Inko savait qu’elle n’était pas parfaite, mais elle estimait être une bonne mère. Elle s’occupait correctement des besoins de son fils, vérifiait qu’il était en bonne santé, qu’il était heureux, et surtout, elle aimait Izuku. Cet amour n’avait jamais changé, même après avoir appris qu’il était Sans-Alter. Elle était sa mère, l’avait porté pendant neuf mois, elle s’en était donc naturellement voulu et se sentait toujours responsable de l’absence d’alter chez son petit garçon. Même après plusieurs années, Inko avait encore des regrets sur sa réaction et son comportement durant les jours qui ont suivi le diagnostic d’Izuku. En tant que mère, elle aurait dû être un meilleur soutien pour lui alors qu’il traversait une douloureuse et difficile épreuve.
C’était principalement pour ça qu’elle avait accepté la demande d’Izuku pour le Rajio Taisô. Ça et le fait qu’il propose de faire l’activité ensemble, en famille. Cette demande avait été pour Inko un moyen d’assurer à son fils son soutien tout en partageant des choses avec lui. Et elle fut heureuse de sa décision. Izuku redevint petit à petit le garçon curieux et joyeux qu’elle avait toujours connu. Inko en avait été très soulagée, surtout en comparaison avec le comportement solitaire, silencieux, presque sans vie que son enfant avait eu juste avant. Cette période lui avait fait très peur, et elle n’avait pas su quoi faire pour l’en sortir.
À partir de ce moment, Inko eut l’impression que la vie était redevenue comme avant. Ou presque.
Les rares amis qu’elle avait lui donnaient de moins en moins de nouvelles, voire plus du tout. Les gens du quartier continuaient de la saluer, mais ne prenaient plus la peine de perdre du temps pour bavarder avec elle. Inko n’avait pas fait attention au début, préoccupée par Izuku, mais un jour quelqu’un lui avait carrément dit en face qu’il était hors de question que ses enfants jouent avec le sien à cause de sa “maladie”. Ça lui avait fait mal, en tant que personne et en tant que mère. Izuku était un garçon gentil et adorable, et son manque d’alter n’était pas une maladie et encore moins quelque chose de contagieux.
Heureusement, Hisashi ne semblait pas dérangé par l’absence d’alter d’Izuku et continuait de lui envoyer la même somme d’argent tous les mois. En fait, Inko ne savait pas trop s’il s’en fichait, ou s’il ne se sentait pas concerné car il ne vivait pas avec eux. Elle n’avait jamais osé poser la question, et ne la poserait sans doute jamais.
Leur situation financière était assurée et permettrait à Izuku d’aller au moins jusqu’au collège sans souci. Au-delà, l’école n’était plus obligatoire, bien que fortement recommandée, et Izuku étant un garçon intelligent, il voudrait très certainement poursuivre ses études et avoir un diplôme universitaire. Inko savait bien que son fils n’avait pas abandonné son rêve d’être un héros, mais bien qu’elle se doutait qu’il devait y avoir des lycées ordinaires qui accepteraient son fils malgré son absence d’alter, elle était en revanche quasiment sûre qu’aucun lycée héroïque ne le ferait. Dans le pire des cas, Izuku se retrouverait isolé dans sa chambre à suivre des cours en ligne, en espérant que ça ne soit pas la même chose pour l’université.
« La discrimination est vraiment une chose de moche, triste et injuste. »
Lorsqu’Izuku était rentré en primaire, Inko avait décidé de retourner travailler, au moins à mi-temps, et de mettre cet argent de côté pour les études d’Izuku. Car s’il existait des lycées et universités acceptant les Sans-Alter, elle se doutait que ces établissements étaient chers, encore plus que d’habitude. Donc si elle devait débourser plus d’argent pour que son fils ne reste pas cloîtré à la maison, elle le ferait.
