L’annonce sur le retrait temporaire d’All Might en tant que héros pour des raisons personnelles fut accueillie avec beaucoup de surprise et de peur de la part de la population japonaise. Les gens ne comprenaient pas ce qui pouvait empêcher leur héros numéro un d’être sur le terrain et de les protéger. Certains étaient même en colère, se sentant abandonnés.
Izuku, pour sa part, était perplexe face aux réactions des gens.
Il avait vécu le retrait définitif d’All Might dans son premier vécu, et les gens n’avaient pas été si démonstratifs et virulents. Mais en même temps, la situation était un peu différente. Ce qui s’était passé à Kamino avait été filmé en direct à la télévision et les gens avaient vu le héros perdre son pouvoir face à un vilain. Aux yeux de la population, l’impossibilité pour All Might d’utiliser désormais son alter était passé comme un sacrifice pour protéger les gens, faisant de son retrait une conséquence inévitable, mais surtout compréhensible.
Ce qui n’était pas le cas avec ce qui se passait actuellement. All Might se retirait pour une durée indéterminée à cause de ses blessures, mais il était hors de question que les gens l’apprennent. Et comme le motif “raisons personnelles” était très vague, on se retrouvait avec des réactions d’incompréhension et de colère à la télévision, sur internet, et même dans la cour de l’école où les enfants répétaient les opinions de leurs parents à leurs camarades.
Pour Izuku, c’était une preuve supplémentaire qu’un Symbole de la Paix, encore plus représenté par un seul et unique individu, n’était pas une bonne idée. L’équivalent de guerre civile qu’il avait vécu après qu’All For One se soit échappé du Tartare, avait planté et fait pousser les graines du doute à ce sujet. Doute qui se consolidait au fur et à mesure des jours qui passaient.
Le garçon, en tant que fanboy de héros, passait une grande partie de son temps libre sur l’ordinateur où il défendait ardemment All Might, ainsi que les autres héros qui se retrouvaient avec plus de travail et de personnes surveillant leurs faits et gestes. Les vilains profitaient du retrait d’All Might pour commettre leurs méfaits avec plus de courage qu’auparavant, ce qui avait engendré un pic de panique de la part des civils qui harcelaient presque les héros pour qu’ils remédient à la situation. Et ces mêmes héros commençaient à en être énervés.
C’était discret et léger. Dès qu’ils passaient à la télévision, ils affichaient le comportement habituel de leur personnage héroïque ; mais dès qu’ils passaient derrière un écran, l’être humain refaisait surface. Très peu de monde avait dû le remarquer, et Izuku ne l’aurait pas fait si certains mots et tournures de phrases ne revenaient pas sans cesse dans les messages de plusieurs héros différents.
“Nous faisons ce que nous pouvons.”
“Contactez la police pour les délits mineurs.”
“Soyez prudents durant vos trajets, en particulier la nuit.”
Et diverses phrases du même genre.
En gros, les héros disaient aux gens de faire plus attention et de ne pas se reposer sur les héros, surtout pour les situations où leur présence n’était pas absolument nécessaire. Comme les accidents, les crimes, ou encore les incidents environnementaux par exemple. Bref, demander l’aide d’un héros pour récupérer le chat coincé dans un arbre, était une dépense de temps inutile, surtout quand on pouvait demander à un voisin possédant une échelle d’aller récupérer ledit chat.
Izuku se rappelait de certains cours théoriques où Aizawa-sensei se plaignait du manque de logique de la part des civils, et vu les réactions qu’il constatait depuis l’annonce d’All Might, il ne pouvait qu’être d’accord avec le héros grincheux. Depuis l’apparition des alters, les gens avaient pris bien trop l’habitude que les héros soient toujours là pour les aider, peu importe la situation, même quand elle ne nécessitait pas l’utilisation d’alter ou de compétences particulières, comme le chat coincé dans l’arbre.
Alors en tant que fanboy de héros, mais surtout pour avoir connu en partie la réalité du terrain, Izuku utilisait tous ses comptes sur les différents médias et réseaux sociaux qu’il possédait pour expliquer autant qu’il le pouvait que les héros faisaient de leur mieux, que c’étaient des personnes, des êtres humains, et que les civils devaient apprendre à ne pas être dépendants des héros si la situation n’était pas dangereuse pour quiconque.
