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La Volonté du Neuvième T1 - Retour aux sources
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tome 1, Chapitre 1 « Nouvelle ligne de départ » tome 1, Chapitre 1

Izuku hurla. De rage, de détermination, de peur, de surprise, il ne le savait pas vraiment. Tout ce qu’il savait c’était qu’il hurlait d’une voix trop aiguë pour ses oreilles et qu’il était emmailloté dans quelque chose, ce qui le poussa à se débattre de toutes ses forces pour finalement tomber par terre, le tout accompagné par une alarme All Might criant « I AM HERE ! » à répétition. Il entendit vaguement des pas se précipiter dans sa direction, puis une porte s’ouvrir.

‒ Izuku ! Izuku, mon chéri tout va bien ?

Le garçon se figea et tourna la tête en direction de la voix de… de sa mère ?! Qu’est-ce que sa mère faisait ici ?! Elle ne pouvait pas être là ! Il se battait contre All For One, elle ne pouvait pas se trouver sur le champ de bataille !

‒ Izuku, tu es tout emmêlé dans tes draps. Tu as fait un cauchemar ?

Izuku continuait de regarder la femme dans un état de choc. Était-ce vraiment sa mère ? Il était absolument sûr de lui en ce qui concernait le combat contre le Super-Vilain, donc la logique voudrait qu’il soit sous l’emprise d’un des alters d’All For One. Oui, ça avait du sens. Ce devait être une nouvelle tactique pour l’obliger à lui céder One For All ; oui c’était ça ; impossible qu’il soit réellement de retour chez lui, de toute façon les élèves avaient déménagé dans les dortoirs de Yûei après l’incident de Kamino, et la nouvelle avait fait les gros titres des journaux ; donc il ne pouvait pas être à la maison avec sa mère, qui d’ailleurs avait une apparence différente de celle qu’elle avait la dernière fois qu’il l’avait vue. Celle qu’elle semblait avoir maintenant, elle ne l’avait plus depuis-

‒ Izuku, tu marmonnes !

Izuku s’arrêta net, ne s’étant pas rendu compte qu’il parlait à voix haute. Encore une fois. Il observa la femme qui ressemblait à sa mère. Devait-il faire comme si c’était vraiment elle ? Si elle n’était qu’une illusion créée par l’un des alters d’All For One, que se passerait-il s’il n’agissait pas comme il aurait agi normalement dans cette situation ? Dans le doute, le garçon décida qu’il valait mieux faire comme si tout était normal. Pour l’instant.

‒ D-désolé maman. J-je crois q-que j’ai fait un g-gros cauchemar.

« Pourquoi est-ce que je bégaye ?! »

‒ Oh mon chéri, tout va bien. Ce n’était pas réel, le rassura-t-elle. Viens, je vais te mettre ta vidéo préférée le temps que je finisse le petit-déjeuner, d’accord ?

Avant qu’il ne puisse répondre d’une quelconque manière, il fut rapidement libéré des draps, puis porté avec une grande facilité dans les bras d’une Midoriya Inko bien plus jeune que dans le souvenir d’Izuku, pour être assis devant l’ordinateur de la maison sur lequel une vidéo fut lancée après plusieurs clics de souris.

La vidéo d’All Might.

Mais Izuku regardait l’écran sans le voir. Son cerveau essayait d’analyser ce qui venait de se passer. Il avait été porté comme un enfant. Comme lorsqu’il était petit. Est-ce que sa fausse mère était si forte qu’elle pouvait porter un adolescent de seize ans comme s’il n’en avait que quatre ? Et si c’était bien le cas, en quoi le faire se sentir petit allait permettre au Super-Vilain d’obtenir One For All ? Cela n’avait pas de sens ! Mais ça expliquerait pourquoi il trouvait l’écran trop haut par rapport à son visage ou pourquoi le fauteuil était si grand.

La vidéo d’All Might continuait de tourner, mais le garçon ne s’en préoccupait pas. Il y avait quelque chose. Ce quelque chose qu’Izuku avait appris à reconnaître comme son instinct, surtout quand la sensation était si différente de l’alter Détection du Danger du Cinquième. Et cet instinct avait généralement raison. C’est pourquoi Izuku laissa tomber son regard sur ses mains avec appréhension. La vue fit accélérer son cœur. Lâchant la figurine All Might qui avait été mise dans ses mains, il examina ses bras nus, pour constater la même chose que pour ses mains.

Ses cicatrices avaient toutes disparu.

Il n’y avait plus aucune trace sur sa peau et sa chair des cicatrices laissées par sa mauvaise utilisation de One For All. Comme si elles n’avaient jamais été là.

Voulant trouver une explication logique, il fit carburer son cerveau. Si cela résultait bien de l’effet d’un alter, comment All For One avait-il su qu’il n’avait pas de cicatrice à cet âge ? Ou même le moindre petit bobo ? D’aussi loin qu’il se souvenait, Izuku avait toujours eu des égratignures et des bleus, surtout avec Kacch-

Depuis que Kacchan avait développé son alter.

Est-ce que ça voulait dire qu’il ne se blessait pas avant ? Que… Non ! Il avait plus urgent à faire que de perdre du temps sur cette question si peu importante. Il devait savoir où il se trouvait. Izuku était quasiment sûr que l’alter inconnu d’All For One fonctionnait sur l’esprit de la cible, donc il devait savoir si l’alter était passif ou actif une fois lancé. S’il était passif, All For One n’avait aucun contrôle sur ce qui se déroulait et Izuku pouvait espérer trouver un moyen de sortir de l’emprise de l’alter sans trop de dégâts. Si l’alter était actif… le moindre signe de rébellion ou de combat et Izuku risquait à coup sûr de se faire attaquer mentalement, provoquant dans le pire des cas des dégâts physiques.

