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tome 1, Chapitre 18 « Un individu dangereux » tome 1, Chapitre 18

Le couloir aux murs immaculés d’un hôpital. Le sol verdâtre. Les lumières trop vives. Le silence, à l’exception d’un électrocardiogramme. Bip ! Bip ! Bip ! au rythme d’un cœur. Lequel ? Corridor désert. Étrange. Dawn humidifia ses lèvres, les nerfs à fleur de peau, occupée à rassembler tout son courage pour sortir de cette cage d'ascenseur. Comment était-elle arrivée là ? Aucune idée. Pas important. Elle serra fort son livre contre sa poitrine et se décida enfin à franchir le cap.

Un cri. Guttural. Venu du fin fond d’une gorge glaireuse, suivi d’une respiration sifflante. Des bruits de pas. Vifs. Une course frénétique. D’autres suivirent. Plus saccadés. Traînants, même. Dawn se statufia. “C’est quoi cet enfer?”, pensa-t-elle, prise d’une envie subite de vomir.

Un homme dépassa Dawn. Ses traits tirés et ses gémissements trahirent une peur panique. La jeune femme eut à peine le temps de deviner son pyjama blanc qu’il disparut à l’angle d’un couloir. Un autre cri de bête survint. Le genre qui glace le sang. Ça se rapprochait. Ça se cognait contre les murs. Ça glissait sur le sol comme s’il était inondé d’huile.

Le souffle de l’apeurée se coupa net. On défonça une double-porte. Une femme. Du sang poissait dans ses cheveux blonds et mi-longs. Ses yeux n’étaient plus que deux sclérotiques blanches et ses os craquaient sous le rythme saccadé de ses mouvements. La bouche grande ouverte, elle toussait des glaires parfois rouges, parfois verdâtres.

L’horreur dépassa Dawn sans la voir. Elle suivit de son flair la piste de l’homme en pyjama. Un courant électrique parcourut la jeune femme au livre : elle devait prévenir la victime. Vite ! Avant qu’il ne soit trop tard.

L’adrénaline l’emplit toute entière. Elle se précipita à la suite de la malade, les maxillaires serrées, les sens aux aguets. L’odeur métallique du sang lui emplit les narines et lui serra la gorge. Elle ralentit l’allure pour éviter de glisser sur les traces noirâtres laissées sur le passage de l’ensanglantée.

L’homme hurla à s’en déchirer les poumons. “Non !”, songea Dawn. Elle arrivait trop tard. Quand elle eut rejoint la prédatrice et sa proie, elle se figea. La malade se tenait penchée sur la victime à l’agonie. Le bruit de succion souleva le cœur de la témoin, tandis que l’homme essayait d’appeler à l’aide sans qu'aucun son ne sorte de sa gorge couverte du liquide rouge. Les pupilles dilatées, il essaya de lever une main vers Dawn, sans force. Cette dernière hoqueta. Le bruit de trop. La femme aux os craquants cessa sa mastication. Elle pivota la tête vers sa prochaine cible.

*

— Oh mon Dieu, non ! s’écria Dawn en se redressant dans son lit.

Encore cet immonde cauchemar… Elle regretta soudain de ne pas avoir pris une gélule de Meladors, la veille au soir. Elle tapota l’étagère en bois qui lui servait d’armoire et de tête de lit, en quête de son téléphone portable. La lumière de ce dernier lui agressa les rétines et elle dût papillonner plusieurs fois des yeux avant de lire 5h07. Dawn poussa un long soupir désabusé : elle ne se rendormirait pas. Elle ne se rendormait jamais. Et Marianne n’arriverait que dans deux heures.

Le cœur déjà lourd de bon matin, Dawn descendit de sa mezzanine, non sans embarquer sa couette double épaisseur si protectrice. Elle prit grand soin à ce qu’elle ne traîna pas sur le sol même si elle avait aspiré et nettoyé le jour précédent, juste avant de se coucher. On ne savait jamais. Les microbes proliféraient trop vite à son goût.

La jeune femme alluma la télévision juste à côté du lit mezzanine sous lequel trônait son bureau, s’allongea dans son canapé et s’emmitouffla avec sa couverture. Elle était bien. Protégée. Cocoonée. Juste bien.

Une publicité pour un nouveau déodorant révolutionnaire laissa place à une bande d’enfants dont l’un subit la morsure d’un chien errant. Il rentre chez lui, sa mère lui administre un antiseptique, puis un pansement, tous deux issus des prestigieux laboratoires Coldman. Un homme d’âge mûr apparaît à l’écran, cheveux poivre et sel, sourire éclatant, barbe de trois jours et blouse blanche. Arrive alors le logo de l’entreprise avec une accroche : “Pour votre bien”.

