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Lilly marchait le long du bord de la mer, les pieds dans l’eau. Cette immense étendue d’un bleu si clair et si limpide paraissait avoir un effet rassurant sur elle ; ici elle arrivait enfin à donner libre cours à ses pensées. Pourquoi Albert avait-il si soudainement changé d’attitude ? À quoi pouvait-il bien penser ? À ses paroles : " bientôt tout sera fini " Tout sera-t-il réellement fini ? Se sentirait-elle mieux après ? Sa longue marche la porta jusqu'à un petit banc de pierre où elle s'assit face à la mer. Les cris joyeux des enfants qui s'amusaient dans ce bassin immense, visiblement heureux de pouvoir jouer avec toute cette eau, lui parvinrent aux oreilles ; d’autres baigneurs s’en donnaient à cœur joie en s’éclaboussant les uns les autres. Tout le monde semblait adorer la mer. La mer est magnifique…

— Eh, mais c’est la jeune fille en vacances !

Une voix d’homme avait interrompu ses pensées. Lilly se tourna surprise vers Christian qui s’était approché d’elle en l’apercevant au loin.

Cette fois-ci elle réussit à lui répondre, beaucoup moins agitée et impressionnée qu’elle ne l’était quelques heures auparavant lorsque Christian l'avait interrogé.

— Je… Je… regarde la mer.

Elle ne détourna pas le regard de l’horizon droit devant elle.

— Mais tu sais parler ! Et notre langue en plus !

La jeune fille ne répondit pas au sarcasme de Christian ce qui le freina un temps ; il tenta de reprendre un air le plus sérieux possible.

— Hum… Alors, comment tu trouves la mer ?

— Belle… Grande… Calme … Tout le monde l’aime. Elle se laisse approcher de tous… Mais si elle se déchaîne, personne ne peut se sauver… Elle peut être si calme et si agressive en même temps… Elle peut être méchante parfois, et là, tout le monde la craint. Elle est un mystère.

Christian écarquilla les yeux, perplexe, ne comprenant absolument rien à ce qu’elle racontait. Son incompréhensible discours le rendit muet pendant un long moment, suite à quoi il ajouta :

— Tu sais quoi, toi aussi tu es mystérieuse, tu sembles toujours à des kilomètres… Au fait, tu ne m’a toujours pas dit d’où tu venais et je ne connais pas non plus ton nom...

Pour toute réponse, Lilly se contenta de prononcer " de loin ", après quoi elle se leva et s’éloigna, laissant Christian bouche bée. Celui-ci la suivit du regard ne sachant que penser d’elle.

— Bizarre comme fille.

— Qui est-ce que tu regardes comme ça ?

Une voix derrière lui le fit sursauter. Christian se tourna vers une très jolie jeune femme aux longs cheveux noirs qui descendaient en cascade et aux grands yeux verts, qui lui souriait. Il secoua la tête.

— Personne.

— Tu regardes les autres femmes par hasard ?

Christian prit sa petite amie dans ses bras.

— Pourquoi je devrai regarder les autres filles alors que je suis avec la plus belle ? Tu sais bien que tu es la seule pour moi, lui dit-il tendrement en l’embrassant.