Après plus d’un mois à argumenter contre les mauvaises langues et à défendre les héros, l’utilisateur Ku avait obtenu une petite notoriété sur internet, à la grande incompréhension d’Izuku.
Dans son premier vécu, les gens sur internet, comme à l’école, n’avaient pas été gentils avec lui. Principalement parce qu’il avait affiché son statut de Sans-Alter dès le début. Il avait par la suite retiré l’information et même changé de pseudo, mais le mal était fait. L’information avait circulé, surtout à l’école, l’obligeant à bloquer tout le monde pour éviter le harcèlement. Il avait même créé un nouveau compte avec un nouveau pseudo, mais comme il ressemblait à l’ancien et qu’il analysait les héros et leur alter dessus, Izuku n’avait pas été tranquille très longtemps.
Donc quand il avait créé ses comptes, Izuku avait eu peur que cela ne se passe comme avant, quand il s’était aventuré pour la première fois sur internet lorsqu’il était au collège. Ce qu’il avait oublié, c’est que son second vécu différait beaucoup du premier. Dans cette vie, le garçon ne s’approchait de personne, maintenant une distance de sécurité pour ses marmonnements, faisant qu’aucun de ses camarades ou enseignant ne pouvaient comprendre le moindre mot. Ensuite, absolument personne ne pensait que sa mère laisserait son enfant se balader tout seul sur internet. Pour finir, lorsqu’il était connecté, Izuku se comportait plus comme l’adolescent de seize ans qu’il avait été que l’actuel enfant de dix ans qu’il était.
De plus, il avait appris de ses erreurs. Aucune donnée personnelle n’était présente nulle part (surtout pas son statut alter), et il avait choisi un pseudo sans aucun lien avec All Might. Ça avait été difficile pour le garçon, mais il lui fallait quelque chose d’un peu plus neutre et qui ne soit pas enfantin. Donc les noms tels que IzuMight ou MightIzuku étaient interdits. Tout comme Deku était hors de question. N’ayant jamais été doué pour trouver des noms sympas, en plus de n’avoir absolument aucune inspiration, il choisit la dernière syllabe de son prénom, Ku, écrit en romaji*1.
Bref, Ku semblait être apprécié là où Izuku était détesté.
Surtout depuis que Nezu avait posté un message sur son Twitter, le remerciant indirectement de prendre la défense des héros, ce qui avait fait frôler la crise cardiaque à Izuku. Pour la frôler une seconde de plus lorsque le principal lui envoya un message privé, lui disant de faire attention car il n’avait officiellement que dix ans.
« Nezu a-t-il piraté mon adresse IP ?! »
Pendant une journée entière, Izuku ne s’est pas approché de l’ordinateur, ayant une peur paranoïaque que l’hermine le surveille par l’intermédiaire de la machine. Puis l’appel des héros a été plus fort, et Izuku est revenu à ses bonnes vieilles habitudes de fanboy.
La nouvelle année avait eu lieu il y a quelques jours, mais Izuku pouvait dire que son vœu d’être laissé tranquille par Katsuki et ses camarades d’école était tombé dans l’oreille d’un sourd. Depuis la mi-Novembre il neigeait régulièrement sur Musutafu, et depuis autant de temps Izuku devait esquiver les boules de neige lancées contre lui par les enfants pendant la récréation. Ou la pause déjeuner. Ou au début et à la sortie de l’école. En gros, dès qu’il n’était pas en classe. Les cours de sports étaient aussi des moments à risque, mais l’enseignant les faisait heureusement rester à l’intérieur la plupart du temps.
Il était donc en train de courir pour éviter les projectiles neigeux, lorsqu’il glissa malencontreusement sur une plaque de verglas. Izuku réussit à ne pas se manger le trottoir, mais il était par terre, sans moyen d’esquiver et encore moins de riposter avec ses propres boules de neige, car les agents municipaux avaient nettoyé tous les trottoirs aux alentours des écoles.
Le garçon n’eut que le temps de se relever maladroitement, qu’il se fit brutalement plaquer contre le mur servant d’enceinte à son école primaire.
‒ Tu ne t’échapperas pas cette fois Deku !
Katsuki avait un visage victorieux où se discernait la colère d’avoir mis des mois à lui mettre la main dessus. Izuku s’en voulut, il avait baissé sa garde, pensant que le froid ralentirait suffisamment le blond pour lui laisser un peu de temps d’avance. Il n’avait pas pris en considération le possible verglas sur le sol, et avait oublié que le corps du garçon explosif se développait de plus en plus.
