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tome 1, Chapitre 6 « le royraume du démon ( chapitre 4 modifié) » tome 1, Chapitre 6

Le 4x4 noir de Bert s’immobilisa en soulevant un nuage de poussière. Il venait d’entrer sur le territoire des doom’s day sons. L’une des plus dangereuses sectes sataniques d’Angleterre. Bert sortit du véhicule et scruta les alentours comme un rapace.

Le soleil était à son zénith, et le ciel s’était un peu dégagé, révélant aux yeux du monde, un paysage en totale opposition aux croyances populaires: une simple prairie à l’abandon que la main de l’homme n’avait pas touché depuis ce qui semblait être une éternité… Au centre de ce chaos végétal, une maison. Une grande maison probablement aussi âgée que le terrain quoique mieux entretenue. L’ensemble était d’une surprenante neutralité. Rien d’exubérant ou d’étrange.

Par prudence Bert scruta les alentours. Ce paysage était calme… Trop calme… Et paradoxalement, c’était ce calme oppressant qui conférait à l’endroit toute son horreur. Le chaos, la solitude, le silence de mort, la maison abandonnée… Autant d’éléments qui renvoyaient aux peurs irrationnelles qui hantent les peurs irrationnelles des hommes depuis la nuit des temps.

Il regarda Grell. Lui non plus ne semblait pas à son aise. Son regard inquiet, ses mains crispées sur la crosse de son arme, sa respiration saccadée et brève, tout renvoyait à la peur. Cependant bert décida de ne pas se laisser envahir par ses émotions et de garder son sang froid. Il se dressa de toute sa hauteur, mis ses larges épaules en arrière, et pris un air déterminé en fixant l’étrange maison.

« - Comment comptez-vous négocier avec ces gens là lieutenant? Demanda Grell avec un air de chien battu.

- Négocier? Ah ! Elle est bien bonne celle-là! Ça se voit que tu sors de l’école de police mon gars. J’appartiens à l’escouade Damoclès, et la négociation je m’en cogne! Ou ces dégénérés coopèrent, ou je leur explose la cervelle. Répondit-il en souriant.

- Les exploser? Votre arme de service ne sera pas assez efficace!

- Suis-moi, tu vas comprendre… »

Grell le suivit jusqu’au coffre du véhicule. Il l’ouvrit et désigna fièrement le fusil à pompe qui y était entreposé.

« - Spas 12, appelé aussi le nettoyeur de rues. Fusil à pompe à cadence de tir rapide, très utilisé dans les guérillas urbaines.

- Je comprends mieux maintenant…

- On va bien se marrer. »

Il chargea son fusil à pompe et posa le canon sur son épaule. Il s’empara de son téléphone et composa le numéro du gourou de la secte.

« - Seth, haut dirigeant de la confrérie maudite des Doom’s day sons. Qu‘est-ce que tu veux mortel?

- Ecoute moi bien mon pote. On est des membres des forces spéciales anglaises. On est posté à cent mètres de chez toi, et on est bien armés. On n’est pas là pour vous descendre mais pour glaner des infos sur un meurtre un peu glauque. Tu peux nous aider?

- D’ordinaire je vous aurait dis d’aller vous faire mettre, mais notre Eglise noire doit perdurer.. Elle ne peut périr par ta main, ni par celle de quiconque… 

- Du coup tu fais quoi?

- …

- Allô? »

Alors que Bert s’apprêtait à raccrocher, une balle fusa et alla se loger dans sa cuisse. Il laissa alors échapper un hurlement de douleur, et se jeta dans les hautes herbes. Il déchira un morceau de son t-shirt et l’enroula autour de sa plaie. Il leva la tête et constata que le tir venait d’une fenêtre du rez-de-chaussée. Il fallait réagir et vite. Seulement son fusil à pompe n’est utile qu’à courte portée, et le tireur est loin. En plus il était blessé.

Il rampa jusqu’à son véhicule et constata que Grell échangeait des salves avec le tireur.

« - Situation? Hurla -t-il

- D’après mes estimations, il n’y a que trois tireurs, et leurs armes sont tout ce qu’il y a de plus archaïque: Des vieux fusils à deux coups.

