6 Flamerule 1369 Année du Gantelet
Un long couloir de marbre rose s’étendait devant elles donnant accès à différentes pièces du temple, la plupart aménagées comme de confortables salons où se trouvaient des statues de Sharess devant lesquelles se tenaient des suivantes en pleurs priant pour l’âme de la prêtresse défunte.
Tout au bout du couloir se situait un escalier en colimaçon ouvrant sur les trois étages du lieu de culte.
Kariya et Rahina montèrent jusqu’au premier étage correspondant aux habitations du clergé de Sharess pour rejoindre une porte de bois ouvragé, seuil de la chambre d’Hazirina la belle.
Cette dernière était en désordre et les deux jeunes femmes percevaient que des fouilles visant à recueillir quelques indices avaient été menées par les autorités de la ville, l’essentiel se trouvant en bon état de conservation.
Toutefois, pour un observateur attentif, il demeurait possible de distinguer une fine odeur flottant dans l’air, unique trace d’un sortilège jeté des heures auparavant, en déduisit Kariya, qui se demandait de quel sort il pouvait bien s’agir.
-Je crois qu’un petit enseignement de magie s’est déroulé ici, ricana Kariya.
Apparemment, Hazirina suscitait bien des admirateurs pour attirer des jeteurs de sort dans son giron.
Voilà qui va rendre l’enquête plus complexe que prévu…
A ce propos, Rahina, crois tu que l’amant nocturne d’Hazirina était un magicien ? lui demanda Kariya.
-Non, je ne le pense pas du tout, de dos, il passait surtout pour un jeune benêt fortuné…
Mais pourquoi me poses- tu cette question ? S’interrogea Rahina.
-Parce qu’un sort a été jeté dans cette pièce et que je ne parviens pas à l’identifier, par la barbe d’Azouth …
En tout cas, cela semble être un sort assez puissant et il paraît plus que clair qu’Hazirina n’a PAS été tuée par une de ses sempiternelles conquêtes masculines cracha Kariya.
-De toute façon, Hazirina m’a toujours paru bien cacher son jeu malgré son attitude insouciante et coquette car je l’ai surprise un jour avec une mine fort soucieuse.
Cependant, je suis étonnée que tu veuilles enquêter sur sa mort, au nom d’une simple amitié… rétorqua Rahina sceptique.
-Oh non, ce n’était pas une simple amitié, nous nous sommes entraidées et soutenues plus d’une fois mais nous ne nous sommes jamais confiées sur notre passé mutuel, elle évitait soigneusement le sujet d’ailleurs mais je ne la blâmerais pas affirma Kariya de façon trop véhémente aux yeux de Rahina.
Comme je regrette de ne pas avoir été là pour elle quand il le fallait…
Maintenant, j’apprécierais que tu me montres ce carnet qu’elle cachait dans son placard car il nous sera sûrement utile, son pouvoir de suggestion vampirique agissant à plein régime sur le cerveau de sa jeune compagne au cas où celle-ci aurait été réfractaire à l’idée de révéler les secrets d’Hazirina.
Rahina s’avança à petits pas vers une armoire trônant sur le côté gauche du lit spacieux envahi de coussins, l’ouvrit et tira sur un levier placé dans un coin et le fond de l’armoire disparut pour laisser place à un petit renfoncement dans lequel se trouvait un petit carnet relié de cuir sombre.
Rahina s’apprêt ait à tendre la main quand Kariya l’arrêta d’un geste sec.
-Restes où tu es tout de suite, je vais vérifier si ce carnet n’a pas été soumis à un sortilège qui causerait des dégâts aux curieux souhaitant s’en emparer.
Pourrais-tu me raconter comment tu connaissais l’existence de cette cachette car je vois mal Hazirina se confier ouvertement à propos d’un tel document ? demanda avec insistance Kariya.
-Hazirina me chargeait souvent de faire le ménage de sa chambre en son absence parce qu’elle avait toute confiance en moi.
Cependant, un jour, elle a laissé entrouverte cette cache secrète et ce carnet était posé sur sa table de chevet.
Sur le coup, je n’ai rien fait, mais quelques jours plus tard, je l’ai entendue parler toute seule d’amants qu’elle décrivait dans ce document, avec des choses plutôt compromettantes, paraissait-il…
Je voulais lui faire du chantage mais je ne pensais pas en avoir la force, alors je me suis tue.
Pour le moment, Kariya se contenta de jeter un sort pour révéler la présence d’une quelconque défense magique et seul un sort pour montrer la trace de fouineurs se montra avant d’être détruit.
L’ensorceleuse se dépêcha de s’emparer du carnet puis le fourra dans le décolleté de sa robe, avant d’ordonner à la suivante de fermer le compartiment ainsi que l’armoire.
