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tome 1, Chapitre 3 tome 1, Chapitre 3

hanjihun.original - Ji

15/12/24 - 10:54

Hello, c'est Ji. Merci à toutes et à tous pour vos messages. Je vais bien. Quelques jours à être ausculté de partout et je pourrais sortir. L'étoile ne s'éteindra pas cette fois, haha ! 🌟

ᒻ @huynjin34

Prends soin de toi Ji !! On est toutes derrière toi.

ᒻ @prettyjeel-

C'est horrible ce qui t'est arrivé ! Reviens vite sur scène🥰 On t'aime !

ᒻ @aniyo-chi

🥺🥺😢💗

ᒻ @ji-7prince-FC

Je suis sûre que ça a un rapport avec cette pute de Hiewon. On est avec toi. ❤️

ᒻ @Xxlun4ticxX

Je suis horrifiée par la nouvelle 😱 Prends soin de toi !! J'adore ton travail Ji. Kisses from UK 🇬🇧

ᒻ @main--loverss

c'est dommage que le cyanure ait pas fait effet lol

ᒻ @yunjun1999

Bon rétablissement ❤️❤️❤️

ᒻ ᒻ @duckyduck

@yunjun1999 on ne dit pas "bon" on dit "prompt" rétablissement 🙄


Je scrolle les messages que je reçois sur Twitter sans réussir à m'arrêter. Cela fait deux jours que je suis cloué dans ce lit d'hôpital, histoire qu'on observe mes constantes vitales ou une connerie du genre.

Je suis particulièrement de mauvaise humeur.

Les infirmières et quelques infirmiers qui se succèdent ne me regardent plus de travers. Certaines comprennent quand je n'ai pas l'envie de rire ou de parler, travaillent alors en silence. Je ne peux pas m'empêcher de m'excuser dès qu'elles s'en vont quant à mon mutisme. La plus vieille, qui a assisté à ma rupture avec Hiewon, secoue la tête en entendant mes excuses.

"Jeune homme, ce n'est pas une mine boudeuse qui va me faire peur."

Qu'est-ce qui pourrait bien lui faire peur, alors ?

Je me tourne dans mon lit, encore et encore en voyant l'heure passer. De quoi aurais-je peur, moi ?

Des souvenirs de scénographies me parviennent en tête. Des câbles accrochés à ma ceinture, un peu au-dessus de mon centre de gravité, m'extirpent du sol et me donnent le vertige. Ce que le spectacle était bien, néanmoins. Sept princes dans les cieux, au-dessus de la foule. Une fois que nous avions maîtrisé le délicat équilibre des câbles et du poids de nos corps, nous étions en train de voler par-dessus la foule, jetant nos foulards dorés parmi le public. Sept jeunes femmes, ou jeunes hommes (qui sait), qui gardent un souvenir tangible de leur concert.

Je me suis toujours demandé si l'un de ces foulards avait fini aux enchères.

Le vertige n'est pas une bonne réponse, du coup. Je l'ai dompté.

Quelques bribes d'entraînement lors du service militaire me retiennent. Oui, ne pas assouvir correctement les désirs de nos supérieurs a quelque chose d'effrayant également. Pourtant, avec de la discipline et de la résilience, tout est passé si vite. De plus, j'avais Yu-Jun à mes côtés... Qui aurait cru que deux membres de 7Princes finiraient dans la même division à l'armée après la dissolution du groupe ?

Finalement, peut-être n'ai-je peur de rien ?

Mon portable vibre encore, abondé de messages. La gorge nouée, j'évite le problème en continuant de regarder les réponses sur Twitter. Eux, au moins, je ne les connais pas.

Le flot de messages est incessant, je ne sais plus ce que j'ai lu de ce qui est nouveau. Bien que je n'aie pas l'air très actif sur les réseaux, je lis ce qui passe... Les gens parlent beaucoup, tout le temps. Des hashtags étranges passent. Mes contemporains artistes y passent également : rumeurs, discussions et insultes, parfois. Pourquoi est-ce que cela me dégoûte-t-il autant que cela m'hypnotise ?

Une photo de Hiewon et moi passe dans l'un des tweets. Ils souhaitent nous revoir ensemble. Ils souhaitent que je pardonne Hiewon pour son aventure avec cet inconnu. Les articulations de mes doigts blanchissent à mesure que mes poings se referment.

