Lilly fit les cent pas dans l’appartement, agitée comme elle ne l’avait jamais été auparavant ; tous les espoirs qu’elle avait retrouvés avaient disparu en une seule soirée. Que s’était-elle imaginée ? Qu’espérait-elle de Christian après tout ? Celui-ci ne lui avait jamais rien promis et pourtant… il aurait pu être celui qu’elle cherchait depuis toujours sans n’avoir jamais voulu l’admettre. Mais après ce soir tout était fini… Assis sur une chaise en fumant une cigarette, Albert ne la quittait pas des yeux. De l’agitation de Lilly, il estima que le moment était enfin arrivé de lui faire part de son plan, il le planifiait depuis des jours espérant trouver le moment opportun. Il écrasa sa cigarette avant de montrer un objet à Lilly. Elle écarquilla les yeux, incrédule, lorsqu’elle s’approcha de lui et comprit ce qu’il tenait dans les mains.

— Une arme ! s’exclama-t-elle paniquée.

— Oui, une arme pour toi. Calme-toi, c’est bien pour ça qu’on est là, non ? Le moment est venu de t’en servir. Tu le savais que tu devrais t'en servir un jour ou l’autre.

La main de Lilly tremblait en saisissant le pistolet, Albert ajouta d’une voix très calme :

— À ton tour d’appuyer sur la détente. Œil pour œil, souviens-toi.

Elle tenait l’arme fermement dans ses mains, hochant la tête en accord avec les paroles d’Albert, celui-ci sourit d’un air approbateur. Toutes ces années ont servi, se dit-il en lui-même, Lilly était maintenant déterminée à mener sa mission à bien. Concentrée sur son arme, elle ne s’aperçut pas qu’Albert en possédait une également, cachée habilement dans la poche de son inséparable imperméable. Il se leva prononçant lentement :

— Le moment est venu, allons-y.

Une dernière larme coula des grands yeux bleus de Lilly.