Les cours d’auto-défense que lui avait réclamés Izuku n’avaient pas été prévus, et si au début Inko n’était pas pour, elle ne voulait pas que le même genre d’incident qui s’était passé avec le petit Bakugô ne recommence, donc elle avait cédé. Inko voulait protéger son petit garçon, son fils adoré, et le laisser apprendre à se battre n’était pas pour elle une façon de le faire. Car se battre c’était se blesser. Mais l’auto-défense, comme son nom l’indiquait, était juste pour se défendre, donc ça pouvait passer. Elle avait été fière quand Maito-sensei avait félicité Izuku, qui était rapidement devenu le meilleur de ses élèves. Un an plus tard, l’homme n’avait plus rien à lui apprendre, car Izuku semblait absorber les techniques aussi efficacement qu’une éponge le faisait avec de l’eau. Il continuait à assister aux cours au moins une fois par semaine, mais Inko savait que son fils ne se contenterait pas de cette situation pour toujours.
Et elle avait eu raison.
Après une période où Izuku passait la majeure partie de ses samedi dehors et où il revenait toujours avec un livre à la main, il lui demanda s’il pouvait faire du parkour à la place de l’auto-défense. Inko ne savait pas ce que c’était, et une petite recherche internet plus tard, elle hésitait à accepter. Ce n’était pas du combat, mais imaginer son fils sauter de hauteur en hauteur sans filet ou harnais de sécurité ne la rassurait pas du tout.
Izuku lui avait bien expliqué qu’il apprendrait à tomber correctement pour ne pas se blesser, et qu’il ne commencerait pas à grimper tout de suite, mais elle hésitait toujours. Finalement, elle repoussa sa décision en lui disant qu’elle avait besoin d’y réfléchir. Inko comprenait bien pourquoi son fils lui demandait ces cours : il voulait toujours être un héros, et cherchait des moyens pour pallier son absence d’alter.
En tant que mère, elle était inquiète pour son enfant et ne voulait pas qu’il fasse des choses dangereuses et qu’il risque sa vie.
En tant que mère, elle voulait encourager son enfant et le soutenir dans la voie qu’il avait choisie et dans laquelle il serait heureux.
Au bout de plusieurs jours de débats internes, Inko finit par accepter que son petit garçon fasse du parkour. Les chances qu’il devienne un héros avec son statut de Sans-Alter étaient inexistantes, car aucun lycée héroïque ne l’accepterait, donc elle pouvait le laisser faire les activités de son choix. Ce serait une très maigre consolation quand la vérité du monde l’empêchera de réaliser son rêve, mais au moins Izuku saurait se défendre et s’enfuir efficacement s’il venait à être en danger un jour.
Et si Inko ressentit une pointe de culpabilité en cachant cette vérité à son fils lorsque son visage s’illumina quand elle lui fit part de sa décision, personne d’autre qu’elle n’avait besoin de le savoir.
Izuku était très content que sa mère ait accepté qu’il fasse du parkour. Ça lui rappelait certains des cours d’héroïsme à Yûei, en particulier après qu’il ait réussi à maîtriser 5% d’One For All. Dans son premier vécu, il avait appris par mimétisme en observant les autres et en s’entraînant dans son coin. Gran Torino était le seul professeur auprès de qui il avait appris sur le sujet, et encore de façon indirecte, car il passait plus son temps à esquiver les attaques du vieux Héros Pro qu’autre chose.
Okano-sensei, sa professeure de parkour, était très à cheval sur la sécurité de ses élèves et réprimandait sévèrement ceux qui désobéissaient. Ce qui avait beaucoup soulagé sa mère qui était venue assister aux premières séances. Après plusieurs mois, il avait plus ou moins retrouvé les repères qu’il s’était créés dans son premier vécu, ou en tout cas ceux qu’Okano-sensei avait jugés bons. Pour les autres, elle grondait Izuku quand il les exécutait par réflexe. C’était de mauvaises habitudes à perdre et le garçon travaillait très dur pour réussir à acquérir les bonnes compétences pour ne pas être bêtement blessé. Car un héros blessé, Izuku le savait par expérience, était un fardeau sur le terrain, voire pire, une cible facile pour les Vilains.
Il n’avait plus One For All, et ne sachant vraiment pas s’il obtiendrait l’alter dans ce second vécu, il devait donc réapprendre à bouger sans l’aide de la puissance de l’alter. Ce qui avait été étrangement difficile. Il n’avait eu l’alter que pendant environ un an, et après avoir de nouveau vécu sans alter pendant quatre ans, Izuku pensait s’être de nouveau habitué à ne pas réagir de manière instinctive comme s’il avait encore One For All. Pourtant c’était exactement ce qui se passait, faisant que ses mouvements étaient un peu gauches, presque maladroits quand il pratiquait le parkour.
