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saison 1, Chapitre 8 « Nos sourires se... » saison 1, Chapitre 8

— Qu’est-ce que tu fabriques à présent ?

— Je sors.

Crit bondit sur la poignée de la porte d’entrée, les deux mains en avant, tentant de me retenir.

— On n’a pas réussi à me transférer. Je pense que le fait que tu ne sois pas un chevalier intronisé par l’un des deux camps apporte son lot de conséquences. Nous devons solutionner ce problème avant de nous engager dans l’arène.

— Ça viendra sur le tas. No panic ! Je le sens bien cette fois.

— C’est dangereux dehors…

Je le saisis entre mes doigts et le fourre dans ma poche-poitrine.

— Tu ne vas pas m’expliquer les risques de la vie. J’ai déjà ma petite expérience.

La porte claque derrière nous avant qu’il ne puisse rajouter un mot. Il devient si silencieux que je me sens obligé de jeter un œil pour m’assurer qu’il n’a pas pris la poudre d’escampette. Il se présente toujours à sa place et semble même y trouver son aise. Il aménage la poche pour s’y étaler, sans rien manquer du panorama environnant.

À l’instant où j’atteins le bas de l’escalier, la présence des deux jeunes tenant l’entrée me revient à l’esprit. Un temps d’arrêt, une réflexion et je pense à la porte qui se situe à l’arrière pour sortir les poubelles. Pour cela, je dois m’approcher de l’ouvrant vitré, à seulement deux mètres des belligérants.

Une mélodie se lance dans ma cavité cérébrale. J’ai beau chercher, je ne la reconnais pas, ce qui demeure assez rare. Cela ne m’empêche pas d’avancer sur la pointe des pieds, avec les enjambées bien significatives et fragmentées de l’araignée.

Un est assis sur les marches et l’autre adossé à la barrière. Tous les deux tournés vers l’extérieur. Ils ne vont pas me voir, tout va bien se passer. Pourquoi mon rythme cardiaque augmente-t-il avec la musique ?

J’approche de la porte et je me montre prêt à me glisser vers celle de droite. Elle mène au couloir technique et donc vers l’extérieur. Cette musique… Un peu angoissante. Je tire sur la poignée, et un grincement horrible déchire le silence… Ça y est, je la reconnais… Incoming Bombers de James Newton Howard, ça sent le roussi.

Les deux jeunes se retournent et je me plaque contre la paroi pour me faire le plus petit possible. Ils jettent un œil rapide, mais n’insistent pas. Et c’est à cet instant que j’éprouve émotionnellement le mouvement sur mon torse… Non… Pas ça… S’il te plaît…

J’aperçois la tête de Crit se détacher de ma poitrine. Il m’observe avec interrogation.

— Tu ne trouves pas que tu as une attitude assez étrange ?

— Chuuuut !

— C’est ces deux-là qui te font peur ?

— Tssss Chut !

— Tu ne souhaites pas qu’ils te voient ?

— Te plaît…

Le sourire qui se dessine sur son corps de bois me provoque un frisson électrique qui accélère d’autant le tempo de la musique.

— COMMENT ? TU VEUX DIRE QUE CES DEUX BRANLEURS SE LA TOUCHENT À DEUX ! TU M’ÉTONNES, ILS NE PEUVENT PAS ESPÉRER AUTRE CHOSE AVEC LEUR FACE DE PET FOIRE ! IL NE FAUDRAIT VRAIMENT PAS QU’ILS ENTENDENT CELA ! JE PENSE QU’ILS N’APPRÉCIERAIENT PAS QUE SELIM QUI HABITE LA PORTE DE DROITE DU DEUXIÈME ÉTAGE DISE CELA D’EUX !

Je le regarde agiter ses bras dans une expression des plus offusquées. Il se permet même de m’inviter à ne pas réaliser de bruit pour ne pas me faire repérer.

Évidemment, deux ombres viennent se plaquer contre la vitre et me fixent avec leurs yeux injectés de sang.

— Oh non ! Je crois qu’ils nous ont entendus. Ils ont l’ouïe fine à cet âge, tu aurais pu faire plus attention.

— Tu te fous de moi…

— Tu voulais un peu plus d’action pour apprendre sur le tas… Je pense que c’est le moment…

— De courir !

J’ouvre la porte à l’instant où la musique angoissante explose dans un enchaînement magistral. Je fuis, tout en entendant les pas de mes poursuivants. J’attrape les poubelles et les jettent en travers. Les images de films passent à grande allure pour trouver la solution magique. Ils vont m’éclateeeer !

— Tu dois me transférer pour que je m’occupe d’eux.

— MAIS JE NE SAIS PAS COMMENT FAIIIIRE !

— Essaie !

— AAAAH !

Je me protège avec un couvercle pour ne pas être lapidé par les détritus qu’ils me jettent. Je dois sortir d’ici au plus vite. Je recule en trébuchant à chaque pas. La poignée me rentre dans le dos, j’y porte une main et appuie de toutes mes forces… sans qu’elle ne bouge d’un iota… Elle est verrouillée. Au revoir espoir et visage de beau gosse…

— Tu n’as plus le choix.

Crit, mais oui… J’attrape le crayon et l’enfourne dans le trou de la serrure à grosse clé.

— EEEEH ! Qu’est-ce que tu fabriques ? C’est plein de graisse !

— Ouvre-moi cette foutue porte avant que je te laisse dans le nez de l’un de nos poursuivants.

— Comment veux-tu que je fasse cela ? Je ne suis qu’un crayon !

— Utilise tes mains pour tourner le cylindre. Nous en sommes là par ta faute et tu dois comprendre qu’on forme une équipe !

Crit pousse de toutes ses forces et j’entends le déclic mécanique. Bienvenue espoir et satisfaction de la préservation de ma beauté.

Je le sors de là et ouvre la porte pour m’échapper. Je claque tout aussi vite et le refourre dans la serrure.

— TU TE FOUS DE MOI !

— Chacun mon tour… Referme la porte à clé, sinon nous on va le sentir passer.

L’opération inverse est réalisée et l’issue verrouillée forme une protection solide entre nous et les agresseurs. Les mots la franchissent, mais ne m’atteignent plus depuis longtemps.

Je sors un mouchoir pour essuyer Crit et le replacer dans sa poche. Il ne semble vraiment pas satisfait de la situation et du résultat final.

— Il va bien falloir que tu t’y mettes !

— Je le sais bien, mais je ne m’en sens pas encore prêt…

Ma réaction a réalisé son effet. Il me regarde avec un profond attendrissement.

— On forme tout de même une belle équipe. Tu ne penses pas ?

— Lorsqu’on prend le temps de s’écouter et de se faire confiance. Oui, personne ne peut nous vaincre.

— Tu ne crois pas qu’ils vont faire le tour de l’immeuble ?

— Oh… J’ai l’impression qu’ils arrivent.

Je pars à nouveau en courant et je me dirige vers le parc. Lieu qui a bouleversé ma vie et qui en restera le symbole. Crit tire sur mon sweat pour me ramener à la réalité.

— Qu’est-ce que l’on fait maintenant ?

— J’ai besoin de toi pour une mission toute particulière et de grande importance.

— Une mission ? C’est parti alors ?

Nos sourires se répondent dans un élan des plus positifs.


Texte publié par Calamus, 25 mars 2022 à 11h55
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