Ce texte est inspiré de mon roman post-apocalyptique, Macédoine. C’est une scène dont j’ai déjà parlé, mais j’ai eu envie de l’écrire de manière un peu plus détaillée.
Les écrans de la maison blanche clignotaient à mesure que l’énorme vague rouge avançait sur l’Europe. Les retombées étaient déjà perceptibles aux Etats-Unis. De temps à autres, il pleuvait une poudre rouge étrange, de la même couleur que l’énorme tomate-météorite qui s’était écrasée sur la France six heures plus tôt à peine.
Donald Trump avait d’abord crû à une blague. Une tomate qui tombe du ciel ? Ce ne pouvait être qu’un canular ou une opération marketing réussie. Et puis le fruit trop mûr s’était abattu sur Paris et avait provoqué un tsunami d’une ampleur jamais vue auparavant. La vague principale continuait sa progression dans l’océan Pacifique à l’est et vers l’Asie à l’ouest, sans aucun moyen de l’arrêter. Dans deux ou trois heures, la côte ouest des États-Unis serait touchée à son tour.
Alors que les évacuations étaient en cours, le président avait décidé de prendre la parole pour faire le point et limiter la panique. Plusieurs gouvernements du monde étaient déjà injoignables, et ce n’était qu’une question d’heures avant que ses propres médias ne soient coupés par le tsunami. Debout sous cette pluie rouge ardente, il attendait le feu vert pour commencer à parler.
Il ne sut si c’était le stress ou la fatigue des récents événements, mais il ne se sentait pas exactement au mieux de sa forme. Il se sentait ballonné, et quelque chose tapait dans son crâne, comme s’il essayait d’en sortir. Ce serait une longue journée. Une fois le discours terminé, il serait confiné dans son bunker jusqu’à ce que la tempête passe. Il l’avait exigé. Les États-Unis ne pouvaient pas perdre leur dirigeant. C’était du moins l’excuse qu’il avait donné au monde. La vérité était qu’il voulait sauver sa vie et celle de sa famille. Il n’était pas préparé à affronter l’apocalypse. Le monde ne devait pas se terminer de cette façon.
Un de ses hommes de main lui fit un signe. Le président se redressa et remit correctement la moumoute rousse qui masquait sa calvitie. Il resserra sa cravate et leva les yeux vers la caméra. Le moment que le monde attendait était là. La lumière verte clignota. Il était en direct sur les écrans du monde entier. Ou du moins ceux qui émettaient encore.
— Peuple des États-Unis, peuple du monde, je m’adresse à vous en ce jour sinistre pour faire le point sur la situation dramatique qui touche actuellement l’Europe, et nous touchera d’ici quelques heures. Comme vous le savez, un objet spatial non identifié s’est écrasé sur Paris il y a six heures et ving-trois minutes, provoquant un cataclysme sans nom pour l’humanité.
Il marqua un silence dramatique, pour accentuer la gravité des événements, puis reprit.
— À l’instant où je vous parle, nous avons perdu toute communication avec nos alliés européens. Le bilan humain et matériel est pour le moment impossible à quantifier, mais nous craignons le pire. Pour… Pour l’instant, nous ne pouvons leur porter secours, notre glorieux pays se trouvant à son tour sous la m… menace de cette vague gigantesque qui est en train de s’abattre sur l’océan Pacifique.
Il toussa légèrement. Sa gorge était en train de s’assécher. Il ne se sentait pourtant pas si dépassé par les événements.
— La côte ouest des États-Unis est… est… actuellement é… éva…
Il toussa, plus fort cette fois, une main sur la poitrine. Quelque chose semblait avoir soudainement bloqué sa respiration. Il s’agita, paniqué, et se pencha en avant pour essayer de recracher l’objet étranger qui semblait s’être enfoncé dans sa gorge. Plusieurs agents vinrent lui prêter main forte et tapèrent dans son dos pour dégager ses voies respiratoires.
Le bouchon se dégagea d’un coup. Quelque chose sortit de sa bouche et tomba jusqu’au sol. Le Président tira dessus, mais plus il tirait, et plus il en venait. Cela ressemblait… à des racines. Oui, des racines qui sortaient de sa bouche et poussaient à l’intérieur de son corps, au point qu’il ne put bientôt plus tenir debout. Sous les cris de panique de son équipe, il s’écroula au sol.
De manière incontrôlable, il commença à spasmer. Sous sa peau, des cloques étranges apparurent, mouvantes. Bientôt, la peau se déchira pour en laisser passer une autre, plus épaisse, plus… végétale. Alors que le président expirait et que sa moumoute chutait sur le sol, on se rendit bientôt compte qu’il ne restait qu’une énorme citrouille sur l’estrade présidentielle. Sous le choc, les autres agents ne surent comment agir.
Ils n’en eurent pas le temps.
La citrouille gonfla, gonfla, puis explosa. La caméra retomba au sol, dernier témoignage de la situation chaotique de la Maison Blanche.
Partout aux États-Unis, la panique gagna les rues. Lorsque la vague frappa, puis engloutit le continent, personne ne sut que faire et, comme les autres continents avant elle, l’Amérique sombra dans les ténèbres… et les légumes.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2835 histoires publiées 1284 membres inscrits Notre membre le plus récent est Les Petits Contes |