Il allait devoir se battre contre Katsuki.
« Merde ! »
‒ Il est temps que tu apprennes où est ta putain de place de Deku sans valeur !
Katsuki amorça son fameux crochet du droit, mais une large main l’empêcha de finaliser son coup.
‒ Qu’est-ce que tu penses être en train de faire, mon garçon ?
Izuku leva les yeux à cette voix familière et tomba sur le visage de All Might… qui ne souriait pas et semblait très en colère. Il frissonna, l’expression lui rappelant l’USJ.
‒ Mêlez-vous de vos foutues affaires, vieil homme ! Ce Sans-Alter inutile l’a cherché ! rétorqua Katsuki avec confiance.
Du point de vue de Katsuki, il n’avait aucune raison de cacher le statut alter d’Izuku, étant donné que tout le monde autour de lui à l’école semblait autoriser implicitement et subtilement tout ce qui lui arrivait. Pour la seule et unique raison qu’il voulait être un héros alors qu’il n’avait aucun alter. Si Izuku avait voulu être comptable ou informaticien, il était presque sûr que les gens auraient réagi différemment. Mais il semblerait que Katsuki pensait que tout le monde fonctionnait comme lui, estimant qu’être Sans-Alter était une offense à l’existence même.
Si ça avait été quelqu’un d’autre qu’All Might, il était vrai qu’il y aurait eu environ au moins entre dix et vingt pour cent de chance que la personne soit alteriste*2 et s’en aille en faisant ou non une remarque, comme être plus discret ou autre. Mais la plupart des gens n’auraient vu qu’un enfant sans défense - car sans alter - se faire malmener et auraient reproché à Katsuki de s’en prendre à quelqu’un d’aussi fragile et vulnérable. Ce qui, en soit, était à peine mieux pour Izuku.
Mais pour l’instant, Izuku était confus que Katsuki ne reconnaisse pas All Might, qui était pour lui aussi, son héros préféré. En examinant plus attentivement l’homme, il comprit pourquoi. Ce n’était pas All Might devant eux, mais Yagi. One For All n’était pas activé, et le héros portait une tenue civile. De plus, il avait visiblement commencé à maigrir.
‒ S’en prendre aux autres et les insulter n’est pas un bon comportement, mon garçon, et encore moins un comportement héroïque.
Katsuki se tendit face au reproche. Chose très inhabituelle pour lui.
‒ Si c’est ton comportement habituel, je vais devoir aller en parler à ton école, qui ira en parler à tes parents.
Une petite explosion de colère se déclencha dans la main libre du blond, qui profita de la surprise de Yagi pour s’échapper et courir loin de l’adulte.
‒ J’ai pas de foutues leçons à recevoir de vous !
Et il s’enfuit, ses deux amis habituels sur ses talons, lui criant de les attendre. Izuku ne put que soupirer de soulagement. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il se battrait contre Katsuki.
‒ Midoriya-shônen, est-ce que ça va ?
‒ Oui ! Merci Al- euh, Yagi-san ! sourit le garçon.
‒ Ce genre de situation arrive-t-il souvent ? demanda l’homme avec un ton inquiet.
‒ Non ! Non, assura Izuku. Jusqu’à maintenant, il n’avait jamais réussi à m’attraper. Mais je n’ai pas fait attention et j’ai glissé sur du verglas. Je ferais plus attention à partir de maintenant, ne vous en faîtes pas.
Cela ne sembla pas rassurer le héros.
‒ Mon garçon… Tu te rends compte que le fait de te faire poursuivre par tes camarades n’est pas normal, n’est-ce pas ?
Izuku détourna le regard. Bien sûr qu’il le savait. Mais honnêtement, courir pour échapper aux coups de Katsuki était une meilleure alternative que de se battre contre lui. Ou ce qu’il avait subi dans son premier vécu. Le dire à sa mère ne ferait que la faire s’inquiéter davantage pour lui, et il ne voulait pas risquer qu’elle lui enlève les cours de parkour parce que Katsuki cherchait à le frapper. Il ne voulait pas non plus que le blond ait des ennuis, car ça signifierait que ses agissements seraient marqués dans son dossier scolaire, ce qui l’empêcherait de postuler à Yûei et dans la plupart, voire toutes, les écoles de héros. Et Izuku ne voulait vraiment pas ça. Il savait que Katsuki pouvait être et serait un très bon héros. Il l’avait prouvé dans son premier vécu après tout.
