Izuku était engourdi.
Il était resté un jour en convalescence à la maison, même si le docteur Tsubasa avait jugé cela inutile au vu de la légèreté de sa blessure. Ce fut la première fois qu’il vit sa mère en colère contre quelqu’un. En colère tout court d’ailleurs. Le sermon qu’elle avait fait à All Might dans son premier vécu ne comptait pas, car elle était plus déterminée que vraiment en colère. Du moins le pensait-il.
Le retour à l’école se passa normalement. Il y eut bien sûr des questions sur le gros pansement qui ornait un côté de son visage, mais Izuku ne répondit rien et les instituteurs avaient rapidement détourné l’attention des enfants trop curieux.
Kacchan n’avait pas approché Izuku.
Izuku n’avait pas approché Kacchan.
Le garçon blond était resté de son côté de la classe, entouré par les enfants qui le suivaient habituellement. Ces derniers lui jetaient de temps en temps des coups d’œil, mais ne s’approchaient pas non plus. En fait, personne ne s’approchait d’Izuku.
Et Izuku ne s’approchait de personne. Il restait dans son coin, seul, le regard dans le vide, sauf quand il fallait faire des activités. Il ne s’excitait plus joyeusement sur les choses futiles, ne souriait plus, et ses yeux étaient ternes. Le petit Izuku que tout le monde connaissait semblait avoir disparu.
Peut-être était-ce le cas, mais même lui ne le savait pas. Depuis ce jour, après s’être réveillé une seconde fois, il était complètement engourdi. Plus rien ne le touchait à part ses besoins vitaux, qu’il remplissait tel un automate. Il voyait bien l’inquiétude de sa mère que son comportement engendrait, mais il n’avait aucune envie, aucune volonté de la rassurer, de la réconforter. Alors il l’ignorait. Izuku ignorait tout le monde. Il n’arrivait pas à faire autrement.
L’un des piliers de son monde s’était craquelé, brisé, effondré. La seule chose qui témoignait de l’ancienne existence de ce pilier était le petit tas de gravas dans le cœur de l’enfant. Izuku avait mal. Trop mal. Alors il s’était engourdi. C’était plus facile. Une partie de lui suppliait qu’il soit en réalité sous l’emprise d’un alter d’All For One, mais Izuku savait que ce n’était pas le cas. Que ça ne serait jamais le cas. Son amitié d’enfance avec Kacchan était morte avant même d’exister.
Malgré son engourdissement, Izuku continuait de réfléchir. Il voulait arrêter, mais n’y parvenait pas. Si ses émotions étaient coupées, son cerveau, lui, tournait à plein régime. Il se remémorait ses souvenirs comme un étranger se trouvant devant un film, regardant les preuves que son esprit avait décidé d’ignorer durant toutes ces années. Il se trouvait stupide et naïf. Pas étonnant que les autres se moquaient autant de lui. Mais il n’arrivait pas à comprendre en quoi son comportement avait fait croire à Kacchan qu’il le regardait de haut. Avec le sale caractère du blond, Izuku comprenait qu’avoir quelqu’un le suivant constamment avait du bien l’énerver, mais pas au point de s’en prendre physiquement à lui.
Il ne comprenait pas.
Habituellement quand ça arrivait, il se concentrait sur autre chose, détournant son esprit du problème pour y revenir plus tard. Bien que la majorité du temps, c’était les autres qui l’empêchaient de continuer à réfléchir dessus, car il se mettait toujours à marmonner dans ces cas-là, et personne n’aimait ça. Maintenant qu’il y pensait, vu que personne ne lui disait de se taire, est-ce que ça voulait dire qu’il ne marmonnait plus ? Si les instituteurs pouvaient faire semblant de l’ignorer, les enfants auraient bien fini à un moment ou un autre par lui faire une réflexion. Ou alors ne les avait-il pas entendus ? Non, il entendait parfaitement tout ce qui se passait autour de lui, y compris les faibles soupirs des adultes quand ils essayaient de le faire interagir avec les autres, et qu'ils échouaient à chaque fois.
Mais Izuku s’en fichait, ses marmonnements n’étaient pas importants. Ce qui était important était qu’il ne savait pas quoi faire. L’une des certitudes de sa vie venait de disparaître, et il avait peur que toutes ses autres certitudes soient également des illusions. All Might, son opinion sur Izuku, ses amis de la 1-A, ses camarades de classe et d’école, ses professeurs, en particulier Aizawa-sensei, les héros qu’il avait rencontré, le petit Kôta si injustement orphelin, toutes les personnes qui l’avaient encouragé et lui avaient dit des mots gentils. Est-ce qu’il s’était trompé ? Est-ce qu’il avait mal compris ?