- Ok… Je vais te couvrir , et toi tu vas t’infiltrer à l’intérieur et les liquider. C’est clair?

- Très clair lieutenant! Répondit-il avant de disparaître dans les herbes. »

Accroupi, Bert se dirigea vers le coffre et l’ouvrit. Parmi la panoplie d’armes qui s’étendait devant lui, il choisit sa favorite: l’AK 47. Il chargea son arme et respira un grand coup. Il jeta un œil par la droite du véhicule et profitant d’un instant de calme au milieu de cette tempête de violence, il tira une salve en direction de la fenêtre depuis laquelle un homme armé le harcelait depuis un moment. Les balles avaient traversé la fenêtre mais n’avaient rien touché. Apparemment ces cinglés avaient un semblant d’intelligence puisqu’ils avaient décidé de se mettre à couvert pour recharger. Tant mieux, ça optimiserait les chances de Grell de ne pas se faire repérer mais cela mettrait également fin à la misérable existence de l’un des tireurs.

Lorsque le tireur se releva, il ouvrit des yeux apeurés en se rendant compte que Bert l’attendait de pied ferme. Toutefois une rafale meurtrière vint abréger sa consternation.

Grell était en bonne posture. À en juger par le cri qu’il venait d’entendre, il devinait que son collègue avait abattu un tireur. Tant mieux. Au moins leur attention serait détournée pour un petit moment. Fort de cette satisfaction, il continua sa progression jusqu’à l’aile droite de la maison qui donnait sur une petite porte à la peinture dégradée. Encore un élément qui rendait cet endroit grossier… Des mauvais tireurs, des vieilles armes, une vieille maison, un terrain en piteux état… Il en venait à espérer qu’il n’en allait pas de même pour l’esprit de ceux qui peuplaient l’endroit.

Sur ces pensées méprisantes, Grell émergea des herbes et s’approcha accroupi de la porte. Constatant qu’il n’y avait personne aux alentours il se releva. Sa respiration était haletante, son cœur battait à tout rompre dans son poitrail. Il aurait voulu qu’il en soit autrement, mais c’était bien de la peur qui l’animait en ce moment. Son manque d’expérience en était la cause, il le savait, mais il n’y pouvait rien…

L’atmosphère était lourde de tension et particulièrement malsaine à son goût. Il entendait les balles fuser. Chaque rafale pouvait être une promesse de mort adressée à son camarade. Chaque cri pouvait être le dernier de son collègue. Pourtant il fallait qu’il le fasse. Il fallait qu’il entre là-dedans et qu’il y fasse le ménage. Au nom de l’honneur de l’escouade Damoclès il ne pouvait pas échouer, pas maintenant, pas comme ça! Rassemblant son courage, il pris un peu d’élan et défonça la porte dans un vacarme assourdissant.

Aussitôt, Bert vit l’un des deux tireurs quitter sa position. Exaspérant… Heureusement que son collègue avait pour mot d’ordre la discrétion. Pour la simple et bonne raison que ce dernier n’avait plus une seule balle. Il ne lui restait plus que son couteau de combat, son intelligence, et un peu de sang froid. Mais l’heure n’était pas à l’exaspération. Il fallait agir, et vite.

Profitant alors de la distraction miraculeuse de Grell, Bert emboita son dernier chargeur dans son arme et le vida dans la direction du tireur resté campé sur ses positions. Il vit alors sa silhouette vaciller dans un abjecte râle à demi étouffé. Le dernier tireur était hors de vue. Désormais Grell devrait finir la mission seul. Impossible d’abandonner les munitions et les armes sans surveillance. Il était un peu jeune à son goût pour mourir. Il espérait donc que son collègue s’en sortirait malgré tout.

Grell entendit des bruits de pas descendant un escalier qui débouchait au fond du couloir de ce sombre bâtiment. Il comprit instinctivement que son adversaire se rapprochait de plus en plus. Il scruta la pièce dans laquelle il venait de déboucher, éclairée par la lumière du jour. Il s’agissait apparemment d’une cuisine. Il choisit d’abord de refermer la porte défoncée afin de se rendre plus difficile à détecter. Il monta ensuite à la hâte sur un meuble juste à côté de la porte qui menait au couloir.