‒ Je ne veux pas qu’il ait des ennuis, Yagi-san. K… Il veut être un héros.
‒ Aucun héros ne fait volontairement du mal aux gens, mon garçon, soupira l’homme.
‒ Je sais, grimaça Izuku. Mais il s’améliorera.
Ils restèrent silencieux, avant que Yagi ne reprenne la parole.
‒ J’étais à l’origine venu te parler, Midoriya-shônen. Es-tu libre ?
‒ Bien sûr ! s’exclama joyeusement Izulu.
‒ Formidable. Y a-t-il un parc dans le coin, avec peu de monde ?
Le garçon fixa le héros avec de grands yeux.
‒ Un parc ? Mais vous ne pouvez pas rester dehors par ce froid, Yagi-san ! Vous êtes encore en convalescence !
‒ Allons, je ne suis pas si fragi-
‒ Non, non ! le coupa Izuku. Nous allons nous mettre au chaud. Il y a un bar à chats pas loin, en plus il n’est pas très cher.
Yagi, après avoir un peu rouspété, se laissa finalement conduire jusqu’à la petite échoppe, posant des questions à l’enfant au sujet de l’école. Izuku répondait tout en restant vague, en particulier sur le fait qu’il était la majorité du temps ignoré par tout le monde. De toute façon, il préférait ça qu’être pris pour cible à longueur de journée.
Le bar ne comptait heureusement que très peu de clients, ainsi ils purent s’asseoir dans un coin tranquille après avoir commandé chacun un chocolat chaud. Lorsqu’ils furent installés, avec un chat curieux leur tournant autour, le héros lança la conversation :
‒ Voilà, mon garçon, si je suis venu te voir c’est… par rapport à One For All, expliqua-t-il à voix basse. Je souhaiterais te le donner.
Izuku se figea, la tasse près de sa bouche. All Might voulait lui donner son alter ? Encore une fois ? Mais…
‒ Pourquoi ? demanda-t-il en posant avec précaution sa boisson. Je n’ai rien fait qui mérite… À moins que ça ne soit à cause du… euh, du voyage ? Mais-
‒ Non, mon garçon, non. Ou plutôt, oui. Enfin… c’est compliqué, soupira Yagi avant de prendre une gorgée de son propre chocolat. Vois-tu, avant… avant l’hôpital, je pensais qu’il n’était pas possible pour quelqu’un Sans-Alter d’être un héros, d’une part à cause de la dangerosité du métier, mais d’autre part - et surtout - parce que je l’ai vécu. Je n’ai pu devenir un héros, uniquement parce que mon mentor m’avait transmis One For All. Et donc, si moi avec toute ma volonté n’avait pas pu être un héros sans un alter, c’était que personne ne le pouvait.
Izuku baissa la tête, les yeux rivés sur sa tasse. Pas encore. Il ne voulait pas revivre ce moment. C’était l’un des pires de son premier vécu.
‒ Je me rends compte que c’était extrêmement présomptueux et arrogant de ma part.
Le garçon releva brusquement la tête, surpris, pour fixer l’homme avec des yeux plein d’espoirs.
‒ Je te propose de te donner One For All, non pas parce que tu n’as pas d’alter Midoriya-shônen, mais parce qu’à travers tout ce que tu as raconté et vécu, j’estime que tu le mérites. Honnêtement, j’aurais préféré le faire sans la menace d’All For One. Cela me désole de mettre un tel poids sur tes jeunes épaules, déclara le héros d’un air triste et vaincu.
‒ J-Je… je…
Izuku avait la gorge nouée. All Might pensait vraiment qu’il était digne d’hériter d’One For All ? Alors qu’il avait échoué tant de fois quand son premier vécu ?
‒ Tu n’es pas obligé d’accepter, mon garçon, lui assura Yagi avec un sourire. Si tu décides de te lancer dans l’héroïsme en restant Sans-Alter, je te soutiendrai malgré tout. Car tu m’as rappelé ce que j’avais oublié avec les années, ce que tout le monde a oublié : ce n’est pas l’alter qui fait le héros, mais son cœur.