Dawn ricana. Pour le bien du gérant de la boîte, oui ! Avec son affluence, pas difficile de se faire graisser la patte par le maire et obtenir toutes les subventions possibles et imaginables. Les pharmacies et parapharmacies de Monroe regorgeaient des médicaments de ces laboratoires. Le meuble de salle de bain de Dawn, en tout cas, en était plein à craquer. Même le Meladors était produit chez eux. Il faut dire, au moins, que ça fonctionnait… Quand elle s’abaissait à en prendre, Dawn s’endormait vite. Et elle dormait bien. Sans réveils nocturnes, sans cauchemars. Un vrai sommeil réparateur. La firme avait excellente réputation.

Elle regarda les informations, soupira devant le flot de pessimisme qui se déroulaient sur petit écran, puis se décida à se préparer. Quand Marianne sonna à l’interphone, Dawn finissait tout juste d’attacher ses cheveux en queue de cheval. Elle mit son manteau, attrapa son sac de travail, se promit de nettoyer à nouveau son appartement de fond en comble l’après-midi même et quitta les lieux.

— Coucou, ma belle ! s’exclama Super-Copine dès que Dawn eut dévalé les escaliers menant à l’entrée.

Marianne évita la bise. Jamais, avec Dawn. Pour éviter la transmission des bactéries. Elle l’avait souvent rabrouée à ce sujet, mais avait fini par s’y faire. Après tout, Dawn demeurait intransigeante quand il s’agissait des virus et autres microbes. Celle-ci se contenta d’un sourire amical avant de fermer la porte et de se mettre en route avec sa collègue.

— Laisse-moi deviner : mal dormi ?

— Un peu… répondit son amie, évasive. Mais ça va, je t’assure.

La neige craquait sous leurs pas. Le verglas rendait la chaussée glissante, elles marchèrent avec lenteur. Marianne remonta sa grosse écharpe rouge en fausse-fourrure ; elle rêvait déjà d’être arrivée dans la bouche de métro la plus proche. Les deux jeunes femmes traversèrent la rue si représentative du quartier populaire : les murs des bâtisses se dressaient à la manière de remparts imprenables et cachaient l’horizon. Un homme titubait, les yeux rouges, une bouteille de bière à moitié entamée à la main. Les bâtiments se succédaient et se ressemblaient. Une toux. Une télévision en fond sonore. Des rires pré-enregistrés. De la musique bien lourde à rameuter tout le quartier. Puis une voix, à une fenêtre :

— Tu vas l’éteindre, ta merde ? Il est 7h du mat’ pauv’ con ! Je pars bosser dans une heure ! Un peu de respect, bordel !

Suivi d’une nouvelle salve d’insultes de la fenêtre à-côté. Au rez-de-chaussée, un bébé pleurait. Dawn et Marianne marquèrent l’arrêt au passage piéton qui menait tout droit sur la station de métro République. Le grand “M” trônait à côté des escalators grinçants. Au moins, aujourd’hui, ils fonctionnaient…

Une ambulance fonça, toute sirène allumée. Dawn sursauta : elle s’apprêtait à traverser. Marianne la retint de justesse, par l’épaule.

— Ça va ? s’inquièta-t-elle ?

— Ouais, haleta son amie, merci.

Marianne ricana :

— Vois le bon côté des choses, si ce camion t’avait percutée, et bien c’était déjà une ambulance !

Dawn aurait ri, si elle avait écouté. Toute son attention portait désormais sur l’inconnu à côté d’elle. Il portait un lourd imper gris, un chapeau de la même couleur et des lunettes, mais le plus inquiétant s’avérait son teint d’une pâleur anémique, cette manière qu’il avait de renifler à grand bruit. Il se racla la gorge, puis toussa. Les sueurs froides noyèrent en un temps record les tempes de Dawn. Elle espéra être discrète lorsqu’elle effectua un pas de côté pour s’éloigner du malade.

L’hiver… Dawn le surnommait “la saison des maladies”. Une horreur. Elle le passait enfermée chez elle et ne sortait que pour aller au travail, ou quand Marianne l’obligeait à passer le pas de la porte. Elle se torturait tant qu’elle se persuadait parfois d’avoir attrapé un mal de gorge ou une douleur suspecte à la poitrine. Son médecin lui avait d’ailleurs conseillé de consulter un psychologue… cap qu’elle se refusait à franchir.

— Calme-toi, la gronda Marianne dans un murmure, on pourrait mettre deux personnes entre toi et ce type. Il ne t’arrivera rien.