Les pas se rapprochaient de plus en plus. La sueur coulait sur son front et le long de sa colonne vertébrale. Il saisit alors son couteau, et respira un grand coup, prêt à bondir à tout moment.

Soudain le bruit de pas cessa. Quelques secondes de silence s’écoulèrent, ce qui parut être une éternité à Grell. Puis brusquement la porte s’ouvrit, poussée par le pied du tireur. Sitôt que le canon de l’arme émergea dans l’encadrement de la porte, le jeune agent de police sauta au sol et son bras s’élança, rapide et implacable à la gorge de son adversaire.

Il planta alors un regard de glace dans les yeux du corps agité de spasmes de sa victime. Le sang pissait de la plaie et le tireur terrassé ouvrait des yeux emplis de terreur en produisait d’ignobles gargouillis alors qu’il s’effondrait sur le sol. Sans un regard pour cet être pathétique, il continua sa route pour finalement accéder à la porte d’entrée. Il ouvrit celle-ci et fis signe à son collègue que la voie était libre.

Bert, serein comme à son habitude, se dirigea en marchant vers Grell.

« - Je suis désolé mais il n’y a aucune trace du chef de ces ordures lieutenant.

- Je vois… Peut-être que l’immondice gémissant que j’ai accidentellement épargné pourra nous en dire plus.

- Il y a un survivant? Mais c’est dangereux, il a très bien pu appeler du renfort, ou s’enfuir! S’exclama-t-il l’air angoissé.

- Calme-toi! C’est pas la peine d’en faire des tonnes, je ne pense pas cet abruti assez intelligent pour ça.

- Vous êtes un peu trop sûr de vous à mon goût… Avez-vous au moins une idée d’où est-ce qu’il peut bien être?!

- Oui il est situé au premier étage dans le couloir qui fait la jonction entre le cœur et l’aile droite de la maison… Enfin c’est là que j’avais laissé en tout cas. Admit Bert agacé.

- Quels sont les ordres lieutenant? Demanda Grell ayant repris son sang froid.

- Garde le véhicule et les armes qui s’y trouvent au cas où ce couard qui ose se donner le titre de chef, se pointe. En attendant je vais retrouver et interroger l’autre demeuré.

- à vos ordres! Répondit-il discipliné. »

Bert regarda son jeune collègue courir à toute vitesse en direction du véhicule, pensif. Ses sentiments étaient encore partagés concernant cet homme. Ce zèle était témoin de sa maladresse et de son inexpérience, mais tout de même. Il était incroyable de ressembler à ce point à l’archétype du jeune policier maladroit…

Mais peu importait puisque quoi qu’il pense de ce type, c’était le commandant qui prenait les décisions. Par conséquent, bizarre ou pas il faudrait faire avec… Après avoir lancé un dernier regard méprisant à la jeune recrue, il tourna les talons et se dirigea d’un pas décidé jusqu’au premier étage. Grell avait raison: l’homme avait bougé. Il s’était traîné jusqu’à l’escalier.

« - Ah tu tombes bien je te cherchait! Ricana Bert en expédiant un violent coup de pied dans la cage thoracique de son adversaire.

- Oh l’enfoiré! Articula l’homme tant bien que mal en crachant un filet de sang.

- Bon je vais pas y aller par quatre chemins: il existe encore un espoir pour toi d’avoir la vie sauve… Si tu me dis où est ton chef, tu survis. Dans le cas contraire je te bute.

- Je préfère crever plutôt que de trahir l’émissaire de Satan, et qui plus est pour un putain de flic. »

Un sourire mauvais se dessinait sur le visage du vétéran alors que dans son regard dansait la folie.

«  - Tes désirs sont des ordres! Hurla-t-il en lui écrasant le crâne avec sa lourde botte. »

La tête de l’homme à terre ne résista pas à la brutalité de l’impact, et le contenu de son crâne se répandit sur le sol dans un craquement mat suivi d’un bruit de fruit trop mûr que l’on broie.

Tandis que le soldat sanguinaire savourait les effets de sa force, un cri vint interrompre la malsaine volupté de ce dernier:

« - Lieutenant! Je tiens leur chef!