Des pleurs atteignirent ses oreilles, le faisant reprendre conscience de ce qu’il se passait autour de lui, bien qu’il restait encore un peu engourdi. Il se trouvait dans la cour avec les autres enfants, c’était la récréation. Non loin de lui, une petite fille était par terre et sanglotait près du toboggan. Personne ne semblait se soucier d’elle, leurs camarades continuant à jouer avec insouciance. Certains lui jetaient des coups d’œil, mais comme aucun des adultes ne venaient vers elle, ils devaient penser que ce n’était pas très grave, qu’elle devait juste bouder, et ils reprenaient leurs jeux.
Izuku bougea avant de s’en rendre compte. Arrivé devant la fillette, il lui tendit la main.
‒ Tu vas bien ?
Sa voix était faible, aiguë, et un peu enrouée en même temps. Combien de temps cela faisait-il qu’il n’avait pas parlé ?
La fille le regarda en clignant des yeux. Elle n’était pas familière à Izuku, elle ne devait donc pas être dans sa classe. Elle continuait à le regarder, comme si elle était surprise qu’il soit là et ne savait pas comment réagir. Ah oui. Il avait oublié que toute la maternelle était au courant de son statut de Sans-Alter. Elle ne voudrait sans doute pas de son aide.
Il eut un flash-back, voyant Kacchan assis dans un cours d’eau, trempé, balayant sa main secourable avec colère.
Izuku ne voulait pas se faire rejeter une nouvelle fois, encore moins devant tous les autres enfants. Mais au moment où il y pensa, la fillette lui prit la main, presque craintivement. Il l’aida à se relever et la lâcha une fois qu’elle fut sur ses deux jambes.
‒ Merci, chuchota-t-elle avant de s’enfuir à l’autre bout de la cour de récréation.
Izuku retourna à l’endroit où il se trouvait l’instant d’avant, ne s’occupant plus de ce qu’il se passait autour de lui. Il réfléchissait. Ces pleurs l’avaient touché. Il y avait réagi. Pourquoi ? Cela fait des jours qu’il ne ressentait plus rien émotionnellement, ayant l’impression de nager dans un grand brouillard, alors pourquoi était-il allé vers cette fillette ? Il ne la connaissait même pas en plus ! Il aurait pu la laisser, comme tous les autres l’ont fait. Mais il n’avait pas pu. Il n’avait pas pu parce que…
Parce qu’elle était triste et semblait avoir besoin d’aide.
Izuku avait voulu l’aider.
Il inspira brusquement. Oui. Il voulait aider. Il voulait sauver les gens. Et… il l’avait fait, se rendit-il compte, avec surprise. Il l’avait fait à plusieurs reprises même. Avec Todoroki, avec Iida, avec Kôta, avec Eri, avec tous ses autres camarades de classe, avec Aizawa-sensei, avec Kacchan… Il l’avait fait. Même quand il savait qu’il n’avait pas le droit, qu’il ne ferait qu’énerver, décevoir les gens autour de lui, il l’avait quand même fait. Même la menace d’être expulsé et de ne jamais devenir un héros ne l’avait pas empêché d’aller aider les autres. Bon sang ! Il avait quitté Yûei avant la fin officielle de sa première année pour protéger ses camarades, avait traqué All For One, et avait arrêté les criminels évadés des prisons du pays - pays qui se trouvait dans un état de guerre civile - pour protéger et sauver les gens, Shigaraki compris !
Il n’avait eu ni hésitation, ni regret. Il n’en avait jamais eu dès qu’il était question de sauver autrui.
Les émotions d’Izuku revinrent avec force, faisant couler une nouvelle fois ses larmes, mais il ne pleurait pas. Non, il ne pouvait pas pleurer en sauvant les gens. Il devait le faire avec le sourire. Comme All Might. Comme il se l’était promis en rentrant à Yûei.
Alors il sourit.
C’était petit et tremblant, mais bien présent sur son visage.
Comment a-t-il pu oublier si facilement ? Oublier ce qu’il devait faire ? Il savait quoi faire, il l’avait toujours su.
Izuku deviendrait un héros.
