Depuis l’apparition de son alter dans sa petite enfance, Neito s’était vu obtenir l’opinion des gens sur sa capacité à être un héros sans n’avoir rien demandé à personne. Tout le monde, y compris ceux qui n’y connaissaient rien, s’étaient permis de lui dire que jamais il n’arriverait à devenir un héros avec un alter comme le sien.
Et pourtant, il était là, à Yûei en 1-A.
Il avait été sincèrement surpris quand il avait reçu les résultats de l’examen d’entrée, car il n’avait pas détruit tant de robots que ça. Puis l’hologramme d’All Might - All Might !! Le héros numéro un !! - avait expliqué les points de sauvetage, et Neito avait été fier. C’étaient ces points qui lui avaient permis d’obtenir un score suffisamment élevé pour avoir une place dans le Département Héroïque de la meilleure école du Japon. Il avait aussi été un peu déçu que les alters qu’il avait copié ne lui aient pas permis d’obtenir plus de point de combat, se reprochant un manque de technicité et de contrôle desdits alters.
Le test d’alter que leur professeur principal leur avait fait passer lors de leur premier jour n’avait pas été très surprenant pour Neito. Le monde tournait autour des alters, et celui des héros encore plus. Il savait qu’il pouvait se retrouver en milieu de peloton assez facilement, juste en copiant les alters de ses camarades passant avant lui. Mais bon, la menace d’être expulsé pour celui ou celle qui finissait dernier les avait motivés, et avait aussi fait monter un peu d’angoisse chez Neito.
Étant donné la partialité dont avait semblé faire preuve Aizawa à ce moment-là, même sans se retrouver dernier, il aurait très bien pu considérer que l’alter de Neito ne valait pas son temps et l’expulser avec la personne qui aurait fini dernier. Ou à sa place.
Heureusement, rien de tout ça n’avait eu lieu. Et Neito pensa alors qu’il pouvait prouver aux autres que son alter n’était pas inutile pour l’héroïsme.
Malheureusement, il fut battu par ses adversaires lors de la battle avant d’avoir pu tenter quoique ce soit. Todoroki avait gelé l’intégralité du bâtiment ! Comment était-il censé se battre contre quelqu’un avec une telle puissance ?!
Bref. Même s’il était entré à Yûei, ces premiers jours avaient confirmé la tendance que Neito vivait depuis l’arrivée de son alter : ceux aux alters puissants étaient en haut en tant que personnages principaux, et ceux avec des alters ordinaires étaient en bas en tant que personnages secondaires. Et Neito faisait partie de la seconde catégorie. Il était un personnage secondaire dans sa propre vie. Il avait accepté ce fait depuis longtemps, mais ce n’était pas pour ça qu’il allait se comporter comme tel, ou que ça l’empêcherait d’être un héros, ou encore qu’il se laisserait marcher dessus par le haut du panier.
Neito serait le personnage secondaire le plus bruyant et remarquable, obligeant ainsi les personnages principaux à le remarquer et à prendre en compte sa présence. Et pour ça, il devait se comporter comme eux : être arrogant, hautain, assuré et fier, tout en étant condescendant avec ceux qui se croyaient au-dessus des autres, et surtout bruyant en le faisant.
Cela ne lui avait jamais permis d’avoir des amis, juste des camarades amicaux ou neutres qui cherchaient un endroit où on les laisseraient tranquilles. Il avait apprécié certains d’entre eux et ils étaient toujours en contact, mais Neito était aussi parfaitement conscient qu’il avait représenté un mur de défense pour eux plutôt qu’un possible ami. Son comportement exagérément bruyant attirait inévitablement l’attention et les petites brutes ne voulaient pas être dans le collimateur des enseignants. En échange, il avait des gens avec qui parler et manger, parfois même avec qui traîner après l’école. Ils leur étaient même arrivé de s’entraîner avec leurs alters une fois ou deux.
Et de ce qu’il avait constaté durant ces premiers jours de lycée, était qu’il y avait une très forte possibilité que ce système ne fonctionne pas. Pire, que c’était lui qui se retrouvait entre guillemets à avoir besoin de protection. À moins qu’il ne reste seul, comme certains de ses camarades tels que Kôda, Shôji ou Tokoyami.
Puis il y avait eu l’exercice conjoint de la 1-A et la 1-B.