Mais ce n’était pas grave. Ce n’était que sa première année dans ce cours, et Izuku avait bien l’intention de le suivre jusqu’à la fin du collège. Il aurait préféré n’y assister que jusqu’à la fin de la primaire et apprendre un sport de combat pendant le collège pour se donner une avance pour le lycée, mais le garçon savait que sa mère ne voudrait jamais. Izuku n’aurait donc qu’à apprendre de son côté en regardant des vidéos sur Internet et en les reproduisant. Ce n’était pas l’idéal, mais c’était mieux que rien.
Il savait qu’il pourrait demander de l’aide à Nezu, mais Izuku ne voulait pas déranger le principal pour ça. Le fait qu’il lui réserve une place dans le département héroïque, même s’il restait Sans-Alter était déjà énorme et incroyable, il ne voulait donc pas abuser de la générosité de Nezu. Izuku avait d’ailleurs beaucoup de mal avec cette décision, car il avait l’impression de tricher, de prendre la place de quelqu’un d’autre. C’était pour ça qu’il ne voulait rien demander à Nezu et qu’il s’entraînait autant. Savoir qu’il pouvait devenir un héros malgré l’absence d’un alter l’avait soulagé, comme si on lui avait enlevé un immense poids des épaules. Mais ça l’avait surtout motivé à combler ses lacunes. Avec le recul, Izuku avait remarqué qu’il s’était trop appuyé sur One For All, en particulier après avoir développé le Full Cowl, pour combler les lacunes qui étaient encore présentes après l’entraînement d’un an d’All Might. Alors il s’entraînait à être utile sur le terrain, sans avoir besoin d’utiliser d’alter.
Puisque sa place à Yûei était déjà assurée, autant prouver qu’elle était méritée.
.
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C’est ce que fit Midoriya durant les deux années suivantes.
Elles se passèrent comme les précédentes. Midoriya et Bakugô, à leur plus grande déception et énervement, étaient toujours mis dans la même classe. Bakugô essayant régulièrement d’attrapper Midoriya à la fin de l’école, et Midoriya faisant tout pour échapper à Bakugô.
Quand il n’était pas à l’école et ne faisait pas ses devoirs, Midoriya se concentrait sur l’entraînement physique. Ce qui ne l’empêchait pas de faire ce qu’il faisait dans son premier vécu : suivre les héros sur Internet, assister à leurs combats, et les analyser avec leurs alters dans ses cahiers.
La seule différence était qu’il écrivait aussi sur les vilains que les héros rencontraient durant leurs patrouilles, et comment leur alter aurait pu être utilisé pour l’héroïsme.
Midoriya n’avait toujours pas d’ami, et même si ça lui pesait, il savait qu’une fois à Yûei il en aurait. Il devait juste être patient.
Izuku avait maintenant entamé sa quatrième année de primaire, et il s’ennuyait toujours autant en cours. Mais ça ne l’empêchait pas d’être studieux. En fait, il devait être studieux. Déjà parce qu’il ne voulait pas prendre de mauvaises habitudes scolaires, ensuite et surtout, parce que les professeurs le tenaient à l’œil.
Dans son premier vécu, les enseignants du primaire avait tendance à l’ignorer mais n’hésitaient pas à le rabaisser dès qu’il faisait une erreur lorsqu’il était interrogé, en particulier lorsqu’il devait aller au tableau. La timidité et l’anxiété qu’il avait à l’époque le faisaient bégayer et l’empêchaient de se concentrer correctement, surtout quand toute sa classe se moquait de lui.
Dans son second vécu, comme il se trouvait dans les premiers de la classe, voire de l’année, et qu’il arrivait à répondre juste sans être un désordre tremblant quand il était interrogé, les enseignants l’ignoraient complètement. Il était toujours timide et anxieux, mais il avait seize ans d’âge mental, contre dix pour ses camarades. Et il avait déjà vécu cette période, c’était quelque chose de connu sur lequel il pouvait construire des stratégies pour s’en sortir sans casse.