Cela prit un bon mois à Izuku pour redevenir le petit garçon qu’il avait été. Ou du moins, dont il se rappelait avoir été. Il avait mentalement seize ans, et ses souvenirs quotidiens de son enfance étaient assez vagues, à quelques exceptions près. Mais il n’allait pas s’en occuper, préférant les mettre de côté jusqu’à ce qu’il puisse y faire face, ou plus vraisemblablement jusqu’à ce que lesdits souvenirs se rappellent à lui quand il s’y attendrait le moins. Mais Izuku s’en fichait, ce n’était pas le plus important dans l’immédiat.
Et ce qui l’était, c’était qu’Izuku avait remonté le temps (il ne s’en remettait toujours pas), et connaissait donc ce qu’il allait se passer dans le futur, en particulier à partir de sa troisième année de collège. Il avait des informations que personne d’autre n’avait, et c’était important. C’était dangereux aussi. Si les mauvaises personnes s’en rendaient compte, lui et sa mère seraient en danger. Et il était hors de question que sa mère soit en danger par sa faute. Il devait la protéger, même s’il n’avait pas d’alter pour le faire.
Et pour cela, il devait parler à quelqu’un de sa situation.
Izuku aurait préféré se débrouiller seul, n’impliquer personne. Mais comme il l’avait appris avec beaucoup de difficultés (son combat contre All For One étant la plus récente d’entre elles), il ne pouvait pas tout faire seul. Parfois il lui fallait se reposer sur quelqu’un d’autre, car même les héros avaient besoin d’aide. Les héros avaient eux aussi le droit de demander de l’aide. Izuku commençait déjà à s’en vouloir pour les problèmes qu’il allait causer aux héros, mais après avoir beaucoup réfléchi, il ne pouvait pas gérer cette situation tout seul. Donc il devait en parler.
All Might était l’évidence, mais avec toute la médiatisation dont il faisait l’objet depuis qu’il avait acquis sa place de Numéro Un, Izuku avait peur qu’il ne le croit pas, qu’il pense que c’était un enfant cherchant à attirer l’attention. Izuku n’était qu’un enfant de quatre ans, et Sans-Alter en plus, donc l’homme ne serait pas le premier à le penser. Surtout qu’il n’avait aucune preuve du retour dans le temps, à part des informations dont peu d’entre elles étaient actuellement vérifiables.
« Honnêtement, à leur place, je ne pense pas que je me croirais non plus. »
Et puis, même en admettant qu’All Might le croit sur parole, comment pourrait-il le joindre ? Izuku avait quatre ans, et même si sa mère le laissait sans surveillance devant l’ordinateur quand il regardait la vidéo du héros, il était encore trop petit pour utiliser correctement la souris et le clavier. En plus, sa mère risquait d’entendre le bruit des touches, et Izuku ne voulait pas lui en parler. Il avait peur qu’elle ne le croit pas, et pour lui ce serait pire que sa réaction lors de son diagnostic.
Il allait devoir attendre un peu qu’il grandisse. Il se rappelait de tout ce qu’il avait appris dans son premier vécu, il n’aurait donc pas de temps à perdre à tout réapprendre (et il risquait de beaucoup s’ennuyer en classe à cause de ça). Et All Might était toujours en parfaite santé car il n’avait pas encore combattu All For One. Donc Izuku pouvait attendre trois, quatre années environ sans risque. D’accord, mais que fera-t-il pendant ce temps ? Il ne pouvait pas juste reprendre sa vie, comme s’il ne savait rien. Alors que faire ?
Après sa rencontre avec All Might, Izuku avait pris l’habitude de s’entraîner quotidiennement, avant et après l’école. Il avait même réussi à nettoyer complètement la plage municipale de Takoba en dix mois, tout en suivant les cours et en s’entraînant à côté ! Mais à ce moment-là il avait quatorze, quinze ans, pas quatre. À cet âge-là il ne pouvait rien faire. En fait, avant de suivre l’entraînement d’All Might, il était absolument nul en sport et activités physiques. Il ne réussissait même pas à reproduire correctement les figures lors du Rajio Taisô*1 et… Oh. Oh !
‒ Izuku, ça ne va pas ?
Le garçon regarda sa mère, d’un air interrogatif, puis devant lui. Ils étaient à table et il avait arrêté de manger, ce qui avait évidemment inquiété sa mère. Izuku lui fit un vrai sourire.
‒ Non, ça va ! Dis maman, est-ce que je pourrais faire du Rajio Taisô aussi à la maison ?
Inko le regarda avec étonnement.
‒ Tu veux dire… la série d’exercices que vous faîtes à l’école ? Pourquoi veux-tu en faire en plus à la maison ?
‒ Pour devenir plus fort ! répondit Izuku avec un grand sourire. Je dois commencer maintenant si je veux devenir un héros.