- j’arrive! Répondit Bert à contre cœur. »

Quel rabat-joie cet abruti de Grell! Impossible de s’amuser un peu avec un type pareil… Il espérait vraiment que ce type qu’il avait capturé en valait la peine. Sinon ça risquait encore de mal finir… Mais à en juger par la mine réjouie de son collègue lorsqu’il le rejoignit, ils tenaient peut-être enfin une lueur de raison dans cette affaire insensée.

« - Alors, tu as quelque chose? S’enquit-il intéressé.

- C’est à vous d’en juger lieutenant. Répondit-il triomphal.

- Je n’ai rien pour vous saloperies de crevards! Intervint le gourou.

- Bon… Grell c’est toi qui mènera l’interrogatoire, ou je risque d’éclater la tronche de cet enfoiré.

- Très bien lieutenant. Mais c’est inutile d’utiliser la violence avec ces gens-là. Vous avez sûrement remarqué qu’ils n’ont rien à faire de la mort.. C’est normal puisque ce sont des fanatiques. J’ai un meilleur moyen de pression que ça… Dit-il en savourant son petit effet.

- Qu’est-ce que c’est? Demanda Bert sceptique le dos déjà tourné à son interlocuteur.

- ça ne t’as pas perturbé qu’il fuit alors qu’il est fanatique?

- Non pourquoi?

- Eh bien la raison pour laquelle ce type voulait fuir, c’est parce qu’il était venu avec sa copine.

- Je vois où tu veux en venir… Ricana l’ancien soldat. »

Sans perdre un instant, Grell ouvrit le coffre du véhicule et en sortit une jeune femme de constitution fine et vêtue entièrement de noir. Il la projeta violemment au sol et avant qu’elle ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, le jeune officier était derrière elle avec une arme collée sur sa tempe.

« - Peut-être que tu es enfin décidé à parler abruti… Déclara Bert alors qu’une joie malsaine illuminait son visage.

- Très bien, je vais parler! Mais par pitié ne lui faîtes pas de mal! Supplia-t-il larmoyant.

- Alors dis ce que tu sais et vite, ou je te jure que je la bute. Répondit-il froidement en enlevant le cran de sûreté de son arme.

- Okay… Pour commencer, j’ai eu vent du meurtre sur lequel vous voulez m’interroger mais moi et mon groupe n’y sommes pour rien. La raison pour laquelle on s’armait, c’était justement pour traquer ceux qui ont usurpé notre sublime cérémonie sacrée! C’était notre nuit, pas la leur!

-Tu espères que je vais avaler un truc pareil?

- Il ne peut pas mentir lieutenant. Pa avec une pression pareille.

- Si tu le dis… Finit par répondre Bert méfiant. »

Grell relâcha la femme et commença à monter dans le véhicule, lorsque saisit par le remord il ne pût s’empêcher de lâcher un mot d’excuse qui suscita le regard haineux de la femme blottie dans les bras de son copain.

Une fois que le véhicule démarra, il souleva un nuage de poussière. Par le rétroviseur, alors que la maison abandonnée s’éloignait, Grell regardait le jeune couple, le regard lour de regrets.

« - Arrête un peu de te lamenter, tu veux? Des conneries t’en fera d’autres dans ta carrière. À ta place je me ferais du soucis pour nous…

- Pourquoi? Demanda-t-il inquiet.

- Parce que si ces idiots ont dis la vérité, le commandant va détester apprendre ça…

- Vous avez sûrement raison lieutenant…

- Je crains que le pire reste à venir… Déclama Bert énigmatique, le regard perdu dans le vague. »

Grell ne releva pas la remarque de son collègue. Il y réfléchirait après avoir mis de l’ordre dans ses idées.

Cette fois le pressentiment de Bert se confirmait: l’enquête n’était qu’une énorme blague. Même si le commandant, avec son tempérament combatif ne voulait pas l’admettre, le tueur tirait les ficelles et ils iraient seulement là où il les guiderait. C’était le propre des tueurs en série, impossible d’arrêter les meurtres tant qu’il n’y avait pas au moins deux victimes… Tout simplement parce qu’avant il était impossible de cerner correctement le mode opératoire, et les éventuels défauts.