Neito avait déjà remarqué la tendance de Midoriya à l’analyse lors de la battle, et en avait été frustré. Lui qui pensait qu’il pouvait un peu briller avec cette compétence, voilà qu’il allait devoir la partager. Mais il se réconfortait avec le fait que son alter de copie lui donnait une capacité d’analyse presque innée des alters des autres afin de pouvoir les contrôler au mieux dans leur forme basique. Sauf qu’il semblerait que Midoriya était meilleur que lui dans ce domaine en étant proche de l’obtention d’un diplôme de licence d’analyse alter. Rien que ça.
– Voilà ton analyse, Monoma. Si t’as des questions ou si je me suis trompé sur quelque chose, viens me voir.
Neito prit la feuille d’un air hautain, presque snob diraient certains, que Midoriya lui tendait. Son camarade souriait, mais une légère angoisse ou anxiété était présente sur son visage. Malgré sa formation, il ne devait pas avoir l’habitude que les gens lisent ses analyses. Neito pouvait comprendre, car lui-même n’a jamais montré ses propres analyses à personne. En fait, personne ne savait même qu’il en faisait.
– Je le ferai.
Il passa devant Bakugô qui était assis par terre près des professeurs, regardant avec indignation et frustration, voire jalousie également, les étudiants qui avaient le droit de participer à l’exercice. Pour l’instant il fixait Midoriya et si un regard pouvait tuer, son camarade serait non seulement mort mais également réduit en bouillie de cendres fumantes.
« Encore un connard qui se pensait tout permis uniquement parce qu’il était né avec un puissant alter. »
Neito connaissait ce genre de personne, il avait même eu des ennuis avec certains d’entre eux. Et pour avoir attaqué Midoriya, son camarade de classe, il avait une seconde raison de ne pas aimer Bakugô et de le provoquer autant que possible - dans la limite du raisonnable quand les professeurs étaient dans le coin.
– Quelle visage constipé ! Inutile d’être jaloux, si tu supplies Midoriya, je suis sûr qu’il te donnera ton analyse.
– Je ne suis pas jaloux, enfoiré ! cria Bakugô en se relevant. Et je n’ai pas besoin de la stupide analyse de Deku ! Je suis le meilleur !!
Encore ce nom. Neito était familier avec les insultes, mais il n’arrivait pas à savoir la signification de celle-ci.
– Si pour toi être le meilleur c’est se comporter comme un sauvage, c’est réussi.
Bakugô amorça un geste dans sa direction, sa main formant une griffe, la même qu’il avait fait quand il a attaqué Midoriya.
– Bakugô, tu te calmes ou j’augmente ta punition, lança Vlad King à côté d’eux.
Le blond explosif se figea, la rage dans les yeux.
– Et Monoma, ne provoque pas tes camarades, ajouta Aizawa avec un air fatigué.
– Désolé sensei, dit-il pas du tout désolé.
Neito rejoignit tranquillement sa classe et se pencha sur l’analyse de Midoriya.
[Monoma Neito - Copy
Permet de copier l’alter d’une autre personne par contact physique.
Il semble que Copy possède une capacité de stockage pour les alters (trois à la fois d’après les observations) qui est active pendant une durée précise (estimée à cinq minutes maximum).
En tant qu’alter de copie d’alters, Copy ne semble pas pouvoir copier les conditions d’activation de l’alter copié. Les capacités des alters copiés dépendent donc exclusivement du corps de l’utilisateur de Copy. À vérifier si ces contraintes sont également présentes avec les mutations physiques liées à l’alter copié.
Copy fonctionne avec le contact physique, mais ne semble pas avoir une activation en cinq points, faisant qu’un doigt serait suffisant pour copier l’alter cible, ou même un simple coup de coude tant qu’il y a un contact cutané. Si seul le contact avec l’ADN est requis, il y a sans doute une possibilité que Copy fonctionne aussi avec les cheveux même s’ils ne se trouvent plus sur l’utilisateur cible.
Copy semble également donner instinctivement à son utilisateur le mode d’emploi de l’alter copié, lui permettant de s’en servir immédiatement après acquisition. Mais l’utilisation est basique, ce qui signifie que pour une utilisation plus technique, de l’entraînement avec l’alter copié est requis.