C’en fut trop pour Izuku qui se mit à pleurer. Pleurer si fort qu’il commença à inonder son siège et à faire paniquer Yagi, qui tenta maladroitement de sortir des mouchoirs de sa poche.
All Might. Le héros numéro un. Son héros préféré. Il lui avait dit qu’il pouvait être un héros, même sans un alter. Et qu’il l’encouragerait dans son parcours.
Après s’être calmé, avoir rassuré Yagi et s’être excusé auprès du personnel du café, Izuku sirota doucement ce qu’il restait de son chocolat. Il était heureux, si heureux ! Mais il réfléchissait également. Il savait ce qu’il allait se passer dans le futur, ou dans les grandes lignes du moins, sans parler de l’inconvénient majeur concernant One For All. Maintenant que Yagi était désormais au courant, Izuku ne doutait pas qu’il en informerait son successeur si Izuku décidait de refuser l’offre. Mais… c’était là toute la question.
Izuku refuserait-il One For All ?
Après avoir compris qu’il avait remonté le temps, le garçon avait décidé de s’entraîner afin d’avoir un corps plus robuste pour accueillir l’alter et éviter de se briser les os en l’utilisant. Ensuite, après sa conversation avec Nezu, il avait plus ou moins décidé d’essayer d’entrer à Yûei sans l’alter, car il espérait que All Might vaincrait définitivement All For One lors de leur premier affrontement. Chose qui n’était pas arrivée. Et maintenant Izuku se retrouvait à hésiter devant un choix, face auquel il n’aurait d’ordinaire même pas réfléchi.
Izuku avait toujours voulu un alter, et il avait enfin la possibilité d’en avoir un. Un alter qu’il avait déjà eu, qu’il connaissait et savait utiliser. Et comme il était Sans-Alter, One For All ne réduirait pas sa durée de vie. La seule ombre au tableau était la présence d’All For One. Le Super-Vilain ciblerait Izuku, bien que dans son premier vécu il l’ait laissé tranquille jusqu’à mettre la main sur le corps de Shigaraki.
La première fois, en tant que Neuvième Détenteur, Izuku avait accepté le fait que son rôle était d’empêcher All For One de nuire. Il en avait été effrayé, mais il avait pris sa décision. Il avait toujours été pris pour cible lorsqu’il était Sans-Alter, il avait donc l’habitude qu’on lui veuille du mal. Même si se faire poursuivre par un Super-Vilain surpuissant et immortel était absolument plus terrifiant que de l’être par ses camarades d’école.
Mais… qui d’autre pourrait être le successeur d’All Might ?
Izuku pensa à Tôgata-senpai, qui avait été choisi et entraîné par Sir Nighteye pour être le successeur d’All Might. Et, oui, il ferait un très bon héros pour One For All, mais… Est-ce qu’Izuku pouvait vraiment laisser Tôgata-senpai mourir à quarante ans, voire moins, à cause de l’alter ? En vivant plus longtemps, le futur héros pourrait sauver tellement de vies !
« En plus, il possède déjà un alter. »
Non. C’était méchant et égoïste de penser ainsi. Izuku ne pouvait pas laisser son ressentiment sur son absence d’alter choisir à sa place. Tôgata-senpai avait un alter très difficile à utiliser, et il avait travaillé dur pour qu’il soit utile à l’héroïsme. Rien que ça et son envie de sauver au moins un million de personnes, faisaient qu’il méritait d’obtenir One For All.
Pourtant Izuku ne pouvait s’empêcher de considérer un peu l’alter comme le sien. Il l’avait eu pendant un an après tout. Il s’y était habitué. Il s’était entraîné avec lui. Il avait grandi avec lui. Donc laisser One For All à quelqu’un d’autre, c’était comme donner une partie de lui-même. Surtout qu’il n’aurait pas son mot à dire sur la personne qui recevrait l’alter.
Izuku ne voulait pas. C’était égoïste, il s’en rendait bien compte, mais… il ne voulait pas. Le garçon hocha la tête pour lui-même, se rendant compte que sa décision avait été prise depuis très longtemps.
Tant pis pour le danger que représentait All For One, il y avait survécu la première fois, après tout. En quelque sorte. Et puis, si All Might lui-même avait choisi Izuku - deux fois ! - c’est que ça voulait dire quelque chose, non ?
Surtout que… Izuku avait promis de sauver Shigaraki Tomura.
‒ J’accepte.