Mais Izuku savait parfaitement que c’était le calme avant la tempête. Tempête qui commencerait dès le début du collège. Dont le cœur serait Katsuki.
Si en primaire les professeurs faisaient des remarques positives sur son alter, arguant qu’il était parfait pour l’héroïsme - Izuku étant totalement d’accord avec ça - ils restaient tout de même en charge d’enfants qu’ils devaient discipliner un minimum. Ce qui n’était pas vraiment le cas du collège, où était appliquée une discipline censée être déjà apprise. Et comme Katsuki serait l’étoile montante de l’établissement, les enseignants se comporteraient comme dans le premier vécu d’Izuku, fermant les yeux sur le mauvais comportement du blond pour ne pas empêcher celui-ci d’entrer à Yûei en tant qu’aspirant héros.
Izuku avait déjà pensé à ne pas aller à Orudera avec Katsuki, mais ce collège faisait partie des rares établissements publiques de Musutafu, et il ne voulait pas être un fardeau économique pour sa mère en allant dans un collège privé qui coûterait plus cher. Il allait devoir aller à Orudera, et encore une fois, il serait dans la même classe que Katsuki.
« Certaines choses ne peuvent pas être changées. »
Bon, après tout, Izuku n’avait jamais parlé à sa mère des tentatives de Katsuki à l’attraper après l’école. Comme Izuku s’entraînait quotidiennement depuis des années maintenant, il arrivait à esquiver et fuir le garçon explosif à chaque fois. Katsuki n’avait que dix ans, et il ne se mettrait sérieusement à l’entraînement qu’à partir du collège, donc Izuku avait une légère avance sur lui. Pour le moment. Katsuki était naturellement bon en tout et plus fort que lui, Izuku savait qu’un jour ou l’autre il ne pourrait plus lui échapper. Et ce jour-là, il devra se battre contre lui.
Izuku n’avait pas envie de se battre contre Katsuki.
Même s’il savait que ce serait impossible, Izuku espérait toujours que Katsuki devienne son ami. Il l’avait suivi et admiré pendant tellement d’années - toute sa vie en fait - qu’il ne pouvait pas tirer un trait définitif sur le garçon. Surtout qu’après les examens de licence provisoire, le garçon explosif avait commencé à s’améliorer. Un peu. Légèrement.
Quand Izuku se perdait dans les souvenirs dans son premier vécu, il lui arrivait de se demander vaguement s’il n’avait pas eu plus que de l’amitié pour Katsuki. Il était gêné et assez mal à l’aise à l’idée sans trop savoir pourquoi. Ce n’était pas comme s’il était contre les relations non-hétéro, honnêtement il se fichait totalement des orientations sexuelles et romantiques que pouvaient avoir les gens. C’était juste que… en fait toutes les relations au-delà de l’amitié le gênait. Mais c’était sans doute parce qu’il n’avait jamais eu d’ami (avant Yûei), alors imaginer quelque chose de plus avec une autre personne était au-delà de ce qu’il pouvait émotionnellement gérer.
Ça avait été compliqué pour Izuku de comprendre comment fonctionnait une amitié quand il était entré au lycée, et il avait donc mis beaucoup de temps à comprendre qu’il avait un gros béguin pour Uraraka. Et c’était ce béguin, à l’époque, qui lui avait confirmé qu’il était bien hétéro. Mais maintenant qu’il prenait du recul, qu’il comparait ses ressentis comme si son lui du premier vécu était une personne étrangère… il se posait des questions. Questions qui n’étaient pas du tout prévues puisqu’à la base il s’était penché - encore une fois - sur ses souvenirs pour comprendre comment il avait fait pour ne jamais comprendre que Katsuki ne le considérait pas comme son ami, et comment faire pour qu’il accepte de le devenir.
Izuku soupira en passant le portail de l’école sans le voir. Ce n’était franchement pas le moment de se perdre dans sa tête et de commencer à avoir une crise existentielle. Il n’avait que dix ans (ou plutôt les auraient en Juillet), c’était trop tôt pour en avoir une. Son cerveau devrait attendre au minimum qu’il soit en première année de collège pour-
‒ Midoriya-kun !
