Chère Louise,
Le pont de Daupolin sur Rivière, vous souvenez-vous de celui-ci ? Probablement point, hélas, il est d’un état miséreux. Les planches de bois vieillissent au fil des années, comme nous autres. Comme cela est étrange, la vie, la mort. Ne trouvez-vous point ?
Je me vois passer le pont et je ne sais pour quelle raison, mais il met difficile de vous écrire, ma douce Louise. Est-ce la pauvreté de ce lieu qui m’empêche de m’exprimer à vous ? Cela est fort probable, après tout, nous avons connu la pauvreté jadis. Une époque à la fois misérable et opulente.
Ma famille et la vôtre n’étaient point particulièrement pauvres, nous l’étions certes, mais nous arrivions à vivre. Je ne me rappelle point que notre chez-nous, notre village était au point de celui-ci. Si vous pouviez voir, ô Louise, si seulement vous pouviez voir la miséricorde qui orne ces lieux. Cela m’afflige, tant je suis dans l’incapacité d’aider ces pauvres personnes. Comprenez-vous ma détresse ?
Comment pouvons-nous les aider ? Je ne sais point, mais chaque jour je viens, je traverse les rues, je salue les habitants et je regarde les enfants jouer avec des cailloux pour seuls jouets. Cela me désole, et dire que de l’autre côté de la rive, tout est luxueux et florissant. Pourquoi diable personne aider ces pauvres enfants, ces pauvres femmes ? Était-on si imbu de nous-mêmes ?
Mes sentiments à votre égard, les émotions dues à votre disparition se transforment en colère, la chaleur caniculaire doit avoir son lot de responsabilités, mais cela m’importe peu, je dois vivre avec votre décès en moi.
Lorsque je vois ces femmes éprises dans un amour qui ne leur rapportent que misère et souffrance. C’est donc cela que nous appelons aimer à présent ? Jamais je ne vous aurais traitée ainsi, ma sublime Louise. Je vous aurais aimé, comme vous le méritez tant, hélas, je ne pourrais jamais plus vous le démontrer. Jamais plus je ne pourrais vous offrir l’amour dont j’ai désiré vous témoigner.
Je me dois d’espérer que votre vie, que votre mari vous a traité de la manière d’un gentleman, et que vous avez été épanouie. Je ne peux imaginer le contraire, cela m’attristerait encore davantage que je le suis à ce jour.
Il m’en va de vous laisser là, je rejoins le bord de l’eau, ne vous en fait pas, ma tendre Louise, je vous reviens. Mais il serait malheureux que je me retrouve en bas dans une position fâcheuse, car je me serais coincé le pied dans une racine. Ne croyez-vous pas ? Il est donc préférable, que je vous laisse ici.
Votre vieil ami
Philibert Lantelme
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