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Enfin les fesses posées sur cette foutue chaise. Un regard sur la montre : 8H00.

Parfait, aujourd'hui pas question d'être en retard.

Je suis même en avance, et pourtant j'en ai fait des tours de rond-point et de petites places pour trouver où me stationner.

Il faut dire qu'il y a des années que je ne suis pas venue ici, depuis la signature de mon contrat.

J'observe le hall dans lequel j’attends, sacrément modernisé, tout comme l'accueil où Stéphanie dégaine le combiné téléphonique aussi vite que Lucky Luke le fait avec son revolver.

« LPD Archi bonjour ? Oui, évidemment. Veuillez patienter. Oui elle est arrivée je l'en informe Monsieur »

Stéphanie me fait signe de la main pour que j'aille jusqu'à elle.

« Monsieur Dagenais aura un peu de retard tu peux patienter devant son bureau. Ah oui! Il est à l'étage maintenant : ascenseur sur ta droite, premier étage, deuxième bureau à gauche il y a quelques chaises pour t'y installer et une machine à café au bout du couloir : à tout à l'heure !»

A peine ai-je le temps d'entrouvrir la bouche que Stéphanie a déjà un combiné sur chaque oreille. Je lui fais un signe de tête et prends l'ascenseur.

Un café à la main, je prends place devant cette porte où l'on distingue clairement sur la plaque « Léo-Paul DAGENAIS, directeur général ».

Je me demande franchement ce qu'il me veut celui-là, être convoquée ici à 8h30 ça doit être sacrément important.

Je souris, seule, en repensant à notre conversation avec Joanna hier « Mais sérieux Elsa, tu crois vraiment que c'est juste pour ça ? Pour quelques retards? »

Joanna a toujours été une personne bienveillante depuis mon arrivée dans cette boîte, et le fait qu'elle soit à ce jour une architecte d'intérieur à la grande renommée n'y a rien changé.

D'ailleurs l'expression 'quelques retards' en témoigne, car mon manque de ponctualité est clairement chronique.

« Il va peut-être te proposer de prendre la place de secrétaire générale ? Une promotion ? Ah ouiiiiiiiiiiiiiiiiii une promotion, tu fais le boulot ! Elsa, sa visite il y a 15 jours au cabinet, il a fait le tour, a observé tous les salariés, tu fais le boulot, il l'a vu ! C'est ça, une nouvelle mission, un nouveau poste ! Allez ne t'en fais pas ! Et tu me diras s'il a encore cette barbe qui lui donne un faux air de Romain Duris ? Tu ne trouves pas qu’il est mieux avec ? Et Stéphanie, elle va peut-être partir cette pimbèche ? Nan ? »

Hier, Joanna a déboulé chez moi dans la soirée, après que je l'ai appelée pour l'avertir de cet entretien.

Nos conversations entrecoupées de gorgées de vin blanc, de bruits de pierre de briquet et nos paroles se perdant dans les fumées ou dans des fous rires ont duré jusqu' à l'aube mais cela m'a permis de relativiser.

L'attente sur cette chaise me procure un tout autre sentiment.

Stressée de perdre mon poste, pour mes multiples retards .Une autre fois j'ai un peu allongé la pause dej', mais c'est de ma mère que je n'avais pas su me défaire au téléphone cette fois...

Je tente de me remémorer tous ces petits manquements au règlement depuis des années : qui ont pu me mener ici ce matin.

Faut- il que, tout de suite, je m'excuse avant même que quelque chose ne me soit reproché ? Ou je ne dis rien et, de toute manière, la punition tombera...

Je décide de passer aux toilettes pour me rafraîchir et affiner un maquillage quelque peu dégoulinant, un regard dans le miroir et je parviens à lire l'inquiétude dans mes yeux.

Revenue face au bureau je réajuste ma coiffure dans le reflet de la porte en verre, quelques mèches rebelles à remettre dans le chignon. Hop.

Je peaufine l'emplacement de mes lunettes quand la porte s'ouvre.

« Mademoiselle Lepage , veuillez m'excuser pour cette attente. Je suis à vous, allons-y » .

« Bonjour Monsieur Du...Dagenais (non pas Duris ! Mais oui, c'est vrai que cette barbe...) Je vous en prie, j'ai à peine attendu » (Non mais non...il va se dire que moi aussi j'étais donc en retard, l'art de me tirer une balle dans le pied!)

A peine passée devant lui, je suis envahie par l'odeur de son parfum qu'il semble avoir mis récemment. Un mélange de fraîcheur intense et de profondeurs boisées viriles.