Izuku sursauta et reprit ses esprits pour constater qu’il était dehors, devant son école primaire. Il n’avait pas du tout fait attention à son environnement, ce qui était dangereux car Katsuki essayait toujours de s’en prendre à lui à l’extérieur. D’ailleurs quand il vérifia légèrement derrière lui, il pouvait voir le blond à quelques mètres de là où il se trouvait, le fusillant du regard. Il avait dû aussi entendre l’appel car il ne bougeait pas, se contentant de regarder Izuku méchamment.
Et cet appel était plus important que la menace que représentait Katsuki actuellement. La voix lui était familière. En cherchant autour de lui, il vit une onéreuse voiture garée sur le trottoir à côté de lui. Et dans cette voiture, se trouvait Nezu qui le regardait.
Izuku fixa l’animal jusqu’à ce que l’information ne percute son cerveau : Nezu se trouvait devant son école primaire et semblait l’attendre. Il paniqua.
‒ M… mon… monsieur ! Q-qu’est-ce que vous faîtes là ?!
‒ Je suis venu te chercher Midoriya-kun, répondit Nezu sur le ton de l’évidence.
‒ Mais… pourquoi ?
Izuku ne comprenait pas ce que faisait le principal de Yûei, ici, à cet instant. S’il avait voulu lui parler, il lui aurait envoyé un mail avec une date de rencontre. Puisqu’il ne l’a pas fait, c’est que ça devait être urgent, mais pour quelle raison ?
‒ Il semblerait qu’il soit impossible de changer certaines choses, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas atténuer les conséquences.
Le garçon cligna des yeux face à ses paroles sibyllines. Impossible de changer certaines choses ? Ah, il devait s’être passé quelque chose qu’Izuku avait indiqué dans ses cahiers. Quelque chose qui malgré les avertissements était tout de même arrivé. Quelque chose qui s’était passé avant qu’il n’entre à Yûei, avant qu’il ne rencontre All Might.
Izuku écarquilla les yeux, comprenant de quel évènement il s’agissait. Le combat de All Might contre All For One. Le combat qui avait gravement blessé All Might. Le symbole de la Paix se trouvait actuellement à l’hôpital dans un état grave.
Sa compréhension de la situation dut se voir sur son visage car la portière arrière s’ouvrit avant qu’il ne puisse faire le moindre geste ou dire le moindre mot. Ne se préoccupant absolument pas des gens qui pourraient le voir, il grimpa dans la voiture et boucla sa ceinture. En relevant la tête, il vit que Nezu se trouvait côté conducteur, et dut y regarder à deux fois.
« Nezu sait conduire ?! »
Izuku n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que le principal démarra et s’engagea sur la route. De son siège, il put examiner le côté conducteur de la voiture. Tout avait été rallongé, rapproché et adapté à la taille de l’hermine, et en se penchant sur le côté, Izuku put distinguer des marches pour permettre à Nezu de s’installer sur le siège surélevé.
‒ Yagi a été transporté à l’hôpital il y a quelques jours, suite au combat contre All For One dont tu nous avais prévenu, informa tranquillement Nezu. Il est hors de danger, mais comme tu peux l’imaginer, il n’est pas un patient très sage. Oh, Sir Nighteye est présent à ses côtés, et je ne sais pas si Yagi lui à parlé de toi.
‒ Vous ne voulez pas lui dire à propos du voyage dans le temps.
‒ Effectivement, confirma Nezu. Je préfèrerais que le moins de personnes possible soit au courant. C’est un secret sans doute aussi, voire plus, dangereux que celui de One For All.
‒ Dans ce cas… que va-t-on lui dire ? demanda Izuku anxieux. Il va vouloir savoir qui je suis et ce que je fais là !
‒ Je m’en occupe, ne t’en fais pas Midoriya-kun. Ce qui m’inquiète le plus c’est de réussir à convaincre Yagi de rester tranquille pendant sa convalescence.
Izuku grimaça. C’était en grande partie à cause de ça que All Might s’était retrouvé avec une ablation de l’estomac. Le héros ne l’avait pas dit, mais quand il lui avait montré sa blessure sur le toit, la cicatrice se trouvait au niveau du poumon, tout près du cœur, et non au niveau de l’estomac. Izuku ne doutait pas que l’organe avait également été touché lors de l’attaque, mais en suivant correctement la convalescence et la rééducation, All Might aurait dû garder une grande partie, voire tout son estomac, et donc être capable de manger à peu près normalement. Mais il ne l’avait pas fait.