Oui il en était désormais certain. Beaucoup de sang allait couler cette nuit…

Le 4x4 noir de Bert s’immobilisa en soulevant un nuage de poussière. Il venait d’entrer sur le territoire des doom’s day sons. L’une des plus dangereuses sectes sataniques d’Angleterre. Bert sortit du véhicule et scruta les alentours comme un rapace.

Le soleil était à son zénith, et le ciel s’était un peu dégagé, révélant aux yeux du monde, un paysage en totale opposition aux croyances populaires: une simple prairie à l’abandon que la main de l’homme n’avait pas touché depuis ce qui semblait être une éternité… Au centre de ce chaos végétal, une maison. Une grande maison probablement aussi âgée que le terrain quoique mieux entretenue. L’ensemble était d’une surprenante neutralité. Rien d’exubérant ou d’étrange.

Par prudence Bert scruta les alentours. Ce paysage était calme… Trop calme… Et paradoxalement, c’était ce calme oppressant qui conférait à l’endroit toute son horreur. Le chaos, la solitude, le silence de mort, la maison abandonnée… Autant d’éléments qui renvoyaient aux peurs irrationnelles qui hantent les peurs irrationnelles des hommes depuis la nuit des temps.

Il regarda Grell. Lui non plus ne semblait pas à son aise. Son regard inquiet, ses mains crispées sur la crosse de son arme, sa respiration saccadée et brève, tout renvoyait à la peur. Cependant bert décida de ne pas se laisser envahir par ses émotions et de garder son sang froid. Il se dressa de toute sa hauteur, mis ses larges épaules en arrière, et pris un air déterminé en fixant l’étrange maison.

« - Comment comptez-vous négocier avec ces gens là lieutenant? Demanda Grell avec un air de chien battu.

- Négocier? Ah ! Elle est bien bonne celle-là! Ça se voit que tu sors de l’école de police mon gars. J’appartiens à l’escouade Damoclès, et la négociation je m’en cogne! Ou ces dégénérés coopèrent, ou je leur explose la cervelle. Répondit-il en souriant.

- Les exploser? Votre arme de service ne sera pas assez efficace!

- Suis-moi, tu vas comprendre… »

Grell le suivit jusqu’au coffre du véhicule. Il l’ouvrit et désigna fièrement le fusil à pompe qui y était entreposé.

« - Spas 12, appelé aussi le nettoyeur de rues. Fusil à pompe à cadence de tir rapide, très utilisé dans les guérillas urbaines.

- Je comprends mieux maintenant…

- On va bien se marrer. »

Il chargea son fusil à pompe et posa le canon sur son épaule. Il s’empara de son téléphone et composa le numéro du gourou de la secte.

« - Seth, haut dirigeant de la confrérie maudite des Doom’s day sons. Qu‘est-ce que tu veux mortel?

- Ecoute moi bien mon pote. On est des membres des forces spéciales anglaises. On est posté à cent mètres de chez toi, et on est bien armés. On n’est pas là pour vous descendre mais pour glaner des infos sur un meurtre un peu glauque. Tu peux nous aider?

- D’ordinaire je vous aurait dis d’aller vous faire mettre, mais notre Eglise noire doit perdurer.. Elle ne peut périr par ta main, ni par celle de quiconque… 

- Du coup tu fais quoi?

- …

- Allô? »

Alors que Bert s’apprêtait à raccrocher, une balle fusa et alla se loger dans sa cuisse. Il laissa alors échapper un hurlement de douleur, et se jeta dans les hautes herbes. Il déchira un morceau de son t-shirt et l’enroula autour de sa plaie. Il leva la tête et constata que le tir venait d’une fenêtre du rez-de-chaussée. Il fallait réagir et vite. Seulement son fusil à pompe n’est utile qu’à courte portée, et le tireur est loin. En plus il était blessé.

Il rampa jusqu’à son véhicule et constata que Grell échangeait des salves avec le tireur.

« - Situation? Hurla -t-il

- D’après mes estimations, il n’y a que trois tireurs, et leurs armes sont tout ce qu’il y a de plus archaïque: Des vieux fusils à deux coups.

- Ok… Je vais te couvrir , et toi tu vas t’infiltrer à l’intérieur et les liquider. C’est clair?