Il fallait donc continuer à se comporter comme si tout était normal. Agir comme d’habitude tout en cherchant le moyen de rompre l’effet de l’alter. Ok, ça ressemblait à un plan à peu près potable.

Ses yeux retombèrent sur ses mains, pour être attirés par la figurine colorée posée à côté. Izuku se rappelait d’elle, c’était sa préférée quand il était petit. Il l’emmenait partout avec lui, même à l’école. Du moins jusqu’à ce qu’elle faillit être abîmée dans… un accident. Il se souvenait que la peinture avait été éraflée, et d’avoir pleuré dans la cour de la maternelle quand il avait cru qu’elle était cassée. Mais la figurine qu’il avait entre les mains était parfaitement intacte. Et plus grande que dans ses souvenirs.

Le rire du All Might virtuel le sortit de ses pensées. Wouah ! Même après toutes ces années, même après avoir côtoyé l’homme en personne, cette vidéo restait sa préférée. Il l’avait regardé un nombre incalculable de fois. Ses yeux se posèrent distraitement sur le nombre de vues et ses sourcils se froncèrent. Ça semblait être plus bas qu’il ne se rappelait. Il ne connaissait pas le nombre par cœur, car même après avoir été accepté à Yûei, il avait continué à regarder la vidéo régulièrement pour se motiver et se donner du courage. Augmentant à lui seul le compteur de vues, il n’avait pas pris la peine de le mémoriser, mais il était sûr qu’il manquait au minimum un chiffre au nombre affiché.

Peut-être était-ce l’une des incohérences qui lui permettraient de sortir, de retrouver la réalité ? Il se mit alors à examiner tout ce qu’il voyait à l’écran pour se retrouver figé devant la date. Dix-huit août deux mille deux cents soixante-cinq*1. Impossible. Ça ne pouvait pas être possible. Le garçon voulut attraper la souris, pour cliquer sur la date, pour vérifier si c’était bien une incohérence, mais il ne réussit pas. Il était trop loin du bureau pour ne serait-ce qu’effleurer l’outil informatique.

Ce fut là qu’Izuku fit beaucoup plus attention à ce qui se trouvait autour de lui, chose qu’il n’avait absolument pas faite dès que sa fausse mère était entrée dans son champ de vision, persuadé qu’il se trouvait pris au piège d’un alter psychique.

« Aizawa-sensei me donnerait un de ces sermons s’il était présent. » grimaça-t-il, avant de se concentrer.

Il était bien dans le bureau de l’appartement de sa mère, la pièce n’ayant quasiment pas changé au fil des années. Les odeurs étaient aussi les mêmes. Ce qui avait changé en revanche était sa perception des choses. Tout semblait plus grand et plus haut que la dernière fois qu’il était rentré à la maison : le fauteuil dans lequel il était assis, l’écran en face de lui, la taille de la pièce.

Une seconde, non. Ce n’était pas son environnement qui était différent… c’était lui ! Il était plus petit ! Comme si… s’il avait retrouvé sa taille de petit enfant de quatre ans. Celle qui se faisait passer pour Midoriya Inko l’avait d’ailleurs porté comme s’il ne pesait rien, comme à l’époque. Sa mère avait définitivement arrêté de le porter quand il avait eu cinq ans car il devenait trop lourd pour elle. Est-ce que ça voulait dire que l’alter l’avait mentalement rapetissé ? Non rajeuni plutôt vu qu’il n’avait plus les cicatrices dues à son utilisation excessive du One For All.

Était-ce pour cela que sa fausse mère semblait plus jeune et mince que la dernière fois qu’il l’avait vue ? Maintenant qu’il y pensait, après que son diagnostic Sans-Alter était tombé, elle était devenue plus anxieuse, plus stressée, se tassant plus sur elle-même et prenant du poids. Oh mon Dieu, c’était de sa faute ! Il l’avait tellement fait s’inquiéter pour lui toutes ces années et il n’avait jamais remarqué à quel point c’était dur pour elle ! Il ne méritait pas une mère si attentionnée et si gentille ! Quand il retrouvera la réalité, il ira s’excuser auprès d’elle d’avoir été si égoïste.

Enfin pour ça il devait d’abord vaincre All For One et donc sauver Shigaraki. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait laissé le Super-Vilain le toucher en premier lieu, pour se retrouver à l’intérieur d’One For All pour atteindre l’esprit de Shigaraki qui était enfermé dans celui d’All For One. Le combat était passé de la réalité à l’espace-temps dans lequel se trouvaient le One For All et les vestiges des Prédécesseurs de l’alter.

Puis il y avait eu une gigantesque explosion.

… Maintenant qu’il y pensait, l’explosion aurait dû les faire sortir de cet espace-temps. Comme la dernière fois où le Premier et la Septième avaient repoussé Shigaraki et le bout d’esprit d’All For One. Donc pourquoi était-ce différent cette fois-ci ? D’ailleurs il ne ressentait plus l’esprit des Prédécesseurs, ni One For All, comme il en avait l’habitude depuis qu’il avait atteint les quarante-cinq pourcents. Était-ce dû à l’alter inconnu ? L’avait-il mentalement isolé des autres ? Mais même s’il l’avait fait, Izuku devrait continuer à ressentir la présence de l’alter, à moins que…

Par All Might, était-il mort ?!