Avec de l’entraînement, il devrait être possible d’augmenter la durée durant laquelle l’alter copié peut être utilisé. Pour le nombre d’alters copiés, cela peut être résolu par l’ajout de bandes de tissus imprégnées d’ADN différents et cousues ensemble dans une combinaison portée sous le costume en contact direct avec la peau de l’utilisateur, faisant que le nombre d’alters copiés pourraient facilement atteindre plusieurs dizaines. Si c’est la solution retenue, dans ce cas s’entraîner à utiliser plus d’un alter en même temps serait pertinent et souhaitable sur le long terme. Si c’est possible, bien sûr.
Conseils : obtenir la combinaison pour maximiser l’utilisation de Copy, faire du développement physique (force, vitesse, souplesse, endurance, etc), apprendre à combattre sans alter dans le cas où l’utilisation des alters copiés serait impossible ou dangereuse.
Opinion personnelle : à première vue le costume ne semble pas posséder beaucoup de défense (si je me trompe tant mieux) et cela doit être rectifié en le rendant imperméable, ignifugé, isolant, résistant au froid, à la chaleur, aux armes blanches, aux explosions et aux chocs. De plus, bien que le visuel possède une certaine classe, la queue-de-pie est une faiblesse apparente, surtout si l’adversaire joue salement, tout comme le foulard autour du col. Il vaut donc mieux les enlever.]
Neito était stupéfait. Midoriya était bon. Non, il était excellent !
Pourquoi n’y avait-il pas pensé lui-même, pour la combinaison faite d’ADN ?! Ça réglerait définitivement son problème de limite de stockage ! S’il pouvait obtenir l’ADN de ses camarades et de son professeur principal, il aurait accès en permanence à vingt alters ! Vingt ! Bien sûr il ne pourrait toujours en soi ne stocker que trois alters, mais il n’aurait plus à faire attention à quel alter choisir ou à vérifier d’être toujours proche de quelqu’un pour copier son alter. Il lui faudrait quand même augmenter sa capacité de stockage s’il se retrouvait face à plusieurs vilains dont les alters seraient intéressants à copier, ne serait-ce que parce que c’était très satisfaisant d’utiliser l’alter de son adversaire contre lui.
Ayant l’habitude de traîner sur des forums et des blogs d’analyses alters, Neito savait reconnaître de la qualité quand il la voyait, et ce qu’il avait sous les yeux semblait avoir été fait par un professionnel. Bon la partie sur l’esthétique de son costume piquait, surtout qu’il en était fier de son idée de costume, mais comme Neito prévoyait lui-même de jouer salement s’il le pouvait, il ne pouvait que reconnaître - avec difficultés - la pertinence de la remarque. Ce qu’il n’avouera jamais à voix haute, même sous la torture.
Mais il y avait aussi quelque chose de familier dans ce qu’il lisait, sans vraiment savoir pourquoi. Neito dû le relire au moins trois fois avant de mettre le doigt dessus. Excitation et encouragement. Il avait déjà vu ces émotions ressortir dans certaines, ou plus exactement la majorité des analyses qu’il avait lu sur internet et faites par un même analyste amateur (selon ses dires), et il se rappelait avoir ressenti une certaine… terreur, dirait-il, de lire une véritable dissection d’alters alors que les personnes - celle dont l’alter est analysé et celle qui analyse - ne s’étaient jamais vues et n’avaient échangé que quelques mots.
Neito leva les yeux vers Midoriya pour constater que le garçon regardait avec intensité le combat qui avait lieu entre Iida et une fille avec des cornes qui se détachaient de sa tête. Sa main bougeait à une vitesse qui avait dû demander beaucoup d’entraînement pour conserver une écriture lisible et une structure qui ne ressemble pas à un brouillon vomi partant dans tous les sens.
Clignant des yeux à cette réflexion, Neito su soudain d’où venait la familiarité.
Quand les professeurs appelèrent la fin du cours, tous les élèves se précipitèrent en direction des vestiaires discutant joyeusement de ce qu’il s’était passé durant l’exercice. Après un geste à Uraraka et Shinsô, Izuku lui alla directement vers Vlad King.
– Euh, Vlad-sensei ? C’est l’analyse de Katsuki.
– Tu as aussi fait la sienne ? Mais tu ne l’as pas vu combattre, s’étonna l’homme, tandis qu’Aizawa continuait son chemin sans se retourner.
– J’en ai pas besoin, nous sommes dans la même classe depuis la maternelle. Enfin, nous l’étions.
