A mes chers professeurs,
Merci de m’avoir dégoûtée à jamais de Robinson Crusoé.
Appréciez l’hérésie maintenant.
C’est votre faute.
I regret nothing.
S’il devait être honnête avec lui-même, Robinson Crusoé s’emmerdait. Profondément. Il avait trait sa chèvre, prié Dieu, chassé un petit cochon pour le dîner et maintenant il n’y avait plus rien à faire à part attendre et regarder l’océan. C’était long. C’était chiant. C’était toujours la même chose. Il soupira.
Il attrapa un caillou qui traînait et mâchouilla dessus comme un chien errant. Il en était réduit à ça, lui, un jeune homme de bonne famille ! Une de ses dents émit un grincement sinistre et se brisa aussi sec. C’était la troisième cette semaine. Ca faisait chier. Il soupira.
Il reposa le caillou et fixa de nouveau l’horizon. Rien. Toujours rien. A part ce bâteau qui voguait dans le lointain. Il soupira.
— Attends, quoi ?! Un bateau ?!
Robinson sauta sur ses jambes et dans une danse erratique, agita ses mains, ses pieds et même le squelette de Vendredi, qu’il avait mangé après son troisième naufrage. Le navire ne réagit pas au premier abord. Robinson pensa qu’il devait être trop loin pour le voir. C’était l’histoire de sa vie. Troisième naufrage, troisième bateau idiot, troisième déception. Il soupira.
Il se laissa retomber dans le sable, déprimé. A quoi bon ? Comme disait son père, jamais deux sans trois. Le quatrième serait le bon, autant abandonner celui-ci. Il balança une noix de coco dans l’eau, puis réfléchit et retourna la chercher. Lorsqu’il releva les yeux, il lui sembla que le navire se rapprochait. Ou il était en train de perdre la tête. Il soupira.
Mais non, plus les secondes avançaient, plus le bateau grossissait. Son coeur battit plus fort ! Enfin on le repérait, enfin on venait le chercher ! Ils en avaient pris du temps. Alors qu’il levait le poing pour insulter les matelots, il commença à se demander s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait. Le bateau continuait de progresser à vive allure, droit vers… Droit vers lui. Il regarda autour de lui, il n’y avait nulle part où aller sur le petit lopin de terre. Il ouvrit les bras en grand. Il soupira.
L’immense navire s’écrasa sur la plage, emportant sur son passage le sable, les arbres, le squelette de Vendredi et le pauvre Robinson Crusoé, qui mourut écrabouillé. Son âme, au-dessus de son corps sans vie, soupira.
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