Eblouie par les rayons du soleil qui transpercent à travers la fenêtre je mets ma main afin de former comme la visière d'une casquette.

« Oh attendais Elsa, je vais baisser un peu le volet. Je peux vous appeler Elsa ? »

« Oui bien sûr, merci. »

Je sens que mes joues rougissent rien que par cette familiarité de m'appeler par mon prénom.

Il se dirige d'un pas délicat et à la fois assuré vers la fenêtre tout en me demandant de m'installer.

Assise alors qu'il est face à moi, debout, mes yeux sont à hauteur de son fessier et j'entends à nouveau la voix de Joanna la veille « au pire tu profiteras pour le mâter un peu, sérieux tu ne le trouves pas bel homme ? Il doit avoir un répertoire blindé de gonzesses »

« Voilà qui est mieux, Elsa, je vais en profiter pour fermer les rideaux derrière vous. »

Les notes puissantes et intenses de cuir, ou de bois précieux de son parfum viennent à nouveau chatouiller mes narines, et donnent directement à cet homme une forte masculinité sans même qu'il n'ait besoin d'en faire plus.

« Très bien Elsa, je peux vous proposer un café ? J'allai moi-même me prendre un cappuccino. Dites- moi. »

« Oui comme vous ce sera très bien, merci ».

Parti à la machine à café, j'observe avec plus d'attention l'agencement et la décoration de ce bureau.

Les rideaux rouges en velours de chaque côté des fenêtres apportent à la fois douceur et chaleur, un fauteuil Chesterfield couleur moka se trouve dans un coin de la pièce.

J'imagine alors Léo-Paul s'y reposer à certains moments de sa journée de travail. Je m'y vois à mon tour m'y allonger avec cette même jupe que je porte aujourd’hui, sans sous-vêtements, rejoignant le « big boss » pour le réconforter de sa journée.

A-t-il besoin de se détendre un peu ?

L'odeur de son parfum et la lumière devenue tamisée par les persiennes ont éveillé en moi un certain désir, étrangement je ne me sens pas de rester assise sagement à attendre sur cette chaise.

Je glisse ma main le long de ma cuisse puis sous ma jupe, entre mes jambes au moment même où mon index entre en contact avec la dentelle de ma petite culotte une main se pose sur mon épaule.

Un sursaut me fait sortir de cette imagination sensuelle.

« Oh Elsa je vous ai fait peur. Excusez-moi, ce n'est pas ce que je souhaitais »

« Non euh...oui...je ne vous ai pas entendu, je vous attendais, il n'y a pas de mal »

Le plus habilement possible ma main a regagné sa place sur le dessus de ma cuisse, par-dessus ma jupe .

« Très bien Elsa, J'ai récemment rendu visite à nos différents établissements et j'y ai rencontré les directeurs et...Excusez-moi »

La sonnerie de son téléphone interrompt ce début de discussion.

« Oui Stéphanie. Est-ce une urgence ? Bon je peux accorder deux voire trois minutes rien de plus. Entendu? »

Il me fait comprendre par un léger haussement d'épaules qu'il prend cet appel et j'acquiesce par un sourire.

Il s'éloigne légèrement puis, prend place dans le fauteuil.

Il desserre un peu le nœud de sa cravate en tirant dessus de droite à gauche.

Ce mouvement de balancement et le voir là, assis où je nous avais imaginés quelques minutes avant me fait la sensation d'un frisson traversant l'ensemble de mon corps.

Je serre mes cuisses l'une contre l'autre en tentant de contrôler cette réaction épidermique.

J'ai le sentiment qu'il s'énerve en pressant fortement le bras du fauteuil, ce mouvement m'évoque un homme de poigne et là encore mon imagination me joue des tours.

Je visualise ses mains pétrir ma poitrine avec force puis descendre le long de mes hanches pour comprimer chacune d'elle pour me soulever avec envie et me projeter violemment sur le bureau, poitrine la première.

L'une de ses mains maintient mes cheveux en les tirant par à-coup alors que l'autre posée sur mon ventre permet de mettre mon bassin au diapason du sien dans des mouvements de va et vient.

La chute du sac à main posé sur mes genoux me sort de ma rêverie et confuse je me penche pour le ramasser.

A cet instant, je vois le regard de Léo-Paul s'égarer sur mon décolleté, furtivement. Je reprends place et il met fin à son appel.

