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(Monde enchanté)

Cling ! Cling ! Dans la mine d’Aztracal résonnait un énorme vacarme. La sueur se mêlait au sang. Le bruit des pioches résonnait sur le roc et laissait jaillir des étincelles. Enchaînées les unes aux autres les créatures magiques frappaient en rythme les parois d’un tunnel sans fond. La surveillance permanente des gardes, des humains armés, pesait sur les créatures. Elles savaient qu’au moindre signe de rébellion l’un des gardes déchargerait son arme sur elles. Cela faisaient si longtemps que le peuple des humains avaient réduit en esclavage les créatures magiques. Leur technologie était devenue si puissante au cours des siècles que même les forces surnaturelles que possédaient les créatures ne pouvaient rien contre eux.

Les créatures en liberté étaient devenues rares, la plupart avaient été capturées pour le travail forcé dans les mines d’or et de diamants du roi Hammond. Quand au reste, elles avaient été tout simplement décimées lors de la bataille de Grungyung. Il ne restait plus aucun espoir de retrouver un jour un semblant de liberté, pensa Miteg.

Miteg était une créature extraordinaire aussi, bien qu’à ses propres yeux il avait l’air bien misérable. La force herculéenne de son peuple était très recherchée par les humains. C’était une bête serviable, toujours là pour rendre service au siens. Ses cornes de taureau avait été limées dès sa naissance. Miteg n’avait jamais connu la liberté. Né esclave, il ne pouvait se résoudre à mourir comme tel.

La nuit était tombée de puis bien longtemps quand Miteg entendit enfin le cor des gardes sonner. C’était l’heure. Il allait enfin rentrer chez lui et se reposer. Enfin, si on pouvait appeler ça un chez-soi.

Toutes les créature magiques avaient été parquées dans un espace dédié par les humains. Même là, entre les maisons de fortune faites de bric et de brac et les ruelles crasseuses, des gardes humains faisaient des rondes. Le maintien de l’ordre était la priorité pour le roi Hammond. Sa puissance grandissait au fur et à mesure que les créatures magiques extrayaient des mines le précieux sésame dont se servaient les humains pour s’enrichir.

« Quand je pense que cette terre était autrefois la nôtre » grommela Miteg en arrivant devant une petite cabane qui semblait vouloir s’effondrer à tout moment. « Ils l’ont souillée... ».

Attablé, il commença à mangea un morceau de pain que sa femme, désormais endormie, avait laissé de côté pour son retour de la mine.

Dehors, il entendait la voix de son bon vieux Traji, un dragon aveugle et couvert de cicatrices. « La vie ne l’a pas épargné » pensa Miteg. La capture d’un dragon était un véritable exploit pour les humains. Leur armes avaient eu raison de lui. Mais Traji est une créature fière et plutôt que de se soumettre à ce peuple barbare, il préféra sacrifier ses propres yeux. Cette mutilation n’était pas un hasard. Tout le monde sait que les humains se servent des yeux émeraudes des dragons déchus pour absorber leur énergie et leur puissance. Jamais, le vieux dragon n’aurait donné cette satisfaction au roi Hammond qui prévoyait déjà d’engloutir toute sa puissance. Dès lors, un bandeau recouvrait constamment ses yeux et il errait dans le quartier des créatures magiques comme une âme en peine.

Mmhh…

Son chant parvenait aux oreilles de Miteg. Qui ne connaissait pas les paroles de cette chanson que répétait inlassablement le vieux dragon ? Elle évoquait un être surnaturel, un hybride venu d’un autre monde. Un « homme » capable de réconcilier le peuple des humains et celui des créatures magiques.

Dans son enfance, Miteg s’accrochait aux paroles de cette prophétie comme si c’était la seule et unique solution pur libérer les créatures de l’emprise humaine. Parfois, lorsqu’il n’en pouvait vraiment plus cette vie d’esclave, il se prenait à rêver qu’un hybride surgirait de nulle part et délivrerait les siens.

Un jour… peut-être.. pensa-t-il.