Le visage de Yagi, qui était penché en avant vers lui avec un air soucieux, s’éclaira à la réponse.
‒ J’en suis content, Midoriya-shonen ! Non pas que j’aurais été déçu si tu avais refusé, je te rassure, sourit-il. Bien, alors il faut mettre en place un programme d’entraînement pour que ton corps soit suffisamment solide pour supporter la puissance de l’alter.
Oh, c’est vrai, Izuku avait presque oublié. Presque.
‒ À ce propos, fit timidement Izuku. Est-il possible de ne pas me donner l’alter le jour même de l’examen d’entrée ? Je… J’aimerais avoir un peu de temps pour m’y habituer sans devoir me briser les os.
Le héros cligna des yeux.
‒ T’y habituer ? Tu veux dire… que tu n’a pas maîtrisé l’alter tout de suite ?
‒ Non, répondit-il en rentrant sa tête dans ses épaules.
‒ Oh. Eh bien… oui, je suppose que c’est possible. Dans ton… euh, la première fois qu’on s’est rencontré tu as dit que c’était, si je me souviens bien, au début de la dernière année du collège, c’est ça ?
‒ Oui. Vous m’avez fait suivre un programme d’entraînement très strict pendant environ dix mois avant l’examen d’entrée. Et à cette époque, je n’avais jamais fait le moindre sport pour développer mon corps.
‒ Vraiment ? demande Yagi, curieux. Quel genre d’entraînement t’ai-je fait suivre ?
Izuku lui raconta en détail tout le programme qu’All Might avait préparé pour lui dans son premier vécu, et cela uniquement pour préparer son corps à la puissance d’One For All. En dix mois, avec les cours à côté, Izuku n’avait pas eu la chance d’apprendre à se battre ou d’avoir l’alter avant l’examen d’entrée, faisant qu’il s’était brisé tous les os de ses deux jambes et de son bras droit. Donc s’il pouvait éviter de repasser par là, Izuku en serait extrêmement reconnaissant. Non seulement parce que ça faisait vraiment très mal, mais aussi parce qu’il ne voulait pas subir une nouvelle fois la colère de Recovery Girl.
Yagi fut assez déconcerté par tout ce qu’il racontait, et promis de lui laisser le temps de s’habituer à l’alter avant qu’il ne passe l’examen d’entrée.
‒ À ce propos… je me demandais si je ne pouvais pas obtenir l’alter lors de mon entrée au collège ? proposa Izuku craintivement.
‒ Ton entrée au collège ? répéta l’homme avec surprise. Mais c’est… dans environ un an. En plus, tu es encore très jeune Midoriya-shônen.
‒ Je sais, mais vu le temps que j’ai mis pour utiliser à peine cinquante pour cent de la puissance d’One For All, je me disais qu’en ayant trois ans pour m’entraîner avec, je pourrais l’utiliser à cent pour cent lors de l’attaque de l’USJ.
Le visage du héros s’assombrit.
‒ J’avais oublié que tu nous avais prévenus de cette attaque. Et on n’a aucun moyen de l’empêcher c’est ça ?
Izuku se fit tout petit sur son siège, les yeux baissés.
‒ J-Je suis désolé, mais je ne me r-rappelle pas l’adresse de l’entrepôt lorsqu’on est partis sauver Kach- Katsuki… l’un de mes camarades k-kidnappé par la Ligue. Il y avait aussi un… un bar je crois, mais je n’ai jamais su où il s-se trouvait exactement.
‒ Ne t’excuse pas Midoriya-shônen, ce n’est pas de ta faute, le réconforta Yagi. Tu es… était un élève à ce moment-là, ce n’était donc pas à toi de gérer tout ça. On se débrouillera avec Nezu.
Izuku hocha la tête, espérant vraiment qu’il n’ait pas à revivre le kidnapping de Katsuki. Ou de n’importe quel autre de ses camarades.
‒ Quant au One For All, je ne pense pas que d’ici un an, ton corps soit suffisamment robuste pour contenir l’alter, mon garçon.