Elle avait raison, bien sûr. Comme d’habitude. Mais une peur n’était jamais rationnelle. Dans les pires moments, Dawn s’enfonçait dans sa panique, s’imaginait les plus effroyables scénarios et rien ni personne ne pouvait lui venir en aide. Son cerveau se braquait sur une idée et Dawn se convainquait d’avoir raison. La douleur allait amplifier. S’emparer de son corps. Ses organes défailleraient et elle mourrait seule, dans un coin de son petit appart miteux. Avec un peu de chance, Marianne la retrouverait le lendemain matin. Ou alors c’était les vacances scolaires et là son cadavre pourrirait pendant deux semaines ou deux mois avant qu’on s’en inquiète. Belle perspective d’avenir.

Dawn émergea de ses pensées mortifères lorsque la chaleur de la rame de métro l’enveloppa. Par chance, elles avaient raté le rush de six heures ; peu d’usagers profitaient du voyage. Il n’y avait que deux arrêts entre République et Les Remparts ; Dawn serra les dents, impatiente d’arriver.

Sur les sièges verdâtres, un jeune homme bougeait la tête en rythme avec sa musique. Il portait un casque anti-bruit qui couvrait à coup sûr le sifflement strident de la rame lorsqu’elle se mit en route. Un vieillard se débattait avec sa canne et un sac de pharmacie tandis qu’une femme au long cheveux blonds essayait de s’endormir juste en face de lui.

Les deux jeunes femmes prirent soin d’occuper la barre centrale, même si Dawn refusa catégoriquement de le toucher. Si elle se concentrait assez longtemps, elle pourrait imaginer les petites bestioles proliférer le long du métal. L’odeur dans la rame, en plus, s’apparentait à l’haleine d’un alcoolique un lendemain de cuite, saupoudré d’un relent d’humidité et de renfermé. Bon appétit. Marina se décala sur la droite de Dawn quand elle vit l’énorme Colley qui débarqua dans la rame. Sans laisse. Et il haletait. Elle leva les yeux au ciel lorsque sa collègue sourit à l’animal.

Sa bonne humeur dérapa lorsque le maître borgne du chien entra à son tour, suivit d’une montagne de muscles. Le genre de type à éviter. Il fallut dix secondes à la jeune femme pour se dire que, peut-être, le parfum “chien mouillé” ne provenait pas forcément du canidé…

Le bip sonore annonça la fermeture des portes automatiques, la rame se mit en branle et la vitesse fit perdre l’équilibre à Dawn qui bouscula le borgne. Sa main effleura celle, pâle et glaciale de l’homme aux vêtements de seconde main. Elle se repositionna vite au niveau de la barre centrale et se confondit en excuses. Déjà, elle serra les dents, capable d’imaginer les êtres microscopiques passer de la peau du borgne à la sienne. Pire, il avait l’air malade, anémique, de lourdes cernes noires sous l’oeil. Si la couleur aigue-marine de son iris était absolument magnifique, observée seule, elle ajoutait à la pâleur fantomatique du tableau complet.

— C’est pas grave, m’dame, rassura la Montagne. Ça arrive à tout le monde. Vous vous êtes pas fait mal, au moins ?

Elle arqua un sourcil. Cette gentillesse empreinte de la plus grande sincérité la culpabilisa tout à coup d’avoir tant dénigré les deux hommes. Parce qu’ils parraissaient sales. Parce que leurs vêtements semblaient vieillots. Parce que l’un d’eux avait l’air malade et l’autre peut-être violent. Elle se surprit à sourire, à la fois touchée et prête à croire en leur bon fond.

— Non, ça va. Je vous remercie.

La voix robotisée sortit des hauts-parleurs afin d’annoncer l’arrivée de la rame place de la République. Les portes s’ouvrirent dans un bruit de métal rouillé et le jeune homme au casque sur les oreilles descendit tandis que deux femmes en tailleur se faufilèrent entre les deux SDF sans même remarquer la présence du Colley.

La rame se remit en route après la fermeture des portes automatiques ; Dawn remarqua le borgne qui analysait son long manteau comme s’il le voyait pour la première fois. Son ami rajusta le col pour lui avant de lui lancer :

— C’est un peu grand pour un gringalet comme toi, mais tu te les gèles moins là, hein ?

— Ouais, répliqua le blond, ça fera l’affaire. Tu le connais depuis longtemps, ce commerçant ?

— Depuis que je suis arrivé au terrain-vague. Il est assez sympa pour se soucier des gens comme nous.

A trop écouter leur conversation, Dawn ne sentit qu’au dernier moment la truffe humide de Lambda contre sa main. Elle sursauta, puis, reconnaissant l’animal, lui présenta sa paume ouverte. Quand il l’eut reniflée, il la laissa lui caresser le flanc avec douceur.

— Dawn ! appela Marianne pour la troisième fois.

