Une fin d’après-midi, quelque part dans l’univers magique.
– Je fais de la bouillie pour les trois petits cochons… Pour un… Pour deux… Pour…
Un éclair zébra la pièce et coupa momentanément toute électricité.
– Explosion à un mètre au-dessus du chaudron, effusion de liquide bleuâtre dans des directions de types feu d’artifice. Hm… fumée épaisse qui se dégage du chaudron, une odeur nauséabonde qui donne envie de vomir ses boyaux. Le temps à travers la fenêtre reste inchangé : ciel clair et bleu, aucun nuage à l’horizon. Non, décidément c’est pas encore la bonne formule.
Mirméri soupire avant de refermer son grimoire et d’aller le ranger dans sa bibliothèque à côté d’autres grimoires.
Elle glissa son doigt sur les reliures des couvertures pour trouver celui qui, elle en était persuadée, serait enfin le bon !
Son doigt rencontre du vide. En effet, un grimoire manquait à l’appel, et bien entendu c’était celui-là qu’elle voulait, ça aurait été trop facile si elle avait mis directement la main dessus. Cependant, Mirméri rangeait toujours très soigneusement et méthodiquement ses grimoires, elle était sûr de l’avoir remis à sa place après sa dernière utilisation, il y avait de ça de bien belles lurettes. Ça ne pouvait pas être l’œuvre de n’importe qui…
– Lule ! LULE ! VIENS PAR ICI TOUT DE SUITE !
– Miaou ?
– VIENS PAR ICI ! Et arrête de faire le chat, tu es loin d’en être un !
– Miaou !
– Non, pas miaou ! T’es pas un chat Lule !
– Miiiiiiiiaou !
– Lule pour libellule ! Par Lule pour chat !
Lule la libellule se tenait devant sa maîtresse, Mirméri qui se demandait bien pourquoi elle avait choisi un tel familier pour l’accompagner dans ses plans machiavéliques.
– Où est mon grimoire, Lule ?
Les bras croisés, Mirméri faisait peur… Ses yeux entièrement blancs faisaient frémir les ailes de Lule la libellule dans un grésillement sonore.
– Miaou ?
– Fais pas l’innocente, je sais que c’est toi ! Où est mon grimoire ?
– Miaou ?
– MAIS LÀ ! Tu vois pas qu’il me manque un grimoire !
– Miaou.
– Comment ça c’est pas ta faute ? Qu’est-ce que tu as fait Lule ?
– Miaou, miaou miaou miaou miaaaaaaaou ! Miaou, miaou, miaouuuuuuuu !
– Je vois…
– Miaou…
– M’en dis pas plus ou j’vais te réduire en cendre.
La colère de Mirméri faisait scintiller la lumière de la cabane en boit qui était son chez elle. Elle se mit à fait les cents pas entre son chaudron, sa bibliothèque et sa cheminée face à Lule la libellule totalement désemparée qui ne cessait de miauler tel le chat qu’elle n’était pas.
– Si je résume, tu as voulu t’instruire pendant que j’étais partie récoltés des ingrédients nécessaires aux plans machiavélique que je suis en train de mettre en place, mais un bruit à la porte t’a fait peur et tu as laissé échapper le livre. C’est bien ça ?
– Miaouuu…
– Et dans la peur, la surprise, la terreur que tu as ressentie, tu as accidentellement déclenché tes pouvoirs de familier et précipité le grimoire, MON grimoire dans les abysses de l’océan.
– Miaou…
Lule la libellule plaidait en effet coupable, mais comment aurait dû-t-elle réagir ? Mirméri l’avait abandonné, l’avait laissée seule dans la cabane sans aucune lumière, ni bougie pour chasser les monstres qui, elle le savait, peuplaient le noir.
Le bruit que Lule la libellule avait entendu n’était pas le fruit de son imagination, elle savait qu’il y avait quelque chose et que cette chose voulait le grimoire qu’elle lisait alors. Lule la libellule avait tenté de miauler après l’ombre, mais la terreur avait bloqué tout sons en provenance de ses cordes vocales. Elle n’avait eu d’autre choix que de laisser tomber le grimoire et le cacher pour que jamais l’ombre ne le récupère.
– Et bien sûr, tu n’as pas pensé à me prévenir ni même à aller récupérer le grimoire. Bien sûr que non, ça aurait été trop te demande. IDIOTE DE LIBELLULE !
