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Ils, elles, iels, portent en eux les marques d’autres vécus. Passionnants, douloureux, (extra)ordinaires. A travers eux, elles, iels, je suis. Une autre. Codifiée, rangée, classée. A travers moi, ils, elles, iels sont également. Codifié.e.s, rangé.e.s, classé.e.s. Nous, ensemble, c’est certainement trop.

On s’habitue au vide. On se contente rapidement de ce que l’on a. On accepte farouchement ce qui nous est ordonné. Mais comment se réhabituer lorsque tout cela s’arrête ? Après tous ces mois passer avec soi comment étions nous censé.e.s retrouver les autres ? Je n’ai toujours pas répondu à cette question, je n’y répondrais peut être jamais. Parce que ce fut violent, bien trop violent.

Bonjour. Merci. Quel temps aujourd’hui ? Et toi ça va ? Bonne journée ! Cela ne m’avait pas manqué. Enfin si, peut être un peu. Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai bien aimé être moi sans vous. Si je peux réellement me considérer comme être sans eux, elles, iels. Nous sommes nous manqué.e.s ?

Je sens les regards sur moi. J’anticipe les réactions. Je subi les critiques. C’est douloureux. Vous autres, vous m’êtes douloureux.ses. Pourtant, j’essaye de me préparer avant chaque échange, chaque situation, je prépare dans ma tête: l’ordre des gestes à effectuer, les potentiels sujets aborder les bonnes structures de phrases, les sous-entendues à éviter, les seconds degrés à comprendre.

Ai-je toujours été si décalée ? Comment ai-je fait toutes ces années ? Comment je faisant dans le monde d’avant ? J’avais un masque. Un masque aujourd’hui inconfortable car rempli de failles. Mais puis-je faire face aux autres sans ce masque ? Puis-je réellement être, si je ne suis pas celle qu’ils, elles, iels attendent que je soi.

La Je social et la Je solitude ce sont alliés pour faire face à l’état de guerre. Elles se sont apprivoisées. Elles se sont entendues. Elles se sont comprises. Aujourd’hui elles ne peuvent pas se séparer à nouveau. Mais peut être sont t’elles trop pour les autres ? Et si les autres vivaient la même chose ? Comment font ils, elles iels ?

On oublie facilement que dans les autres il y a surtout des autres soi. Avec d’autres vécues, d’autres réalités, d’autres questionnements d’autres problèmes, d’autres bonheurs, mais qui sont pourtant pas si éloigné.e.s de nous. La différence est une mauvaise chose que parce que l’on a considéré qu’elle l’était, hors comme l’a si bien dit Albert Camus: « Être différent n’est ni une bonne, ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même ».

Les autres sont surtout des Je qui cherche être un des Soi dans un monde de Nous. Baigné par l’entre soi et noyé par une fausse unité, basé sur la normalisation d’une certaine réalité. Les autres ont le droit d’être tant qu’ils, elles , iels respectent ce que je suis également. C’est à cette seule condition que nous pouvons créer un Nous, ensemble.