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saison 1, Chapitre 10 « Finalement, ton vrai pouvoir... » saison 1, Chapitre 10

— Sors-moi de là !

— Tu m’as pris pour qui ? Je ne mets pas mes mains n’importe où !

— RAAAAHHHH !

On ne peut pas dire que mon premier ennemi possède un vocabulaire très élaboré. À l’évidence, ce n’est pas par sa ruse qu’il compte me vaincre. Si on retire Crit… Il a trop la claaaasse !

À présent, le serveur ressemble à un grand reptile humanoïde noir. Il se secoue et saute dans tous les sens pour extirper le crayon de sa place. Je remarque ses pattes plutôt courtes et surtout limitées dans leurs mouvements par l’immense masse musculaire. Il ne peut même pas atteindre son derrière… Euh… Il fait comment aux toilettes ? Un petit recueillement pour mon compagnon qui se situe dans une position peu enviable…

— Si tu crois pouvoir le vaincre de cette façon, tu te plantes bien profondé…

La pensée a dépassé l’image et il se rend compte que finalement, c’est lui qui se retrouve profondément… Bref…

— Ce n’est pas un chevalier de premier niveau.

— Comment le sais-tu ?

— Parce qu’il fait partie de mon ancien camp.

— Ah, tu avoues ne plus être un esprit malin !

À la force de ses petits bras, il réussit à sortir et chute sur le sol, tout en roulant pour se cacher sous une poubelle.

— C’est un aspirant de la garde royale. Tu n’as aucune chance !

J’ai bien compris, je ne vais pouvoir compter que sur moi. Et maintenant qu’il a pu se libérer, mon adversaire se tourne vers moi, les yeux littéralement en feu. Cela ne veut absolument rien dire… Hein… On est d’accord… Sa capacité lui permet de se changer en méchant Denver, rien de plus.

Un halo rouge apparaît dans ses bras et pour sa main gauche, se transforme en écu sous la forme d’une carapace de tortue géante, puis entre ses doigts opposés, une épée taillée dans ce qui ressemblerait à un tibia, d’une dimension irréelle. Oui, je m’étais lancé dans des études de médecine avant de me rendre compte que ce n’était pas pour moi. Le fait que la vue du sang me faisait perdre connaissance s’est rapidement révélé comme un handicap… à ajouter à mon manque de révisionite chronique, une terrible maladie incurable encore trop incomprise et pas assez reconnue.

— Écoute, je ne sais pas ce que tu souhaites, mais je crois que nous sommes partis du mauvais pied.

— RAAAAHHHH !

— Oui, je comprends… Je m’excuse, je n’aurais pas dû te planter un crayon vivant dans les fesses… Mais, tu pourrais te mettre à ma place, j’ai voulu confirmer que tes muscles n’étaient pas de la gonflette.

— RAAAAHHHH !

— Tu vas morfler…

Crit ne bouge plus de sous son container en plastique et esquisse l’un de ses plus grands sourires sadiques. Quelle enflure…

— Tu rigoles ? Je trouve qu’on avance bien dans notre discussion. Je suis en passe de tout résoudre et de le calmer.

Le lézard perd patience et s’élance dans ma direction. La lame me frôle la voûte capillaire, juste le temps de me baisser pour sauver ma crinière et je me prends le bouclier en pleine poire. Je recule… non, je roule… non, je vole… oui, c’est ça et j’atterris lourdement dans la benne à ordure. Merci à McDo pour son esprit écologiste, les poubelles débordent de cartons.

Il ne s’arrête pas là et je le vois ouvrir sa gueule en grand… Oui, vous avez deviné, c’est un putain de dragoooon ! Le conduit s’illumine dans une intense lumière et rapidement les flammes se propagent pour me cibler. Je balaie la zone de mes bras et de mes jambes pour tenter de sortir de ce bordel… Tout compte fait, c’est de la merde le recyclage… cartons… feu… vous voyez le résultat de l’opération…

C’est justement dans les moments de plus profond désespoir que je révèle le meilleur qu’il y a en moi. Parce que finalement, j’ai pied ! D’un bond, je saute sur le rebord métallique et me taille à toute vitesse. Ce qui ne l’empêche pas du tout de me suivre, et nous nous lançons dans une course effrénée qui me rappelle énormément le générique du bon vieux Benny Hill. J’entre dans le parking et tente de le semer entre les voitures. Ses attaques incendiaires mettent le feu à plusieurs d’entre elles. Et rapidement, je comprends que je n’arrange rien à la situation, alors je bifurque et évite de justesse son épée pour entrer dans le restaurant… Oui… C’est vrai, maintenant que vous le dites… ce n’était certainement pas la meilleure de mes décisions.