Izuku se pinça fortement et eut très mal. Bien. S’il avait mal, c’est qu’il était vivant. Après tout, les morts ne ressentaient pas la douleur. Du moins le pensait-il, il n’avait jamais été mort avant et n’avait connu personne l’ayant été donc il n’avait aucun point de comparaison, sauf si l’on prenait en compte les Prédécesseurs mais ils ne semblaient pas souffrir physiquement, ils n’avaient plus de corps puisque leur esprit était à l’intérieur d’One For All, donc cette absence de souffrance était logique, du moins si l’alter en question entrait dans le domaine de la logique, ce qui jusqu’à présent n’a jamais pas été le cas.

Le neuvième utilisateur d’One For All cligna des yeux. C’est vrai, tout ce qui se rapportait à cet alter et à All For One ne suivait pas la logique établie par les scientifiques en ce qui concernait les alters. Ils la défiaient même. Donc… cela voulait-il dire que l’explication de sa situation était l’inverse de la logique ? Si c’était bien ça, qu’est-ce qui serait illogique alors ?

Il réfléchit à tout ce qui s’était passé durant le combat une fois qu’il s’était retrouvé à l’intérieur de l’alter, à l’explosion, à ce qui s’était passé après. Il s’était réveillé dans son lit, chez lui, à l’appartement. Il semblait avoir rajeuni. L’explosion. L’absence de ses cicatrices. Sa mère semblait plus joyeuse et plus jeune. L’explosion. Le nombre de vues de sa vidéo préférée. L’explosion. La date.

L’explosion créée par One For All et All For One.

Impossible.

Izuku était un garçon intelligent. Il a toujours eu de bonnes notes, et était quatrième de sa classe lors de sa première année à Yûei. Ses cahiers débordaient d’informations sur les alters, les forces et les faiblesses des héros qu’il avait suivis après les cours, puis sur ses camarades et ses professeurs. Il avait monté des tactiques durant les combats qui – il ne savait toujours pas comment – avaient permis à ce que tous ses camarades restent en vie. C’était un garçon qui était loin d’être bête, même s'il avait tendance à ne pas assez réfléchir avant d’agir, fonctionnant aux émotions et à l’instinct.

Midoriya Izuku était quelqu’un d’intelligent. C’est pourquoi quand la réalisation de ce que formaient les preuves s’imposa dans son esprit, il fit ce qu’il savait faire de mieux.

Il paniqua.

oOo Plus Ultra oOo

Izuku passa les jours suivants dans un état second. Il se trouvait sur pilote automatique, ne sortant pas de l’appartement, alternant entre sa chambre où il faisait semblant de jouer, le salon devant la télévision, et le bureau devant l’ordinateur où la vidéo All Might tournait en boucle. Ce comportement était très différent de celui énergique et joyeux qu’il avait avant la visite chez le médecin qui avait changé sa vie. Et ce changement soudain inquiéta sa mère.

Sa mère ! Elle était sa vraie maman !! Et non pas une illusion créée par un alter. Elle était réelle !

Tout comme ceci était bien réel et qu’il avait de nouveau quatre ans.

Honnêtement, il ne savait même pas si sa conclusion sur sa situation était correcte ou pas. Mais à part que ce soit l’œuvre d’un des alters d’All For One, il n’y avait aucune autre possibilité. Il avait cherché et cherché, et même cette possibilité-là, le garçon avait fini par l’abandonner. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis sa réalisation et dans l’éventualité qu’un alter ou qu’une combinaison d’alters ait ce genre d’effet, le lanceur ne pouvait pas maintenir sa concentration et l’activation de l’alter indéfiniment. La personne finirait par s’évanouir dû à un épuisement d'alter, même si cette personne était All For One. Et même dans l’éventualité où le lanceur n’avait pas besoin de maintenir l’alter activé pour que les effets perdurent, tous les alters de type psychique se désactivaient seuls au bout d’une certaine durée qui était équivalente en heures et non pas en jours. Donc, il ne lui restait plus que sa conclusion :

Il avait remonté le temps.

Bon sang ! Ça sonnait aussi stupide et irréaliste que la première fois, même si Izuku n’avait prononcé cette phrase que dans sa tête. Mais voilà, il était de retour en deux mille deux cent soixante-cinq, et avait de nouveau quatre ans. Il les avait fêtés le mois dernier d’ailleurs. Avec Kacchan et une partie de sa classe. Ceux qui avaient accepté son invitation en tout cas.

Bref. Izuku rendait sa mère inquiète et quand il l’eût remarqué et compris, il s’en voulut. Il ne voulait pas l’inquiéter, ni avant, ni maintenant. Alors il fit ce qu’il faisait toujours : il sourit. Il sourit, parla d’All Might, des héros vu aux informations, des alters. C’était le retour des jours heureux et insouciants, des jours qui lui avaient manqué plus qu’il ne l’aurait cru.

Alors Izuku en a profité. Reléguant le pourquoi du comment très loin au fond de son esprit.

Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas été aussi proche de sa mère. À partir de sa dernière année de collège, quand All Might avait commencé à l’entraîner pour être exact, il n’avait pas été très présent pour elle. Bien sûr il avait continué à l’aider à la maison et à lui demander si elle avait besoin de quelque chose, mais… à partir de ce moment-là, où il lui avait caché One For All, ça n’avait plus été exactement pareil. Du moins, encore plus qu’avant. Izuku se rendit compte que depuis ses quatre ans, il s’était petit à petit renfermé sur lui-même, n’était plus aussi joyeux et énergique qu’il l’avait été à ce moment-là, ou de ce qu’il s’en souvenait. Et sa relation avec sa mère en avait pâti. Izuku avait à cœur de revenir à cette époque sans souci.

Avec le recul, tenter de réparer quelque chose qui n’était pas encore cassé était assez incohérent, voire inutile.

