— Marie-Jacqueline-Christine-Josette-Suzette, où êtes-vous ?
La servante, désespérée, s’égosilla une nouvelle fois dans le superbe salon salle à manger. Elle courait depuis plus de trois heures maintenant après l’enfant héritière de l’Empereur, qui avait décidé de se lancer dans une partie de cache-cache. Un miaulement moqueur répondit à l’appel désespéré de sa bienfaitrice. La chatte blanche lui passa entre les jambes, puis s’échappa dans les cuisines.
— Marie-Jacqueline-Christine-Josette-Suzette ! rouspéta la vieille dame, s’engageant à sa suite.
L’Empereur, infertile, n’avait jamais eu d’enfant biologique. Mais plutôt que de confier l’héritage du royaume à un de ses proches comme une personne normale, il l’avait confié à sa chatte. L’animal valait plusieurs milliards de pièces d’or et le laisser vadrouiller était de ce fait absolument hors de question. Malheureusement Marie-Jacqueline-Christine-Josette-Suzette n’était pas de cet avis.
Alors qu’elle accourait dans la cuisine, la servante stoppa net face à une scène qui la répugna. Un chat noir, trapu, au poil emmêlé et boueux, se frottait langoureusement contre les moustaches blanches impeccables de l’héritière de la couronne. La domestique poussa un cri d’orfraie et agita les mains pour effrayer le vagabond et le faire quitter au plus vite du palais royal.
Il se passa alors la plus inattendue des réactions. D’un bond prodigieux, le vaurien bondit au plafond et y resta perché. L’animal nargua la servante un moment, qui sautillait avec panique pour tenter de s’en saisir. Et puis, lassé de ce petit jeu, la créature ouvrit la bouche. Une longue langue fine s’enroula brusquement autour des poignets de la servante et la souleva du sol comme si elle ne pesait rien. La tête du chat gonfla, puis il ouvrit la bouche et avala la domestique toute entière.
Rassasié, l’animal se laissa retomber sur le sol et vint se coller à Marie-Jacqueline-Christine-Josette-Suzette, nullement impressionnée par le spectacle. Les deux chats ronronnèrent joyeusement et se dirigèrent à petits bonds vers le grand canapé pour réduire en charpie les coussins en plumes d’oie.
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