Il tendit deux feuilles au héros, qui haussa un sourcil interrogateur.
– Connaissant Katsuki il va détruire la sienne, donc au cas où il change d’avis, je vous en donne une seconde.
– Merci Midoriya, dit lentement le professeur en prenant les feuilles. Et… comme tu semble connaître si bien Bakugô, peux-tu me dire pourquoi il t’as attaqué ?
Izuku grimaça, les yeux fuyant. Il avait espéré que personne ne poserait de question dessus, comme avant. Comment expliquer ça sans mentir, mais sans dire toute la vérité non plus ?
– Eh bien… Katsuki est naturellement bon en tout, et avec son alter… tout le monde l’a encensé. Nos camarades et professeurs lui ont toujours dit qu’il avait un super alter héroïque - ce qui est vrai ! - et il se considérait déjà comme le meilleur avant que son alter n’arrive donc… eh bien, il considère tout le monde à part les héros comme des… figurants.
– C’est… inquiétant. Mais ça n’explique pas vraiment sa réaction envers toi.
– Il ne m’aime pas ? tenta Izuku avec un pauvre sourire.
– Midoriya, sa réaction en plus d’être extrêmement disproportionnée, était mauvaise. Même quand on n’aime pas une personne on ne va pas l’attaquer, encore moins devant tout le monde et des héros, parce que celle-ci est plus avancée que nous. Alors donne-moi la vraie raison.
Izuku baissa les yeux, ses épaules quelque peu recroquevillées et ses mains se tordant. Il ne voulait pas que Katsuki ait des problèmes, car il pouvait changer, il pouvait s’améliorer. Izuku le savait, il l’avait vu. Mais surtout, il ne voulait pas parler de sa vie avant le collège, ou plus exactement de sa vie avant One For All dans son premier vécu.
– Je… j’ai… eu une erreur de diagnostic quand j’avais quatre ans. Et… et donc pour Kach- Katsuki j’étais… encore moins qu’un figurant, alors… quand mon alter est apparu il… il n’a pas trop apprécié… donc je suis sûr qu’il ne m’aime vraiment pas. Et aujourd’hui, en découvrant que j’ai fait une licence en parallèle du collège, il… il a cru que je… le prenais de haut. Que je me moquais de lui. Parce que je… je le concurrençais ou… faisais mieux que lui ?
Izuku fronça des sourcils à cette dernière phrase. Pourquoi y avait-il pensé de cette façon ? Était-ce parce que Katsuki ne cessait de répéter depuis la maternelle qu’il était le meilleur ? Dans un sens c’était cohérent car par définition le meilleur ne pouvait pas être surpassé. Mais… était-ce vraiment pour ça qu’il s’en était pris à Izuku toute sa vie ? Parce que Katsuki pensait qu’il essayait d’être aussi bon que lui ? Si oui, c’était tellement… foiré !
– C’est le mot.
Izuku sursauta à l’entente de la voix de Vlad King. Oh non, il avait encore marmonné.
– Désolé sensei ! J’essaye d’arrêter de penser à voix haute !
– C’est bon, tu ne te battras pas contre des vilains de si tôt, tu as encore le temps de corriger ça. Quant à Bakugô, je vais devoir avoir une très sérieuse discussion avec lui, soupira l’homme. Bon, va te changer Midoriya. Tout le monde est déjà sans doute parti.
Izuku obtempéra, courant à moitié vers les vestiaires.
Se remémorant le cours, il se dit que ça c’était bien passé, et oui, il incluait la crise de colère et tentative de meutre de Katsuki dedans. Il avait tellement l’habitude que le blond lui saute dessus pour le frapper avec son alter (dans son premier vécu surtout), que d’avoir réussi à esquiver et à désamorcer son attaque le laissait un peu flottant dans sa tête. Avec l’entraînement de Yûei durant la première chronologie, Izuku avait appris à réagir vite et à riposter contre différents types d’adversaires, mais se battre contre Katsuki lui laissait toujours un sentiment de peur qui le rendait un peu trop immobile dans les premiers instants. Il lui restait encore beaucoup de chemin à faire pour devenir plus fort.