Sa mère fut tout de suite hésitante, et Izuku aurait un peu du s’en douter. Il voulait devenir un héros, et réussir ces fichus exercices serait la première étape, lui permettant de gagner un peu de souplesse. Mais dans son premier vécu, jusqu’à ce qu’il obtienne One For All, sa mère ne l’avait pas beaucoup soutenu, même si elle ne lui avait jamais interdit d’essayer. Il ne s’en était pas rendu compte jusqu’à ce qu’elle l’avoue elle-même en lui remettant son tout premier uniforme de héros. Izuku ne voulait pas que leur relation se passe de la même façon dans sa seconde chance. Mais comment la convaincre ? Il ne voulait pas lui mentir. Il ne lui avait jamais rien demandé à part des goodies All Might.
‒ On pourrait faire ça ensemble, tenta-t-il. Ça serait amusant !
‒ Oui mon chéri, sourit-elle après un instant. Je suis sûre qu’on s’amusera.
Et dès le lendemain, après l’école parce que sa mère voulait qu’il garde son rythme actuel de sommeil, ils s’installèrent dans le salon et suivirent le programme d’exercices qu’Inko avait trouvé sur Internet.
Ce ne fut que vers la fin de l’année scolaire, peu après le Nouvel An, qu’Izuku s’aperçut que sa vie avait changé. Pas énormément, mais suffisamment.
Pour commencer, lui et sa mère parcouraient les exercices du Rajio Taisô tous les jours. Elle était là, n’avait jamais trouvé d’excuse pour ne pas continuer avec lui. Elle l’accompagnait à chaque mouvement, le faisant aussi sérieusement que lui. C’était bien, c’était agréable. Après son diagnostic dans son premier vécu, ils n’avaient plus été aussi proches, et ça lui avait manqué. Izuku était content que ça se passe différemment cette fois.
Ensuite ce qui avait changé était l’école. Il n’avait toujours pas d’amis, bien qu’il continuait d’essayer, mais les autres ne le rejetaient pas autant qu’avant. Il avait réussi à trouver des camarades de classe qui voulaient bien se mettre avec lui pour les activités en classe et qui n’étaient pas méchants. C’était aussi un agréable changement, même s’il était toujours seul le reste du temps.
Mais le plus grand changement fut sa relation avec Kacchan. Ou devrait-il maintenant dire, Katsuki.
Izuku avait eu beaucoup de mal à décider s’il devait continuer à l’appeler par ce surnom ou non. Ça avait commencé parce qu’Izuku avait eu du mal à dire Katsuki, puis c’était devenu une marque d’affection. Le petit blond avait été son premier et meilleur ami, cela lui avait donc paru normal de continuer à l’appeler ainsi. Même après les mauvaises choses qu’il lui avait faites parce que… parce qu’il l’admirait. C’était sans doute aussi une manière d’être proche de cette personne admirée, plus proche qu’il n’aurait pensé qu’All Might ne le serait jamais (finalement il avait eu tort et c’était l’inverse qui s’était produit), car Izuku était le seul à avoir le droit, ou du moins l’autorisation implicite, de l’appeler par ce surnom.
Donc Kacchan était devenu Katsuki. Ça faisait mal à Izuku, mais il ne pouvait pas se résoudre à continuer à utiliser ce surnom affectueux pour lui. Il arrivait que sa langue fourche, par habitude, mais il faisait des efforts pour appeler le blond par son prénom. Tout le monde avait été surpris, le concerné encore plus que les autres, mais personne n’avait rien dit.
« Peut-être qu’un jour je pourrais de nouveau l’appeler Kacchan ?… »
Pour en revenir à leur relation, Katsuki ne s’approchait plus de lui, et Izuku lui rendait la pareille. Il n’avait gardé le pansement que trois petits jours, mais il avait désormais une cicatrice. Oh, elle était très minuscule et quasiment invisible, on ne la voyait que si on savait qu’elle était là. Mais voilà, Izuku le savait, Katsuki le savait, et cela avait suffit pour briser la dynamique qui s’était installée entre les deux garçons dès leur première rencontre dans cette même école.
D’après ce qu’Izuku avait compris, sa mère était allée voir les parents de Katsuki, et depuis les instituteurs le surveillaient, veillant à ce qu’il n’utilise pas son alter à l’école. Ce qui était complètement différent de ce qu’Izuku se souvenait. Jamais personne à l’école – peu importe l’établissement – ne lui avait interdit d’utiliser son alter, lui disant simplement qu’il était parfait pour l’héroïsme. Mais cela n’empêchait pas Katsuki de se comporter comme d’habitude, bien qu’il ne s’en prenne plus aux autres. Du moins à la maternelle. À l’extérieur, Izuku ne savait pas ce qu’il en était. Il avait arrêté de passer tout son temps dehors pour suivre Katsuki et ses amis. À la place il courait autour du quartier, pour développer son endurance, continuant de l’éviter autant que possible.
