Le 4x4 noir de Bert s’immobilisa en soulevant un nuage de poussière. Il venait d’entrer sur le territoire des doom’s day sons. L’une des plus dangereuses sectes sataniques d’Angleterre. Bert sortit du véhicule et scruta les alentours comme un rapace.
Le soleil était à son zénith, et le ciel s’était un peu dégagé, révélant aux yeux du monde, un paysage de cauchemar… La terre avait été stérilisée, elle était peuplée d’arbres morts et de cadavres d’animaux plus ou moins décomposés. À une centaine de mètres, on apercevait de vieilles ruines probablement antiques, reconverties en lieu de culte luciférien.
On se serait cru dans un film de zombies: des silhouettes humaines éparses, erraient sans but précis dans le terrain vague. Bert regardais le spectacle morbide qui se déroulait sous ses yeux et respirait silencieusement la brise de putréfaction qui se heurtait à ses narines.
« - Comment comptez-vous négocier avec ces gens là lieutenant? Demanda Grell avec un air de chien battu.
- Négocier? Ah ! Elle est bien bonne celle-là! Ça se voit que tu sors de l’école de police mon gars. J’appartiens à l’escouade Damoclès, et la négociation je m’en cogne! Ou ces dégénérés coopèrent, ou je leur explose la cervelle. Répondit-il en souriant.
- Les exploser? Votre arme de service ne sera pas assez efficace!
- Suis-moi, tu vas comprendre… »
Bert suivit Grell jusqu’au coffre du véhicule. Bert l’ouvrit et désigna fièrement le fusil à pompe qui y était entreposé.
« - Spas 12, appelé aussi le nettoyeur de rues. Fusil à pompe à cadence de tir rapide, très utilisé dans les guérillas urbaines.
- Je comprends mieux maintenant…
- On va bien se marrer. »
Bert chargea son fusil à pompe et posa le canon sur son épaule. Il s’empara de son téléphone et composa le numéro du gourou de la secte.
« - Seth, haut dirigeant de la confrérie maudite des Doom’s day sons. Qu‘est-ce que tu veux mortel?
- Ecoute moi bien mon pote. On est des membres des forces spéciales anglaises. On est posté à cent mètres de chez toi, et on est bien armés. On n’est pas là pour vous descendre mais pour glaner des infos sur un meurtre un peu glauque. Tu peux nous aider?
- Allez- vous faire mettre bande d’enflures! Vous n’êtes pas dignes de recevoir la parole de Satan le prince du Mal…
- Ok… Je vais te dire comment ça va se passer. On va butter tous tes potes si tu coopères pas. Ce serait bête non?
- Allez en enfer! Rugit Seth avant de raccrocher.
- Les instructions monsieur? Demanda Grell galvanisé par la dévotion de Bert.
- Butter tous ces fils de pute… C’est ça mes instructions. »
Bert repéra trois sataniques en train de prier autour d’un arbre mort. Il avança silencieusement jusqu’à l’un d’eux et l’interpela. Quand celui-ci se retourna, Bert lui fit exploser le crâne dans des gerbes de sang et de matières cérébrales. Le deuxième voulut s’enfuir mais Grell l’abattit de deux balles dans le dos. Le troisième, plus courageux voulut charger Bert mais reçu un violent coup de crosse du fusil à pompe qui lui fit perdre connaissance.
« - Crève! Hurla Bert.
- Ne perdons pas de temps lieutenant, il y en a encore barricadés dans le temple.
- Barricadés tu dis? C’est parfait! S’exclama Bert en souriant. »
Les deux hommes sprintèrent vers le temple et se mirent à couvert derrière un arbre au tronc épais. Bert jeta un regard furtif en direction des ruines puis y lança une grenade. Il eut un moment de silence. On n’entendais plus que le bruit de la grenade qui rebondissait contre le mur avant de pénétrer dans les ruines. Un silence court mais tendu se mit en place, puis une forte détonation se fit entendre.
Lorsque Bert et Grell quittèrent leur couvert, ils virent les ruines fumantes du temple satanique. La brise portait jusqu’à eux l’odeur de mort et de chair brûlée. Grell était médusé par la violence dont Bert pouvait faire preuve, et le regarda parcourir en sifflotant, les étendues désolées qui s’offraient à eux.
« - Y a-t-il encore un survivant? Hurla Grell, le regard lourd d’inquiétude. »
Il n’y eut pas de réponse… Ses yeux gris semblables à un ciel tourmenté, scrutaient désespérément le temple. Il ne pouvait accepter qu’il ait cautionné et même participé à ce massacre. Il courut jusque dans les ruines et fût frappé par ce qu’était devenue la pièce principale.
Un immonde charnier bruni par les flammes et la violence. L’odeur était épouvantable… Elle enroulait ses tentacules pestilentiels jusqu’au plus profond des entrailles de Grell qui laissa échapper une gerbe de vomi. Il s’appuya au mur et s’essuya la bouche d’un revers de manche avant de soulever les corps à peu près intacts, à la recherche d’éventuels survivants. Soudain il entendit un toussotement faible. Probablement celui d’une femme. Il suivit le son qui le mena à une jeune femme faible à terre.
« - Etes-vous blessée mademoiselle? S’enquit-il
- J’ai l’air d’aller bien?! Rétorqua-t-elle d’une petite voix.
Laisse-moi crever connard. Je préfère que mon âme aille brûler en enfer plutôt que de me laisser sauver par un enfoiré de flic. Ajouta-t-elle.
- Ton courage est tout à ton honneur mais je te laisse pas le choix. »
Sans lui laisser le temps de dire quelque chose, il la prit sur ses épaules et la mena tant bien que mal jusqu’au véhicule. Bert le rejoint, en traînant un homme menotté.