Le fait de n’avoir pas pu participer à l’entraînement physique était dommage, mais Izuku s’était éclaté à analyser les alters de ses camarades, donc ce n’était pas très grave. Ça avait été un peu difficile de suivre deux personnes en même temps et de noter sur deux feuilles séparées leur analyse, mais il était sûr d’avoir réussi à rendre quelque chose d’un minimum correct. Izuku avait tout de même du faire attention à ne mettre aucune des informations qu’il possédait sur les futures augmentations des alters de ses camarades, ce qui avait été très compliqué lors des deux, trois premiers duels, puis c’était aller tout seul.
De nouveau en uniforme scolaire, Izuku poussa la porte de sa salle de classe pour ensuite se faire dessus par l’entièreté de sa classe. Ou presque. Todoroki n’était visible nulle part, et certains de ses camarades se tenaient un peu en retrait..
– Midoriya !! C’était trop cool !! s’extasia Ashido, bruyamment soutenue par leurs camarades extravertis.
– H-hein ?! De… de quoi ? bégaya Izuku de surprise.
– La façon dont t’as plaqué ce garçon de la 1-B au sol quand il t’a attaqué ! C’était badass ! lui assura Kaminari avec un pouce en l’air.
– Tes analyses aussi sont incroyables ! sourit Sero. Ça ne m’est jamais venu à l’idée d’essayer de changer la composition de mes bandes pour voir si c’était possible. Je vais tester ça le plus tôt possible.
Tout le monde y alla de son petit mot, ou hochant la tête d’approbation aux dires de leurs camarades.
– Ah, euh… m-merci, rougit Izuku de gêne face à tant de compliments. Mais c-c’est pas grand chose vous savez… avec un peu d’entraînement tout le monde peut le faire…
– Sûrement pas !
La voix de Monoma claqua, faisant tomber un petit silence surpris sur les adolescents. Le blond en profita pour s’approcher et se placer devant Izuku.
– L’humilité est peut-être vue comme une qualité, mais là ça ressemble plus à une insulte Midoriya. Peu de gens sont capables d’atteindre un tel niveau avec juste “un peu d’entraînement” comme tu dis.
Izuku ne put s’empêcher de reculer d’un pas devant l’air renfrogné de son camarade, réflexe de côtoyer trop souvent un blond en colère.
– Tu suis actuellement une licence universitaire Midoriya, poursuivit Monoma en croisant les bras. Le fait que tu ne veuille pas t’en vanter est quelque chose que je comprends pas - car c’est ce que je ferais à ta place - mais te rabaisser de la sorte est insultant pour ceux qui sont dans le domaine.
Monoma semblait plus vexé qu’en colère et Izuku ne comprenait pas vraiment pourquoi. Il savait qu’il devait arrêter de minimiser ses compétences, Nezu le lui ayant déjà dit, mais il était persuadé qu’avec de l’entraînement et de la pratique tout le monde pouvait analyser l’alter de son voisin.
Se trompait-il ?
– Je ne voulais pas t’offenser Monoma. Je… J’ai pas l’habitude qu’on apprécie mes analyses. Les gens les trouvent effrayantes en général.
Son camarade cligna des yeux, surpris, mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que quelqu’un d’autre le fit à sa place.
– C’est clair que c’est effrayant, acquiesça Tetsutetsu. Mais c’est aussi viril !
– L’opinion négative est souvent due à la jalousie des autres qui sont perdus dans les ténèbres de leur ignorance, dit Tokoyami d’un ton calme, les mains dans les poches.
– Je suis content de ce que tu as dit sur moi, ajouta joyeusement Dark Shadow en se drapant sur les épaules d’Izuku. C’était gentil !
Izuku rougit de la proximité, n’en ayant toujours pas l’habitude. Il sourit néanmoins en réponse, caressant doucement le bec de l’alter le faisant… roucouler ? ronronner ? un mélange des deux ? bref, un son que les filles de la classe trouvèrent adorable vu leur réaction, et qui fit rougir de gêne Tokoyami.
En observant ses camarades, Izuku se rendit compte qu’il appréhendait pour rien. Et il s’en voulu. Il aurait dû savoir que ses camarades de Yûei étaient différents de ceux du collège et du primaire. Mais près de dix ans à être moqué pour ses cahiers et le fait de vouloir être un héros avait laissé des traces qui avaient beaucoup de mal à partir, faisant que depuis son retour il avait caché son analyse.
– Moi, je suis triste pour ton avis sur mon costume, s’exclama dramatiquement Aoyama. Il est pourtant fabuleux !