J'ouvre enfin Kakaotalk...

Les messages de soutien de mes connaissances et de mon entourage, je les ignore.

La conversation que j'ai avec Hiewon est la seule qui m'intéresse.

Ji - 10:41 13/12/24 : Hiewon, est-ce qu'on pourrait parler de ça ?

Hiewon - 14:02 13/12/24 : Ji-Hun, non.

Ji - 14:15 13/12/24 : Je voudrais juste savoir ce que j'ai fait de mal. Je suis désolé si j'ai fait quelque chose de travers. Je voudrais qu'on reste ami, d'accord ?

Hiewon - 16:58 13/12/24 : Non, Ji-Hun. Ne me contacte plus, s'il te plait.

Hiewon - 16:59 13/12/24 : C'est plus tes affaires maintenant.

Elle n'a pas renvoyé de messages entre-temps. Peut-être avait-elle besoin de temps, ou peut-être ne va-t-elle plus jamais me parler ? Je ne peux même pas m'occuper l'esprit en travaillant.

Mon portable s'envole, attrapé dans les mains de Ha-Rin. Je me redresse sur les coudes, lui décoche un sourire : "Je ne t'ai pas entendu entrer. Bonjour.

- Décroche un peu le portable, tu te fais du mal pour rien," impose-t-elle sèchement.

- Je n'ai posté qu'un tweet. Rassure-toi.

- Ji-Hun, tu vois très bien ce que je veux dire."

Haussement d'épaule de ma part.

Elle s'assied au bord de mon lit et sort son épais agenda papier. Ma petite table d'hôpital où les plateaux de nourriture défilent devient son bureau, l'espace de matelas disponible, une zone de stockage.

"Bien, on va faire un récap' de tout ce qui s'est passé entre-temps," commence mon agent en s'étirant les bras, paumes dirigées vers le plafond.

Je m'assieds en tailleur à ses côtés, pour écouter attentivement ce qu'elle a à me dire.

"J'ai pu discuter avec tous nos partenaires actuels. LANEIGE est toujours très enthousiaste à l'idée de te garder comme effigie masculine de la marque. Nous avons les dates de prime-time où tu seras avec l'équipe de TLDS pour la saison 1... D'ailleurs, on a les dates de tournage pour la seconde partie de la saison 2. T'es occupé tout l'été."

TLDS, ou "The Last Dragon Savior", est le drama dans lequel j'ai tourné peu après être rentré du service militaire. J'ai failli rater le casting à quelque jour près, mais la chance a tourné. J'occupe le deuxième rôle le plus important, aux côtés de Nang Dong-Bok. Quelle joie cela a tété de tourner avec lui... Un virtuose, je n'en ai jamais douté.

"Ensuite," enchaîne sans s'arrêter la jeune femme. "J'ai rassuré Kim Sénior et l'équipe de Kim Junior quant à ton état, puis le producteur de l'émission du 20. D'ailleurs, peut-être qu'il faudra revoir ta prestation si tu te sens pas trop bien."

Kim Sénior, comme nous l'appelons, est mon professeur et coach de chant depuis mes débuts de trainee. Il m'a suivi toute ma carrière, ainsi que plusieurs de mes compagnons. Pourtant, il reste attaché aux jeunes recrues et trainee, et exerce toujours chez Beyond the Stars Entertainment. Kim Junior et son équipe, c'est notre chorégraphe. Les danseurs varient d'un show à un autre, mais plusieurs têtes reviennent. Parfois je ne peux pas travailler avec elle. Si je le peux, toutefois, c'est elle que je mets en avant. Nous avons une bonne alchimie.

"Mais je me sens bien. J'aurai pu recommencer à m'entraîner dès... Avant-hier au soir." réponds-je en souriant. "C'est uniquement car l'hôpital me garde ici que je suis inutile.

- Hm..." Elle n'a pas l'air très convaincue. "J'me souviens plus, tu dansais dans cette presta-là ?

- Non, c'est plutôt de la voix."

J'ai osé, hier, faire quelques exercices de chant pour recouvrer mon timbre de voix après les irritations que l'intubation m'a offert. Un infirmier est venu en trombe, pour me... Comment dire ça poliment... Remonter les bretelles. Bien que les chambres ne soient pas si mal insonorisées que cela, cela pouvait s'entendre depuis les couloirs et le personnel hospitalier a considéré que cela pouvait mettre du désordre dans leur organisation.

