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L’assassin gagnait en puissance. Il avait de nouveau frappé mais cette fois, la lettre était arrivée après la découverte du cadavre.

Lola Noël, surveillante à la Maison des Enfants avait alerté la police après avoir découvert le corps mutilé de la directrice. Elle gisait dans son bureau. Une inscription avait été portée sur son front et sa langue avait été sectionnée à l’aide d’un instrument peu tranchant. Apparemment, le bureau avait été fouillé et des documents présents dans le coffre avaient été volés.

Quelques heures plus tard, Laurent recevait un courrier, adressé à son nom propre.

Cette fois, il contenait plus que du papier.

Le service courrier a contacté la police scientifique. Des techniciens se sont chargés de venir prendre la missive dans la boite et de l’emmener directement au laboratoire pour ouverture. Comme il lui était tout de même adressé et que l’inspecteur pensait que le journaliste pourrait jouer un rôle dans le démasquage de l’assassin, le journaliste était également présent.

L’expert a posé la lettre sur une table d’examen. Équipé de gants et d’un masque, il a procédé au décachetage de l’enveloppe. Elle contenait une feuille de papier sur laquelle des mots découpés dans des journaux avaient été collés, le même type de message que les autres fois.

Un objet emballé dans de la cellophane tomba sur la table. L’expert s’est tout d’abord assuré qu’il n’y avait aucune empreinte sur le plastique. Les rares traces présentes étaient malheureusement inexploitables. Le film alimentaire avait été roulé en boule et sa texture ne rendait pas possible le relevé d’empreintes. Il s’est muni d’un scalpel et s’en est servi pour découper délicatement la pellicule de plastique qui a enfin livré son contenu.

Un débris organique.

Après examen, il a déclaré qu’il s’agissait d’un morceau de langue. Justement la partie de l’anatomie prélevée sur le corps sans vie de Madame Redaingotte.

Laurent avait blêmi.

Ce type de procédé faisait remonter à sa mémoire des choses qu’il avait lui-même vécues lors de certains conflits africains. Là-bas, les rebelles n’hésitaient pas à utiliser des méthodes barbares pour humilier leurs victimes. Il lui était arrivé d’assister à certains de ces rites.

Plus cette histoire avançait et plus il avait la désagréable sensation que l’assassin ne l’avait pas choisi par hasard.

- … quelque chose ?

- Hein ? Je … je ne vous ai pas entendu …

- Vous aviez l’air pensif en effet ! Ce message, ça vous dit quelque chose ?

L’inspecteur Strade avait sa tête des mauvais jours. Ça peut se comprendre, trois crimes, tous plus sordides les uns que les autres. Pas de quoi être de bonne humeur.

- Je ne l’ai pas lu, désolé. La vue de ce morceau de chair m’a retourné et j’ai préféré une petite fuite mentale je crois …

Il avait tenté de sourire à sa plaisanterie mais c’est un sourire mort qui s’était échoué sur ses lèvres sèches.

- Ben relisez le, il est posé sur la table, mais surtout, n’y touchez pas !

Il se dirigea avec lenteur vers la table désignée. Il n’était pas sûr d’avoir envie de savoir ce que l’assassin avait à lui dire et pourtant, s’il n’y allait pas, ça paraîtrait suspect. Il y avait une chance pour que ce message lui permettre d’y voir un peu plus clair également. Ça pourrait lui donner des indices quant à l’identité du malade qui sème la mort dans la ville depuis deux semaines.

« La vieille mentait, depuis trop longtemps. Il fallait qu’elle paie pour avoir caché la vérité. Et vous, monsieur le journaliste ? Que cachez-vous ? »

Mouais, il n’y avait plus de doute à avoir. Ce barge savait des choses que Laurent n’avait pas trop envie de voir éclater au grand jour, il fallait faire quelque chose.