– Oh, euh…
– Un chevalier en armure est tout ce qu’il y a de parfaitement héroïque, mon cher ! Iida porte lui aussi une armure, et pourtant tu n’as rien dit contre.
– L’armure d’Iida est conçue pour le protéger autant de la vitesse de sa course que des impacts. Étant donné ton style de combat, il te faudrait quelque chose de plus léger et souple, mais renforcé dans le dos pour le protéger davantage. Même si le problème de poussée de ton alter pourrait sans doute être corrigé avec des chaussures adhérentes. Et comme il semblerait que tu deviennes malade si tu utilises trop ton alter, apprendre à te battre au corps à corps est nécessaire, et donc il te faut un costume plus pratique et polyvalent.
Izuku ferma la bouche et respira. Puis fronça les sourcils.
– Mais… je t’ai déjà dit tout ça dans ta fiche, non ? Ou j’ai oublié ? Si je l’ai fait, je suis désolé, je peux tout de suite la corriger ! commença-t-il à paniquer.
– Du calme Midoriya, intervint Shinsô. On s’est plus ou moins partagé nos analyses, par curiosité, et tu ne l’as pas oublié. Aoyama est juste vexé que tu n’apprécie pas son sens du style clinquant, ajouta-il avec un sourire en coin.
Quelques-uns rigolèrent.
– Je reconnais que cette partie a un peu piqué, mais je comprends. J’avoue que je n’avais pas pensé à renforcer mon costume, donc j’avais juste demandé le “truc habituel”, avoua Jirô en se grattant la joue.
– Oui, je pense que beaucoup d’entre nous vont aller demander des modifications, affirma Yaoyorozu. Je me suis moi-même plus concentrée sur la surface d’utilisation de mon alter que sur la protection.
– Oh, c’est bien, sourit Izuku. Les élèves de Soutien doivent toujours être là, je crois.
Enfin… il y en a une qui était assurément toujours là. Dans son premier vécu, d’après ce qu’Izuku avait compris, PowerLoader était obligé de menacer et d’éjecter physiquement Hatsume de l’atelier, sinon elle aurait dormi sur place. Les dortoirs ont dû être Noël avant l’heure pour elle.
– C’est une très bonne idée Midoriya ! s’exclama Iida à grand renfort de gestes de main robotiques. Dans ce cas, il serait préférable d’y aller maintenant, car certaines modifications vont sans doute prendre du temps.
Ainsi d’un commun accord, toute la 1-A - moins Todoroki - prit ses affaires et sa mallette de costume pour envahir le Département de Soutien.
Izuku tenait sa tasse de thé avec ses deux mains, la nervosité s’étant répandue dans son corps qu’il tremblait légèrement et il ne voulait pas risquer de tacher son uniforme.
– Le thé va refroidir, Midoriya-kun, fit doucement Nezu.
Il hocha la tête et porta la tasse à ses lèvres, mais ne put prendre que quelques gouttes tellement que sa gorge était noué d’anxiété et d’appréhension.
Aujourd’hui, la classe 1-A allait à l’USJ.
Izuku savait qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour améliorer les choses, mais il savait aussi que tout ce qu’il avait fait pourrait en fait empirer les choses. L’absence de Mineta à Yûei en était la plus grande preuve. Et la situation dans laquelle ils se trouvaient en ce moment était différente de celle de son premier vécu.
Pour commencer, en obtenant One For All trois ans plus tôt, la limite de temps d’All Might était bien plus petite, atteignant à peine le point culminant d’une heure par jour. Le fait qu’Izuku ne se soit pas activement servi de l’alter avait permis que la diminution du temps du héros ne soit pas aussi rapide qu’elle aurait dû, et permettant la présence d’All Might aujourd’hui pour se battre contre le Nomu.
Ensuite, ses camarades de classe et leur dynamique étaient différents. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour qu’il y ait une possibilité que la division opérée par Kurogiri soit différente de la première fois. Et Izuku s’en voudrait si ce changement engendrait des blessures à ses camarades, ou pire.
Pour finir, Izuku lui-même étant différent. Il ne savait pas quoi faire de cette information, il ne savait pas comment agir durant l’USJ pour éviter que tout le monde soit blessé sans empirer la situation. Si Izuku montrait un peu trop son alter, Shigaraki ferait un rapport à All For One, et il se retrouverait ciblé, et-
– Je pense que c’était déjà le cas dans ton premier vécu, Midoriya-kun.
