Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 27 « Le repaire » tome 1, Chapitre 27

Si Nounours couvrait Cole, alors celui-ci se jurait d’en faire autant. Nours aurait pu l’abandonner. Le fuir. Le livrer à Jedefray. Une simple pierre avait dépossédé Cole du statut de victime pour lui attribuer celui d’assassin. Pourtant, Nours se tenait toujours à ses côtés. Alors il rassembla tout son courage et noya sa peur panique pour entrer dans l’hôpital.

Des blouses blanches. Partout. Des Jedefray en puissance. Des tortionnaires. Ça pullulait. Et l’odeur… si caractéristique de la chambre de Cole. Tous ces gens qui entraient sans la moindre peur… ça le dépassait. Ils n'avaient pas conscience du mal qu’on leur ferait, du sang qui coulerait. Nounours avait été clair : ils ne sortiraient d’ici qu’une fois sa main soignée. Les frères Coldman ne penseraient jamais à un lieu rempli de scientifiques pour trouver Cole. L’idée lui avait plu. Encore plus lorsqu’il reconnut la fille qui lui avait effleuré la main, dans le métro, assise en salle d’attente.

Ses jambes frémissaient. Elle se triturait les doigts. Quand elle ne baissait pas les yeux, elle fixait la double-porte face à elle. Cole avait retenu son prénom. Son amie l’avait prononcé. Il n’avait plus quitté Cole, depuis. Dawn… Joli, à la fois simple et mystérieux. Comme sa propriétaire, en somme.

— Le chien peut pas rester, par contre, annonça la secrétaire à l’accueil des urgences assez fort pour sortir Cole de sa torpeur.

La sueur perlait sur les tempes de Nounours. La douleur le rongeait de l’intérieur. Il répondit malgré tout du tac-o-tac :

— Mon pote est malvoyant. Il a besoin de son cleb’s.

L’excuse dût suffire, car la femme fit une moue, haussa les épaules et, devant le cache-oeil, autorisa Lambda à s’installer avec son maître en salle d’attente.

— Belle esquive, complimenta Cole en s’asseyant à côté de Dawn.

— Ouais, tu m’remercieras plus tard, grommela l’ours dont la respiration devint plus rauque.

En réalité, Cole le remerciait déjà intérieurement. Pour avoir alerté les secours de l’état de Marylou depuis une cabine téléphonique. Pour avoir gardé son sang-froid malgré la crise de Cole lorsqu’il avait enfin compris ce qu’était un “hôpital”. Surtout, pour lui avoir proféré ces mots : “T’aurais jamais fait de mal à Marylou. Elle s’est faite mordre par un chat errant et malade. Pas d’ta faute”. Chaque syllabe avait soulagé Cole comme jamais auparavant. On le croyait, enfin ! Il n’était pas malade. Il le répétait depuis tant d’années… il frissonna quand un homme en blouse blanche s’approcha d’eux.

Un docteur. Il arborait un badge, pas magnétique, celui-là. Sans traceur GPS, d’après Cole. Il l’ignora de toute sa superbe tandis que l’ancien prisonnier du laboratoire, en bête traquée, le toisait, prêt à s’enfuir si le scientifique osait seulement l’effleurer. On ne l’y reprendrait pas. Jamais. Pour aucune raison au monde.

Nounours expliqua la présence de vieux mouchoirs humides de sang à la jonction entre son pouce et son index droits. Le médecin écouta avec attention, il hocha la tête par intermittence tandis que Cole se cramponnait au collier de Lambda. Celui-ci avait d’ailleurs reconnu Dawn, il la fixait avec une profonde intensité, sans la toucher vu ses nerfs déjà à fleur-de-peau.

— Vous n’êtes pas le premier à venir pour une cause similaire, assura le scientifique en rajustant ses lunettes, vous allez devoir me suivre. On va vous examiner et vous soigner ça.

Cole se leva de concert avec Nours, mais devant l’air insistant du docteur, le blessé expliqua :

— J’en ai pas pour longtemps. Reste là, ça vaut mieux. J’reviens vite, t’inquiète.

Cole allait répliquer quand Nours dégaina l’argument imparable :

— Lambda peut pas suivre dans les urgences.

Il s’adressa à Lambda ensuite :

— Tu surveilles ton maître. Qu’il fasse pas de connerie en mon absence. Ok ?

Lambda pencha la tête, les oreilles dressées. Il dansa sur ses pattes avant de gratter la jambe de Cole. Celui-ci s’obligea à se rasseoir. Lambda posa son museau contre son genou.

— Bon chien ! s’exclama Calvin en émettant un petit rire.

En d’autres circonstances, Cole aurait ri aussi… pas cette fois, tandis que son ami disparaissait derrière la double porte des urgences et qu’il se tenait dans un repère de scientifiques.


Texte publié par Albane F. Richet, 30 décembre 2023 à 13h29
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 27 « Le repaire » tome 1, Chapitre 27
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2729 histoires publiées
1239 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Chris Vank
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés