Albert était assis dans sa voiture depuis quelques heures déjà, examinant scrupuleusement la villa. Il y venait assez souvent observer les allées et venues. De son poste, il pouvait étudier avec attention les habitudes de ses occupants à sa guise. D’ici on ne pouvait pas le voir. Son plan devait être parfait. Personne ne devait se douter qu’il serait impliqué dans la suite des événements. Tout reposait sur Lilly maintenant. Il fallait la convaincre qu’il n’y avait pas d’autre solution. Sur le moment avait-elle réagi ainsi trouvant cette hypothèse impossible, mais…

Absorbé dans ses pensées, Albert ne s'était pas aperçu que quelqu’un l’avait remarqué aujourd’hui. Christian s’était approché de la voiture sans bruit.

— Hé, bonjour ! Vous cherchez quelqu’un ?

Albert sursauta lorsqu’il entendit taper du poing sur la fenêtre de sa voiture. Pris au dépourvu, il ne réussit qu’à bégayer qu’il se promenait rien de plus. Il s’empressa de mettre le moteur en marche et démarra en soulevant la poussière sous l’œil surpris de Christian.

— Ça alors, il est bien pressé celui-là !

Albert se dirigea vers son appartement. Jamais il ne se le pardonnerait, il s'était fait remarquer tout à l’heure. Par le fils de Roger, en plus. Il tourna la poignée de la porte, personne à l’intérieur, Lilly était sûrement sortie. Parfait, il pouvait réfléchir, seul. Il se servit un verre qu’il but à petites gorgées. Il se devait d’être plus prudent. Et si Christian en faisait la description à son père ? Non, des années s’étaient écoulées depuis… Roger ne devait surtout pas se douter qu’il était ici. Il sortit une vieille photo de sa poche et la contempla longuement.

— Après tout ce temps… Tu regretteras amèrement ce jour-là… L’heure de la vengeance a sonné.

Il rangea la photo et se leva de son siège, un sourire peu rassurant lui dessinait les lèvres.