Izuku cligna des yeux vers le principal pour se rendre compte qu’il avait encore marmonné. Minute, comment ça déjà le cas ?
– Selon ce que j’ai compris de tes cahiers, il est plus que probable que Shigaraki ait parlé de toi à All For One après sa défaite à l’USJ. Mais je pense qu’il ne t’as pas ciblé tout de suite parce que tu te brisais les os dès que tu utilisais l’alter, et donc il ne t’as pas jugé comme une menace, expliqua l’hermine avant de se resservir une tasse de thé. Ce qui a été une bonne chose pour toi, te donnant le temps nécessaire pour apprendre à t’en servir.
– Mais puisque Midoriya-shônen sait se servir d’One For All sans se blesser, cela ne risque-t-il pas de le marquer comme une cible plus tôt que la dernière fois ? demanda Yagi, inquiet. Essayer de le garder sous le radar ne serait-il pas la chose à faire ?
– Normalement oui, acquiesça Nezu. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans un combat, et encore moins dans une bataille, même avec les informations dont nous disposons. Il vaut mieux laisser Midoriya-kun libre de ses actions, et aviser les retombées une fois la situation finie.
Izuku se contenta à nouveau de hocher la tête. Il était content de ne pas à avoir à brider son pouvoir, car s’il le faisait et que ses camarades étaient blessés à cause de ça, il culpabiliserait. Il s’en voulait déjà de la blessure qu’Aizawa-sensei avait eu face au Nomu, même s’il savait que ce n’était pas sa faute. Mais il n’avait pas réussi à bouger, et s’en voulait pour ça.
– Tout est sous contrôle Midoriya-kun, le rassura Nezu. Yagi-kun est déjà présent sur le terrain de Yûei, et sera amené à l’USJ par Treize. Quant à moi, je surveille déjà les caméras de l’endroit, ainsi dès que le signal sera interrompu, je lancerai l’alerte et tous les héros présents à l’école vous rejoindront. De plus, j’ai entendu dire que tes camarades de classe avaient fait une optimisation de leurs costumes, ils seront donc mieux protégés que dans ta première chronologie.
– Tu as fait tout ce que tu pouvais Midoriya-shônen, et c’est beaucoup pour quelqu’un dans ta situation. Je pense que je n’aurais pas moi-même réussi aussi bien.
Cela fit crachoter Izuku, car c’était All Might, et en tant que héros numéro un il était évident qu’il aurait mieux réussi qu’Izuku, mais l’homme n’en démordit pas.
Quittant le bureau du principal pour rejoindre sa salle de classe, Izuku essaya tant bien que mal de se calmer, mais ce ne fut pas une grande réussite. La matinée passa à la fois trop lentement pour les nerfs d’Izuku, et trop vite pour que son cerveau puisse réfléchir sur ce qui allait se passer.
Comme dans son premier vécu, il se retrouva dans le bus avec ses camarades en direction de l’USJ, avec Aizawa-sensei dormant à l’avant à côté du conducteur.
Contrairement à son premier vécu, Izuku portait son costume, Katsuki n’était pas là et Shinsô se trouvait à ses côtés avec Uraraka.
– Hé, Midoriya. je dis toujours ce que je pense, peu importe ce que j’ai dans la tête, fit soudainement Asui à sa gauche, le faisant sursauter.
– Euh, oui Asui ?
– Appelle-moi Tsuyu, répliqua-t-elle immédiatement. Ton alter me fait penser à celui d’All Might.
« Pas encore !! »
– Ah, euh… bégaya-t-il en se frottant la nuque. Eh bien… All Might est mon héros préféré, alors… peut-être que je l’imite un peu ?... Ou beaucoup ?
Izuku n’avait jamais su mentir, mais ce n’était pas vraiment un mensonge. Il était conscient qu’il copiait beaucoup All Might dans son premier vécu, et avait tendance à continuer inconsciemment.
– C’est vrai que vos alters ont l’air similaires, intervient Monoma assis vers l’arrière du bus. Mais l’alter d’All Might est basé sur la force, or celui de Midoriya est plus un stockage d’énergie. Rien à voir.
– Vraiment ? s’interrogea Mina. Je croyais que l’alter d’All Might était une sorte de secret, car il n’a jamais dit clairement ce que c’était ?
– Est-ce que ça veut dire que vos alters pourraient réellement être similaires ? demanda Uraraka en se tournant vers Izuku.