Et Izuku le savait sans que l’homme ait besoin de le lui dire, ou en tous cas, il l’avait compris après l’incident de l’USJ. All Might s’était excusé de ne pas être présent, d’avoir failli à son devoir de professeur, de ne pas avoir pu empêcher les étudiants d’être blessés, d’avoir utilisé tout son temps d’action avant d’arriver en cours, cours qu’il devait conjointement enseigner. Izuku lui avait pardonné, parce qu’à sa place il aurait fait la même chose. Il n’aurait pas pu s’empêcher d’agir, de sauver les gens sur son chemin. C’était donc pour ça que le garçon savait qu’All Might n’était pas sagement resté dans un lit d’hôpital à se soigner et à reprendre des forces après son combat contre All For All.
Hors de question de laisser le héros n’en faire qu’à sa tête cette fois. Izuku avait difficilement appris la leçon dans son premier vécu, et il allait faire en sorte qu’All Might l’apprenne également. Tout le monde méritait d’être aidé, y compris les héros, surtout quand ils pensaient ne pas avoir besoin d’aide.
Perdu dans ses pensées, le trajet fut rapide et silencieux. Une fois garés sur le parking, ils entrèrent dans l’hôpital, mais au lieu de s’arrêter à l’accueil, ils s’arrêtèrent devant un ascenseur possédant plusieurs niveaux de sécurité qu’ils passèrent facilement grâce à Nezu. Izuku ne posa pas de questions, se rappelant de sa sortie d’hôpital après l’assaut contre le Front de Libération du Paranormal. L’étage où ils allaient était réservé aux héros donc l’accès n’était possible qu’avec une licence héroïque ou un pass provenant de la direction de l’hôpital. Les visiteurs devaient être contrôlés à l’accueil avant de pouvoir être autorisés à s’approcher de l’ascenseur. C’était ainsi que fonctionnaient tous les hôpitaux du pays.
Honnêtement, Izuku ne savait pas à quoi s’attendre en retrouvant All Might depuis cette réunion d’il y a deux ans, mais ce n’était certainement pas ce qu’il avait sous les yeux. Le héros numéro un était en train de s’appuyer contre le mur du couloir, toujours en pyjama médical, et s’efforçait de marcher alors qu’il semblait être sur le point de s’écrouler.
Ce n’était pas bon. Il ne pouvait pas continuer à faire ça.
C’est pourquoi Izuku bougea sans faire attention à Nezu à côté de lui, ni même aux autres personnes derrière All Might qui essayaient en vain de le raisonner. Il courut en direction de son héros préféré et ne s’arrêta qu’une fois devant lui.
All Might avait besoin d’aide et il était hors de question qu’Izuku ne l’aide pas.
‒ Al- Yagi-san ! Qu’est-ce que vous faîtes ?! Vous devez rester couché !
Le héros leva la tête et reconnut Izuku.
‒ Ah. Midoriya-shônen, ce n’est rien. Mon costume a… a bloqué une partie de l’attaque. Je vais bien, dit-il en essayant de sourire.
‒ Non, vous n’allez pas bien, insista Izuku. Vous devez vous reposer, vous allez aggraver vos blessures.
‒ Les gens m’attendent Midoriya-shônen. Ils me cherchent, veulent que je revienne. Alors j’y retourne.
Izuku se prit de plein fouet l’abnégation de All Might. Il était gravement blessé, devait se tenir au mur pour rester debout et marcher, et pourtant, pourtant, il continuait à vouloir se battre, à vouloir sauver et aider les gens. Et Izuku… Izuku était pareil. Il comprenait ce que ressentait All Might, à sa place aussi il aurait fait fi de ses blessures et serait retourné sur le terrain, serait retourné à venir en aide aux autres. C’était l’une des raisons pour lesquelles All Might était son héros préféré.
Izuku comprenait. Il comprenait tellement ! Mais...
« All Might a besoin d’aide et il est hors de question que je ne l’aide pas. »
Alors il se tint solidement sur ses jambes et leva les mains pour empêcher l’homme d’avancer. All Might fut surpris et essaya malgré tout de marcher, mais il était si faible que même Izuku parvenait à l’en empêcher.
