Simon suivit le flot des gens qui se pressaient à l’entrée de la maison. La porte s’ouvrait et se fermait au rythme des condoléances. Les visages étaient crispés. Les hommes et les femmes arboraient leurs habits du dimanche, les plus sobres, les plus sévères, les plus noirs. Simon n’avait rien à voir avec tout ce beau monde bien au fait des conventions. Il avait son invariable par-dessus beige froissé. Dans son 9m2 , qui lui servait d'habitat, il était loin de Versailles et de ses fastes. Il se contentait de peu.

Il se mêla à la masse clairsemée des visiteurs, mais au moment d’atteindre la porte d’entrée, il contourna la maison. Tout ça n’était pas sa came. Passant par l'arrière, il pénétra à l’intérieur. Alors que tous se focalisaient sur le seuil et sa flopée d’arrivants, lui passait inaperçu. Il était gris, invisible. Enfin, c’était ce qu’il espérait. Ne rien voir, ne pas se faire remarquer. N’avoir rien à dire, et encore moins à justifier.

Simon respira profondément. Il n’avait pas envie de jeter un œil autour de lui. Tout ce qui l’obsédait était l'envie pugnace de boire un verre, un peu d’alcool qui lui brûlerait les neurones et le réconforterait.

Dans le séjour, des grappes se formaient, indifférentes à ce qui se passait autour d’elles. Ça bavardait la mine consternée. Simon visa la porte entrouverte droit devant lui et avança d’un pas chaotique. Dans l’embrasure, il vit l’enfilade de meubles dédiés à la cuisine. Une série de verres y était entreposée, prête à être consommée. Il y avait de tout, des tasses aux verres à pied. Du café réchauffé embaumait la pièce jusqu'à l’écœurement. Certains verres contenaient du champagne, comme si cet instant était précieux. Simon en serait le témoin. Il était le premier à ne pas vouloir rater l’événement.