Cela faisait une semaine que les obsèques avaient eu lieu, une très belle cérémonie. Néanmoins, jamais elle n’aurait pensé qu’une chose pareille arriverait aussi vite. Son père avait été victime d’un arrêt cardiaque, personne ne s’y attendait, il tenait une forme du tonnerre. Sa mort avait surpris tout le monde, a commencé par les médecins.
Depuis l’enterrement, Sophie avait l’impression que celui-ci ne la quittait pas. Elle l’imaginait flottant à ses côtés comme un hologramme, elle était assaillie pas les innombrables conseils non sollicités que sont père aurait pu lui donner s’il était encore en vie :
- Tu devrais mettre plus de sucre sur tes fruits, est-ce que tu as mis ton four à préchauffer ? , tu penses vraiment que tu as mis assez de beurre dans cette pâte ?
- BON SANG, LÂCHE-MOI ! hurlait-elle intérieurement tout en continuant à disposer consciencieusement ses abricots sur la pâte.
Le souvenir de son père était à la fois douloureux et terriblement agaçant. Elle se demandait combien de temps tout ceci allait durer, combien de temps encore elle allait l’entendre alors que manifestement, il n’était plus là.
Elle lustra enfin sa tarte avec la gelée :
- Moi je la trouve très bien cette tarte, peu importe ce que tu en penses, papa.
Une vague de tristesse la submergea, ne pouvant retenir ses larmes, elle recula d’un pas et elle tamponna ses yeux du dos de la main. Dans le même mouvement elle tâcha son chemisier avec le bout de son pinceau gorgé de glaçage :
- Super dit-elle en arrachant son tablier et en le jetant sur la table.
Elle allait monter à l’étage pour se changer mais fut interrompue par quelqu’un qui s’était mis à tambouriner à la porte. Ses yeux se posèrent sur l’horloge du couloir : qui pouvait bien venir lui rendre visite à cette heure ? Ne se souvenant pas avoir invité quiconque elle redescendit les escalier avec méfiance :
- Miss Barker ? c’était une voix d’homme, et de nouveau il tambourinait à la porte. Miss Barker, vous êtes là ?
Saisissant un chandelier, elle se rapprocha doucement, sur la pointe des pieds afin de tenter, en toute discrétion, de distinguer une silhouette à travers le verre fumé de la porte d’entrée.
Elle n’avait pas eu le temps de discerner quoi que ce soit que son visiteur avait déjà fait demi-tour, elle reposa son chandelier et se dirigea vers la fenêtre. Une voiture de police quittait doucement son allée, mais que lui voulaient t’ils ?
Elle se précipita sur le téléphone, elle tenta de joindre le shérif et à la troisième sonnerie, quelqu’un lui répondit :
- Je souhaiterais parler au Shérif Oldman s’il vous plaît.
Il s’agit d’une urgence ?
Non mais une de vos voitures de patrouille vient de quitter mon allée, je n’ai pas eut le temps de leur ouvrir ma porte.
- Ah ! Vous devez être Miss Barker, ne vous inquiétez pas, rien ne presse, vous pouvez vous rendre au bureau cet après-midi ? »
- Oui, biensur.
- Parfait, nous vous expliquerons tout sur place
- Merci, je viendrais dès que possible
C’est un peu moins d’une heure plus tard qu’elle arriva au bureau du shérif. Elle frappa à la porte :
-Entre Sophie, entendit-elle de l'autre côté.
Le shérif lui fit signe de s’asseoir, Sophie s’attendait à tout :
- Nous avons récupéré ces quelques effets, ils appartenaient à ton père, dit le shérif en posant sur le bureau un petit sac :
- Je t’en prie, prend tout ce dont tu as envie, je laisserais le reste sera pour « les autres ».
- Et c’est tout ?
- Comment ça ?
- Je ne sais pas, il n’était peut-être pas nécessaire d’envoyer vos gars chez moi pour ça non?
- Ils étaient sur le chemin, ils patrouillaient dans le coin donc je leur ai demandé de t’apporter ce carton, rien de plus.
Sophie soupira et se ratatina sur son siège :
- Qu’est-ce qui ne va pas ? Fit le shérif
- Eh bien, je pensais qu’il y aurait du nouveau, que vous aviez découvert quelque-chose d’important.
Sophie…
- Je suis désolée, fit la jeune femme en fondant en larme.
Oldman saisi une de ses mains dans les siennes :
- C’est rien, là, calme-toi. Tenta t-il de l’apaiser en pressant sa main avec douceur.
- Je suis perdue Frank.. gémit-elle.
- Je le sais, je le sais. Fit-il. Je pense que tu devrais essayer de voir quelqu’un.
- Tu penses que je suis folle c’est ça ?
- Mais non, tu n’es pas folle ! La plupart des gens qui perdent un proche traversent ce genre de phase, c’est tout à fait normal. Ecoute-moi, ton père est mort d’une mort naturelle, personne ne s’en est pris à lui et personne ne s’en prendra à toi.
- Tu m’as déjà dis ça…
- Bien sur, puisque c’est la stricte vérité ! C’est pour ça que je souhaite que tu vois quelqu’un, dit-il en tirant un bloc-note de son bureau et commença à griffonner une adresse et un numéro de téléphone.
- Comment peut-on en être surs ?
- Mais enfin Sophie ! On a pratiqué une autopsie, une analyse toxicologique, rien n’a été trouvé ! On n’a pas inventés les résultats ! Fit-il en perdant patience, il glissa le papier sur la table jusqu’a la jeune femme. Sophie saisi le morceau de papier et le tourna et le retourna entre ses doigts.
- Je suis désolé Sophie, nous aimions tous ton père ici, et je n’ai aucune idée d’a quel point tu souffres en ce moment, mais il faut que tu tournes la page, avec ou sans aide.
Elle mit le morceau de papier dans son porte-feuille, se leva et Oldman l’imita, il lui tendit les bras et elle s’écrasa contre lui, lâchant tout ce qu’elle retenait en elle depuis l’enterrement. Elle avait eu l’air si digne et si forte lorsqu’il était venu lui annoncer la mauvaise nouvelle. A présent il la voyait abattue par le désespoir, hurlant toute la douleur qu’elle avait su si bien taire jusqu'alors. Il avait eu envie de pleurer lui aussi, de l’accompagner dans son deuil, mais il se devait d’être fort, pour elle. Il la laissa exprimer son chagrin jusqu’à ce qu’elle en ai assez.
Elle essuya ses yeux avec un mouchoir sorti de son sac encore secouée de sanglots, Oldman lui fit signe de se rasseoir :
- Je vais te chercher un café, prend ton temps, tu ne repartiras pas d’ici dans cet état.
Il était revenu avec un café fumant, qu’il posa sur le bureau :
- Merci Greg… dit-elle tête baissée.
- De rien Sophie, je veux juste que tu me promettes que tu prendras rendez-vous, au moins pour essayer.
- Je le ferais, c’est promis, répondit-elle en levant enfin les yeux vers les siens.
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