Et en parlant d’inutile…

Juste avant la reprise des cours de Septembre, Izuku se retrouva devant le docteur Tsubasa après avoir passé une radio du pied. Radio faite lors d’une consultation médicale d’examen alter. Consultation maudite de l’année maudite. Il savait ce qui allait se passer, connaissait déjà les résultats de l’examen. Mais au fond de lui, Izuku ne pouvait s’empêcher d’espérer. Il espérait que One For All avait changé quelque chose en lui pendant qu’il en était le porteur. Qu’il obtiendrait son propre alter, ou récupérerait l’un des Prédécesseurs.

Vain espoir, n’est-ce pas ?

‒ Il n’aura jamais d’alter.

Izuku le savait, mais il ne put empêcher le choc et l’abattement de tomber sur lui. Même après tout ça, tout ce qu’il avait vécu, des sacrifices qui avaient été faits, des Vilains qu’il avait combattu, du déblocage des alters des Prédécesseurs, de tous les efforts et entraînement qu’il avait fournis, il n’avait toujours pas d’alter. One For All n’était pas resté avec lui.

À cette confirmation qu’il n’avait aucun pouvoir, il se senti étrangement trahi et abandonné. Ses soutiens avaient disparu, comme s’ils n’avaient jamais existé et que tout n’était qu’illusion.

‒ Comment ?

La voix de sa mère le sortit de ses pensées.

‒ Il n’y a pas d'erreur ? demanda-t-elle surprise et inquiète.

‒ En terme d’alter, vous êtes bien de la quatrième génération ?

‒ Eh bien, oui, répondit Inko. Je peux attirer de petits objets à moi et mon mari peut cracher du feu.

Le médecin lui expliqua de manière condescendante pourquoi Izuku n’aura jamais d’alter, pourquoi à cause d’une articulation supplémentaire au petit orteil, il sera considéré comme inutile. Inutile, car il ne faisait pas partie de l’évolution humaine. Du moins c’est ainsi qu’Izuku traduisit, étant déjà au courant, il comprenait les sous-entendu dans les mots du docteur désormais.

Izuku, comme la première fois, ne dit pas un mot, ne fit pas un son. Il ne savait pas quoi faire, quoi penser. Les onze années de sa vie qu’il avait vécu officiellement en tant que Sans-Alter lui revinrent en mémoire, et il n’aimait pas ce qu’il se rappelait. Vraiment pas. Isolé, non soutenu, moqué et… Bref, pas apprécié en gros. Jusqu’à ce qu’il entre à Yûei. Là-bas, tout avait été différent. Izuku s’était habitué à cette différence. Habitué à ce que ses camarades de classe et de lycée le considèrent comme leur égal, à avoir des amis, à avoir une vie sociale. Toutes les nouvelles choses qu’il a eu durant cette période venaient d’être jetées par la fenêtre à cause de la présence d’une articulation en trop.

Mais les avait-il vraiment eues en premier lieu ? Il avait menti à tout le monde après tout. D’accord c’était pour protéger le secret de l’existence d’One For All, mais ça ne changeait rien au fait qu’il ait menti, surtout sur un sujet aussi important que l’alter. Toute la société tournait autour des alters, donc c’est comme s’il avait menti sur son nom, sur son identité !

L’alter était quelque chose d’important, et comme Izuku n’en avait pas, alors il n’était pas important.

Il se rendit compte qu’il s’était de nouveau perdu dans sa tête lorsqu’il entendit un rire très caractéristique. Il découvrit qu’il était de retour à la maison, et que sa mère l’avait installé devant l’ordinateur et avait lancé la vidéo d’All Might. Peut-être qu’elle avait essayé de lui parler mais il ne s’en souvenait pas, ni pour la première fois, ni pour maintenant, alors elle avait dû penser que regarder la vidéo le réconforterait d’une certaine façon. C’était sa vidéo préférée de son héros préféré après tout.

All Might.

Izuku cligna des yeux. All Might… All Might aussi était un Sans-Alter. Avant de recevoir One For All, il n’avait aucun pouvoir. Comme Izuku. Comme… le Premier.

Izuku écarquilla les yeux. Non, le Premier avait un alter, c’est juste que personne ne le savait, c’était pour ça qu’il était considéré comme Sans-Alter et que son frère lui en avait donné un de force. Donc non, le Premier n’était pas comme All Might et Izuku.

Pourtant… c’était ainsi qu’il était perçu. Avant la création d’One For All, la société le considérait sans pouvoir, impuissant. Y compris lui-même. Et malgré ça il n’avait pas cédé, n’avait pas abandonné, au contraire il avait continué à avancer, à combattre son propre frère.

Pour ses convictions.

Pour la justice et la paix.

Pour un monde meilleur.

De la même manière qu’Izuku avait avancé pour sauver les gens.

Il inspira et se tourna vers sa mère. Elle n’avait pas bougé, se tenant entre lui et la porte, semblant hésiter à rester ou à lui laisser de l’espace, l’inquiétude et la tristesse peintes sur son visage. L’enfant se rappelait de ce moment, de la question indirecte qu’il lui avait posé la première fois et de sa réponse. Il n’était pas possible pour Izuku de la lui reposer, ne pensant pas pouvoir l’entendre une nouvelle fois. Alors il ne lui posera pas la question. Tout simplement parce qu’il n’avait rien à demander.

‒ Moi aussi, je deviendrai un héros.

Comme attendu, sa mère s’élança vers lui pour le serrer dans ses bras à travers le fauteuil, complètement en pleurs.

‒ Je suis désolée, Izuku ! Je suis tellement désolée !

