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Lilly n’était nullement en accord avec le plan d’Albert et n’avait aucune intention de l’exécuter.

— Non ! hurla-t-elle. Ça non ! Jamais !

Albert était assis sur une chaise, calme comme à son habitude, la suivant du regard alors qu’elle arpentait la pièce d’avant en arrière. Il s’alluma une cigarette.

— Calme-toi Lilly.

À ces mots, elle lui lança un regard furieux.

— Me calmer ? Me calmer ? Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Hors de question !

Albert se leva et s’approcha à pas lents de Lilly. Le ton de sa voix était toujours aussi calme. C’était ce qui caractérisait le plus Albert : son calme était inquiétant, il paraissait également toujours si sûr de lui que la jeune fille évitait le plus souvent de le contredire.

— Tu te souviens pourquoi on est là, hein Lilly ? lui dit-il en posant ses mains sur les épaules de celle-ci tout en la regardant droit dans les yeux. Tu n’as pas oublié pourquoi on est venu jusqu’ici ? Tu veux te rendre maintenant qu’on l’a trouvé ?

Pour toute réponse Lilly secoua la tête, tout à coup muette devant lui ; son regard glacial lui avait donné des frissons dans le dos.

— C’est la seule solution. Tu t’en rendras compte toi aussi.

Lilly recula de quelques pas se libérant délicatement de l’étreinte d’Albert. Elle secoua la tête et se dirigea lentement vers la porte en marchant à reculons.

— Ne me demande pas ça. Je n’y arriverai pas.

Elle tourna la poignée de la porte et sortit tête baissée en sanglotant. Albert ne la retint pas, jugeant qu’il valait mieux pour le moment la laisser réfléchir seule. Il se remplit un verre d’eau, s’installa dans le rocking-chair en se balançant lentement.

— Tu comprendras que c’est la seule solution.

Lilly marchait à vive allure puis se mit soudainement à courir en direction de la plage en s’essuyant les larmes qui lui coulaient sur les joues ; elle se laissa tomber sur le sable à bout de souffle. Elle enfouit sa tête dans ses genoux repliés contre elle, ses bras tout autour, puis se redressa. Ses larmes séchées, elle contemplait l'immense étendue d'eau droit devant elle.

— Même de nuit, tu es si magnifique.

L’eau avait prit une couleur sombre, le ciel était rempli d’étoiles, leurs reflets faisaient briller la mer. Lilly demeura un instant pour écouter le bruit du flux et du reflux des vagues.

— Quand tout sera fini, je finirai mes jours avec toi. Albert a raison, je dois accomplir ma tâche. Je dois le faire pour mes parents, c’est pour ça que je suis là.

En essuyant une dernière larme, elle jugea qu’il était temps de rentrer.