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“Poussez, bon Dieu, poussez !!!”

“Nooooonnnnnnn”, le cri, suraigu, s’était perdu dans les hauteurs de la salle d’accouchement, tellement fort et rauque que le temps s’est comme arrêté lorsqu’il a retenti. L’instant d’après, la jeune femme en couches était retombée sur la table, évanouie. Elle était arrivée à peine une heure plus tôt, complètement paumée, se plaignant de maux de ventre, on ne comprenait rien à ses marmonnements, on percevait de ci de là un mot sensé et articulé mais ils n’étaient pas majoritaires. Elle avait été prise en charge par l’hôtesse d’accueil qui avait réussi à la rassurer un peu et l’avait emmenée elle même vers les salles de travail, la jeune personne ne voulait accompagner personne d’autre qu’elle.

Elle l’avait aidé à s’installer sur la table, lui avait tenu la main quand on avait sanglé autour de son ventre rond les appareils de mesure fœtale, elle lui avait parlé pendant que la sage femme perçait l’épiderme de sa main pour enfoncer l’aiguille qui servirait à injecter un quelconque produit si besoin.

Tout avait été très vite, l’imminence de la délivrance n’avait pas permis de poser des questions ou d’établir le moindre dossier. Elle était à peine allongée que la sage femme avait annoncé que la tête se présentait, qu’il allait falloir se mettre en ordre de bataille pour accueillir l’enfant et tout avait basculé à cet instant.

La jeune femme était devenue comme folle, hurlant qu’il ne fallait pas le laisser sortir, que tous le regretteraient si elle expulsait “la chose”.

Rien ne vint la rassurer et c’est épuisée par ses hurlements qu’elle finit par sombrer dans l’inconscience. La sage femme appela à la rescousse une collègue et, pleines de tristesse pour ce bébé, elles l’aidèrent à venir au monde. L’une pressant de toute ses forces sur le ventre gonflé, accompagnant au mieux les contractions, l’autre, fouillant le passage dilaté avec des spatules, allait chercher la tête pour la faire progresser plus rapidement.

Au bout d’un temps qui leur paru bien trop long, le petit être sortit enfin du corps maternel.

Il était 3h56, la sage femme renseigna sur la fiche qu’un bébé de sexe féminin venait de naître, l’accouchement par voie basse, s’était physiologiquement bien passé. L’enfant était en pleine forme, tous les examens de naissance renseignaient de bon scores. La délivrance du placenta s’était bien passé également, les saignements étaient abondants mais malgré tout normaux. Elle se permit toutefois d’indiquer sur cette fiche que la mère semblait ne pas souhaiter cet enfant et serait sans doute à faire évaluer par un psychologue, histoire qu’on ne retrouve pas la petite dans un poubelle d’ici à quelques jours ou morte sous les coups dans quelques mois.

Restée seule dans la salle avec la mère et l’enfant, elle ne put s’empêcher d’approcher la petite bouche tendre du sein maternel, qui happa avec force le mamelon, et se mit à téter avidement. Au bout de quelques minutes, la sage femme voulut arracher la petite gloutonne à sa tétée mais elle n’y parvenait pas, tirant un peu plus fort pour la faire lâcher le sein, elle constata qu’elle avait mordu sa mère et que du sang coulait des petites entailles laissées par les dents du nourrisson. C’est un phénomène suffisamment rare pour qu’elle ne l’ait jamais croisé durant son expérience professionnelle, elle resta interdite, son regard passant de la blessure à l’air repu et satisfait de l’enfant. Elle finit par poser la fillette dans son berceau en plastique transparent et se hâta de soigner la mère. Elle s’en voulait d’avoir cédé à la pitié en permettant à la petite de goûter une fois au sein maternel, comment allait elle expliquer ça à sa chef de service ? Avec amertume qu’elle poussa le berceau vers la nursery, réfléchissant déjà à quelle excuse elle allait bien pouvoir trouver pour se disculper.

De retour dans la salle de naissance, elle s’arrêta interdite sur le seuil de la pièce qui contre toute attente était vide, la jeune mère, inconsciente quelques minutes plus tôt s’était fait la malle.

Pour seule trace de son passage, quelques mots écrits sur le sol avec son sang, manifestement “Vous n’auriez pas dû” …


Texte publié par Sabyne, 23 avril 2014 à 15h11
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