Mirméri chassa Lule la libellule d’un revers de la main et la pauvre libellule fut projetée contre la bibliothèque et retomba la tête contre le chaudron magique avant d’atterrir par terre, du liquide vert s’échappant de sa tête de libellule.
– Mi..a…ou…
Mirméri avisa son familier et soupira avant de lui tourner le dos.
– Ça t’apprendra à me mentir, lui dit-elle avant de disparaître de la cabane dans un nuage de fumée.
Mirméri atterrit près de l’océan, elle ne connaissait pas l’endroit exact où se trouvait le grimoire, mais à coup de sortilèges elle pourrait assurément le retrouver. Elle devait seulement attendre la nuit tombée, car c’était à cet instant que son pouvoir de respirer sous l’eau prenait vie.
Au milieu de l’océan, tard dans la nuit
Mirméri nageait telle un poisson, son pouvoir lui était pour le coup bien utile. Elle qui avait souvent rêvé d’en avoir un plus sympa et amusant, au final elle remercia le ciel de ce don. Qui l'eut cru, Mirméri, sorcière aux plans machiavéliques en préparation, remerciait le ciel, la bonne blague !
Mirméri fouillait l’océan avec la rapidité d’une sirène, encore eut-il fallu qu’elles existent. Est-ce qu’elles existaient ? Mirméri n’en avait aucune idée, à dire vrai à part ses plans machiavéliques, rien ne l’intéressait.
Elle parcourait l’océan depuis de nombreuses heures, en relevant la tête Mirméri pouvait voir la lune décliner trop rapidement à son goût, car les premiers rayons du soleil faisaient déjà leurs apparitions. Mirméri devait se dépêcher, son pouvoir n’avait plus que quelques minutes pour fonctionner, après ça elle savait ce qui lui arriverait : l’eau s’infiltrerait dans ses poumons et elle mourrait de mort lente et douloureuse.
Cependant Mirméri n’avait pas dit son dernier mot, il ne lui restait que certes peu de temps, mais elle avait plus d’une corde à son arc. Elle agita ses doigts dans l’eau et un éclair rouge s’en échappa. Il la guida à travers les rochers, les animaux aquatiques, les plantes, les algues jusqu’à finalement atteindre son objectif.
Son grimoire était là, enveloppé dans une bulle magique qui le protégeait de l’eau. Mirméri le récupéra et se laisse remonter à la surface alors que son pouvoir cessait de faire effet face au soleil qui imposait sa place dans le ciel.
D’un sortilège brièvement murmuré, Mirméri se trouva de nouveau dans sa cabane aussi sèche que lorsqu’elle était partie.
Elle marcha jusqu’à son chaudron et posa le grimoire sur le pupitre. À ses pieds gisait toujours Lule la libellule, son familier était toujours en vie, mais elle agonisait. Mirméri récita une incantation et Lule la libellule fit battre ses ailes avant de s’en aller voltiger dans toute la cabane si heureuse d’être en vie.
Mirméri sourit et la regarda quelques instants avant de se concentrer sur ses plans machiavéliques. Elle ouvrit le grimoire et tourna les pages jusqu’à tomber sur LA formule qui changerait tout.
– Trois p’tits chats, chapeau de paille, paillasson, somnambule, bulletin, tintamarre, marabout, bout de ficelle, selle de ch'val, ch'val de course, course à pied, pied-à-terre, terre de feu, feu follet, lait de vache, vache de ferme, ferme la boîte, boîte aux lettres, lettre d’amour, mourre-à-trois, trois p’tits chats au service du mal conquerront le monde pour le compte de Mirméri !
Un éclair zébra la pièce et coupa momentanément toute électricité. Trois chats aussi gros que des sangliers apparurent dans un nuage de fumé.
– J’AI REUSSI ! LULE !!!! ON A REUSSI !!!!!
Les trois chats regardèrent Mirméri et Lule la libellule. Ils se regardent et tressaillement de moustaches ils se comprirent. Ensemble, ils bondirent sur Mirméri et Lule la libellule la gueule grande ouverte.
Les trois chats partirent à la conquête du monde, ils tuèrent tout sur leur passage et empilèrent, les corps au centre du monde, pour former de gigantesques trônes où au-dessus trônait le nom de leur mère : Mirméri.
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