Je me suis platement excusé.

Il s'en est allé.

Ha-Rin soupire, comprenant immédiatement que je ne changerai pas d'avis : "Et le meilleur pour la fin, tu as des prompts rétablissements de Ke Liang et de son équipe. Toujours partant pour le duet. Hm, j'ai reçu l'enregistrement du compositeur, là, Zhu, j'te le transfère dans la journée."

Pour finir, Ke Liang. Ex-chanteur dans le groupe cino-coréen FAIR, qui a dû être dissous avant la crise du SARS-Cov-2 pour quelques tensions entre la Chine et mon pays. Il continue néanmoins de rechercher les duets avec différents artistes. Selon les dires de son équipe, il a vu le prime-time de décembre 2023 et a décidé que je serai son prochain partenaire.

Bien entendu que j'ai accepté. Mêmes inspirations et prise de risque en danse, il sera bien dommage de ne pas approuver un tel partenariat.

Je sais, ça fait beaucoup à retenir.

Une vie peu mouvementée rapproche de la mort.

"Parfait," reprends-je en souriant. "J'ai hâte de voir autre chose que des partitions. Ai-je des papiers à signer ?"

Elle me tend un gros tas de papiers. La comptable, tous les 15 du mois (à plus ou moins une journée), fait les comptes et demande approbation des factures et des relevés. Les contrats publicitaires font également partie du lot. Parfois, des contrats de confidentialité quant aux prochaines chansons, à un script que je recevrai, ou qu'importe. Me voici occupé pour l'après-midi.

"Délègue cette tâche, Ji-Hun", m'avait souvent conseillé Dayoung.

Hors de question. J'apprécie connaître mes comptes... comprendre pourquoi je recevrai tel ou tel salaire ce mois-ci, ou ce mois-là. Lorsque j'étais chez 7Princes, Beyond the Stars Entertainment gérait l'intégralité de mon organisation et lorsque le groupe a dû disparaitre après le scandale, on m'a indiqué que je venais à peine de rembourser les dépenses liées à mon apprentissage et à ma carrière. Plus jamais je ne laisse quelqu'un gérer ma vie sans que je puisse comprendre de quoi il en retourne.

Les heures passent, Ha-Rin et moi-même travaillons ensemble, sur le lit d'hôpital. Au repas du soir, le médecin se joint à l'infirmière en charge de m'offrir mon plateau repas. Les deux s'échangent un bref regard perplexe en constatant l'étendu des dégâts de notre travail : l'infirmière finit par déposer le plateau repas plus loin, loin des papiers et agendas.

Je me lève poliment devant le médecin. Quel plaisir d'avoir un vrai t-shirt et un vrai pantalon sur moi, plutôt que ces désagréables blouses de patient.

"Docteur," commencé-je poliment, me courbant légèrement en avant.

- Monsieur Han, je tiens à vous faire le compte rendu de votre hospitalisation. Vos constantes sont parfaites, vos tests sanguins sont corrects... le taux de lactate dans votre sang est presque totalement revenu à un taux normal..."

Et, il commence à m'expliquer le détail de mon bilan de santé.

Un lavage, des médicaments antidote et une hospitalisation pour refermer une blessure que je me suis faite lorsque je me suis évanoui. Selon lui, si j'ai vomi, c'est à cause du stress et non du cyanure en lui-même.

Mon salon dégringole sous mon regard, je vois de nouveau le plafond ainsi que les meubles se retourner. Je sens le goût acide de la bile dans ma bouche, l'odeur étrange qui me parvient aux narines. Dayoung crie, mais je ne comprends pas ce qu'elle dit. Du courrier est tombé au sol, je me demande qui va le ramasser sachant qu'il y a cette drôle de poudre partout dessus.

"Monsieur Han, vous avez d'autres questions ?"

Mon regard fixe reprend vie et saute d'une personne à l'autre. Je souris à l'infirmière, puis au médecin :

"J'en saurai plus avec le rapport de police, c'est ça ?

- Les policiers n'attendent que votre feu vert pour venir ici directement. Ensuite, nous pourrons préparer votre sortie.

- Je pourrais porter plainte à ce moment-là ?" m'enquis-je.

- Merci d'en discuter directement avec les agents, j'ai peur de dire une bêtise."

