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tome 1, Chapitre 19 « Une main tendue - mouvement 5 » tome 1, Chapitre 19

Ivara a rejoint Aïzie. Dès que Luciel met pied à terre, les deux jeunes gens s’avancent vers lui. Le garçon roux pose une main sur son épaule pour le stabiliser, car ses jambes refusent de comprendre qu’il ne se trouve plus à cheval sur la khaïte. Il en profite pour l’attirer dans une accolade chaleureuse, en prenant soin de ne pas heurter son aile :

— Tu t’es vraiment bien débrouillé, pour une première fois, tu peux être fier de toi ! déclare-t-il d’une voix enthousiaste.

— Je peux te dire que tu as été meilleur que moi à mes débuts ! renchérit Ivara.

Luciel se sent rougir de confusion. Tous ces compliments l’intimident, surtout ceux d’Ivara. Quelque chose en elle lui rappelle Solia, même si elle ne lui ressemble pas. Peut-être est-ce la douceur de son sourire, ou ses larges yeux attentifs. Pour cacher son trouble, il flatte le cou de Nuée, au grand plaisir de la khaïte. La créature lui donne de petits coups de nez, comme pour l'encourager à continuer.

Une interrogation subite s’empare du jeune ange. Il se tourne vers Aïzie, les sourcils froncés :

— Si je pars vers Cimes avec Nuée, comment vas-tu pouvoir te rendre jusqu’aux Cieux ?

Le garçon roux éclate de rire :

— Ne t’inquiète pas ! J’emprunterai Rafale, la vielle khaïte d’Afras. Elle est un peu cabocharde, mais elle possède un instinct très sûr. Et sa présence calmera un peu la monture d’Ivara ! Zéphyr est encore très jeune, il a tendance à s’exciter !

La semeuse blonde lève les yeux au ciel.

— Zéphyr est juste énergique, maugrée-t-elle. Je l’aime comme il est !

Aïzie flatte Nuée en la félicitant de s’être si bien comportée avec leur nouvel ami, avant de la brosser longuement. Dès qu’il a terminé, les trois jeunes gens quittent le ponton. Luciel a l’impression de marcher en plein rêve. Jamais personne ne lui a témoigné autant de confiance gratuite, autant d’amitié désintéressée. C’en est presque étouffant. Jamais il ne pourra leur rendre la pareille, et ils le savent parfaitement. L’ange n’a jamais appris à recevoir… Cette idée le laisse pensif. Ses compagnons, qui doivent attribuer son silence à la fatigue, respectent son mutisme sur le chemin qui les ramène à la maison d’Afras.

Le reste de la journée se déroule dans le calme. Sur les injonctions d’Aïmara, qui estime qu’il en assez fait pour un convalescent, Luciel accepte de se reposer. Au début, les craintes qui ne cessent de le tarauder refusent de le laisser en paix, mais l'épuisement finit par le rattraper.

Quand il se réveille enfin, la lumière décline au-dessus de l’île. Ivara et Aïzie sont assis dans la pièce et discutent à voix basse. Dès qu’ils s’aperçoivent qu’il a ouvert les yeux, ils s’approchent de lui avec un large sourire :

— Comme tu vas nous quitter dès demain matin, déclare Aïzie, pourquoi ne ferais-tu pas une dernière promenade en notre compagnie ?

Luciel accepte aussitôt ; autant profiter de ses nouveaux amis tant qu’il le peut encore. Quand les trois jeunes gens sortent de la maison d’Afras, le ciel se pare des couleurs flamboyantes du couchant. Une magnifique harmonie de rouge, de pourpre et d’orangé, ponctuée çà et là de nuages lavande, s’étend au-dessus d’eux. La pierre blanche de l’île se teinte de nuances rosées dans la lumière déclinante. Les habitants qu’ils croisent les saluent en souriant. Certains viennent s’enquérir de sa santé ou lui souhaiter bonne chance pour son retour vers la forteresse. L’ange s’étonne toujours autant de leur attitude curieuse et amicale, mais il prend le temps de l’apprécier. Avec l’aide d’Aïzie et d’Ivara, il peut désormais identifier le métier de chacun : semeurs en tenue de cuir, cultivateurs et artisans vêtus de tuniques de fibres végétales, ornées de couleurs vives… Cependant, il fait la même constatation que lors de sa première visite du village : la population semble composée uniquement d’adultes dans la force de l’âge et d’adolescents de quatorze ou quinze ans, comme ses deux amis. Il ne croise aucun vieillard ni aucun enfant.

Il brûle d’interroger compagnons sur ce détail étrange, mais il craint de les froisser. Peut-être les individus plus âgés ou plus jeunes vivent-ils ailleurs, sur la terre, sans doute… Seuls demeurent ici les semeurs et ceux qui assurent leur suivie, ainsi que leurs apprentis. Une fois leur formation terminée, ils doivent retourner quelques années auprès de leur famille avant de prendre leur fonction sur l’île. Après tout, même si l’endroit lui apparaît comme un havre de paix, chevaucher les khaïtes et contrôler les courants aériens ne doit pas être aisé tous les jours.

Au bout d’un moment, il s’aperçoit que ses amis n’avancent pas au hasard ; ils se dirigent vers un vaste bâtiment en retrait du village. Élevé dans la pierre mousseuse de l’île, il est agrémenté d’étais de bois et de grandes bannières chamarrées. D’autres personnes convergent vers le lieu, essentiellement des semeurs. Il se tourne vers ses deux compagnons :

— Quel est cet endroit ?

— Notre salle commune. C’est là que nous nous rassemblons quand nous voulons célébrer quelque chose.

La réponse d’Aïzie semble étrangement évasive, mais Luciel se sent plus curieux qu’inquiet. Il connaît à présent la bienveillance de ses sauveurs et leur approche simple de la vie. Les autres arrivants s’écartent pour les laisser passer vers les doubles portes ornées de motifs colorés.


Texte publié par Beatrix, 7 juin 2023 à 00h00
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