- Très clair lieutenant! Répondit-il avant de disparaître dans les herbes. »

Accroupi, Bert se dirigea vers le coffre et l’ouvrit. Parmi la panoplie d’armes qui s’étendait devant lui, il choisit sa favorite: l’AK 47. Il chargea son arme et respira un grand coup. Il jeta un œil par la droite du véhicule et profitant d’un instant de calme au milieu de cette tempête de violence, il tira une salve en direction de la fenêtre depuis laquelle un homme armé le harcelait depuis un moment. Les balles avaient traversé la fenêtre mais n’avaient rien touché. Apparemment ces cinglés avaient un semblant d’intelligence puisqu’ils avaient décidé de se mettre à couvert pour recharger. Tant mieux, ça optimiserait les chances de Grell de ne pas se faire repérer mais cela mettrait également fin à la misérable existence de l’un des tireurs.

Lorsque le tireur se releva, il ouvrit des yeux apeurés en se rendant compte que Bert l’attendait de pied ferme. Toutefois une rafale meurtrière vint abréger sa consternation.

Grell était en bonne posture. À en juger par le cri qu’il venait d’entendre, il devinait que son collègue avait abattu un tireur. Tant mieux. Au moins leur attention serait détournée pour un petit moment. Fort de cette satisfaction, il continua sa progression jusqu’à l’aile droite de la maison qui donnait sur une petite porte à la peinture dégradée. Encore un élément qui rendait cet endroit grossier… Des mauvais tireurs, des vieilles armes, une vieille maison, un terrain en piteux état… Il en venait à espérer qu’il n’en allait pas de même pour l’esprit de ceux qui peuplaient l’endroit.

Sur ces pensées méprisantes, Grell émergea des herbes et s’approcha accroupi de la porte. Constatant qu’il n’y avait personne aux alentours il se releva. Sa respiration était haletante, son cœur battait à tout rompre dans son poitrail. Il aurait voulu qu’il en soit autrement, mais c’était bien de la peur qui l’animait en ce moment. Son manque d’expérience en était la cause, il le savait, mais il n’y pouvait rien…

L’atmosphère était lourde de tension et particulièrement malsaine à son goût. Il entendait les balles fuser. Chaque rafale pouvait être une promesse de mort adressée à son camarade. Chaque cri pouvait être le dernier de son collègue. Pourtant il fallait qu’il le fasse. Il fallait qu’il entre là-dedans et qu’il y fasse le ménage. Au nom de l’honneur de l’escouade Damoclès il ne pouvait pas échouer, pas maintenant, pas comme ça! Rassemblant son courage, il pris un peu d’élan et défonça la porte dans un vacarme assourdissant.

Aussitôt, Bert vit l’un des deux tireurs quitter sa position. Exaspérant… Heureusement que son collègue avait pour mot d’ordre la discrétion. Pour la simple et bonne raison que ce dernier n’avait plus une seule balle. Il ne lui restait plus que son couteau de combat, son intelligence, et un peu de sang froid. Mais l’heure n’était pas à l’exaspération. Il fallait agir, et vite.

Profitant alors de la distraction miraculeuse de Grell, Bert emboita son dernier chargeur dans son arme et le vida dans la direction du tireur resté campé sur ses positions. Il vit alors sa silhouette vaciller dans un abjecte râle à demi étouffé. Le dernier tireur était hors de vue. Désormais Grell devrait finir la mission seul. Impossible d’abandonner les munitions et les armes sans surveillance. Il était un peu jeune à son goût pour mourir. Il espérait donc que son collègue s’en sortirait malgré tout.

Grell entendit des bruits de pas descendant un escalier qui débouchait au fond du couloir de ce sombre bâtiment. Il comprit instinctivement que son adversaire se rapprochait de plus en plus. Il scruta la pièce dans laquelle il venait de déboucher, éclairée par la lumière du jour. Il s’agissait apparemment d’une cuisine. Il choisit d’abord de refermer la porte défoncée afin de se rendre plus difficile à détecter. Il monta ensuite à la hâte sur un meuble juste à côté de la porte qui menait au couloir.

Les pas se rapprochaient de plus en plus. La sueur coulait sur son front et le long de sa colonne vertébrale. Il saisit alors son couteau, et respira un grand coup, prêt à bondir à tout moment.