Mais Izuku savait que ça ne durerait pas. Durant toute leur enfance, toute leur scolarité, ils avaient toujours été mis dans la même classe. Il n’a jamais su si c’était fait exprès – c’était sans doute son côté paranoïaque qui parlait – ou si c’était juste le karma. Donc Izuku savait que Katsuki allait revenir vers lui, juste parce qu’il existait, surtout s’il le voyait tous les jours dans la même classe. Le meilleur moyen d’éviter que ça se produise serait de changer d’école.
Et c’est là qu’apparaissait un gros problème.
Les Midoriya n’ont jamais eu beaucoup d’argent. Ils vivaient dans le même appartement depuis aussi loin qu’Izuku s’en souvenait, et c’était une location. Sa mère l’élevait seule, son père travaillait à l’étranger et leur envoyait de l’argent tous les mois. Il ne savait pas quel travail il faisait, mais ça devait bien payer puisque sa mère n’avait pas besoin de travailler. Izuku avait bien sûr demandé à sa mère plus de précision, mais elle lui avait répondu qu’elle n’avait jamais compris exactement dans quoi Hisashi travaillait. Bref, le travail inconnu de son père leur permettait de vivre correctement, mais les écoles au Japon étant chères, il avait toujours été dans les établissements scolaires les plus abordables financièrement, qui étaient aussi les plus proches de la maison. Yûei étant l’exception.
Donc si Izuku voulait aller dans une école différente de celle de Katsuki, il allait falloir que sa mère débourse plus d’argent pour lui. Et il refusait d’être un fardeau financier pour elle. Dans son premier vécu, quand il était rentré en primaire, elle avait pris un travail à mi-temps, en accord avec les horaires de l’école, mais c’était surtout pour leur permettre certains écarts ou acheter à Izuku des goodies de héros, et en particulier ceux d’All Might, tout en affirmant que maintenant que son fils était grand elle voulait se sentir utile autrement qu’en étant à la maison toute la journée. Izuku ne savait pas si cette partie était vraie ou non, mais sa mère ne s’était jamais plainte du travail. Dans tous les cas, Inko refuserait de travailler à plein temps, donc Izuku devrait supporter Katsuki jusqu’à Yûei.
Il l’avait déjà fait une fois, il pourrait le refaire une seconde fois, pas vrai ?
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Et, effectivement, Midoriya et Bakugô se retrouvèrent à chaque fois dans la même classe, à leur grande consternation.
Leur deuxième et troisième année de maternelle fut assez semblable à la fin de la précédente. Les deux enfants s’évitaient, et les instituteurs faisaient attention à ne pas les mettre ensemble lors des activités.
Bakugô commençait petit à petit à redevenir l’arrogant garçon qu’il avait été avant l’incident, se moquant et rabaissant autant qu’il le pouvait dans les environs des adultes tous ceux et celles qu’il considérait comme faibles par rapport à lui, en particulier Midoriya. Surtout Midoriya. Mais il continuait de ne pas s’approcher de lui, et ceux qui traînaient avec lui non plus.
Midoriya de son côté s’ennuyait de plus en plus. Les jeux et activités étaient extrêmement facile pour son lui de seize ans, et il passait donc tout son temps à dessiner. Il avait espoir de s’améliorer pour mieux reproduire les détails des costumes des héros lorsqu’il recommencerait à écrire ses cahiers.
Ce fut à l’entrée en primaire où les choses commencèrent à changer.
Les professeurs n’avaient eu aucune indication de surveiller Bakugô, qui finit par de nouveau se comporter comme avant, proclamant être le meilleur et qu’il serait le plus fort des héros. Il recommença à se moquer et rabaisser les autres, mais évitait d’utiliser son alter, surtout en classe.
La vie semblait se remettre dans son axe d’origine, les changements opérés n’étant pas suffisamment importants pour avoir une véritable importance sur le long terme. Mais les changements de l’année deux mille deux cents soixante-cinq, de l’année maudite de Midoriya Izuku, ne seraient pas les seuls changements que le garçon ferait, volontairement ou non.