« Je suis désolé, sincèrement, Elsa. J'ai demandé à ce que nous ne soyons plus dérangés »

Je pose le gobelet que j'ai en main et dis :

« Oui, j'aimerais savoir ce qui m'amène ici d'autant plus que nous avons pris du retard. »

Je remarque instantanément de quel toupet je fais preuve. Moi retardataire habituelle je me permets de prononcer cette phrase, mais il faut aussi que je puisse mettre fin à cette évasion, à ce fantasme.

.

« Eh bien c'est clair. J'aime les femmes qui disent ce qu'elles pensent. »

Il fixe avec insistance ma bouche ce qui a sur moi un double effet : une partie de moi est gênée mais l'autre me permet à nouveau de sentir un émoi certain.

Fixer à ce point mes lèvres qui servent à embrasser, à lécher, à respirer, à gémir, à exprimer le plaisir. Qu'attend-il de moi ?

Il se lève, tend son bras vers moi ; pointe son doigt sur ma lèvre supérieure.

« Vous avez un peu de mousse, juste là »

La crispation me fait rapidement attraper son poignet comme pour l'empêcher de me toucher tandis que l'attraction physique me fait mordiller et sucer le bout de son index.

Se tenant debout si près de moi, je peux percevoir et sentir l'attirance de nos deux corps.

Je discerne la force de son érection et je m'imagine empoigner son sexe pour lui montrer à mon tour à quel point j'ai envie de lui.

Léo-Paul me saisit par les épaules, me lève, m'embrasse, saisit mon chemisier dont chaque bouton tombe au sol dans un mouvement de déchirement.

Cette fougue ne laisse planer aucun doute sur notre excitation réciproque, sa bouche charnue se perd sur chaque endroit de mon corps.

Là allongée sur le bureau, jambes écartées je sens le souffle chaud de son haleine approcher de mon intimité.

Ondulant tel un serpent et me mordant les lèvres pour éviter de crier je tiens entre mes mains la tête de Léo-Paul dont la langue caresse chaque partie de mon jardin secret.

Puis ses doigts viennent à leur tour à la découverte de mon clitoris, l'une de ses mains couvre ma bouche pour éviter que des gémissements plus importants puissent en sortir.

D'un coup il me saisit et me retourne pour me pencher en avant sur le bureau, l'une de ses mains agrippe mes cheveux violemment, mais avec un désir et une domination non dissimulés.

L'autre main me met une fessée et une voix roque et très masculine retentit :

« Je sais que tu attendais ça, que l'on attendait ça tous les deux depuis le premier regard .Alors maintenant tu peux me le dire ma belle, qu'est-ce que tu veux ? »

« Toi ! »

« Dis le moi, demande le moi autrement !! Dis ce que tu veux ! »

« Je veux que tu me baises Léo-Paul ! »

A peine cette phrase est-elle prononcée que je me sens pénétrée et le désir laisse place à une cadence sauvage, j'agrippe les bords du bureau et quelques bruissements étouffés sortent de ma bouche.

Nos corps moites et luisants vont et viennent au même rythme, nos souffles parfois coupés, le mouvement de nos corps est bercé par l'émission de notre jouissance.

« Oui, encore...continue Léo-Paul c'est si bon »

« Tu aimes ça n'est-ce pas, tu en veux encore ? »

« Oui oh oui Léo-Paul »

Submergée par tout ce qui se passe : là, maintenant ;dans ce contexte invraisemblable. Je prends mon pied comme jamais, avec le directeur général! Je veille à rester attentive à un râle viril qui serait synonyme d'orgasme de Monsieur Dagenais, là sur son bureau.

« Elsa ! Elsa! Elsa ! Elsa ! »

Cette voix familière a perdu la superbe de sa masculinité.

« Elsa !!! »

Je suis secouée de nouveau de gauche à droite et alors, j'entrouvre légèrement les yeux.

« Elsa sérieux là tu rêves ou quoi, dépêche-toi ! Réveille-toi ! C’est aujourd'hui ton rendez-vous avec le big boss. On n’aurait pas dû picoler autant hier. Allez bouge-toi !! Parole de Joanna ce soir c'est soupe, tisane et au lit !»

A la fois groggy et ailleurs, je réalise doucement : tout cela n'est qu’un putain de rêve !

J'aurais bien dû m'en rendre compte...Être à l'avance à un rendez-vous est tellement surréaliste pour moi.

Je me parle à moi-même comme pour me faire réagir.

« Allez, Elsa debout ! Que la journée commence : Monsieur Dagenais...A nous deux ! »


Texte publié par Lise Chennou, 17 novembre 2021 à 15h57
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