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Avec les 10 mots d' Aihle S. Baye...
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Merci Aihle S. Baye pour cette petite liste, voilà de quoi jouer avec tes mots :

plaque tectonique , système neuronal, déjà-vu, chat roux, boîte, pomme, blouse blanche, sas de décontamination, mouchoir, amour.

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Yado carbure au soleil et à l'amour.

Il avance à deux cents à l'heure, brûle du désir de vivre et croque dans l'existence à belles dents comme dans une pomme juteuse. Il a trente ans, des allures de félin, musclé, fuselé, des cheveux ébouriffés, des tâches de rousseur partout, bref on dirait un beau chat roux.

Il a tenté sa chance auprès de pas mal de minettes, des brunes surtout, puis il a essayé des aventures plus stables, plus solides, mais sans succès. Pour lui, l'amour est une évidence qui devrait se révéler d'un coup, un big-bang du coeur qui vous sidère et vous transporte à la vitesse de la lumière. L'amour devrait être une énergie phénoménale, l'attraction irrésistible de deux corps célestes, le mouvement de deux plaques tectoniques, la fulgurance d'un instant où l'autre apparaît, subjuguant tout votre système neuronal, en deux mots : une explosion d'émotions !

Mais pour l'heure, Yado ne ressent que la dérive des sentiments. Après quelques mois avec une basketteuse trépidante suivis d'une folle aventure avec une italienne virevoltante accro aux sorties en boite, il vit seul maintenant, dans son petit appartement de Bugey et il a un poste à la centrale d'à côté. Ce travail à risque lui convient bien et depuis dix ans, il se passionne pour la fission de l'atome, cette force incroyable qu'est l'énergie nucléaire. A défaut de transcender sa vie amoureuse, à présent que chaque nouveau visage lui donne une impression de "déjà-vu", il se réalise pleinement dans l'amour de son métier et ce matin du 28 juin, il enfile sa blouse blanche pour entrer dans la salle des contrôles. Concentré, sérieux, posé, Yado est tout différent quand il est aux manettes de cette gigantesque cocotte-minute, à l'affut du moindre signal suspect, responsable du bon fonctionnement de ce réacteur déjà vieillissant. Tout l'intéresse dans ce domaine de haute technologie et il planche sans cesse pour essayer d'en palier les défauts : les centrales nucléaires françaises utilisent 60 % de l'eau douce, c'est un problème pour l'avenir et surtout elles produisent des déchets qui resteront radio- actifs pendant des milliers d'années et dont on ne sait pas quoi faire. Un projet pour les enfouir sous terre cause polémique, elle n'est pas idéale l'énergie atomique ! Son travail absorbe toute son attention et il ne voit jamais le temps passé. Pourtant c'est l'heure de sa pause déjeuner et Yado s'achemine vers le sas de décontamination, pour quitter en toute sécurité les entrailles de la centrale.

Il circule dans les nombreux couloirs, routine qu'il connait par coeur, tout en consultant les messages sur son portable. C'est un lundi bien ordinaire et c'est l'esprit un peu au ralenti, qu'il franchit les portes du restaurant d'entreprise. Des employés circulent, plateau dans les mains, certains lui adressent un sourire ou un signe de tête auquel il répond un peu machinalement, il faut bien le dire. En dehors de son travail, manger, dormir sont des obligations qu'il juge ennuyeuses et Yado n'ayant pas de fibre particulière pour les amitiés et relations professionnelles, c'est seul qu'il se présente devant les vitrines réfrigérées pour y trouver de quoi déjeuner.

Oeuf mayonnaise, quiche lorraine, salade verte, brie, kiwi, tout est dit. Il insère sa carte dans la machine et comme un automate, lui-aussi va, dans le tumulte de la vaste salle, s'asseoir à une des rares tables encore libres.

C'est quelques minutes plus tard, qu'une crinière blonde entre dans son champ de vision et qu'une voix très douce teintée d'un léger accent arrive jusqu'à son oreille.

- Je peux m'asseoir ici ?

Il a alors sous les yeux, le visage le plus harmonieux qui soit, un regard bleu pâle sous des cils clairs, une bouche agréablement dessinée, une peau d'un velouté superbe et de fort jolies mains . Elle porte une chemise bleu-gris et un badge : " stagiaire sécurité". Yado engage bientôt la conversation sur ce stage, car il en est sûr, il n'a jamais croisé cette jeune femme. Elle parle doucement, sans précipitation et il sent un esprit vif mais enrobé d'une douceur empathique. Il perçoit une détermination volontaire mais agrémentée d'une façon tranquille d'appréhender la vie. Du "jamais-vu" pour lui, si volcanique. La belle est posée, modérée mais en aucun cas fade ou mièvre. Au cours de leur échange qui se prolonge avec naturel et bienveillance, chacun étant intéressé d'en savoir un peu plus sur l'autre, il apprend qu'elle est suédoise du coté de son père et française de par sa mère. En tout cas, elle est adorable toute entière et Yado ne peut détacher ses yeux de ce charmant visage. Le brouhaha de la salle s'est réduit à un bruit de fond qu'il n'entend quasiment plus, il est toute ouïe à ce qu'elle dit et elle évoque calmement des anecdotes de sa vie professionnelle et donne quelques détails de sa situation personnelle.

Ce n'est pas cette vertigineuse explosion d'émotions qu'il imaginait, non. Ce n'est pas non plus un océan déchainé qui l'entoure tout à coup, mais tout simplement de paisibles vagues rafraichissantes qui viennent doucement le bercer. Pourtant il a terriblement chaud maintenant. La belle sort un mouchoir de son sac et s'essuie le front. Ressent-elle, elle aussi, cette chaleur soudaine, ce trop-plein de bonheur ? Yado plonge dans le regard bleuté. Elle lui sourit. Est ce possible ? Il se prend à espérer la retrouver après sa journée de travail, à imaginer des sorties, du temps passer ensemble tranquillement avec l'envie de goûter chaque moment. Il rêve, il espère, il n'en revient pas... Est-ce ici, devant un morceau de brie et un kiwi, que la vie, enfin, lui sourit ?

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Texte publié par Lisa D., 25 juin 2021 à 12h51
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