Avec autant de regards dirigés vers lui, il n’était pas facile de ne pas paniquer. Comment répondre à cette question sans dire la vérité ? Il ne pouvait pas avouer qu’ils avaient exactement le même alter !
– Eh bien… beaucoup d’alters sont similaires de nos jours, donc c’est… il est possible que nos deux alters soient effectivement semblables. Mais sans connaître l’alter d’All Might, c’est difficile à dire.
– Tu pourrais essayer de l’analyser, dit Shinsô. T’es très bon pour ça.
– Quoi ?! s’exclama Izuku en rougissant de panique. N-Non ! Je… je pourrais jamais ! C’est All Might ! Si je le f-faisais, je… j’aurais l’impression de b-briser un mythe ou quelque chose du genre ! nia-t-il en secouant fortement la tête, faisant rire ses camarades.
– D’accord, calme-toi. Personne ne t’obligera à commettre de sacrilège, sourit d’amusement Shinsô.
Et la conversation dériva au grand soulagement d’Izuku.
Pourtant Shinsô avait raison, il devrait analyser One For All. Dans son premier vécu il ne l’avait pas vraiment fait, justement parce qu’il avait l’impression de faire quelque chose de mal, parce que c’était l’alter d’All Might. Dans un sens, Izuku l’avait déjà fait, peu après avoir parlé aux Prédécesseurs en atteignant les 45%, même si c’était plus un apprentissage global des différents alters stockés qu’une véritable analyse. En dehors de débloquer les alters des anciens utilisateurs, pouvait-il faire autre chose avec l’alter en lui-même ? Autre chose qu’All Might faisait déjà ?
Perdu dans ses pensées, Izuku ne vit pas le reste du trajet passé, et se retrouva surpris lorsqu’ils durent descendre du bus. Aizawa-sensei les fit entrer dans l’immense dôme où les attendait Thirteen… et All Might.
L'héroïne de sauvetage commença un discours sur l’endroit en lui-même et sur les dangers inhérents aux alters, mais Izuku n’écoutait qu’une oreille, son attention fixée sur la fontaine de la place. Du coin de l’œil, il pouvait voir All Might jeter des coups d’œil autour d’eux tout en surveillant les élèves. À peine le discours fut-il finit, qu’un point de brouillard violet-noir apparu devant la fontaine, marquant la formation d’un des portails de Kurogiri et de l’arrivée imminente des Vilains.
Un étrange calme s’empara d’Izuku, ainsi qu’une farouche détermination, tandis que Aizawa-sensei et All Might se tournaient vers la place, ayant sans doute senti quelque chose.
– Il semblerait que nous ayons des invités indésirables, dit All Might d’un ton sans sourire.
– Tout le monde se regroupe ! cria Aizawa-sensei en mettant ses lunettes. Thirteen, protège et évacue les étudiants !
Tout le monde regarda dans la direction indiquée, certains élèves s’avançant par curiosité.
– Qu’est-ce qui s-
– On se regroupe et on évacue, cria à son tour Izuku en empoignant Tetsutestsu pour l’empêcher d’avancer davantage. On retourne dans le bus, vite !
Si toute sa classe pouvait évacuer avant que les combats ne commencent, ça serait vraiment super. Ça le rongeait de laisser son professeur seul contre un aussi grand groupe, sachant que All Might serait concentré sur le Nomu, mais il savait que ce genre de combat était la spécialité d’Eraserhead.
– Ce sont des Vilains jeunes gens, dit calmement All Might. Allez vous mettre à l’abri.
Izuku entreprit de pousser ses camarades vers les portes encore ouvertes, ce qui fut le signal pour que tout le monde court dans la direction opposée des criminels. Malheureusement, Kurogiri apparu devant eux, stoppant leur progression.
– Salutations, nous sommes l’Alliance des Vilains, dit-il très poliment. Je m’excuse de notre impertinence, mais nous avons pris sur nous d’entrer à Yûei, la base des héros, afin de vaincre All Might, le “Symbole de la Paix”.
C’était toujours aussi horrible de l’entendre une seconde fois, surtout vu le peu de temps qu’il restait à l’homme en question pour utiliser son alter.
Et durant cette introduction, les portes de l’USJ se refermèrent.
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Dans les répliques d'Aoyama, les mots en italique sont dit en français.
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