Katsuki n’était pas content. Il était même loin d’être content. Chaque année il espérait que Deku ne serait pas dans sa classe, et chaque année il se retrouvait inévitablement avec. Pourquoi ? Qui avait décidé que mettre le faible inutile avec le meilleur futur héros était une bonne idée ? Les professeurs étaient stupides.
Sa deuxième année de primaire avait commencé il n’y avait même pas une semaine, et Katsuki avait déjà envie d’exploser Deku. Il ne le supportait pas. Ce faible sans valeur n’arrêtait pas de le regarder de haut ! Comment osait-il alors que c’était un Sans-Alter sans le moindre pouvoir ?!
Depuis leur rencontre, Deku était toujours derrière lui, à la traîne et bon dernier. Mais maintenant, c’était différent. Maintenant, il était assez bon en sport, et rivalisait avec le blond sur le plan scolaire. Que s’était-il passé pour que ce moins que rien décide de croire qu’il avait de l’importance ? Katsuki ne comprenait pas, et ça l’énervait encore plus.
Il avait bien essayé de faire comprendre à ce faible inutile que rien de ce qu’il pouvait faire ne lui permettrait d’être un héros, qu’il n’était qu’un caillou sur le chemin, sur son chemin, mais Deku refusait de comprendre.
Pire, il ripostait ! Il osait lui répondre !
Après que Katsuki eut remis Deku à sa place en maternelle, il avait arrêté de le suivre partout comme un pot de colle, et le blond avait été content, satisfait même, que le faible sans alter cesse de le poursuivre comprenant qu’il n’était rien ; mais maintenant quand Katsuki lui disait ces quatre vérités, Deku lui répondait avec cette foutue lueur dans les yeux.
Et Katsuki en avait plus que marre de se faire regarder de haut par un insecte qu’il pourrait facilement écraser sous sa chaussure.
C’était pour ça qu’il avait suivi Deku après l’école. Sa mère ne venait plus le chercher comme à la maternelle – tout comme ses propres parents d’ailleurs, il était grand bordel ! – alors le foutu nerd de héros était sans défense, seul. Avec deux des figurants qui traînaient avec lui pour se faire bien voir, ils réussirent à bloquer Deku dans un coin discret. Katsuki sourit vicieusement. Il allait remettre à sa place ce sale faible. Deku allait comprendre qui d’eux deux était le meilleur.
‒ Qu’est-ce que tu veux Katsuki ? demanda Deku en le regardant dans les yeux.
Le blond plissa les yeux, la colère montant doucement. Le moins que rien n’était même pas effrayé, il ne pleurait même pas comme il l’avait toujours fait. Mais il avait l’air nerveux. Bien. C’était toujours ça de gagné.
‒ Ferme-la Deku ! Pour qui est-ce que tu te prends, hein ? T’es qu’un faible Sans-Alter !
Et Katsuki utilisa son alter pour lui faire peur. Deku se raidit, ses yeux allant rapidement à sa main pour revenir à Katsuki. Le sourire de Katsuki s’agrandit. Ah, cet inutile sans valeur commençait à avoir peur, bien. Il fit une plus grosse explosion, et put voir les sourcils de Deku se froncer tandis que ses yeux surveillaient ses mains.
‒ Je vais t’apprendre où est ta place sale faible !
Les figurants derrière lui se mirent à ricaner mais Katsuki ne s’en préoccupa pas. Il se prépara à amorcer un mouvement de son bras droit, mais Deku le devança en ouvrant la bouche :
‒ Tu veux me faire une autre cicatrice ? lança Deku avec assurance, presque provocant, alors qu’il tenait toujours fermement les bretelles de son sac à dos, le corps nerveux et raide d’appréhension.
Katsuki se stoppa, les yeux écarquillés, ne pouvant s’empêcher de regarder ladite cicatrice.
Elle était minuscule, presque invisible pour ceux qui ne savaient pas quoi et où chercher. Mais Katsuki le savait, et même s’il ne l’admettrait jamais, c’était la raison pour laquelle il utilisait rarement son alter. Le cri qu’avait poussé Deku ce jour-là le hantait parfois dans ses rêves, ce qui le rendait encore plus en colère contre le garçon. Car s’il avait hurlé de cette façon à cause d’une simple petite explosion, c’était uniquement de sa faute car il était faible. Et les faibles ne cherchent pas à se mesurer à ceux qui leur sont supérieurs !