Kariya se promit de punir Rahina pour son chantage pathétique, ne songeant pas qu’elle-même s’était montrée fort indiscrète, peu importe le bien fondé ou non de son geste mais faire son autocritique n’avait jamais fait partie de ses priorités.
Toutefois, Rahina conservait une certaine utilité et elle se chargerait de son cas lorsqu’elle n’aurait plus besoin d’elle.
Elles inspectèrent le reste de la chambre mais ne trouvèrent rien, à part des vêtements et des parfums très coûteux, certains étaient d’origine étrangère au Calimshan mais Kariya ne reconnut pas leur facture en dépit des voyages menés pour elle-même ou au service de son mentor.
Elle demanda ensuite à Rahina où trouver un endroit discret au sein du temple afin de consulter le cahier des amourettes à loisir.
Cette dernière lui indiqua sa propre chambre, peu fréquentée en ce jour de deuil, puis se posèrent toutes les deux sur des sofas confortables.
Kariya commença à ouvrir le carnet, qui demeurait totalement illisible.
-ça alors ! s’écria la vampire
Ce texte est rédigé dans un langage inconnu, Hazirina avait vraiment tout prévu pour qu’on en sache le moins possible sur elle…
Elle était bien un monstre de cachotteries mais je ne peux pas le déchiffrer moi-même, le seul individu que je connaisse ayant des capacités de déchiffrement des langages étant parti en vadrouille sans me donner de nouvelles !
-Heureusement que MOI, je connais quelqu’un capable de déchiffrer les langues, et dire que je me croyais inutile…affirma, sûre d’elle une Rahina ravie.
-Et bien, dis le, cela relancera une piste qui était en passe de s’assécher ! asséna Kariya qui tenta de garder son calme face à cette jeune effrontée.
-Il s’agit d’un jeune genasi de feu nommé Parvraidral, il a un caractère assez hautain mais il connaît parfaitement de nombreuses langues puisqu’il voyage beaucoup.
Vu les services que j’ai pu lui rendre lança t-elle avec un regard coquin, je crois qu’il sera prêt à me rendre la pareille, surtout si je lui promets une nuit de monts et merveilles…
Sur ce, trêve de discussions, allons à l’auberge du Yuan-ti qui se mord la queue.
Plus tard, à l’auberge la plus luxueuse de Suldolphor…
Une foule enthousiaste se tenait au bar de l’auberge, réputée pour servir des mets et boissons de qualité, et aussi pour servir de quartier à des activités illégales.
D’immenses lustres éclairaient la salle destinée à accueillir une clientèle aisée, prête à payer sans sourciller pour avoir accès à un peu de prestige mais aussi pour participer à la conclusion d’affaires juteuses que le cadre de l’auberge facilitait nettement.
La joyeuse patronne du lieu, Dhozra la vénéneuse en raison de ses charmes, était prête à tout afin de réaliser du profit, mais chassait en revanche sans vergogne les malotrus qui lui paraissaient sans le sou ou qui pouvaient ternir l’image de sa taverne.
La rumeur courait qu’il s’agissait d’une succube métamorphosée en humaine, jouant de ses capacités de séductrice pour garder dans ses filets les personnes qui risquaient de lui accorder du pouvoir sur cette bonne ville de Suldolphor, d’autres prétendaient que sa beauté masquait en réalité le visage d’une vieille guenaude profitant de son statut d’aubergiste pour drainer la vitalité des clients de passage.
Pour fortunée qu’elle soit, la clientèle demeurait très variée et on voyait près d’une fenêtre à carreaux un jeune elfe doré vêtu de riches vêtements en soie accompagné d’un tieffelin tout habillé du cuir de la meilleure qualité qu’on puisse trouver au Calimshan, un nain d’écu assis à l’autre bout de la salle auprès d’une jeune halfeline surexcitée visiblement en pleine tractation à propos d’outils en provenance de l’île de Lantan ou bien un hobgobelin en train de faire les yeux doux à une jeune aasimar à l’air plus que dubitatif.
La clameur des lieux battait son plein, quand Kariya et Rahina entrèrent, l’une avec un air pressé d’en finir et l’autre cherchant activement son ami Parvraidral du regard.
Soudain, elle le vit et les deux jeunes femmes le rejoignirent à une table située dans un coin à l’abri des oreilles indiscrètes.
Arrivées non loin de l’individu à la chevelure flamboyante, Rahina se laissa tomber sur un siège disponible, épuisée par une demi-journée riche en événements tandis que Kariya fixait le jeune genasi d’un regard glacial et lui apparemment très surpris par l’expression méprisante de la ravissante donzelle présente devant lui.
-TOI ! Comment est ce possible ! Et dire que je ne pensais plus jamais avoir à te rencontrer de nouveau ! Claqua la voix de Kariya comme un coup de fouet.
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