« - C’est quoi ce truc? Demanda Bert en désignant le corps de la femme qui avait perdu connaissance.
- Je pourrais dire la même chose, qui est cet homme?
- C’est le fameux Seth, qui était en train de tenter de charger un flingue pour sauver sa peau! C’était mignon!
- Pourquoi tu veux me sauver?! Hurla la jeune femme les yeux pleins de rage.
- Parce que tu n’as aucune blessure fatale, une côte cassée tout au plus… Répondit simplement Grell en haussant les épaules. Quant à vous, Bert, vous aurez du mal à justifier vos actes auprès du commandant.
- Il est aller voir le gouverneur, qui est un mou sans aucune autorité, tout le monde le sait. Je présume donc qu’il a donné au commandant et à son escouade le droit de tuer si l’ennemi résiste.
- J’espère que vous ne vous êtes pas trompés! Sur ce je crois que vous en avez assez fait pour aujourd’hui. Je m’occupe d’interroger les suspects.
- Pourquoi pas… Je suis curieux de voir l’étendue de tes compétences… répondit Bert alors que le vice même dansait sur son visage.
- Faîtes-moi confiance lieutenant. Rétorqua Grell sans se laisser démonter. »
Bert ne répondit pas. Il pivota rapidement sur ses talons et partit s’asseoir une cinquantaine de mètres plus loin.
Grell se retourna vers la jeune femme. Une certaine force émanait d’elle, à travers les ornements de métal qu’elle portait, à travers son regard, et ses paroles. Une force déplacée, provocatrice, presque agaçante. Pourtant Grell ne pouvait pas s’empêcher de la regarder avec compassion car ses blessures la rendaient fragile, vulnérable.
« - Je ne compte pas vous ennuyer trop longtemps mademoiselle. Aussi je serais bref. Vos rituels étranges ne nous intéressent pas. Nous avons besoin de votre aide pour résoudre un meurtre qui pourrait impliquer une secte satanique.
- Mais monsieur l’agent… commença -t- elle timidement.
-Oui…
- j’en ai rien à foutre… continua-t-elle avec insolence.
- Ok… Je vais essayer de faire simple. Là bas il y a un type qui est loin d’être aussi patient et indulgent que moi. Et croyez-moi je ne vous souhaite pas d’être interrogée par ses soins.
-Oh non! Pitié! Je suis morte de peur! Rétorqua -t- elle ironiquement.
-Je vois…
Grell se retourna et s’empara de l’homme blessé qui gisait à terre et pointa son arme sur sa tempe.
« - Maintenant ou vous me dîtes ce que je veux savoir, ou je le bute.
- Qu’est-ce que vous voulez savoir?
- J’aime mieux ça. Voici des photos de la victime. Est-ce que la mise en scène vous dis quelque chose?
- J’adorerais me vanter de ce crime, mais notre culte ne réalise pas des crimes aussi soignés d’un point de vue rituel. Et ce n’est pas un meurtre de secte à mon avis, justement parce que c’est trop soigné.
- Où voulez-vous en venir? Insista Grell avec agacement.
- La fougue des jeunes adeptes les conduit à agir sous l’influence de leurs pulsions, ce qui donne des meurtres plutôt bâclés et sales.
- Comment pouvez-vous en être si sûre?
- C’est très simple: je dirige cette secte avec Seth depuis cinq ans. Je menais un rituel noir quand toi et ton pote vous avez fait exploser mes frères. Alors au niveau rituel, je suis plutôt une source sûre d’informations. Dit-elle, le regard empli de suffisance.
- Très bien. Désolé du dérangement et merci. Déclama Grell mal à l’aise.
- Ouais c’est ça dégage connard! »
Bert rejoignit Grell et les deux hommes montèrent dans leur véhicule.
Lorsque le 4x4 démarra, Grell jeta un dernier regard en direction des deux jeunes gens qui avaient survécu. Au travers du nuage de poussière que soulevait le véhicule dans son sillage, la lumière blafarde du pâle Soleil laissait voir deux silhouettes enlacées l’une dans l’autre. Grell sentit alors un léger pincement au cœur. Il se sentait tellement coupable d’avoir fait ce qu’il avait fait. Parce qu’au final, ces gens étaient humais. Méritaient-ils leur sort à cause de leur différence? L’Homme a peur de ce qu’il ignore, et détruit ce dont il a peur. Les yeux rivés sur sa propre fange, et sur le sang de ses pairs, l’Homme est le seul vivant qui n’existe que pour tuer.
« - Quand tu auras finis de prendre des airs de type mystérieux, tu pourras me faire un compte rendu de l’interrogatoire?
- Oui, désolé Bert. Le mode opératoire n’est pas celui d’une secte apparemment et encore moins de la leur.
- Tu en es sûr? S’enquit Bert inquiet.
- Elle ne mentait pas, j’avais le canon de mon arme braqué sur la tempe de son petit ami.
- Et merde, le commandant va détester apprendre ça. »
Cette fois le pressentiment de Bert se confirmait: l’enquête n’était qu’une énorme blague. Même si le commandant, avec son tempérament combatif ne voulait pas l’admettre, le tueur tirait les ficelles et ils iraient seulement là où il les guiderait. C’était le propre des tueurs en série, impossible d’arrêter les meurtres tant qu’il n’y avait pas au moins deux victimes… Tout simplement parce qu’avant il était impossible de cerner correctement le mode opératoire, et les éventuels défauts.
Oui il en était désormais certain. Beaucoup de sang allait couler cette nuit…
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