— Qu’est-ce que tu fous ? Espèce de trou de balle !

Crit nous rejoint en profitant de la casquette d’un des serveurs.

— Je suis dans la meeeerde ! Et pourquoi personne ne crie ou ne s’enfuiiiie ?

J’attrape la première personne qui se trouve à ma portée et la secoue sans ménagement. Elle se laisse faire sans comprendre et lorsque je la lâche, elle reprend sa vie comme si de rien n’était…

Crit saute sur la table et danse au milieu d’eux sans que cela ne déclenche la moindre interrogation.

— Il possède la capacité de créer un bouclier de dissimulation. C’est cool, hein ?

— C’est hyper trop cool ! WOUAH la classe !

Je tiens à signaler que tout ceci se déroule pendant que je tourne en rond autour d’un ensemble de tables. Encore poursuivi par cet imbécile de lézard qui ne possède pas la moindre once d’intelligence.

— Je commence à m’épuiser, tu n’es toujours pas décidé à me venir en aide ?

— C’est toi le héros.

Le crayon saute à présent de décolleté en décolleté pour caler ses fesses bien au chaud. Et bien entendu, personne ne remarque rien… Si je tentais ne serait-ce que de m’approcher… ma poisse légendaire me rappellerait douloureusement à l’ordre.

Je crois que mon animal de compagnie commence à saturer. Il s’arrête subitement et le temps que je m’en rende compte, je suis à deux doigts de le percuter par l’arrière. Le trou est déjà fait… mais tout de même, cette histoire est tout public.

Le choc des sens… Je ne me contrôle plus, la musique Crystallize de Lindsey Stirling se déclenche automatiquement et je me laisse envahir par l’intensité du violon qui me donne l’impression de me soulever, de me porter. Face à moi, la porte s’est ouverte sur la sublime femme de mes rêves, Pauline.

Elle entre et se tourne directement vers le service. Ses yeux rieurs, ce sourire me font pétiller le cœur, mais quelle boooombe !

Dans un remake de King-Kong, le lézard fonce sur elle et l’attrape au vol pour s’enfuir sur l’arrière du bâtiment… Déclenchant une terrible dualité en moi, avec l’émotion de cette rencontre qui se laisse submerger par la colère et la crainte qu’elle ne subisse le moindre mal.

Oui, je sens cette boule grossir en moi, l’angoisse habituelle qui me tétanise et me terrifie. Pas cette fois, non pas encore, pas avec elle… La fureur se montre bien trop forte cette fois-ci… Je ne peux pas y résister…

— Oui ! Vas-y !

Crit s’élève devant moi dans un halo doré qui répond à celui de mon propre corps. En un instant, en une pensée, je me laisse emporter par mes sentiments. Dans la chaleur de cette nouvelle énergie, je me lance à la course, mais cette fois, je suis le chasseur.

J’ouvre la porte et entre dans la zone où tout a commencé. Je retrouve Pauline attachée en haut du grillage, le lézard me faisant face. J’ai la sensation de ne plus pouvoir me contrôler.

— Oh oui ! Continue ! C’est trop BOOOON !

Crit disparaît presque totalement dans cette lumière aveuglante. Je le sens, oui, il apparaît, je le perçois enfin… Le saurien va comprendre ce que je représente vraiment !

Je projette mes mains vers la benne et la boule suit le mouvement. Je la suis du regard dans un déplacement ralenti, avec ce suspense insoutenable qui précède toujours l’apparition du héros. On y arrive, c’est là… qu’elle percute le bouclier qui a été mis en opposition… s’éteint et laisse un crayon au sol, se roulant de douleur…

— OH PUTAIN, ÇA FAIT MAL !

— RAAAAHHHH !

Le lézard s’élance vers moi, la déception et la surprise m’empêchent de réfléchir ou réagir. C’est donc terminé, je me serais montré minable jusqu’à la fin ? En observant mes mains d’un geste de faiblesse, je découvre ce petit flambeau sur mon majeur droit, un reste de pouvoir. Par réflexe, je le lève seul vers mon adversaire.

— Va te faire foutre Godzilla !

Une vague s’éveille en moi et me noie dans une soufflante d’énergie. L’ennemi est surpris et s’arrête maladroitement, glissant sur Crit… Il cherche à se rattraper sans y parvenir… Alors qu’il s’écroule, en plein sur son épée qui le transperce de part en part…

Un halo rouge le rend progressivement transparent et une boule apparaît… Non… Ça ne va pas recommencer ? J’ai déjà dit que je préférais un autre orifice !

Crit se relève difficilement et me fixe, complètement éberlué.

— J’y crois pas ! Finalement, ton vrai pouvoir, c’est ta connerie !


Texte publié par Calamus, 8 avril 2022 à 12h24
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