Il est 20h. La fin du monde vient de sonner. La télévision est notre corne d’abondance. De nature si anxieuse, je relativise pourtant dans l’instant d’angoisse. Ce n’est qu’un virus, comme il y en a déjà eu, des dizaines, des centaines, des centaines de millier. Pourtant, lorsque mes parents m’ordonnent de prendre le premier train par téléphone, je tombe des nus. Je ne peux pas partir je viens de débuter une nouvelle aventure. J’ai 20 ans, je ne peux pas arrêter ma vie à cause d’un virus. La vie est courte, précieuse, intense, elle se doit d’être vécue.
Finalement, je n’ai pas eu le choix, nous n’avons pas eu le choix. Tout cela est plus puissant que nous, bien plus puissant. Alors, j’ai fait comme tout le monde, je suis entrée en état de siège. Involontairement, j’ai intériorisé cette guerre nouvellement déclarée. Mes émotions, mes sensations, mes rêves, mes envies se sont mis en pause, d’eux-même. Nous vivions la fin du monde, le reste attendrait.
Nous n’étions pas seul.e. Les réseaux sociaux, en relais vers le monde apocalyptique qui partout tremblais, nous ont offert une bouée de sauvetage impromptue. Plus que jamais relié.e.s, on s’est vu prôner un retour à l’essentiel. Même chacun.e chez soi, les autres étaient là pour nous rappeler le mieux, le moins bien, le bien vu.
Nous avons fait du yoga. Du pain. Nous avons fait des jeux de société. Relu nos meilleures bandes dessinées. En permanence connecté.e.s aux informations, aux médias en continu, aux médecins savant.e.s, sachant.e.s, nous avons accepté.e.s, résilié.e.s cette nouvelle réalité.
Pour ceux et celles qui en avait le privilège, nous avions un « chez soi », devenue en quelques mois un refuge. Le monde extérieur revivait sans notre présence, comme de nouveau libre de prendre sa place sans la présence humaine, envahissante. La planète nous a étouffé pour pourvoir reprendre son souffle.
Pourtant, beaucoup ont avoué.e.s être sorties grandit de cette parenthèse. Changé.e.s prêt.e à débuter une nouvelle vie, plus respectueuse, respectable. Moi aussi, je l’ai cru longtemps. J’avais retrouvé ma famille, un foyer uni dans l’épreuve. Pourtant, les failles avaient déjà débuter leur craquèlement, aussi silencieuses que la fonte de la banquise.
La parenthèse salvatrice n’était qu’un mirage qui cachait en toile de fond la plus grand crise jamais vécue par l’humanité. La toile numérique nous a donné une impression de normalité, de nouvelle dimension continue, lisse, rassurante, comme elle s’est si bien le faire. Mais derrière les écrans, ce virus, initié, ou aux moins déclenché par les folies humaines, à décimé des êtres, brisé des vies et marqué nos rêves, pour longtemps.
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