Soudain le bruit de pas cessa. Quelques secondes de silence s’écoulèrent, ce qui parut être une éternité à Grell. Puis brusquement la porte s’ouvrit, poussée par le pied du tireur. Sitôt que le canon de l’arme émergea dans l’encadrement de la porte, le jeune agent de police sauta au sol et son bras s’élança, rapide et implacable à la gorge de son adversaire.

Il planta alors un regard de glace dans les yeux du corps agité de spasmes de sa victime. Le sang pissait de la plaie et le tireur terrassé ouvrait des yeux emplis de terreur en produisait d’ignobles gargouillis alors qu’il s’effondrait sur le sol. Sans un regard pour cet être pathétique, il continua sa route pour finalement accéder à la porte d’entrée. Il ouvrit celle-ci et fis signe à son collègue que la voie était libre.

Bert, serein comme à son habitude, se dirigea en marchant vers Grell.

« - Je suis désolé mais il n’y a aucune trace du chef de ces ordures lieutenant.

- Je vois… Peut-être que l’immondice gémissant que j’ai accidentellement épargné pourra nous en dire plus.

- Il y a un survivant? Mais c’est dangereux, il a très bien pu appeler du renfort, ou s’enfuir! S’exclama-t-il l’air angoissé.

- Calme-toi! C’est pas la peine d’en faire des tonnes, je ne pense pas cet abruti assez intelligent pour ça.

- Vous êtes un peu trop sûr de vous à mon goût… Avez-vous au moins une idée d’où est-ce qu’il peut bien être?!

- Oui il est situé au premier étage dans le couloir qui fait la jonction entre le cœur et l’aile droite de la maison… Enfin c’est là que j’avais laissé en tout cas. Admit Bert agacé.

- Quels sont les ordres lieutenant? Demanda Grell ayant repris son sang froid.

- Garde le véhicule et les armes qui s’y trouvent au cas où ce couard qui ose se donner le titre de chef, se pointe. En attendant je vais retrouver et interroger l’autre demeuré.

- à vos ordres! Répondit-il discipliné. »

Bert regarda son jeune collègue courir à toute vitesse en direction du véhicule, pensif. Ses sentiments étaient encore partagés concernant cet homme. Ce zèle était témoin de sa maladresse et de son inexpérience, mais tout de même. Il était incroyable de ressembler à ce point à l’archétype du jeune policier maladroit…

Mais peu importait puisque quoi qu’il pense de ce type, c’était le commandant qui prenait les décisions. Par conséquent, bizarre ou pas il faudrait faire avec… Après avoir lancé un dernier regard méprisant à la jeune recrue, il tourna les talons et se dirigea d’un pas décidé jusqu’au premier étage. Grell avait raison: l’homme avait bougé. Il s’était traîné jusqu’à l’escalier.

« - Ah tu tombes bien je te cherchait! Ricana Bert en expédiant un violent coup de pied dans la cage thoracique de son adversaire.

- Oh l’enfoiré! Articula l’homme tant bien que mal en crachant un filet de sang.

- Bon je vais pas y aller par quatre chemins: il existe encore un espoir pour toi d’avoir la vie sauve… Si tu me dis où est ton chef, tu survis. Dans le cas contraire je te bute.

- Je préfère crever plutôt que de trahir l’émissaire de Satan, et qui plus est pour un putain de flic. »

Un sourire mauvais se dessinait sur le visage du vétéran alors que dans son regard dansait la folie.

«  - Tes désirs sont des ordres! Hurla-t-il en lui écrasant le crâne avec sa lourde botte. »

La tête de l’homme à terre ne résista pas à la brutalité de l’impact, et le contenu de son crâne se répandit sur le sol dans un craquement mat suivi d’un bruit de fruit trop mûr que l’on broie.

Tandis que le soldat sanguinaire savourait les effets de sa force, un cri vint interrompre la malsaine volupté de ce dernier:

« - Lieutenant! Je tiens leur chef!