Il semblerait que même remonter le temps ne changeait rien à l’histoire en fin de compte. Sa mère s’excusait toujours. Il l’a laissée pleurer pour lui, n’ayant pas la force de la consoler, de lui dire que ça allait. Car oui, il allait bien. La nouvelle avait fait mal, presque autant que la première fois, mais c’était bon, ça allait. Après tout, comme l’histoire ne changeait pas, Izuku finirait par obtenir One For All et devenir un héros. Il devait juste endurer une deuxième fois les onze prochaines années, puis il retrouverait One For All et Yûei.

« C’est bon. Tout va bien. »

Quand les larmes de sa mère commencèrent à se tarirent, elle se releva et s’éloigna lentement. Izuku ne faisait pas très attention, son esprit focalisé sur ce qui viendrait ensuite, appréhendant de retourner à la maternelle avec les autres enfants, avec Kacchan, où son nouveau statut serait divulgué.

‒ Izuku.

Surpris, ce dernier se détourna de l’écran.

‒ Je… Peu importe ce qu’il se passe, bébé, tu seras toujours mon héros, assura-t-elle avec sourire fier et aimant, malgré l’inquiétude et les traces de larmes plaquées sur son visage.

Puis elle partit.

Izuku ne bougea pas. Cette déclaration. Il ne s’en souvenait pas. Lui avait-elle dit ça la première fois ? Ou était-ce quelque chose de nouveau ? Quelque chose qui avait changé ? Si oui… était-ce lui qui avait changé les choses ? Pouvait-il changer réellement les choses ? Pouvait-il…

Pouvait-il changer les choses pour devenir un meilleur héros et sauver les gens ?

Izuku ne le savait pas. Mais ce n’était pas grave. Parce que, que ce soit dans cette seconde fois ou dans la première, son rêve n’a jamais changé. Il est toujours là, brillant de mille feux devant lui.

Midoriya Izuku serait un héros.

oOo Plus Ultra oOo

Le retour à l’école fut comme dans ses souvenirs. La nouvelle de son statut de Sans-Alter fit le tour de la maternelle. Les professeurs eurent pitié de lui, ses camarades de classe se moquèrent ou étaient intrigués et surpris, et Kacchan annonça que c’était la preuve de son infériorité face à lui.

Ils avaient quatre ans, en première année de maternelle*2. Ils avaient quatre ans, comprenant qu’ils étaient les chanceux de la loterie de l’évolution. Ils avaient quatre ans, quand ils estimèrent qu’Izuku ne serait jamais leur égal parce qu’il n’avait pas d’alter.

Izuku a appris à l’âge de quatre ans que la société n’était pas juste.

Il savait ce qui allait se passer, ainsi que les réactions de ses professeurs et camarades, mais ça ne voulait pas dire que ça faisait moins mal. Au contraire, il avait l’impression qu’on retournait le couteau dans la plaie. Car fondamentalement, il n’était devenu un héros uniquement parce qu’All Might lui avait transmis son alter. S’il ne l’avait pas fait, Izuku serait toujours sans alter, sans pouvoir, inutile aux yeux de tous.

‒ Qu’est-ce que tu essaies de faire Deku ?

Kacchan se trouvait devant lui, deux de ses amis à ses côtés. Un avec des ailes rouges reptiliennes et l’autre avec des doigts extensibles. Les deux garçons traînaient énormément avec Kacchan, tout le temps même. Dans les souvenirs d’Izuku, ils étaient toujours là.

‒ C’est c-cruel ce que tu f-fais Kacchan, sanglota-t-il en relevant faiblement les poings.

Ce qu’Izuku essayait de faire ? Ce qu’il a toujours fait. Protéger les autres.

Ils se trouvaient dans le parc à côté des immeubles où Izuku et sa mère vivaient. Elle avait insisté pour qu’il aille jouer dehors, comme avant. Avant le diagnostic. Il ne voulait pas l’inquiéter davantage, alors il lui a fait plaisir et est sorti jouer au parc. Le garçon savait que personne ne voudrait jouer avec lui, cela faisait plusieurs jours depuis le retour des vacances et l’information comme quoi il était Sans-Alter avait déjà fait le tour du quartier. Mais ce n’était pas grave. Car même s’il était de retour à ses quatre ans, mentalement il en avait seize, et donc les jeux des tout-petits ne l’intéressait pas. Sauf peut-être la balançoire, c’était toujours sympa de pouvoir se balancer et de sentir le vent dans ses cheveux.

Il avait été dans son coin à réfléchir à sa situation quand il avait entendu les bruits caractéristiques d’une bagarre et surtout d’explosions. Il connaissait ce son par cœur, tellement que même les yeux fermés il pouvait estimer la distance qu’il y avait entre lui et le propriétaire de l’alter. Kacchan et deux de ses amis se tenaient dans un endroit dégagé du parc, et en face d’eux par terre, un garçon qui pleurait. Comme la première fois, et comme à chaque situation similaire, Izuku avait bougé sans réfléchir et s’était placé devant le petit inconnu.

‒ T’es Sans-Alter, alors… ne te prends pas pour un héros, espèce de bon à rien, lança le blondinet avec un sourire arrogant tout en créant une petite explosion dans sa paume.

Cette phrase sonnait douloureusement familière, il l’avait entendue tant et tant de fois avant Yûei. Izuku savait ce qui allait se passer : il se ferait tabasser par les trois enfants devant lui, et celui qu’il protégeait en profiterait pour s’enfuir. Non pas qu’il lui en voudrait. Il ne l’avait pas fait la première fois, alors pourquoi le ferait-il cette fois-ci ? Après tout, s’il n’était pas intervenu, il ne serait pas sur le point de se faire frapper. Mais s’il n’intervenait pas, comment pourrait-il être un héros ? Les héros sauvaient les gens, c’est pour ça qu’ils existaient.

