. Il avait établi un planning strict pour réussir à valider sa première année de licence en même temps que celle du collège, et avait bien l’intention d’y parvenir. Dans son premier vécu, il avait réussi à survivre à l’entraînement de l’enfer de All Might tout en obtenant son diplôme, alors il devrait pouvoir réussir ça, bien qu’il ait moins de temps à y consacrer cette fois.

Et ce qui grignotait son temps libre, était tout simplement les cours de Krav Maga que sa mère avait enfin accepté qu’il suive. Midoriya Inko avait finalement cédé, se disant que l’alter de son fils le protégerait s’il se blessait durant les cours, et qu’un héros sachant se battre avait moins de chance de finir blessé.

Il ne fallait pas non plus oublier l’objectif que Midoriya s’était fixé : nettoyer la plage de Takoba. Il ne pouvait le faire que le week-end, toujours le matin, afin d’avoir du temps pour ses devoirs et ses cours de licence, mais aussi se reposer correctement. Le Neuvième Détenteur d’One For All se débarrassait des déchets sans activer l’alter, sachant pertinemment que son corps n’était pas encore assez fort pour l’utiliser. De toute façon, il avait prévu de se consacrer à l’entraînement alter à partir de sa troisième année de collège.

Mais comme Midoriya Izuku ne connaissait pas le sens du mot modération, il avait continué de suivre le même entraînement quotidien qu’il faisait depuis des années. Il avait adapté les horaires pour pouvoir continuer le Rajio Taisô avec sa mère, ou avait remplacé la musique qu’il écoutait durant son footing par les fichiers audios de ses cours universitaires, par exemple.

Bref, Midoriya n’avait presque plus de temps d’avoir un quelconque loisir, mais ça ne le dérangeait pas, car c’était pour lui une opportunité qui ne se refusait pas.

Et à la fin de sa première année de collège, Midoriya Izuku valida également sa première année de licence, sous le regard fier, heureux et larmoyant de sa mère.

Les deux années suivantes ne furent que la répétition quasi exactes de la première.

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*1 "Tu peux le faire", en japonais.


Texte publié par Yuedra, 6 mars 2022 à 03h40
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tome 1, Chapitre 8 « Espoir d'avenir radieux » tome 1, Chapitre 8
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