- j’arrive! Répondit Bert à contre cœur. »

Quel rabat-joie cet abruti de Grell! Impossible de s’amuser un peu avec un type pareil… Il espérait vraiment que ce type qu’il avait capturé en valait la peine. Sinon ça risquait encore de mal finir… Mais à en juger par la mine réjouie de son collègue lorsqu’il le rejoignit, ils tenaient peut-être enfin une lueur de raison dans cette affaire insensée.

« - Alors, tu as quelque chose? S’enquit-il intéressé.

- C’est à vous d’en juger lieutenant. Répondit-il triomphal.

- Je n’ai rien pour vous saloperies de crevards! Intervint le gourou.

- Bon… Grell c’est toi qui mènera l’interrogatoire, ou je risque d’éclater la tronche de cet enfoiré.

- Très bien lieutenant. Mais c’est inutile d’utiliser la violence avec ces gens-là. Vous avez sûrement remarqué qu’ils n’ont rien à faire de la mort.. C’est normal puisque ce sont des fanatiques. J’ai un meilleur moyen de pression que ça… Dit-il en savourant son petit effet.

- Qu’est-ce que c’est? Demanda Bert sceptique le dos déjà tourné à son interlocuteur.

- ça ne t’as pas perturbé qu’il fuit alors qu’il est fanatique?

- Non pourquoi?

- Eh bien la raison pour laquelle ce type voulait fuir, c’est parce qu’il était venu avec sa copine.

- Je vois où tu veux en venir… Ricana l’ancien soldat. »

Sans perdre un instant, Grell ouvrit le coffre du véhicule et en sortit une jeune femme de constitution fine et vêtue entièrement de noir. Il la projeta violemment au sol et avant qu’elle ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, le jeune officier était derrière elle avec une arme collée sur sa tempe.

« - Peut-être que tu es enfin décidé à parler abruti… Déclara Bert alors qu’une joie malsaine illuminait son visage.

- Très bien, je vais parler! Mais par pitié ne lui faîtes pas de mal! Supplia-t-il larmoyant.

- Alors dis ce que tu sais et vite, ou je te jure que je la bute. Répondit-il froidement en enlevant le cran de sûreté de son arme.

- Okay… Pour commencer, j’ai eu vent du meurtre sur lequel vous voulez m’interroger mais moi et mon groupe n’y sommes pour rien. La raison pour laquelle on s’armait, c’était justement pour traquer ceux qui ont usurpé notre sublime cérémonie sacrée! C’était notre nuit, pas la leur!

-Tu espères que je vais avaler un truc pareil?

- Il ne peut pas mentir lieutenant. Pa avec une pression pareille.

- Si tu le dis… Finit par répondre Bert méfiant. »

Grell relâcha la femme et commença à monter dans le véhicule, lorsque saisit par le remord il ne pût s’empêcher de lâcher un mot d’excuse qui suscita le regard haineux de la femme blottie dans les bras de son copain.

Une fois que le véhicule démarra, il souleva un nuage de poussière. Par le rétroviseur, alors que la maison abandonnée s’éloignait, Grell regardait le jeune couple, le regard lour de regrets.

« - Arrête un peu de te lamenter, tu veux? Des conneries t’en fera d’autres dans ta carrière. À ta place je me ferais du soucis pour nous…

- Pourquoi? Demanda-t-il inquiet.

- Parce que si ces idiots ont dis la vérité, le commandant va détester apprendre ça…

- Vous avez sûrement raison lieutenant…

- Je crains que le pire reste à venir… Déclama Bert énigmatique, le regard perdu dans le vague. »

Grell ne releva pas la remarque de son collègue. Il y réfléchirait après avoir mis de l’ordre dans ses idées.

Cette fois le pressentiment de Bert se confirmait: l’enquête n’était qu’une énorme blague. Même si le commandant, avec son tempérament combatif ne voulait pas l’admettre, le tueur tirait les ficelles et ils iraient seulement là où il les guiderait. C’était le propre des tueurs en série, impossible d’arrêter les meurtres tant qu’il n’y avait pas au moins deux victimes… Tout simplement parce qu’avant il était impossible de cerner correctement le mode opératoire, et les éventuels défauts.

Oui il en était désormais certain. Beaucoup de sang allait couler cette nuit…


Texte publié par THENightmare, 28 juillet 2014 à 19h46
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