‒ Pas tant que vous êtes blessé.
‒ Je ne peux pas laisser les gens sans protection, mon garçon. Ils ont besoin de moi. Ils ont besoin que-
‒ Non, coupa Izuku avec force, avant de prendre une profonde respiration, bien que légèrement tremblante. Vous ne sauverez personne en étant blessé All Might.
Le héros le fixa, les yeux écarquillés, l’air abasourdi. Izuku en profita.
‒ Si vous ne vous soignez pas correctement, si vous ne vous reposez pas, vous allez aggraver votre état. Si vous restez continuellement blessé, vous ne pourrez pas aider les gens.
‒ Les gens-
‒ Vous n’êtes pas le seul héros qui existe, annonça le garçon avec détermination. Je le sais, je suis un fanboy de héros ! Donnez-moi un nom de héros et je peux vous dire son rang dans le classement, sa catégorie, son alter, ses mouvements spéciaux, et même ses activités secondaires s’il est suffisamment populaire !
‒ Mido-
‒ Vous n’êtes pas tout seul, All Might, à pouvoir protéger les gens ! Faites confiance aux autres héros ! Laissez-les vous aider dans votre travail ! Laissez-nous vous aider à aller mieux ! S’il vous plaît ! implora Izuku.
Il ne savait pas si c’était son discours qui eut l’effet escompté ou si c’était les larmes qui coulaient de ses yeux, mais le héros numéro un finit par s’affaisser sur lui-même. Il fut immédiatement rattrapé par Sir Nighteye, qui après un coup d’œil à Izuku, ramena All Might dans sa chambre.
Izuku se mit à respirer profondément, comme s’il venait de courir dix kilomètres et non de juste parler pendant environ cinq minutes. Il avait réussi, il avait convaincu All Might de s’occuper de lui-même. Il allait se faire soigner correctement, et même s’il ne pourrait jamais retrouver son poumon gauche, son estomac avait une chance d’être en grande partie reconstitué, et donc il ne devrait pas ressembler à un squelette comme dans son premier vécu.
‒ Eh bien mon chéri, il semblerait que tu aies réussi à convaincre cette tête de mule, fit une voix près de lui. Tiens un bonbon.
Izuku, sans réfléchir, tendit la main où un petit ourson gélatineux fut déposé. C’était familier. Il regarda la personne qui le lui avait donné, cligna des yeux, et…
‒ Recovery Girl !
‒ Eh bien, il est rare que des jeunes de ton âge me reconnaissent, sourit-elle. Mais vu que c’est Nezu qui t’a amené, je ne devrais pas être étonnée. Comme on a plus besoin de moi, je rentre à Yûei, en espérant que certains étudiants n’aient pas eu la brillante idée de se casser quelque chose durant mon absence.
‒ Vous ne pouvez rien faire pour All Might ? ne put s’empêcher de demander Izuku. S’il se repose et se soigne correctement, il devrait avoir suffisamment d’endurance pour que vous puissiez utiliser votre alter sur lui petit à petit, non ?
La vieille femme le regarda tristement.
‒ J’ai déjà utilisé mon alter sur lui, mon chéri, c’est pour cela qu’il est toujours en vie. Hélas, les organes vitaux sont plus complexes que les muscles et les os. Même s’il suit sagement tout ce que les médecins lui disent pour qu’il ait un bon rétablissement, il ne sera jamais plus comme avant. Il ne pourra plus courir d’un bout à l’autre du pays, comme il le faisait. Son corps ne pourra désormais supporter son alter activé que pour quelques heures par jour, au mieux, soupira l’héroïne.
Izuku savait déjà tout cela. Il le savait, mais il aurait tant voulu que les choses se passent différemment. Il avait espéré que prévenir All Might, que renforcer les protections de son costume aiderait à améliorer les choses.
Mais ça n’avait rien changé.
All Might était toujours aussi blessé que dans son premier vécu.
All Might serait limité à trois heures d’héroïsme par jour.
All Might sera obligé de prendre sa retraite.
‒ Le plus gros problème actuellement est de savoir combien de temps cette tête de mule acceptera de rester tranquille avant d’essayer une nouvelle fois de retourner sur le terrain malgré ses blessures.