Izuku cligna des yeux de surprise, son cerveau semblant avoir une révélation, même s’il n’arrivait pas à la comprendre.

‒ K-kacchan… Tu v-veux être un héros t-toi aussi, hein ?

La question mit en colère Kacchan, qui déclencha son alter dans ses mains.

‒ Bien sûr que je veux être un héros Deku ! Je serais le plus fort des héros ! Le numéro UN !

‒ Alors p-pourquoi tu fais du m-mal aux autres au lieu de les p-protéger ?

Izuku n’arrivait pas à croire qu’il avait dit ça. Et apparemment, les autres enfants non plus, en particulier Kacchan, s’il se fiait à la stupeur visible sur leur visage. Le temps semblait s’être arrêté.

C’était quelque chose auquel Izuku n’avait jamais fait attention, jamais remis en question. Depuis toujours il était absolument persuadé que Kacchan serait un héros, un héros fort et puissant. C’était un fait universel pour lui, de la même manière que le jour et la nuit se succédaient l’était pour le monde. Et il le pensait toujours ! À Yûei, Kacchan avait prouvé qu’il serait bel et bien un héros, que son travail acharné et ses entraînements n’avaient pas été vains, il avait gagné le Festival Sportif, tout le monde l’avait vu à la télévision !

Pourtant, là, maintenant, Izuku se demandait ce qui l’avait convaincu à ce point que Kacchan serait un héros. D’accord, il était plus fort, plus intelligent, plus énergique, réussissant mieux que les autres et qu’Izuku. Il l’admirait pour ça, car il voulait être comme lui. Mais Kacchan, aussi doué soit-il, était aussi méchant avec les autres, en particulier avec Izuku (mais comme il n’avait pas d’alter il ne comptait pas, ce n’était pas grave si c’était lui). Et c’est pour ça que le garçon aux cheveux verts ne comprenait pas. Kacchan serait un héros, Izuku y croyait et en avait été témoin, alors pourquoi à cet instant avait-il l’impression qu’il y avait une erreur quelque part ?

Depuis le début de la guerre contre le Front de- non, depuis Stain en réalité, Izuku avait compris que le monde n’était pas juste tout blanc avec les Héros d’un côté, et tout noir avec les Vilains de l’autre. Il pourrait dire que le monde était plutôt tout en nuances de gris, mais Izuku avait rencontré trop de gens colorés, d’un côté ou l’autre, pour être d’accord avec ça. Le monde n’était pas gris pour Izuku, mais tout en nuances de couleurs, claires et foncées. Et peut-être l’avait-il inconsciemment compris quand il était plus jeune ? L’avait-il fait ? Pour Izuku, quelqu’un qui voulait être un héros, même s’il n’était pas gentil, n’était pas quelqu’un de mauvais. Pas vrai ?

Kacchan choisit ce moment précis (dans la réalité il ne s’était même pas passé trois secondes) pour sortir de sa torpeur, la fureur clairement affichée sur son visage d’enfant.

DEKU !!! hurla-t-il en activant son alter. Comment oses-tu me regarder de haut ?!

Et il lui sauta dessus, poings en avant.

.

.

Après la pause créée par la question de Midoriya, personne ne s’attendait à la soudaine violence de Bakugô. La première victime du petit groupe s’enfuyait en courant et en pleurant, tandis que les deux autres commençaient à paniquer avant de décider d’essayer de faire reculer le garçon explosif de sa nouvelle victime.

Embêter le faible sans alter en lui donnant quelques coups, ok. Mais là, ça allait trop loin. Ça faisait peur.

Ils réussirent à éloigner Bakugô de Midoriya, qui était au sol recroquevillé sur lui-même, les bras dans une position défensive pour essayer de protéger son visage. Il aurait pu se défendre, avec plus d’un an d’expérience de combat, mais Midoriya n’y avait même pas pensé.

L’emprise des deux garçons, leur emprise d’enfant, ne suffit pas à retenir Bakugô, enragé, qui s’échappa durant une seconde.

Sentant que les coups s’étaient arrêtés, Midoriya avait relevé prudemment la tête, la sortant de la maigre protection de ses bras pendant une seconde. Il vu et su ce qui allait arriver, mais fut incapable de bouger.

Une seconde. C’est le temps qu’il a fallu à Bakugô pour combler la distance et attraper rageusement un côté du visage de Midoriya avec sa main.

Une seconde. Une toute petite seconde.

Un bruit d’explosion suivi immédiatement d’un hurlement de douleur retentirent dans le parc.

oOo Plus Ultra oOo

Lorsque Izuku se réveilla, il se sentit perdu. Son esprit était brumeux, ayant des difficultés à se rappeler où il se trouvait. La première chose qui atteignit sa conscience fut un « bip » régulier résonnant autour de lui. La deuxième fut qu’il était allongé dans un lit. La troisième fut la douleur sur le côté droit de son visage.

Il battit des paupières et vit un plafond blanc. Un mouvement sur le côté attira son attention et il tourna la tête. Sa mère était là, assise à côté du lit, serrant ses mains avec angoisse.

‒ M… maman…

‒ Izuku, mon chéri ! s’exclama-t-elle en s’approchant, lui caressant doucement les cheveux. Est-ce que ça va ? Tu es à la clinique. Est-ce que tu as mal ? Tu veux que j’aille chercher une infirmière ? Le docteur ?

