Tard dans la nuit, Albert était devant la villa de Roger, personne ne l’avait remarqué. Il jeta un coup d’œil à sa montre.
— Parfait.
Avec son petit sourire cruel du coin des lèvres, il démarra sa voiture et repartit en direction de son habitation.
— C’est le moment. À toi de jouer Lilly.
De retour dans son appartement, Albert entra bruyamment, espérant ainsi réveiller Lilly. La jeune fille était encore endormie sous l’effet du somnifère mais elle se réveillerait bientôt, la dose étant minime. Albert la secoua.
— Lilly, réveille-toi.
Elle sortit difficilement de son sommeil, toute étourdie.
— Lilly ? Tu m’entends ?
Elle acquiesça d’un signe de tête encore incapable de prononcer un mot.
— Il faut que tu sois prête. C’est extrêmement important.
— Prête pour quoi ? lui répondit-elle la tête entre les mains.
— Lilly ! Tu sais pourquoi on est là !
Après lui avoir assuré qu’elle était prête à agir, Lilly tenta de faire part à Albert de son hésitation, elle craignait tout de même sa réaction.
— Je… Je les ai rencontrés cet après-midi, lui dit-elle sans ajouter d’autres détails sachant parfaitement tous les deux de qui il s’agissait.
Albert prit une chaise et s’installa près d’elle, ayant le pressentiment qu’elle avait quelque chose qui lui passait par la tête, une situation qu’il aurait préféré éviter. Il soupira souhaitant se tromper sur les sentiments de Lilly envers Christian. Son sixième sens ne le trompait pratiquement jamais, surtout lorsqu’il s’agissait du comportement de celle qu’il avait élevée comme sa propre fille pour arriver à ses fins.
— Tu es vraiment sûr que c’est lui, lui demanda-t-elle d’une petite voix prudente.
Il répondit affirmativement d’un signe de tête, son regard l’encourageait à continuer. Lilly inspira longuement.
— Je… Je… Je ne sais plus… Ils ont l’air si gentils tous les deux…
À ces mots, Albert se dressa brusquement de sa chaise et l’interrompit.
— Oh non pas ça Lilly ! Ne me dis pas que…
Ce qu’il craignait depuis toujours était finalement arrivé, et avec le fils de Roger pour couronner le tout. Son regard était furieux, sa voix menaçante quand Lilly ajouta :
— C’est que… Il est si gentil avec moi…
— Gentil ! s’écria Albert, ah oui vraiment gentil ! Eh bien figure-toi qu’il est encore plus gentil avec quelqu’un d’autre ce soir ! Un vrai gentilhomme !
Lilly le scruta d’un œil interrogateur, ne comprenant pas les paroles d’Albert. Il se calma et changea le ton de sa voix aussi paternellement que possible.
— Mais tu ne vois pas qu’il s’amuse seulement avec toi ? Tu n’es qu’un passe-temps pour lui, ouvre les yeux, voyons Lilly !
Elle tenta de reprendre le dessus sur ses émotions pour qu’aucune larme ne lui coule sur les joues.
— Tu veux voir ce que je veux dire ? Alors viens avec moi, on va voir comment ton prince charmant pense à toi.
En prononçant ironiquement ses paroles, Albert ricana en lui-même : « c’est encore mieux que prévu, après tout ça me sera utile. »
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