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Le jour suivant, ils repartirent pour la villa. Dans la voiture qui longeait le bord de mer, Lilly était moins agitée que la veille. Elle ne put détourner son regard de cette étendue d’eau, calme, apaisante qui semblait ne jamais finir.

— Tu as vu comme la mer est belle ? Si bleue, si tranquille…

— Pardon ?

Albert ne l’écoutait pas du tout, pensant à toute autre chose qu'à la mer.

— Non rien. Je pensais à voix haute.

— Réfléchis plutôt à ce que tu dois faire. On doit trouver un moment. Il faut qu’il soit seul, suggéra-t-il.

Lilly acquiesça d’un signe de tête.

— Ensuite on agira.

La voiture arriva finalement à destination. Elle s’arrêta devant le portail, Lilly en descendit la première. Tout à coup une moto sortit du garage, le jeune homme qui la conduisait ralentit et les salua amicalement en les apercevant.

— Salut ! Vous cherchez quelqu’un ?

Prise de surprise, Lilly ne lui répondit pas. Elle resta muette étant dans l’incapacité de faire le moindre mouvement, l’air semblait lui manquer. Albert, après les avoir rejoint, répondit courtoisement au jeune homme, en expliquant que tous deux étaient en vacances dans la région, et qu’ils se promenaient tout simplement. Il ajouta également qu’ils admiraient la beauté du panorama lorsque Christian demanda s’ils étaient ceux qu’il avait croisé la veille en remontant le sentier. Tout en discutant, Christian ne détacha pas son regard de Lilly qui n’avait toujours prononcé aucun mot. Elle paraissait intriguée par la moto, perdue dans des pensées lointaines. Elle fut ensuite prise de nouveau de panique lorsque le jeune homme s’avança vers elle pour lui proposer, si elle n’était pas du coin, de faire un tour en moto pour admirer le paysage, qui était magnifique selon lui vu de cette façon. Elle chercha l’aide d’Albert du regard.

— Je m’appelle Christian et toi ?

Le regard de la jeune fille allait de l’un à l’autre rapidement. Albert prit Lilly par le bras arrivant enfin à son secours et s’éloigna.

— Nous devons partir.

Christian leva les mains en l’air, comme si on l’accusait d’avoir fait quelque chose de mal. Il s’excusa et ajouta qu’il n’avait aucune mauvaise intention, uniquement celle de faire un tour en moto pour une visite guidée.

— Nous avons des choses à faire, lui répondit sèchement Albert en fronçant les sourcils. Au revoir.

Christian fut quelque peu surpris, c’était la première fois qu’on lui refusait sa proposition de visite guidée aussi froidement ; d’habitude ceux qui venaient en vacances étaient beaucoup plus aimables. Il s’excusa de nouveau de les avoir importunés en ajoutant ironiquement :

— Content de vous avoir connu.

Le jeune homme remit son casque et repartit sur sa moto. Il salua d’un geste de la main les deux très sympathiques et redescendit le sentier en soulevant la poussière. Lilly le suivit du regard.

— C’est sûrement son fils, pensa Albert.

Tout à coup, comme un éclair, une idée étrange lui traversa l’esprit. Ses yeux pétillaient.

— J’ai trouvé! s’exclama-t-il.

Il se tourna vers Lilly la hâtant de rentrer. La jeune fille fut surprise du changement d’attitude d’Albert ; il l’arrêta net d’un signe de la main et lui indiqua de l’index la voiture lorsqu’elle tenta de rétorquer.

— Monte, je t’expliquerai plus tard. Pour l’instant je dois réfléchir.

Il mit en route le moteur et se tût tout au long du trajet les ramenant à leur appartement. Lilly le regardait perplexe au moment où elle discerna un sourire étrange sur ses lèvres. Il murmura quelque chose qu’elle eut du mal à comprendre.

— C’est comme ça que tu vas payer.

Jamais auparavant il n’avait eu un tel comportement ; Lilly ne se souvenait d’aucun moment où il avait eut un tel sourire. Il semblait depuis toujours dépourvu d’une quelconque émotion, l’expression de son visage était toujours imperturbable, dans n’importe quelle situation il se trouvait. Il y avait également quelque chose d’inquiétant dans le son de sa voix.

— Lilly, va faire un tour. Je dois réfléchir seul, lui avait-il ordonné lorsqu’ils étaient arrivés dans leur appartement.

En croisant son regard froid, Lilly jugea qu’il valait mieux obéir. Elle sortit sans dire un mot, laissant Albert seul, qui ne pensait qu’à mettre en acte son terrible plan de vengeance.