Sa mère déversa ses questions dans un flux d’inquiétude élevée. Il réussit à secouer la tête, lui faisant comprendre qu’il n’avait besoin de rien, que ça allait, malgré la douleur sur sa mâchoire. Il ouvrit la bouche pour poser une question plus importante que son état, mais le son ne voulut pas sortir correctement. Il fronça des sourcils, étonné d’avoir la gorge si sèche.

‒ … E-eau ?

‒ Bien sûr, mon chéri.

Elle attrapa un verre posé sur une tablette à côté du lit et le lui apporta, le faisant doucement et prudemment boire de petites gorgées. Ça faisait du bien. C’était bizarre que sa voix soit si enrouée après avoir dormi. Ça ne lui faisait pas ça d’habitude.

‒ Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi je suis à la clinique ?

Le visage de Midoriya Inko s’assombrit, et Izuku eut peur. Que s’était-il passé ? Dans son premier vécu, sa mère n’avait pas eu ce genre d’expression quand il se blessait. Parce que oui, il était bien au courant qu’il était blessé. Douleur plus clinique, égale blessure. Mais quand il s’était blessé avec One For All, qu’il avait eu des cicatrices, elle n’avait fait qu’exprimer une complète inquiétude pour lui. Rien d’autre.

‒ Izuku, tu… tu as été blessé avec un alter. Celui du petit Bakugô.

Izuku fixa sa mère.

Les souvenirs se mélangeaient dans l’esprit du garçon. Il avait l’habitude de se faire frapper par Kacchan, mais ce n’était que des égratignures et des bleus. Ce n’était pas grave. Kacchan n’utilisait jamais son alter directement sur lui, juste pour frapper plus fort qu’il le pouvait en temps normal. Ce n’étaient que des coups. C’étaient des bobos. C’était…

Une douleur cuisante s’imposa à lui. Le bruit d’une explosion trop près de son oreille. Un cri. Son cri. Il avait mal. Il avait été frappé au visage. Frappé avec un alter.

Kacchan avait directement et volontairement utilisé son alter sur lui.

Le flot de larmes qu’il ne pensait pas retenir se déversa de ses yeux. Sa respiration s’accéléra. Il avait soudain l’impression de manquer d’air. Il prit de plus grandes bouffées, mais ça ne semblait pas fonctionner. Les bruits autour de lui étaient étouffés. Il entendait du mouvement mais ne pouvait pas s’en préoccuper, son esprit focalisé sur ce qui s’était passé.

« Kacchan a utilisé son alter sur moi ! »

Ce n’était pourtant pas la première fois que ça arrivait. Le garçon blond l’avait déjà utilisé plusieurs fois pour frapper Izuku, mais toujours avec le poing fermé, l’explosion contenue à l’intérieur de ses paumes. Du moins, jusqu’à Yûei. Mais là encore, c’était parce qu’il pouvait, il y était autorisé, et puis Izuku pouvait se défendre désormais grâce à One For All. Et c’était dans le cadre d’exercices d’entraînement héroïque, surveillés par les professeurs. Sauf leur combat après Kamino. Mais là encore, c’était plus une mise à plat des choses qu’un vrai combat. Ils n’avaient jamais vraiment voulu blesser l’autre. Izuku avait riposté aux attaques de Kacchan plus pour essayer de lui faire entendre son point du vue que pour le blesser, tandis que son camarade était en colère contre lui, et…

Et l’avait attaqué comme il l’avait toujours fait. Comme il l’avait fait aujourd’hui.

À chaque fois que Kacchan était en colère ou juste énervé après lui, il le frappait ou dans le meilleur des cas lui faisait peur en utilisant son alter près de lui. Pourquoi ? Pourquoi le faisait-il ? Est-ce qu’Izuku avait fait quelque chose de mal ? Qu’avait-il-

“… une petite merde qui ne faisait que me coller !”

Mais il le suivait parce qu’il l’admirait, parce qu’il voulait être comme lui pour-

“… un moins que rien comme toi…”

C’est vrai qu’il était faible, sans alter pour se battre, mais-

“Même si t’as toujours été qu’une petite raclure sans talent, tu continues à me prendre de haut !”

C’est ce que Kacchan avait pensé d’Izuku pendant toutes ces années.

Il lui avait dit en face, lors de ce combat “à cœur ouvert”. Mais à ce moment-là, Izuku s’était concentré sur la culpabilité que ressentait Kacchan à propos du secret d’All Might rendu public lors de son sauvetage. La culpabilité et la colère que ressentait l’autre garçon. Izuku avait lui-même reconnu que le blond ne pouvait pas gérer ses émotions autrement qu’en s’en prenant à lui, et a balayé sous le tapis sans même y penser la façon dont celui qu’il considérait comme son ancien ami d’enfance le voyait. Après ce combat, Izuku avait conclu que leur relation était une espèce de rivalité qui était devenue petit à petit quelque chose de plus tranquille, compréhensible pour eux, incompréhensible pour les autres. Étrange dans tous les cas et pour tout le monde.

Mais la vérité… celle qu’il a refusé de voir… de reconnaître pendant toutes ces années… la vérité que… que… que Kacchan n’avait jamais considéré Izuku comme un ami.

Point de rupture. Izuku craqua.

Un son déchirant s’échappa de sa gorge mais il ne s’en rendit pas vraiment compte, ni de la présence de sa mère ou de l’infirmière qui essayaient de le calmer. Son monde venait de s’effondrer. Izuku avait toujours pensé qu’il restait au fond de Kacchan un peu d’amitié envers lui, ou une nostalgie de celle-ci, de cette amitié enfantine qu’ils avaient eu avant son diagnostic. Il le laissait l’appeler par ce surnom complètement enfantin après tout, si ce n’était pas pour le vestige de leur amitié, pourquoi ne lui a-t-il jamais demandé d’arrêter de l’appeler comme ça ? D’arrêter de l’appeler Kacchan ?