‒ J’ai remédié à ça quand j’ai compris que… euh, mon voyage était… eh bien, réel, s’exclama doucement le garçon pour ne pas attirer l’attention sur eux, et ravi que la discussion l’empêche de tomber en spirale dans ses pensées. Depuis que j’ai quatre ans, je pratique le Rajio Taisô tous les jours, tout en courant un peu pour développer mon endurance. Chaque année j’augmente la durée de la course. J’ai aussi appris les bases de l’auto-défense, et je suis actuellement des cours de parkour. Et une fois au collège, j’espère réussir à convaincre ma mère de m’inscrire à des cours de Krav Maga à la place du parkour.
‒ C’est… Je ne pensais pas que tu t’entrainais déjà autant.
‒ Je voulais faire plus, mais j’ai lu quelque part que trop d’entraînement trop jeune perturbait la croissance et… bah, je ne suis déjà pas très grand de base, alors je ne voulais pas être encore plus petit que ce à quoi je me suis habitué au lycée, marmonna Izuku dans sa tasse vide.
Yagi rigola doucement.
‒ J’aimerais dire que je comprends, mais j’ai toujours été très grand. Mais pour en revenir au One For All, je ne pense pas qu’il soit sage pour toi et ta santé de l’avoir si tôt, mon garçon. Tu es plus endurant et robuste que la première fois, oui, mais son utilisation risque de te blesser.
‒ Eh bien… je pensais n’utiliser qu’un pourcent de l’alter, argumenta Izuku. Cinq au maximum pendant un an, pour que mon corps soit vraiment habitué à avoir un alter, avant de vraiment m’entraîner avec. Surtout maintenant que je sais que je ne dois pas tout concentrer dans un seul membre, sous risque de le briser.
‒ Je vois que tu as tout bien examiné…
Yagi réfléchit quelques instants, avant de soupirer.
‒ Très bien, Midoriya-shônen. On verra ça dans un an, et si j’estime que ton corps n’est pas assez fort, il faudra attendre. Compris ?
L’enfant hocha la tête, les yeux remplis de détermination. Tant pis pour sa croissance, il devait avoir l’alter pour sa rentrée du collège. Avec un meilleur contrôle d’One For All, Izuku pourrait empêcher ses camarades, et surtout ses professeurs d’être blessés durant l’attaque du début d'année.
Et avoir l’alter si tôt par rapport à son premier vécu, lui donnerait non seulement plus de temps pour s’entraîner avec, mais en plus améliorerait de manière significative sa vie à l’école. Avec un alter, aussi puissant qui plus est, il ne serait plus une cible. Katsuki le laisserait tranquille. Et Izuku… bah, il aimerait bien avoir une meilleure expérience du collège que celle qu’il avait eue. Il se doutait bien qu’il n’aurait pas d’amis, de vrais amis, car si les gens ne voulaient pas de lui comme ami quand il était Sans-Alter, pourquoi devraient-ils changer d’avis après qu’il en ait eu un ?
Un alter ne faisait pas la valeur d’une personne, et beaucoup de monde semblait l’avoir oublié.
Pas Izuku. Il a trop souffert à cause de l’absence d’un alter, absence qu’il n’a pas choisie, pour se laisser avoir par de belles paroles. Mais ça ne voulait pas dire qu’il refuserait le calme et la tranquillité que l’obtention d’un alter lui apporterait si tôt dans sa vie.
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Après avoir raccompagné le jeune Midoriya en bas de son immeuble, Toshinori se perdit dans ses pensées. Il comprenait complètement pourquoi le garçon voulait avoir One For All plus tôt qu’il ne l’avait reçu la première fois. Être capable de mieux maîtriser l’alter lui permettrait d’être plus capable de protéger ses amis lorsqu’il serait à Yûei.
Oui, Toshinori comprenait ses regrets. Lui-même en avait tellement ! Ne pas avoir réussi à tuer All For One était le plus grand d’entre eux, car cela signifiait qu’il laissait cette tâche à son successeur. À un adolescent. Un enfant.
Quelle honte pour le Symbole de la Paix.
Et savoir que le jeune Midoriya avait déjà vécu cette situation ne faisait rien pour le rendre moins coupable, moins misérable. Mais avec le Super-Vilain toujours en vie, bien que gravement blessé, Toshinori ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. Il devait former son successeur à utiliser et maîtriser One For All, pour qu’il ait au moins une chance de survie.
Le héros soupira. Au moins, maintenant que sa décision était prise, Sasaki allait arrêter de le harceler pour qu’il trouve un successeur. Par contre, il n’était pas sûr que son ami approuve sa décision, surtout en ne sachant absolument rien du garçon. Mais Toshinori ne pouvait pas lui dire la vérité. Avec son alter, Sasaki était persuadé que l’avenir ne pouvait être changé, donc il refuserait les efforts du jeune Midoriya à améliorer les choses, à vouloir les changer.