J'opine et me courbe devant le docteur : "Merci d'avoir pris soin de moi ces jours-ci."

L'homme opine à son tour, joint à mon dossier papier quelques résultats. Il laisse le feuillet au pied de mon lit, certainement pour que les policiers le prennent à leur tour. En réalité, je n'en sais rien.

Ha-Rin se presse de ranger nos affaires avant que les agents ne viennent nous rencontrer. Je l'aide à cette tâche, ne sachant pas encore s'ils sont proches ou non de l'hôpital.

Assez proche, vu qu'ils toquent à la porte.

Je les accueille poliment, Ha-Rin est priée de nous laisser seuls.

Les agents sont polis et distants. L'entrevue est courte, ou peut-être est-elle si riche en informations que je ne vois pas le temps passer. De temps à autre, je pense à Hiewon. De temps à autre, c'est l'enveloppe qui me revient à l'esprit. Quel malheur que mon esprit soit aussi peu discipliné.

"C'est tout pour aujourd'hui."

Les agents s'apprêtent à partir. L'un d'entre eux s'arrête au pas de la porte et me détaille du regard. J'étais déjà prêt à prendre mes affaires et tenter de partir, moi.

"Tout va bien, M'sieur Han ?"

Je hausse des épaules et ramène mes cheveux en arrière.

"J'ai hâte de partir de l'hôpital."

Son supérieur le rappelle à l'ordre d'un raclement de gorge. Je glisse ma main dans les airs, afin de les saluer une dernière fois.

Le reste de la journée est flou.

Un taxi médicalisé m'a pris en charge à l'intérieur même de l'institution. Sous mon masque et mes lunettes de soleil, presque nu sans mes épais manteaux et tenues sombres, je remercie que les vitres soient teintées dans tous les véhicules partants de l'hôpital.

Une foule de journaliste attend proche de l'entrée, espérant que je prenne la grande sortie ou la sortie arrière. Quel dommage pour eux qu'ils ne savent pas que je suis déjà loin d'eux.

Mon appartement est froid et sans vie lorsque j'y entre. Je constate facilement que des agents sont passés lors de mon absence : tout est propre, aseptisé. La bassine à côté de la table à manger du salon n'est plus là, ainsi que son contenu. Les petits paquets et lettres sont partis... À la police scientifique. Certainement.

Une assiette de porridge réchauffé se trouve devant moi. Je ne me rappelle même pas l'avoir fait chauffer au microonde.

Hiewon n'a pas relancé la discussion. Je préviens ma famille de mon retour. Ha-Rin m'envoie l'extrait du compositeur pour le duet avec Ke Liang. Nous allons chanter en anglais les refrains, alterner les couplets en coréens et en chinois. Cela serait amusant que je chante la partie chinoise et lui la partie coréenne... Je propose l'idée à Ha-Rin.

"À voir avec l'artiste - je suis pas contre," me répond-elle peu de temps après.

Un vrombissement me fait sursauter de ma chaise. Merde, j'avais ouvert la baie vitrée de mon salon. Quand est-ce que je l'ai fait ? Je la referme vite, avant que l'orage ne vienne s'immiscer dans mon salon.

La pluie se déclare plus rapidement que je ne le pensais. Le ciel s'assombrit, les étoiles disparaissent dans les cieux. La grêle couvre le son de mon portable, le faible son de la chanson ne me parvient plus. Dehors, les lampadaires vacillent, perturbés par tant d'eau et tout d'un coup. Nous sommes en décembre et la météo ne nous accorde même pas un peu de neige.

Devant le miroir de la salle de main, j'observe mon visage. Ai-je perdu du poids lors de mon hospitalisation ? Je prends mes joues et forme un sourire. Mes fossettes apparaissent, creusant mes joues en deux charmants points. Je plisse le regard, le blanc de mes yeux a pris une teinte rougeâtre. Comme si j'avais pleuré.

Des hoquets crispent mon estomac. Je serre entre mes phalanges la céramique du lavabo.

La pluie s'est invitée dans mon appartement à son tour, je la sens couler sur mes joues.

C'est si difficile de respirer - l'air est si lourd ce soir.

Je tousse entre des sanglots incontrôlables.

Quel crétin tu es, Ji-Hun.


Texte publié par AuroreGrosjean, 7 août 2021 à 20h58
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