Izuku voulait s’accrocher à cet espoir. Voulait empêcher que tout se disloque. Mais les morceaux échappèrent à son emprise et disparurent en poussière. Et la douleur de sa mâchoire pulsait, preuve irréfutable de la triste réalité.

Bakugô Katsuki s’était comporté comme un Vilain.

.

.

Finalement, le personnel médical finit par donner un calmant à Midoriya, qui s’endormit rapidement. Personne ne comprenait ce qu’il s’était passé. Ce n’était pas une conséquence de la blessure vu que l’alter en cause n’était pas de type psychique, et ce n’était pas non plus dû à l’alter du garçon vu qu’il n’en avait pas.

Ils ne savaient pas ce qui aurait pu causer une telle crise.

Et comment auraient-ils pu le savoir ? Pour eux, ce n’était qu’un accident avec une blessure physique pas trop grave. Le pire qu’ils s’attendaient était des pleurs de tout-petits disant qu’il avait mal. Pas une crise de panique.

.

.

Inko ne savait pas ce qui se passait chez son fils, son bébé.

Izuku avait commencé à être différent après s’être réveillé un jour par terre en hurlant à la suite d’un cauchemar. Cauchemar qui semblait avoir eu un impact sur Izuku, et cela avait inquiété Inko quand il ne lui en parla pas. Puis il redevint l’enfant souriant et joyeux habituel, comme si rien ne s’était passé. Et Inko avait été soulagée.

Jusqu’au diagnostic.

Elle était terriblement désolée pour son fils adoré. Elle savait à quel point il voulait un alter et être un héros, comme son idole. Ça lui avait brisé le cœur. Son rêve de petit garçon était parti, inaccessible.

Et maintenant, même pas deux semaines plus tard, après qu’Inko avait dû parler de la situation d’Izuku à la maternelle pour que les instituteurs face attention à lui, afin que son fils ne s’isole pas, elle se retrouvait appelée par la clinique Tsubasa lui disant que son fils y avait été amené inconscient et blessé.

Inconscient et blessé ! Son adorable fils de quatre ans ! Mais que s’était-il passé ?!

Quand on lui a dit qu’Izuku avait été frappé par l’alter du petit Bakugô, elle était restée silencieuse, pensant immédiatement que ça avait été un accident. C’était des enfants après tout, le garçon blond venait d’avoir son alter il y a à peine trois, quatre mois, il ne pouvait pas encore bien le contrôler. Et le médecin avait dit que la blessure était plus légère qu’elle n’y paraissait. Donc ça irait. Izuku irait bien.

Puis Inko a vu où se situait la brûlure. Elle connaissait suffisamment son fils pour savoir qu’il ne laissait pas facilement les gens l’approcher, même ses amis. Si Izuku avait eu la brûlure au bras, peut-être que son instinct de mère serait resté au niveau de l’inquiétude, acceptant sans condition que c’était un accident. Mais le visage ? Non, ça ne pouvait pas être un simple accident.

Et il y avait les autres blessures. Les ecchymoses et écorchures. Sur les bras et sur les jambes. Et l’état de ses vêtements. C’était très léger, presque pas visible.

Honnêtement, si Izuku était rentré à la maison avec juste ces petites blessures, elle aurait pensé qu’il avait joué un peu trop brutalement avec ses camarades. Le petit Bakugô était un enfant énergique, Inko le savait, elle l’avait déjà vu jouer intensément avec son fils. Ce n’était pas la première fois, et puis c’était des garçons, c’était normal qu’ils chahutent un peu. Tous les enfants jouaient aux Héros et aux Vilains – même elle à son époque – et il y avait toujours un enfant ou deux pour finir avec des bobos.

C’était normal.

Mais ce qui était arrivé à Izuku ne l’était clairement pas.

L’état dans lequel Inko avait retrouvé son fils indiquait que ce n’était pas un accident, peu importe ce que le médecin, et l’un des voisins du quartier ayant amené Izuku, avaient pu dire. Elle n’avait même pas pu parler au petit Bakugô, car il avait été ramené chez lui par ses parents avant qu’Inko n’arrive à la clinique. Elle avait donc été obligée de se satisfaire des explications de seconde main de l’infirmière.

Ses doutes ont été confirmés lorsque Izuku s’est réveillé. Si au début, il ne semblait pas se rendre compte de ce qu’il s’était passé – Inko eut peur que sa tête ait pris un méchant coup – l’instant suivant il s’est soudainement effondré en pleurant, la panique visible dans ses yeux.

La jeune mère était inquiète et en colère. À la réaction de son fils, elle avait compris qu’Izuku savait parfaitement ce que l’action du petit blond signifiait, et cela venait de briser le cœur de son bébé vu qu’il le considérait comme son meilleur ami. Si ça avait vraiment été un accident, Izuku le lui aurait dit, il ne se serait pas figé pour ensuite tomber dans une crise de panique

Elle ne savait pas comment faire, mais elle protégerait son petit garçon.

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*1 Pour cette fic, je considère que les alters sont apparus en 2012, année où le premier chap de BNHA a été publié. Ce qui fait que, pour moi, en canon, Izuku rencontre All Might plus de 250 ans environ après la naissance du bébé lumineux.

*2 Le système scolaire japonais s'organise comme ceci : Maternelle = 4 à 6 ans ; Primaire = 7 à 12 ans ; Collège = 13 à 15 ans ; Lycée = 16 à 18 ans (Izuku, étant né en Juillet, avait 3 ans et demi lors de son entrée en maternelle)


Texte publié par Yuedra, 6 mars 2022 à 02h51
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