Donc ce n’était pas pour ça qu’il avait évité Deku depuis l’incident. Non. Ce n’était pas le fait d’avoir utilisé son alter sur le nerd qui l’avait fait adopter ce comportement, mais plutôt la visite de sa mère à ses parents. Si au début ils avaient été de son côté à le défendre, la mère de Deku avait ensuite montré des photos qu’elle avait prise ce jour-là. Des photos des blessures de Deku. Et ses parents avaient été en colère contre lui. Sa vieille sorcière avait été furax et son père déçu. Ils avaient même été jusqu’à donner des instructions aux instituteurs de la maternelle pour qu’il n’approche pas Deku !
Il avait été fou de rage que ses propres parents ne lui donnent pas raison, qu’ils ne le défendent pas. C’était de la faute de Deku s’il avait été blessé, pas la sienne ! Il avait même naïvement essayé de le leur expliquer, mais ça n’avait fait qu’aggraver les choses pour lui. Le petit blond avait boudé pendant des semaines après ça.
Donc quand il avait compris que les professeurs de l’école primaire n’avaient pas eu d’instructions de ses parents, Katsuki avait recommencé à remettre Deku à sa place. Mais il avait été prudent, ne le faisant que verbalement pour voir si les adultes réagissaient comme ceux de la maternelle. Il avait été satisfait qu’ils ne le fassent pas. Alors il avait continué, jusqu’à maintenant.
Katsuki ne s’était pas attendu à ce que Deku parle de l’incident au lieu de pleurnicher et de supplier. Il avait fait exprès de dire ça. Il voulait l’énerver. Et il avait réussi.
‒ DEKU !!
Il positionna son bras droit et s’élança en direction de ce faible sans valeur qui ne voulait pas rester à sa place, mais à sa grande surprise, il ne le toucha pas. Pire, Deku avait attrapé son bras, se retournant d’un mouvement rapide et bascula Katsuki par-dessus son épaule qui atterrit lourdement par terre sur le dos. Le blond vit du coin de l’œil que les figurants étaient trop stupéfaits pour réagir, ce qui permit à Deku de s’enfuir en courant.
Katsuki cligna des yeux, l’information de ce qu’il venait de se passer arrivant à son cerveau. Et il hurla de rage. Il se releva et pourchassa Deku, ne faisant pas attention aux figurants derrière lui, qui lui criaient de les attendre. Hurlant des insultes et des grossièretés, il courait après Deku, ne réussissant pas à le rattraper, ce qui le mit encore plus en colère.
« Depuis quand ce faible peut-il courir aussi vite ?! »
Avec hargne, Katsuki dû abandonner sa poursuite quand il vit Deku rejoindre son immeuble. Il pouvait le rattraper pendant que le nerd montait les escaliers, mais il était trop énervé pour remettre Deku à sa place sans que les voisins ne l’entendent. Et si les voisins l’entendaient, la mère du faible le l’entendrait aussi ou serait prévenue. Hors de question que ses parents se retournent contre lui une fois de plus à cause d’un inutile sans valeur.
Katsuki tenta de se calmer tout en fusillant du regard la touffe de cheveux verts visible dans les escaliers, puis quand Deku disparut derrière une porte, il mit ses mains dans ses poches et prit le chemin de la maison.
Il s’occuperait de son cas demain.
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Izuku était tellement heureux d’avoir réussi à convaincre sa mère de lui permettre d’apprendre l’autodéfense l’année dernière ! Elle n’avait pas été pour au début, pensant que c’était dangereux pour lui – ce qui l’avait énervé, il n’était pas en sucre merci – donc Izuku avait dû légèrement mentir, ou plutôt déformer un peu la vérité en disant qu’il y avait des enfants dans son école qui le regardaient méchamment et qu’il avait peur que ça finissent comme avec Katsuki.
Ne voulant pas revoir son fils blessé, Inko avait accepté l’auto-défense, et Izuku avait été ravi, mais en même temps amer, car s’il avait eu un alter, il était quasiment sûr qu’elle lui aurait dit qu’il n’avait pas besoin d’apprendre ce genre de chose.
Son statut de Sans-Alter lui pesait énormément, encore plus que dans son premier vécu car Izuku savait qu’il pouvait faire beaucoup de choses sans avoir besoin d’un alter. Comme se battre. Il l’avait même prouvé lors du Festival Sportif gagnant la Première Épreuve sans utiliser One For All. Il avait aussi passé la Deuxième Épreuve sans l’alter, mais comme il avait eu l’aide de ses camarades qui eux ont utilisé le leur, pour lui ça ne comptait pas.