« Je sens que tout ça va finir en dispute… »
Levant la tête vers le ciel, Toshinori vit qu’il recommençait à neiger. Prenant la direction de son hôtel, il passa devant l’école primaire du garçon… et de ceux qui avaient voulu le brutaliser plus tôt. Il fronça des sourcils. Il devait faire quelque chose à ce sujet. Il n’avait pas les noms des enfants, mais ça ne l’empêchait pas de contacter l’école pour leur parler de la situation. Sans donner le nom du jeune Midoriya. S’il était mis au courant, il rétorquerait qu’il n’y avait pas besoin de s’en inquiéter, comme ce matin. Oui, c’était une bonne idée. Toshinori ferait ça, dès qu’il serait rentré à l’hôtel. Et avec de la chance, ce petit garçon blond apprendrait à se comporter correctement.
Katsuki fit sa rentrée en dernière année d’école primaire, accompagné de Deku et des autres figurants, mais aussi à sa grande surprise d’un discours général de reproche de la part du directeur. Celui-ci énonçait qu’il avait reçu il y a quelque temps un mail de quelqu’un stipulant qu’il avait vu et interrompu une bagarre déclenchée par des élèves de l’école. Bagarre contre un de leurs camarades. Et que l’homme était déçu que le personnel n’ait pas été présent, voire tolérait indirectement ce genre de comportements en ne surveillant pas les enfants.
Autant dire que tous les élèves se font fait passer un savon, avec la menace que ce genre de mauvais comportement serait écrit de manière permanente sur leur dossier scolaire, les empêchant de postuler dans la moindre école héroïque, si une telle situation se reproduisait.
Le blond n’en revenait pas que le vieil homme - qu’il avait jusqu’à présent oublié - ait mis sa menace à exécution. Il jeta un coup d’œil discret à Deku, qui semblait être aussi surpris que lui. Bien, au moins cette mauviette n’avait pas cafté son nom. Il ne voulait pas que la même chose qu'avec ses parents en maternelle recommence.
Mais si Katsuki était satisfait du silence du perdant, il ne comprenait pas pourquoi l’homme avait mis l’école au courant. Pourquoi quelqu’un se soucierait-il d’une personne Sans-Alter, alors que ses propres enseignants s’en fichaient ? Jamais personne et encore moins un adulte ne lui avait dit que ce qu’il faisait était mal. Mauvais. Non héroïque.
À part ses parents. Quand la mère de Deku était venue les voir.
Mais ce n’était pas pareil, si ? Les parents étaient là pour être chiants et râler contre leurs enfants, non ? Ils étaient aussi là pour s’occuper des enfants, ça Katsuki l’avait compris merci, il était intelligent, bordel !
Donc Katsuki ne comprenait pas. Quelle était la différence entre ses parents lui disant que c’était mal de s’en prendre à Deku (avec ou sans alter), et ses professeurs ignorant tout ce qui touchait de près ou de loin le perdant ?
Surtout que tout le monde s’en prenait à Deku ! Bon, comme c’était des figurants, ils n’arrivaient jamais à l’attraper et leurs paroles ne faisaient pas le moindre effet sur le perdant. Contrairement à Katsuki qui arrivait à l’attraper ! Deux fois, trois en comptant… l’incident. Et ses paroles touchaient Deku, il réagissait quand il lui parlait, même si c’était pour répondre et énerver Katsuki en retour.
Bref, il ne comprenait pas. Il était Bakugô Katsuki, il était le meilleur de sa classe, de son année (à égalité avec Deku), tout le monde le louait pour son alter, lui disait qu’il serait un grand héros. Alors pourquoi était-il indirectement réprimandé pour avoir essayé de frapper Deku ?
Katsuki ne comprenait pas, et il détestait ça.
*1 Romanji = Les lettres de notre alphabet. Exemple avec le prénom d'Izuku : Romaji = Ku / Katakana = ク / Hiragana = く / Kanji = 久 (tous se prononcent pareil, évidemment).
*2 Alteriste = Équivalent de Quirkist dans les fic anglaises. Comme les Sang-Pur puristes dans HP, si vous voulez.
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