Arthur ouvrit la porte avec douceur. Le petit garçon regarda autour de lui, mais il ne vit personne. Un grand sourire aux lèvres, il se glissa hors de la salle d'étude. Cette fois, il réussirait à filer avant que Monsieur Gérard n'arrive. Son précepteur était plutôt gentil, mais il venait toujours quand il avait des choses plus importantes à faire. En ce jeudi, une grande expédition l'attendait ! Il voulait devenir explorateur quand il serait grand. Il devait s'entraîner dès maintenant, il n'avait pas de temps à perdre avec ses leçons.
Marc vérifia ses affaires : l'appareil-photo, le magnétophone, la caméra, l'ordinateur... Les batteries étaient chargées à bloc, mais il n'était pas rassuré pour autant. Le jeune enquêteur allait rester plusieurs heures dans une cabane perdue en pleine forêt. Il devait se montrer prévoyant s'il voulait se servir de son matériel toute la nuit. Sans réseau électrique à proximité, il risquait de se trouver à court d'énergie très vite. Il ne pouvait pas se le permettre, il attendait trop de choses de cette expédition.
Arthur sortit de la maison sur la pointe des pieds. Une fois dans le parc, il courut en direction du bois. Même si la nuit tombait rapidement en hiver, il avait pris une lampe qui lui permettrait de se déplacer dans le noir. Il n'échapperait peut-être pas à une punition, mais elle ne serait pas trop grave s'il rentrait avant vingt heures. Il jeta un coup d'œil aux alentours avant de se précipiter dans l'allée principale. Le jour baissait vite, mais rien n’aurait pu entamer sa joie. D’ailleurs, il connaissait bien le chemin qui devait le mener vers la fameuse cabane.
Marc arrêta sa voiture sur le vieux parking, juste en face de la forêt. La nuit commençait à tomber et il devait se dépêcher avant qu'il ne fasse trop sombre. S'il attendait plus longtemps, il ne pourrait pas installer son matériel ce soir. Il ouvrit le coffre de sa voiture, saisit la sacoche de sa caméra, celle de son ordinateur et une petite valise contenant divers appareils. Il était paré pour la nuit, à condition que les batteries tiennent jusqu'au matin. Bien chargé, le jeune homme se dirigea vers le couvert des arbres. Il faisait encore assez clair pour se déplacer sans torche électrique.
Arthur sautillait sur le sentier en chantonnant. Cette aventure lui plaisait, elle était si différente de celles qu'imaginaient ses sœurs. Elles lui racontaient des choses trop naïves à son goût. Des bizarreries où les arbres parlaient, où les bêtes de la forêt devenaient de gentilles peluches, où les pires méchants se contentaient de faire des fautes d'orthographe qu'il devait corriger... C'était si ennuyeux ! Aujourd'hui, il allait découvrir autre chose ! Un mystère effrayant dont les domestiques osaient à peine parler entre eux...
Marc avançait d’un pas rapide sur le sentier s’enfonçant dans le bois. La terre humide collait à ses chaussures et le fit glisser plus d’une fois. Il parvint à garder son équilibre avec difficulté au prix de gesticulations un peu ridicules. Son pantalon de couleur vert bouteille était couvert de taches brunes jusqu’aux genoux. Cependant, il ne se souciait guère de son apparence, il craignait juste d’abîmer ses appareils. Après une marche d’une vingtaine de minutes, il vit la cabane émerger entre les arbres. Il poussa un soupir de soulagement et accéléra le pas.
Arthur courait sur le petit chemin, pressé d'atteindre son but. Heureusement, il connaissait par cœur cette partie de la forêt et ne risquait pas de s'y perdre. Quelques gouttes tombèrent, mais il les accueillit avec indifférence. Déjà couvertes de boue, les jambes de son pantalon ne souffriraient guère face à un peu d'eau. Au bout de quelques minutes, un vieil édifice apparut au travers des arbres. Le petit garçon sauta de joie et se précipita vers la cabane. Il poussa la porte avec précaution pour éviter qu'elle ne s'écroule. Ses yeux curieux fouillèrent l'obscurité.
Essoufflé, Marc entra dans la bâtisse et braqua la lumière de sa lampe de poche devant lui. Comme il s'y attendait, la vieille cabane semblait presque vide. Une partie du toit s'était écroulée et des tuiles brisées jonchaient le sol, à moitié couvertes par des branches cassées. Vers la gauche, la charpente paraissait en meilleur état. Il décida d'installer son matériel à cet endroit pour éviter qu'il ne soit trempé. Il avait pris une bâche avec lui, mais elle ne suffirait pas à tout protéger. Il soupira devant la nuit difficile qui l'attendait. N'avait-il pas fait une erreur en venant seul ici ?
Durant quelques minutes, Arthur arpenta l'intérieur de la cabane en regardant de chaque côté. Il avait fini par allumer sa lampe torche car il faisait déjà trop sombre pour se repérer dans le noir. Ce lieu lui semblait moins impressionnant qu'il ne l'espérait, dommage... Cependant, il savait qu'un événement mystérieux et effrayant ne tarderait pas à se produire. Il décida de s'installer dans le coin droit pour assister à toute la scène sans en perdre une miette. Il éteignit sa lampe et fixa l'autre bout du bâtiment avec intensité. Au dehors, une pluie d'orage tombait de plus en plus drue.
Marc avait installé ses appareils contre le mur gauche de la bâtisse avant de les mettre en réseau avec son ordinateur. Tout fonctionnait bien, mais aucune donnée ne s'enregistrait. Avait-il choisi un mauvais endroit ? Ou l'antenne était-il encore trop basse ? Si seulement il réussissait à la redresser d'un petit mètre... Grimpant sur un tas de pierres humides, il la poussa du plat de la main...
Arthur s'était aplati derrière une grosse branche, pétrifié par la surprise. Un homme transparent venait d'émerger du mur et cherchait à atteindre le toit. Brusquement, son corps bascula en arrière et s'étala dans les branches. Des gargouillis sinistres montèrent de la forme allongée, de plus en plus forts... Ils se muèrent en grognements, puis en cris ! Terrifié, l'enfant jaillit de sa cachette et s'enfuit à toutes jambes.
Ce soir-là, Arthur pensait découvrir le repaire d'une bête étrange, dont les cris effrayaient les malheureux s'attardant près de la vieille cabane vers sept heures du soir. Après une telle aventure, il lui fallut du temps avant d'oser remettre les pieds dans la forêt.
Ce même soir, vingt ans auparavant, Marc espérait capter des manifestations paranormales dans une ruine réputée hantée. Hélas, il fut mordu par un rongeur alors qu'il bougeait son antenne. Dans sa chute, une branche cassée lui transperça la gorge et fit de lui le fantôme du lieu.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3044 histoires publiées 1341 membres inscrits Notre membre le plus récent est SILHOUETTE |