Izuku revint au présent.
‒ Que- Qu’est-ce que ce que vous voulez dire ? Il… il est retourné se coucher, il a accepté de se soigner. Ça va aller, non ?
Recovery Girl soupira.
‒ Ce n’est pas aussi simple, mon chéri. Yagi a toujours été un très mauvais patient, il n’a jamais réussi à rester tranquille en laissant les autres travailler. Dès que ça le concerne, le repos n’est pas prioritaire. Je me demande parfois s’il dort suffisamment.
Le reste de la visite se passa dans un flou relatif. Il se souvint avoir réussi à esquiver les questions de Nighteye grâce à Nezu et même à éviter à ce qu’il le touche. Izuku ne voulait pas savoir si Sir Nighteye pouvait voir son avenir ou non. S’il le pouvait alors Izuku aurait l’impression que tout ce qu’il a fait et ferait ne servirait à rien. S’il ne le pouvait pas, il y avait encore de l’espoir pour que les choses s’améliorent.
C’était sans doute lâche de sa part, mais Izuku préférait ne pas avoir de réponse à sa question et continuer sur sa lancée.
Gran Torino était là aussi, dans un pyjama d’hôpital. Il ne s’était pas présenté sous son nom de héros, mais sous son nom civil, Torino Sorahiko, et Izuku fut obligé de demander quel était son nom de héros. Il avait affirmé plus tôt être un fanboy de héros, donc ne pas demander aurait été suspect. Surtout que Nighteye n’arrêtait pas de le surveiller. Izuku avait été surpris que le vieux héros avait utilisé son nom de famille pour son nom de héros, même s’il avait changé les kanji en katakana. Mais bon, de ce qu’Izuku avait compris en le côtoyant dans son premier vécu, Torino n’était pas du genre à se prendre la tête pour se genre de choses.
All Might, après avoir été poussé verbalement pendant plusieurs minutes, avait finalement accepté de faire un communiqué pour signaler qu’il prenait un congé sabbatique pour raisons personnelles. Nighteye avait été très soulagé. Mais ni Izuku et encore moins Nezu n’ont loupé le fait que le héros numéro un n’avait donné aucune date ni promis de se reposer et de se soigner correctement. Recovery Girl avait eu raison et ça inquiétait beaucoup le garçon.
Izuku fut raccompagné chez lui par Nezu, lui disant qu’il viendrait le chercher demain matin pour retourner voir All Might et parler correctement. Nighteye et Torino, et même Recovery Girl connaissaient One For All, mais seuls Nezu et All Might connaissaient le secret d’Izuku, et le jeune garçon n’était franchement pas prêt à en parler à quelqu’un d’autre. Il avait pensé à en parler avec Torino, car le vieux héros était assez ouvert d’esprit et ne lui avait jamais imposé quoi que ce soit (sauf quand sa vie avait été en danger), mais il ne l’avait pas fait, parce que… eh bien, il doutait d’être le prochain Détenteur d’One For All et ne voulait pas s’imposer en tant que tel parce qu’il avait accidentellement remonté le temps. Il était hors de question en revanche d’en parler à Nighteye, le héros ne l’avait pas jugé digne d’être le porteur de l’alter dans son premier vécu, il n’y avait donc aucune raison qu’il change d’avis dans son second vécu. Izuku n’avait donc vraiment pas envie d’entendre à nouveau les paroles blessantes de Nighteye.
Dès qu’il eut franchi la porte, sa mère inquiète fondit sur lui, posant question sur question tout en vérifiant qu’il n’était pas blessé, car il faisait quasiment nuit. Il l’a rassuré en lui disant qu’il se trouvait à la bibliothèque et qu’il avait trouvé un livre intéressant sur les lois alters et n’avait pas vu le temps passé. Izuku ne savait pas si elle crut à son mensonge - il n’avait jamais été très bon pour mentir - mais il décida de faire comme si c’était le cas, surtout que le livre en question existait bel et bien.
Ça avait été une longue fin de journée et tout ce qu’il voulait c’était se doucher, manger et aller dormir. Les devoirs attendront le lendemain, ou dimanche, ce n’était pas comme s’ils étaient compliqués de toute façon.
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