Mais aujourd’hui il avait réussi à repousser l’attaque de Katsuki et à s’enfuir sans se faire blesser par aucun des trois garçons. Izuku était soulagé. Il se doutait qu’il allait devoir faire encore plus attention à partir de maintenant pour éviter le blond, mais bon… il savait que Katsuki ne se contenterait plus d’attaques verbales au bout d’un moment. Ce qui c’était passé tout à l’heure était prévisible. Tout comme le crochet du droit de Katsuki. Il avait été plus lent que dans ses souvenirs, mais en même temps c’était assez normal vu qu’ils étaient en primaire.
Mais ça n’avait pas empêché le garçon explosif d’essayer de le brutaliser. Si Izuku n’avait pas eu les cours d’auto-défense, il ne sait pas si son corps aurait été assez rapide pour faire ce qu’il avait fait. Son corps actuel n’était pas comme l’ancien, formé par l’entraînement. Il courait et continuait le Rajio Taisô, ce qui améliorait son endurance, sa souplesse et sa vitesse, mais sa force ne semblait pas beaucoup augmenter.
Izuku secoua sa tête pour ne pas se laisser envahir par la réflexion d’ajouts d’entraînements qui survolait son esprit, et salua joyeusement sa mère. Il était content que sa mère soit à la maison quand il rentrait, son travail lui permettant de rentrer tôt. Après avoir un peu parlé de leur journée, le garçon s’installa pour faire ses devoirs, ce qui était assez compliqué.
Avec ses connaissances scolaires avancées, Izuku devait faire exprès de prendre du temps à faire les devoirs et contrôles, tout en laissant quelques erreurs. Cela avait été un dilemme pour lui, mais il ne voulait pas passer pour un génie en rendant des copies parfaites, car il n’en était pas un, de génie, et en plus il aurait eu l’impression de tricher. En fait Izuku avait toujours cette impression, mais faire des erreurs exprès était mieux que de faire croire à tout le monde qu’il était un surdoué. Mais il ne faisait pas trop d’erreurs non plus, puisque Yûei étant l’établissement d’excellence qu’il était, regardait aussi les notes de primaires, et pas seulement celles du collège.
Le bon côté était qu’il pouvait aller sur l’ordinateur tout seul, sa mère considérant qu’avec le contrôle parental elle n’était pas obligée de le surveiller, et Izuku en avait profité. Il s’était créé une adresse mail et plusieurs comptes sur différents forums et médias sociaux pour suivre l’actualité des héros. Ce qui lui avait bien servi pour remplir ses cahiers de notes.
Mais aujourd’hui ce ne fut pas l’actualité héroïque qui attira son attention, mais un mail. Izuku retint sa respiration et cliqua.
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De : nezu@uamail.com
À : izumight@quirkmail.com
Bonjour, Midoriya-san.
J’ai bien lu le message que vous m’avez adressé via le formulaire de contact de notre établissement, et je pense qu’un rendez-vous pour parler plus en détail serait plus préférable que de le faire par mail.
Êtes-vous libre ce samedi vers dix heures ? Si oui, présentez-vous à Yûei à la date et l’heure indiquées.
Cordialement,
Nezu.
PS : L’invité sera présent.
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Izuku n’en revenait pas. Nezu lui avait répondu. Il lui avait répondu et voulait le rencontrer ! Qu’allait-il faire ? Il avait préféré contacter le principal par voie électronique plutôt que de se présenter à Yûei à cause de son âge, parce qu’il savait que personne ne le prendrait au sérieux alors qu’il n’avait que sept ans (bientôt huit) ! Mais il ne pouvait pas non plus attendre d’être au collège, car à ce moment-là All Might serait déjà blessé, et Izuku ne se pardonnerait pas de n’avoir rien fait pour empêcher le héros de frôler la mort. Il avait donc été sur le site de Yûei et utilisé le formulaire de contact pour attirer l’attention de Nezu et lui donner son mail afin qu’il puisse communiquer.
Le garçon avait hésité au début, il avait peur que Nezu ne soit pas dans le secret à propos de One For All, puis il s’était souvenu qu’All Might lui avait dit qu’il le connaissait depuis longtemps et qu’il lui faisait confiance. Donc Izuku avait pris un risque. S’il se doutait que le principal connaissait le secret de One For All au moment où il était entré à Yûei, il ne savait pas s’il le connaissait avant et depuis combien de temps. Mais si Nezu avait gardé le secret à ce moment-là, il le garderait également maintenant, non ?
Izuku regarda la date à l’écran. On était mercredi. Dans trois jours, il rencontrerait la personne la plus intelligente du pays.
*1 Rajio Taisô = Sorte de gymnastique composée d'un ensemble d'exercices fait en musique qui est populaire au Japon.
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