— Hein ? Quoi ? balbutia celle-ci.

— Je te demandais à quelle heure tu finissais, aujourd’hui. Savoir si on rentre ensemble.

La jeune femme passa en revue son emploi du temps dans sa tête. Grand Blond gronda son chien et l’obligea à se replacer entre ses jambes. Les 6e ERIS, les 6e ATHENE et les 5e SHANGHAI… en groupe.

— Onze heures, déclara l’enseignante, je termine à onze heures.

La joie des mercredis après-midis libres. Marianne soupira :

— Moi, midi. Avec les 3e CASSINI, en plus…

— Oh, ma pauvre…

La rame s’arrêta de nouveau, cette fois à la station des Remparts. Marianne invita Dawn à descendre la première. Celle-ci ne put empêcher son regard de bifurquer vers le borgne. Il la fixait avec une intensité déconcertante. Elle salua les deux hommes d’un signe de tête et marcha vers la sortie, ses pensées focalisées sur sa première heure de cours.

On l'agrippa, soudain. Elle hoqueta de stupeur ; ne put se dégager d’une poigne si forte.

— Vous avez vu cet individu ? demanda l’homme aux cheveux noirs et aux yeux aigue-marine qui lui planta une photographie devant les yeux.

— Non, mais ça va pas ! s’insurgea Marianne pour son amie. Lâchez-là tout de suite !

L’homme s’exécuta, non sans se confondre en excuses à peines audibles.

— C’est important, reprit-il à l’intention des deux femmes.

Il les incita aussitôt à observer avec attention la photo. Dawn et Marianne s’échangèrent un regard bourré d’appréhension : sur l’image, l’homme borgne et son chien étaient assis dans un canapé usé. Quelque chose ne convenait pas. Dawn pllissa les yeux, peu sûre de comprendre d’où lui venait cette impression malsaine.

— Pourquoi ? demanda Marianne à l’intention du malotru. Vous le cherchez pour quelle raison ?

Une vague de terreur glaça l’échine de Dawn quand elle prit conscience des détails édifiants de la photographie : tout au fond, un lit avec des entraves de cuir. Le manque de sourire du garçon trop pâle. Le manque de décoration dans ce qui ressemblait à une “pièce à vivre”.

— Il est dangereux, claqua le brun. Alors, vous l’avez vu ou pas ?

Marianne ouvrit la bouche pour répondre quand Dawn la devança :

— Non. Il ne me dit rien.

Marianne l’observa avec insistance, mais ne vint pas la contredire. L’homme poussa un soupir et sortit une carte de visite de sa poche revolver :

— Si jamais vous le croisez, appelez-moi.

Marianne lut les indications. Sven Coldman. Suivi d’un numéro de portable.

— “Coldman” comme l’entreprise pharmaceutique ? s’étonna la jeune femme.

— Tout juste, acquiesça Sven. Mais vous emmerdez pas à appeler là-bas. C’est moi le chef de la sécurité. Autant passer directement par mon téléphone portable.

Dawn serra les dents. Rien n’allait, dans cette histoire.

— Ok, on fera comme ça, si jamais, conclut-elle. Au revoir.

Elle préféra s’éloigner et entraîna son amie. Dawn tremblait. Cette photo la hantait. Le lit d'hôpital. Les lanières en cuir. Un homme recherché par un laboratoire. C’en était trop. Elle fouragea dans son sac, déplaça un lot de copies et divers accessoires pour, enfin, dénicher le saint Graal : son flacon de gel hydroalcoolique. Marianne leva les yeux au ciel tandis qu’elles grimpaient les escaliers et émergeaient à l’extérieur de la station de métro.

— Dawnie, t’as rien à craindre, la sermonna-t-elle. On n’attrappe pas de maladies graves en prenant le métro. Tu risques quoi ? Une bonne grippe, une gastro au pire ? On en a déjà parlé, faut que tu arrêtes de vivre dans la peur, comme ça.

Trop tard. Dawn se frictionnait déjà les mains. Elles traversèrent l’arche sous les remparts, puis bifurquèrent dans la petite rue pavée au bout de laquelle trônait avec fierté le collège rénové. Dawn déglutit avec difficulté. Une nouvelle journée l’attendait. De nouveaux défis. Des élèves et des collègues qui éternuaient, qui toussaient. Le retour en métro. La prochaine nuit agrémentée de cauchemars. Une chappe de plomb s’abattit sur les épaules de la jeune femme. Elle continuait à s’enfoncer dans sa terreur. Dans l’irrationnel. Une phobie impitoyable qui la rongeait toute entière. Jusqu’à l’obsession.


Texte publié par Albane F. Richet, 1er avril 2023 à 22h39
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